Entre ténèbres et devoirs de Mew_33

Le paisible village de Dallias était généralement tout sauf animé.
Ce jour là, ce n'était pas le cas.
Sous la souveraineté de Cadoizo IV, le grand roi de l'empire d'Angkor, il n'avait que très peu d'ennemis.
Seulement cette fois-ci, il n'était pas confronté à une menace vivante, mais à quelque chose de beaucoup plus coriace : une épidémie. Elle faisait perdre la tête à ses victimes.
Et parfois, ce n'était pas une métaphore.

Herbizarre et Feurisson traversaient Dallias, admirant le ciel étoilé, à la recherche de Grodoudou, le médecin du village. Enfin ils arrivèrent devant sa maison. Elle était ronde, de toutes les couleurs contrairement aux maisons du village, toutes jaune et rouge.
Ils avaient hésité à y aller, car ce Grodoudou était vraiment bizarre : il ne dormait presque jamais et n'écoutait pour ainsi dire rien. Pourtant, il était réputé pour sa connaissance de la médecine.
Mais il y avait urgence, leurs frère et soeur avaient étés touchés par la maladie et étaient dans leur lit avec 40° de fièvre. En effet, cette maladie ne semblait pas avoir la même répercussion sur les Pokémon en bas âge et les clouait au lit.
Indéfiniment.
De plus, il était de leur devoir de sauver leur village. Ils ne savaient pas très bien pourquoi, mais c'était une sorte de voix dans leur tête qui leur ordonnait de le faire.

Enfin, ils se décidèrent à entrer. L'intérieur de la maison était en désordre, les étagères remplies de bocaux et d'objets particulièrement... étranges. Il n'y avait qu'une seule pièce au rez-de-chaussée, avec, au fond, Grodoudou. Il se tenait droit sur son siège s'affairant à quelque papier mystérieux sur une table proche ; il semblait fatigué et faisait souvent tomber son stylo qu'il ramassait en grognant.

- Entrez, entrez dit le Grodoudou d'une voix éteinte. Que puis-je faire pour vous, j'imagine que vous voulez, comme tout le monde, un remède contre la folie ou la fièvre. JE N'EN AI PAS ! Combien de fois il faudra que je le dise !

- Bonjour monsieur le docteur, nous ne voulons surtout pas vous déranger, avança prudemment Herbizarre, étonné de la réaction qu'il avait suscitée. Effectivement, nous venons chercher ce remède car ma petite soeur a été atteinte de la maladie.

- Et mon petit frère aussi ! renchérit Feurisson.

- Mais puisque je n'en ai pas, je vous l'ai déjà dit ! s'énerva Grodoudou.

- Vous ne pourriez pas en faire venir depuis le palais de glace ? Je suis sûr que Cadoizo IV, notre vénérable empereur vous en donnera, ils ont tout là-bas !

- Tu crois que c'est facile de s'en procurer ? s'écria Grodoudou, déchainé, les ingrédients sont rares et dans des contrées lointaines, dangereuses, et rien que le temps qu'ils se les procurent, ça prendra plus d'un mois. Et encore, avec une bonne escorte ! Si on rajoute le temps qu'ils me les expédient, nous serons tous morts avant qu'ils arrivent et ils seront bien étonnés de voir un village peuplé de cadavres.

- Mais nous pouvons allez les chercher, Feurisson et moi, intervint Herbizarre. De toute façon, si on ne fait rien, nous serons tous morts comme vous dites, donc autant saisir cette petite chance, si minime soit-elle, de nous sauver plutôt que de nous laisser dépérir ici.

Ébahi, les yeux écarquillés, Grodoudou les regardait comme s'il voyait des cinglés devant lui.

-C'est... c'est vrai ? Vous feriez ça ? Vous avez de grandes chances d'y laisser votre peau vous savez.

- Oui nous le ferons. D'ailleurs, nous partirons dès demain à l'aube. En attendant, nous allons faire nos provisions. Merci et au revoir monsieur le docteur, déclara Herbizarre.

Sur ce, il franchit la porte, talonné par Feurisson qui restait stupéfait de l'autorité soudaine de son compagnon qu'il n'avait jamais vu aussi déterminé.

- Attendez, attendez ! s'empressa de dire Grodoudou en les rattrapant et pensant qu'il ferait bien de faire un peu plus de sport. Vous ne vous repèrerez jamais sans carte. En voici une où j'ai noté quels ingrédients vous devrez prendre et où les trouver. Ah oui, j'oubliais, j'ai beaucoup de réserves de nourriture pour quand je m'ennuie : repassez me voir demain pour piocher un peu dedans.

- Merci beaucoup ! répondirent en choeur les deux compagnons. C'est d'accord, nous repasserons.

Puis ils allèrent se coucher, rêvant de leurs aventures prochaines...