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Comme une Nuit d'été [One-shot] de Limonette[JV]2



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Informations

» Auteur : Limonette[JV]2 - Voir le profil
» Créé le 15/02/2010 à 10:13
» Dernière mise à jour le 09/09/2011 à 23:29

» Mots-clés :   One-shot

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Chapitre unique
Comme une nuit d'été



"Je vous remercie de votre aimable soutien dans cette guerre qui n'en finit pas. Remerciez également votre femme, de nous laisser tel combattant.
Nous partons au front aux aurores, de la Baie des Vents.
Mes salutations.

Lieutenant Geodwer."




"Je ne suis pas un songe, conviens-t-en.
Nous sommes liés l'un à l'autre. Nos âmes sont entremêlées, je le sais. Je ne reviendrai peut-être pas de cette stupide bataille où nous avons entraîné d'innocents pokémons. Je quitterai la terre, sans doute.
En ce cas, je te conjure d'emprunter le même chemin que j'ai pris. De me suivre, vers la lumière.
Te dire que je t'aime serait te mentir tant mon coeur déborde d'amour pour toi. Je ne peux même pas en exprimer davantage, car nos relations dépassent l'amour seul.
Prends soin de toi et prends soin de mon coeur, que tu détiens pour toujours.

Ta moitié."




"Oui, je garde précieusement ton coeur... Cependant, tu gardes aussi une partie de moi là-bas, dans la bataille comme dans les moments heureux. Je suis partagée. Tu me complètes, tu me manques. Bats-toi, bats-toi pour ta vie, nos vies. Bats-toi pour notre amour surtout, il compte plus que tout. Je me confie à toi, de tout mon être. Ne me perds pas, ne te perds pas non plus. Je vivrais sans toi mais tu seras quand même là, et moi avec toi. Je t'attends.

Celle qui te chérie plus qu'elle-même"






Le regard voilé d'un Noctali est fixé sur moi, me scrute jusqu'à ce que je me sente observée... Il me toise, me perce. Or je suis seule.



Seule, comme toujours, à jamais compagne de la douceur nocturne que je côtoie éternellement. Être solitaire, âme vagabonde, accrochée à ses rêves comme les étoiles le sont à la nuit.
Toujours doublée du murmure du vent, du clapotis des gouttes sur la pierre et des embruns marins qui laissent une fine pellicule de sel sur mes paupières fermées...

Seule sans toi et rien sans ta présence.

Pourtant, la joie ne manque pas. Seulement que les acacias n'ont plus cette odeur si parfumée et que le soleil s'est un peu rembruni. Les nuits sont encore chaudes tout comme les jours qui s'étendent sans jamais vouloir se finir. Tes prunelles sombres ne sont plus à me fixer, et je me perds parfois dans l'obscurité, mais la vie n'a pas changé...
Les sourires s'étirent toujours de la même manière sur les visages basanés, néanmoins, ma soif n'est jamais étanchée. Soif de bonheur ? Soif de joie ? Ou soif de toi ?


Peut-être qu'un jour dieu voudra-t-il m'expliquer la vie autrement que je la vois. Peut-être cesserais-je de sourire alors que tu n'es plus avec moi. Mon chagrin devrait me détruire, mais à la place, c'est comme si te connaître m'avait plongée dans un rêve, une illusion où je reste captive.


Les étoiles clignotent au-dessus de ma tête, scintillent et dansent au rythme du balancement des branches. Tout cela n'est pas réel, simple fruit de mon imagination dû sans doute à la fatigue. Autour de moi, tout est calme. Le chant de quelque oiseau berce la forêt. Une cascade coule alentour, l'eau ricoche sur les pierres... Le soleil s'évanouit à l'horizon, laisse s'embraser la plaine, la baignant d'une lumière orangée; comme une unique flamme prête à s'éteindre au moindre coup de vent... La nature va s'endormir, comme elle le fait chaque soir pour se réveiller plus somptueuse encore. Le grand arbre sous lequel je suis couchée m'abrite de ses branches courbées. Mais encore une fois, tout cela me semble irréel.


