Entre ténèbres et devoirs de Mew_33

Feurisson avait toujours aimé l'altitude. Cette sensation d'être au-dessus du monde, de faire partie du ciel et de chaque élément de l'air l'enivrait. Contempler cet horizon s'étirant à perte de vue, avec le sentiment, au creux de l'estomac, d'être une minuscule particule immensément importante le grisait infiniment.
Ce soir-là, néanmoins, accroché désespérément à une branche, il n'avait pas trop l'esprit à de telles considérations.

Ayant vu une jolie pierre, il s'était brusquement penché sur elle. Un peu trop rapidement peut-être car il fut entrainé dans sa chute et glissa jusqu'à la falaise où il réussi de justesse à prendre appui sur une branche.

Maintenant il se retrouvait à deux-cents mètres au-dessus du vide avec un vol de Cornebre au-dessus de sa tête.

Soudain, un d'eux le vit et lui fonça dessus, entrainant toute la meute avec lui.
Se faire repérer par un Cornèbre au-dessus d'un vide de deux-cents mètres, => répétition diminuait déjà son espérance de vie. Se faire repérer et se faire prendre pour cible par un vol de Cornebre affamés, la raccourcissait encore plus. Mais se faire repérer, se faire prendre pour cible par une meute de Cornebres affamés et glisser lamentablement dans le vide, ça faisait par contre vraiment beaucoup sur une pierre tombale.

Le choc de l'atterrissage lui avait coupé le souffle et il aurait bien juré s'être brisé trois ou quatre côtes. Alors, plutôt que de mourir dévoré ou écrasé, il décida de se laisser tomber dans le vide en tentant de se rattraper à quelque chose, n'importe quoi tant qu'il pourrait se cacher et on verra bien ce qui se passera.
Il réalisa son plan et réussit à se raccrocher à une petite corniche. En se reposant, il observa le lieu où il se trouvait et découvrit avec stupeur qu'il y avait une entrée dans le mur, juste à sa taille.
Curieux, il entra et vit un lac souterrain dans toute sa splendeur : l'atmosphère y était douce et le bruit des gouttes d'eau ruisselant sur les murs sonnait divinement à ses oreilles.
Il se rendit alors compte qu'il n'avait pas bu de toute la journée.

En avançant vers le lac, il entrevit une tache grisâtre sur l'eau azur. La tache s'éleva, lentement mais sûrement, jusqu'à devenir un magnifique Lokhlass, dont la peau bleu sombre resplendissait dans le miroitement de l'eau.
Feurisson se dit qu'il devait être vieux pour que sa peau soit si sombre, en effet, plus cette dernière est tend vers le noir, plus il est âgé.

- Que puis-je faire pour toi ? demanda le Lokhlass de sa voix grave. Cela fais plus d'un millénaire qu'aucun voyageur n'est venu me voir. Le dernier était un Nocturnoir je crois.

- Rien, je voudrais seulement que l'on m'indique la sortie pour que je retrouve mon ami qui est dehors.

- Sois patient, je te le dirai. Mais avant réponds à cette question : que viens tu-faire par ici ? interrogea le maître du lac.

- Mon village est ravagé par une terrible épidémie, commença-t-il péniblement, et avec mon ami, nous devons rassembler trois ingrédients : l'eau pure, la pierre ténébreuse et la fleur de Kallias, pour fabriquer un remède.

- Tu es blessé, observa le Lokhlass.

- Oui, c'est pour ça que je voudrais sortir le plus vite possible ! trépigna le Feurisson. J'ai mal aux côtes.

- Tu sais que l'eau pure peut soigner les blessures ?

- Non, je ne savais pas et tant mieux ! s'impatienta Feurisson.

- Et sais-tu que ce lac provient de la rivière cascadeuse ?

- Quoi... ce lac contient de l'eau pure ?

- Oui, j'ai constaté que ton cœur était bon, viens ici.

Il avança prudemment. Le Lokhlass lui donna une amphore pleine d'eau qu'il but aussitôt et ses blessures commencèrent à se refermer.

-Vas maintenant ! dit le vieux Lokhlass en lui désignant une sortie.

-Merci beaucoup monsieur, je ne vous oublierai jamais ! dit le Feurisson en avançant vers la sortie.

Enfin à l'air libre, il regarda autour de lui.

Et entendit des appels désespérés...