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World of Tem : Tome 7 : Je te sauverai de CaliKen



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Informations

» Auteur : CaliKen - Voir le profil
» Créé le 07/10/2009 à 14:20
» Dernière mise à jour le 07/10/2009 à 14:20

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L'arrivée
Marie, non, Marie… Non, reviens, s'il te plaît. Marie. Ma… rie…
-MARIE !
Les yeux exorbités, le front en sueur, Tom regardait autour de lui avec une expression qui aurait donné la chair de poule à n'importe qui l'aurait regardé. Il y eut des grognements dans l'avion, dus aux voyageurs énervés d'être ainsi réveillés par le cri de ce garçon. La femme qui se trouvait à côté de Thomas posa une main sur la sienne.
-Ca va aller jeune homme ?
-O… oui, un cauchemar.
-Il devait être particulièrement affreux.
Elle cherchait visiblement quelque chose dans son sac. Elle en sortit finalement un petit mouchoir en soie.
-Tenez, il est légèrement humide, j'y ai mis de l'eau de Cologne, ça pourrait peut-être vous rafraîchir !
Elle regarda autour d'elle puis pesta gentiment :
-Vraiment, ces vols sont horribles, même pas de petites serviettes pour se rafraîchir !
Tom repoussa le mouchoir et tenta un semblant de sourire.
-Je vous remercie, mais ça ira.
Il ne pouvait s'empêcher de dévisager cette femme. Ces traits matures, ses courts cheveux rosés qui descendaient en boucles sur ses épaules, son visage fin et souriant. Le garçon ne pu éviter de faire intérieurement le rapport avec l'image dont il se faisait de Marie plus tard. Cette femme devait avoir entre 30 et 40 ans. Son fils dormait sur son épaule, imperturbable.
Tom regarda par le hublot. Le ciel était noir et il était impossible de voir les nuages ou même l'horizon. Cependant, au bout d'un moment les traits de certains nuages apparurent. Dans un premier temps, Thomas crut que ses yeux s'étaient habitués à l'obscurité, mais bientôt ce fut l'horizon entier qui se dessina de plus en plus clairement. Le garçon pu discerner alors une véritable mer de nuages noirs sur laquelle semblait glisser l'avion. C'est à ce moment que le soleil sortit à l'horizon, mis au monde par cet enchevêtrement de nuages. On aurait dit un troupeau de moutons, à la laine sombre, s'ouvrant pour laisser passer un astre supérieur, encore hésitant dans sa puissance, mais brillant déjà au point d'éclairer la scène et de, peu à peu, rendre à ses ovinés leur couleur naturel, le blanc. En l'espace de quelques minutes, le soleil et la mer de nuages avaient virés du noir au rose, puis à l'orange jusqu'à ce que le soleil soit complètement sorti et qu'il se distingue du blanc des nuages par son jaune éclatant.
-C'est beau n'est-ce pas ?
-Très…
-Vous ne semblez pas convaincu, fit elle en souriant.
-J'ai d'autres préoccupations, malheureusement.
-Ah…
Pour éviter que le silence ne se fasse, elle poursuivit.
-Je peux savoir pourquoi vous allez à New-Delhi ?
Tom détourna enfin son regard du hublot, le soleil l'éblouissant trop.
-Je ne vais pas à New-Delhi, je vais à Sha…
Il s'arrêta. Il sentait comme une terrible envie de se confier, de parler de tout ce qu'il ressentait, de pleurer dans les bras de quelqu'un. Cependant, il ne pouvait pas prendre le risque de dire où il allait.
-Laissez tomber, fit il finalement.
-Delhi est une très belle ville, dit la femme sans se soucier de la soudaine coupure dans la phrase de Thomas. Malheureusement, comme dans beaucoup d'endroits en Inde, la plus grande richesse côtoie la plus grande pauvreté.
-Mwé…
-Vous ne semblez pas convaincu… Oh, excusez-moi, je dois vous agacer à force de parler, c'est vrai que vous dormiez au départ. Je m'excuse.
-Non, non, c'est bon, de toute façon, avec ce cauchemar je ne me rendormirai pas de si tôt.
-Vous aviez vraiment l'air horrifié, je n'aurais pas aimé vivre ce rêve.
Ce n'est pas un rêve, c'est bien réel.
-Au fait, je m'appelle Hannah, et vous ?
-Thomas…
-C'est un beau prénom.
-…
Tom se pencha de nouveau vers le hublot, essayant de ne pas trop parler avec cette personne qui lui était vraiment trop agréable. Pour une fois, il aurait préféré quelqu'un d'antipathique à ses côtés.
-Je suis désolée d'insister Thomas, mais vous n'avez vraiment pas l'air d'aller bien.
-Ca va aller, répondit-il sans s'énerver.
-J'espère. Je suis assez inquiète de nature. Et… Oh, Franz, tu es réveillé mon trésor !
Le petit garçon regardait sa mère, les yeux encore mi-clos.
-On est arrivé ? Demanda-t-il faiblement.
-Pas encore mon chéri, répondit-elle en souriant. Il faut attendre encore un peu, tu peux te rendormir.
Il regarda doucement autour de lui.
-Maman, j'ai faim, fit il enfin.
Elle sortit de son sac une barre chocolatée.
-Tiens, régale toi.