C'est pour ça que je ferme les yeux. Ton visage m'apparaît, et le monde semble parfait. Oui, tu es une part de vérité dans ma réalité.


Le seul défaut de cette quiétude, est qu'elle ne se renouvelle pas. Toujours les mêmes convictions, toujours les mêmes espoirs qui s'affaiblissent, rien de nouveau. Ton visage me paraît de plus en plus étranger, le tableau perd de ses couleurs.


Et j'ai peur. Peur que ton regard disparaisse de mes pensées, peur de te quitter, peur de te laisser.
Une larme coule lentement sur ma joue, tombe sur l'herbe.


Une lueur dans le coin de mon œil s'allume et me fait ouvrir les yeux. Une fleur pousse, là où ma larme s'est évanouie dans la terre humide. Une fleur légère, fragile, délicate. La tige ne cesse de grandir et atteint bientôt trente centimètres. Juste à hauteur de mon regard, elle stoppe sa croissance spectaculaire et semble soupirer, tout en épanouissant ses pétales multicolores.

La fleur s'étire, s'écarte, dévoile toute son envergure. Etonnée, fascinée, je caresse sa corole du bout de mon index. La fleur frémit. Je comprends, et je te vois.
Attendrie, ma tête se pose lentement au côté du superbe artifice. Je regarde encore, car ton visage qui se reflète sur chaque pétale m'est vital. Je m'abreuve de ton expression, de tes traits splendides.

Peut-être que tu n'as jamais été qu'une seule image. Ton existence, notre existence me semble trop paisible pour être réelle.

Tu n'as que parfait ma vie, et tu es parti. Le devoir t'appelait, ne me viendrait pas à l'idée de t'en vouloir. Une nouvelle, un papier, simple lettre que je décachète pour savoir que je t'aie perdu, et que tu ne reviendras plus.

Alors ton visage m'apaise, car la fleur est la seule réalité. Le souvenir de nos baisers affleure, et je sens tes lèvres comme si tu m'embrassais vraiment. J'inspire une grande goulée de l'air humide.
Je sais que le tableau se fissure. Je ne veux pas qu'il vole en éclats, parce que je ne m'en remettrai pas.

Donc je ne pense plus à rien, rien qu'à toi, et je me dis que je suis pure. Pure, je repars, comme je suis venue…Pure tu m'as laissée, et notre amour pourra désormais perdurer.
Pur, mon cœur. Pur, mon monde.
La faim me tiraille un peu, mais c'est le but. Je n'ai rien mangé ni rien bu depuis plus de trois jours, mes forces me quittent lentement, je suis sereine, en paix.

Je meurs, et je ne meurs pas sans savoir. Je sais que ma soif était sa soif, que la fleur était toi, et que tu as soif de mon être, autant que moi de toi. Je te rejoins, la guerre n'y fera rien. Nous serons réunis, et la larme que j'ai versée sera la dernière malgré qu'étant également la première, qui scelle nos destins comme deux anneaux qu'on soude ensemble. Alors ma vie prend fin, la nuit m'enveloppe, le monde est celui dans lequel je suis née, celui aussi dans lequel je meurs…Juste une larme qui a changé nos destinées …




Le Noctali m'observe, semble attendre quelque chose de moi. Quand je ferme les yeux pour la dernière fois, il s'approche, pose son museau contre ma bouche, et un son émane de sa gorge. Je me sens foudroyée. Je vois encore une fois ce pokémon de la nuit, son regard n'a pas de limites, entre dans mes pensées, secoue ma conscience.

Pourtant, ce n'est pas l'obscurité qui me pénètre, mais la lumière, toute entière, une lumière implacable. C'est cela. Le pokémon de la nuit m'offre la mort, mais avec, la lumière éternelle et ton visage pour toujours, car cette lumière nous réunit. Oui, je te vois, tu me tends la main...

Réunis comme deux fils de même couleur, la chaleur qui m'encercle, alors que le froid devrait me saisir. Après tout, c'est comme une nuit d'été...