Voyages d'un capitaine vers les flots de junkolusa

Le voyage continuait calmement vers la faille marine ou résidait le légendaire pokémon des abysses. Pendant deux semaines, la vie continuait tranquillement tandis que les mécaniciens suaient, que les artilleurs entretenaient les canons, que le cuisinier Martin réfléchissait à la meilleure façon d'accommoder ses prises du jour et que les autres passaient leur temps à jouer aux cartes.
Au milieu de cette ambiance détendue et assez innocente pour des pirates, Mara repensait à ses débuts. Cela n'avait pas été facile pour elle d'imposer sa discipline au reste de l'équipage. Les personnes qui l'accompagnaient étaient pour la plupart des voyous, des criminels et il y avait eu plus d'un haussement de voix pour qu'elle se fasse enfin obéir.

Après quelques semaines de cohabitation et les premiers succès, les rares fortes têtes avaient accepté le fait que le capitaine ait le dernier mot. Sévérité, justice et audace, voilà quel était le credo de Mara. Ses yeux bleus perçaient les vitres protégeant le poste de commandement du navire tandis que Pierre la regardait discrètement. Il observait cette femme intrépide et inventive qui la surprenait. Elle était assez impulsive mais trouvait souvent comment se sortir du guêpier dans lequel elle était fourré, sauf une seule exception.
Pierre n'avait pas oublié comment elle l'avait regardé lors de son sauvetage. Il avait pu voir un éclair d'admiration dans ces yeux bleu océan et même des remerciements. Il se souvenait de cette journée et son cœur bondissait lorsqu'il croisait le regard de Mara.

Ce regard le faisait souffrir puisqu'elle était quand même son supérieur, même s'il étaient assez proches. Il n'arrivait pas à lui avouer ce qu'il ressentait et de toute façon, aurait-elle cru que celui que l'on qualifiait de séducteur invétéré pouvait avoir envie de bâtir une relation stable ?
Pierre hésitait, mais il se donna du courage en se disant que même si elle refusait, il comprendrait et cela ne changerait en rien leur amitié. Il fit quelques pas tremblants vers la jeune femme avant de s'immobiliser. Une boule se forma dans sa gorge et il commença à l'appeler.
-Mara…
Elle ne l'avait pas entendu puisque ses mots s'étaient brisés avant de sortir de sa bouche. Il prit une respiration avant de se lancer.
-Mara.

La jeune femme se retourna avant de le fixer de ses yeux inquisiteurs. Le fait que son second ne l'avait pas appelé par son grade signifiait qu'il s'adressait à la femme et non à la pirate. Elle réfléchit, mise mal à l'aise par ce pas franchi entre la relation normale entre un patron et son employé et celle entre deux amis de sexe opposé.
-Que … qu'y a t'il Pierre ?
-Je … euh … je voulais vous informer de quelque chose.
-Je t'écoute.
Il se rapprocha lentement avant d'être brutalement interrompu par trois coups toqués à la porte. Mara soupira avant de s'éloigner de Pierre et de répondre sèchement.
-Entrez.

Pierre ragea intérieurement contre celui qui venait d'interrompre ce petit tête à tête. Le marin qui venait de faire irruption portait un message inquiétant. Une silhouette se découpait à l'horizon. En consultant son radar, Mara vit qu'un bâtiment approchait. Elle sortit sur le pont avant de regarder le navire lointain par le biais de ses jumelles.
-Merde !
-Que se passe t'il ?
-Un navire de guerre, celui commandé par nos poursuivants. Apparemment il est seul et se dirige vers nous. On ne vas pas rester ici à l'attendre sagement. Pierre, on dégage !

Mara appliqua la technique classique, celle du brouillard et du brouillage. Son navire s'éloigna mais Ondine avait compris le stratagème. Elle s'était séparée du reste de son convoi il y a plusieurs jours. Les avaries avaient eu raison de certains des escorteurs et les autres s'étaient séparés pour se situer à plusieurs jours de navigation derrière elle. La rousse aurait le privilège de mettre elle même son ennemie à fond de cale et elle comptait bien savourer ce moment, sa salle de torture était d'ailleurs toute prête.

A bord de l'Esprit de l'Océan, la tension était palpable puisque la brume les masquait aux yeux de la Perle d'Azuria mais ne suffirait pas face à un ennemi tenace. Soudainement, la voix d'Ondine se fit entendre, dangereusement proche.
-Maskadra, Anti-Brume !
Le magnifique papillon se mit à l'action. C'était l'un des rares insectes qui ne la faisait pas hurler de terreur puisqu'il était magnifique et lié à l'eau. Le papillon agita ses ailes pour chasser le brouillard. Mara et son équipage ne sentaient pas bien du tout la suite des événements.

L'imposant torpilleur appelé la « Perle d'Azuria » était à quelques encablures d'eux et finit par se placer à coté de ce qui comparé à lui, n'était qu'une frêle embarcation de pirates. Sur le bastingage, une dizaine de dresseurs se tenaient immobiles, attendant les ordres. Ondine se fraya un chemin pour offrir aux pirates un ultimatum.
-Vous avez trente canons pointés sur vous. Il est inutile de résister, rendez vous immédiatement et il y aura quelques survivants sinon vous mourrez tous.
Mara regarda haineusement sa rivale.
-Menteuse ! On est tous bons pour se balancer au bout d'une corde !
-Mara Storm. Je mourrais d'envie d'avoir une conversation avec toi.
-C'est étonnant mais je n'y tiens pas. Je ne vais pas te retenir plus longtemps, nous allons te quitter. A bientôt.
-Maskadra, Para-Spore !

L'insecte pulvérisa une énorme dose de sa poudre jaune qui eut tôt fait de rendre les pirates totalement incapables d'agir. Une fois que l'équipage fut fait prisonniers, cinq dresseurs mirent pied sur l'Esprit pour prendre le contrôle du navire. Il leur faudra encore quelques heures pour craquer tous les codes de sécurité mais leurs prisonniers à fond de cale ne les gêneront pas dans leur prise de contrôle du navire. Bientôt, les deux navires feront demi tour et conduiront les pirates vers leur destin.
Ondine tourna son regard qui se posa sur la jeune femme également paralysée.
-Amenez la moi et préparez la salle n°3. Nous avons une invitée à bord.

Deux des gardes du corps ramenèrent Mara dans les entrailles de l'imposant vaisseau de guerre offert par Sacha à sa sirène. Ils durent traîner leur captive puisque même délestée des ses affaires, elle se débattait alors que la toxine du pokémon insecte perdait en efficacité. Mara ne put s'empêcher de frémir lorsqu'elle traversa un sas ou la porte était ornée d'un écriteau indiquant « Salle d'Interrogatoire ».
Elle ne se souvint plus de ce qui lui arriva ensuite mais elle se réveilla vaseuse et dans une situation plus que périlleuse.