Thomas regardait cette scène avec un terrible pincement au cœur. Il comprit l'espace d'un instant tout le mal que pouvait avoir ressenti Maxime lorsqu'il voyait Tom si heureux avec Marie. Mais là, tout était différent. Ce n'était pas une question d'amour lointain ou d'amour déchiré. C'était une question de vie... et de mort… Thomas ferma les yeux et se força à s'endormir. Cependant, il ne pu s'empêcher d'écouter la voix douce et apaisante d'Hannah.
-Tu gardes bien ce passeport sur toi. La douane Indienne est intransigeante.
Un frisson parcourut le dos de Thomas. Allait-il à nouveau devoir fuir les policiers, comme il l'avait fait en Allemagne ? Il n'en avait vraiment pas envie, d'un autre côté, s'il demandait de l'aide à Hannah, il la mettrait peut-être en danger... et il ne voulait plus jamais mettre quelqu'un en danger… comme il l'avait fait pour Marie.
-... je crois que j'ai oublié mon passeport... fit il enfin.
-Mince ! Comment allez-vous faire ?
-J'en sais trop rien !
-Il se peut qu'ils vous renvoient dans le prochain avion pour l'Europe, sans vouloir vous casser le moral.
-...
Me casser le moral, pensa Tom, tu parles... En tout cas il faut absolument pas que je me fasse chopper.
-J'ai peut-être une idée, dit finalement Hannah avec un sourire malicieux.




-Mesdames Messieurs, dans quelques instants notre avion atterrira. Nous espérons que vous avez passé un agréable vol, veuillez maintenant attacher vos ceintures.
En quelques minutes, l'avion avait atterri et les passagers en étaient sortit. La chaleur et l'humidité étaient accablantes. Le soleil frappait fort, pourtant nous étions déjà en fin d'après-midi. A la sortie du tunnel, des policiers Indiens vérifiaient les passeports et les cartes d'identités des voyageurs arrivant. Hannah arriva alors avec Franz lui serrant la main droite et Tom la main gauche.
-Tata, lâche moi la main ! Je suis plus un bébé ! Cria Thomas devant les agents de contrôle.
-Ivan, tu arrêtes ! Tu te comportes bien sinon je demande aux policiers de te ramener !
Elle montra ses papiers aux policiers et tira ses deux enfants pour qu'ils passent. Un des agents la reconnue.
-Oh, madame Stanz, vous devenez une habituée de notre pays.
-Oui, n'est-ce pas ?
-Allez-y je vous en prie.

Le petit trio passa la douane sans qu'aucun des deux garçons ne présente ses papiers. Tom rougit et baissa la tête.
-Je vous remercie madame, sans vous j'aurais eu des problèmes... de sérieux problèmes.
-Heureusement que ces agents commencent à me connaître
-C'est étrange, remarqua Thomas, il y a pourtant beaucoup de monde qui arrive ici tous les jours. Ils sont sacrement physionomistes !
-Disons que j'ai une situation assez connue ici.
-Ah bon ?
Elle le regarda avec un sourire.
-Je suis la nouvelle ambassadrice de l'Autriche en Indes, donc je commence à être connue.
-Mais...
-Mais je ne voyage pas en classe affaire ? Et bien être ambassadeur n'implique pas d'être multimillionnaire vous savez.
-Je vois... Je crois qu'on se sépare ici... merci beaucoup.
-Soyez prudent.

Tom la regarda, étonné.
-Pourquoi me dites vous ça ?
-Ne me prenez pas pour une idiote, je savais très bien que vous étiez un passager clandestin. Je ne sais pour quelle raison vous venez ici, mais vous ne m'avez pas l'air mauvais. Alors quoique vous fassiez, faites attention à vous.
-... Au revoir.

