Zigzaton Jones, aventurier pokémon de Miacara

-Tiens, bonjour Elisabeth ! Rentre, ne fais pas attention au bazar, je suis un peu… distrait.
-Bonjour professeur. Moui, j'ai vu, ce n'est pas en excellent ordre…
-Eli, je t'en prie !

Dans le laboratoire du professeur Seko, Elisabeth Kelly, jeune fille de quatorze ans aux cheveux noirs et aux yeux verts, la peau métissée, fit un sourire au professeur.

-Que me veux-tu ? demanda le chercheur en rangeant quelques fiches dans un tiroir.
-Je voulais vous montrer où en était mon Feurisson…

Seko était un chercheur de la ville natale d'Elisabeth, mais la jeune fille avait commencé un parcours initiatique à Jotho, avec un Héricendre curieux puis avait capturé un Fouinette devenu Fouinar et un Evoli qui avait évolué en Mentali. Avec ses trois pokémons, elle avait réuni tous les badges de sa région et voulait désormais ceux de Hoenn. Le professeur Seko gardait ses autres pokémons pendant sa quête.

-Tu veux aussi tenter ta chance dans Hoenn, non ? Montre-moi un peu ton pokémon… décida le spécialiste après avoir sortit un Pokédex d'une pile de documents.

-Oui… Feurisson, vas-y ! s'écria la jeune fille en envoyant le hérisson enflammé.

Celui-fi fit une apparition triomphante, le buste en avant et l'œil vaillant. Il envoya un regard à sa maîtresse, l'air de dire : « Je suis assez bien comme ça ? » Elisabeth eut un léger sourire et tourna sa tête vers le professeur.
L'homme avait l'air songeur et déclara enfin :

-Tu es prête pour tenter ta chance ici, Eli. Mais ne sois pas trop sûr de toi… tu veux peut-être prendre un des pokémons que je garde ici pour toi ?

-Non, merci, se réjouit la jouvencelle en rappelant son pokémon. Je comptais me dégoter un pokémon bien d'ici, plutôt rare. Les Skitty m'attirent particulièrement, mais dans cette catégorie-là j'ai déjà Fouinar… en fait, je veux un fiancé pour elle. Pourquoi pas un Linéon ?

-Bonne idée. Tiens, un pokédex de la région. A bientôt alors !

-A plus !

Un peu plus loin de Bourg-en-vol, la ville où était Elisabeth, j'ouvris un œil, puis un deuxième. J'étais niché entre deux racines d'un arbre, confortablement installé, jouissant de la vue que j'avais sur l'herbe fraîchement arrosée de la rosée, lorsque quelque chose me fondit dessus à la vitesse d'un boulet de canon.

-Ziiiiiiiiiiiiiiiiiig ! m'exclamais-je, ou plutôt : « Kézekza ? » en langage pokémon.

Le Nirondelle qui m'avait foncé dessus finit sa course en s'écrasant contre l'arbre.

-Sorry, dit-il avec un fort accent anglais, ou plutôt dit-elle, car elle avait une voix féminine.

-Ce n'est pas grave, haletais-je, songeant que c'était moi qu'elle avait faillit se prendre dans le bec.

- Un Zigzaton ?

-Une Nirondelle ?

-Ouais. Moi c'est Nirondelle et j'ai… percuté un arbre.

-J'avais vu, Nirondelle. Tu n'es pas de la région, toi… remarquais-je en tout bon Zigzaton que j'étais.

-Je viens de Poivressel, m'expliqua-t-elle. Ma famille, une famille de très nobles Heledelle, étaient les favoris du maire de cette ville, mais un jour, le maire les remplaça par un couple de Delcatty. Ils ont tellement été vexés qu'ils ont reporté la faute sur moi et j'ai dû m'enfuir de la ville. C'est dommage, elle était tellement… belle ! Poivressel me manque, raconta l'hirondelle, rêveuse.

-En tout cas, son nom n'est pas très original, ricanais-je.

-Tu peux te moquer, dans ton trou paumé on fait cinq coups d'ailes et un se prend un végétal, persifla-t-elle.

-Mais au moins, dans mon trou paumé on est tranquille !

-Il n'y a pas de villes dans l'horizon ? s'étonna Nirondelle avec mépris.

-Bourg-en-vol, c'est minus et je m'y frotte jamais le pelage. J'aime pas les humains, répondis-je.

Nouveau regard dédaigneux de cette peste de Nirondelle à mon égard. J'espère qu'elle ne va pas rester longtemps dans les parages, celle-là…

-Moi, je les adore. Ils sont si beaux, gentils, affectueux…

-… Ils nous utilisent au combat…

-… Qui sont magnifiques et pour le pokémon, et pour l'humain, conclut cette volatile ingénue.

Elle commençait sérieusement à me taper sur le système. Je lui tourna le dos et m'en alla pour manger quelques baies. Un Chenipotte qui avait observé la scène me chuchota, en parlant de Nirondelle : « Elle est trop canon cette meuf ! »
Mouais. Chacun ses goûts. C'est pas la faute de cette larve si elle en a de chiottes. Brusquement, je me rendis compte que j'étais suivi et, furieux, je vis l'oiselle qui volait au-dessus de moi, décrivant des cercles à la façon des rapaces.

-Quoi ? m'écriais-je, excédé, ignorant la larve qui bavait de plus en plus au fil des cercles de l'hirondelle.

-Je te propose un marché. Je veux retourner à Poivressel, mais toute seule, c'est impossible, je suis trop faible. Tu as de la répartie, je t'embauche.

-Pardon ?

-Je veux bien qu'on fasse la route chacun à Poivressel, insista-t-elle.

-Je veux les avantages et les inconvénients, exigeais-je d'une voix impétueuse (enfin, surtout tueuse.)

-Poivressel est une ville immense, il y a de la nourriture partout, les humains y font la bringue, y a pleins de nouveaux pokémon, y a la plage, la mer, une fontaine. Les inconvénients, y en pas, sauf peut-être les dresseurs, mais ils n'essaieront jamais de capturer des pokémons aussi… euh… nuls, je veux dire inexpérimentés qu'un Zigzaton et qu'une Nirondelle.

-Mmmm… Je réfléchis…

L'idée d'avoir bouffe, bringue et chocolat à volonté me fit fléchir. Après tout, n'était-ce pas à Poivressel qu'il y avait beaucoup de festivals ?

-J'accepte !