Tom partit de la gare sans se retourner une seule fois. Pourquoi y avait-il des gens si gentils dans des moments comme ça. On aurait pu croire que ce genre de rencontre était bénéfique, mais bien au contraire. Elles empêchaient Thomas de réellement sombrer et l'obligeaient à garder quelque chose d'humain.
Je voudrais être un monstre sans cœur pour ne plus souffrir. Ne revivre que quand Marie revivra, mais je n'y arrive pas. Ca fait tellement mal de rester humain.

New-Delhi se présentait comme une ville assez riche, dotée d'immeubles, non pas imposants, mais d'assez grande taille. Tom avait emporté avec lui le cahier de son père, afin de savoir quel trajet prendre pour arriver à Yona-Thang. Le meilleur moyen était de prendre l'avion de Delhi à Lhassa. C'était en effet ce qu'avait fait Marc, mais Tom s'aperçut bien vite que ça ne serait pas possible. En effet, devant l'entrée de l'aéroport qu'il venait à peine de quitter se trouvait une pancarte : "pas de vol pour Lhassa jusqu'à nouvel ordre, tempêtes en haute altitude".
Intrigué, le garçon se rendit à l'accueil.
-Non monsieur, plus de vol pour Lhassa pendant au moins une semaine. Les courants aériens sont trop forts. C'est fréquent à cette époque vous savez.
-Je m'en fiche. Comment aller à Lhassa autrement ?
-Il y a un train pour Hirsan, il part de la gare de Chihen, au nord de Delhi. Peut-être que là-bas vous pourrez prendre un trajet en basse altitude, la tempête est en haute altitude, mais il y a encore des dangers, ça m'étonnerait qu'un pilote accepte de vous emmener. Et s'il le fait ce sera contre une grosse, très grosse somme.

* * *


Les indications n'étaient pas des plus claires, mais Tom savait où aller, en tout cas dans les grandes lignes. La gare dans laquelle il devait se rendre se trouvait au Nord Est de Delhi et le garçon marchait maintenant depuis plus de deux heures dans la capitale Indienne. Les riches habitations de la ville laissèrent place à de plus anciennes et plus modestes, datant de l'époque musulman et n'ayant pas l'architecture anglaise. Puis ces habitations laissèrent place à une sorte de bidon ville. Les paroles d'Hannah résonnèrent dans son esprit :
" la plus grande richesse côtoie la plus grande pauvreté. "
Mais le cœur de Tom ne tressaillit pas. Pas même lorsque deux enfants vinrent lui demander à manger.

Peut-être que j'avais tort tout à l'heure. J'ai finalement perdu mon humanité…

Le soleil commençait à se cacher derrière les habitations. Au bout de quelques instants, Thomas aperçut enfin la gare de Chihen.

C'est une gare ça ?

Le bâtiment était délabré, rien à voir avec les superbes locaux de l'aéroport qu'il avait quitté il y avait quelques heures à peine.
Arrivé devant les quais, il eut un mal fou à déchiffrer les panneaux de destinations et d'arrivées des trains, en raison de la poussière qui les recouvrait. Il comprit cependant qu'aucun train ne partirait pour Hirsan avant demain midi. L'idée de dormir ici ne l'enchantait guerre, mais il n'avait pas envie de dépenser des sous dans un hôtel. Il devait économiser, surtout si les tarifs des trajets d'avions Hirsan-Lhassa se révélaient aussi élevés que ce qu'avait dit l'homme à l'accueil de l'aéroport.
Il trouva un vieux wagon abandonné sur une voie qui ne servait certainement pas. D'ailleurs de l'herbe avait remplacé le ballast par certains endroits et recouvrait quelques fois les rails rouillés. A contre cœur, Thomas grimpa dedans. Une des banquettes était en plus ou moins bon état, alors il s'allongea dessus, en ayant pris soin d'enlever son t-shirt en raison de la chaleur suffocante qui paraissait encore plus présente dans ce wagon.
Il était encore assez tôt dans la soirée, mais qu'importe… Il savait qu'il ne dormirait que très peu, voire pas du tout, alors autant se reposer le plus tôt possible, à défaut de réellement dormir.

Pendant plus de trois heures, Thomas ne trouva pas le sommeil, puis soudain, alors qu'il ne s'y attendait pas, il sombra et s'endormit.