Confusions et explications
-Voilà ça c'est passé comme ça.
Maxime venait de relater les 5 dernières années de sa vie, et il se sentait un peu vidé. Après tout, il venait de tout dévoiler au garçon en face de lui. Maintenant il se demandait pourquoi il l'avait fait, et aussi s'il avait bien fait. Il ne regarda pas Thomas dans les yeux par crainte de voir une lueur moqueuse à l'intérieur. Lui qui ne disait jamais rien, il venait bel et bien de se confier, et ne pouvait plus revenir en arrière. Pourtant il leva le regard vers Thomas quand celui-ci dit d'une voix enjouée :
-Mais elle t'aime, c'est sûr ! Certifia le garçon.
Maxime le regarda d'un air plus qu'étonné. Se fichait-il ouvertement de lui ?
-Mais t'es con ou sourd ? Hier soir elle m'a dit que tout était fini entre nous ! Cria-t-il.
-Oui et juste avant, il me semble t'avoir entendu dire qu'elle n'aimerait jamais quelqu'un d'autre que toi.
-Mais…
-Non pas mais… Hier tu as du la blesser intérieurement, et pour se protéger, elle a du trouver ce moyen de défense.
-Tu vois tu insinues aussi que j'aurait pu lui faire du mal.
-Non, enfin pas physiquement, mais intérieurement… Mais tu n'étais pas toi-même Maxime. Laisse-lui du temps, tu verras elle finira par te revenir. Mais y a un truc que je ne comprends pas. Comment en la connaissant depuis si longtemps tu as pu ignorer que la femme que tu avais rencontrée chez elle n'était pas sa mère ?
-Je ne lui ai jamais demandé !
Thomas tomba de sa chaise. Il se releva en soupirant :
-La vache t'es pas doué.
-Je me suis dit qu'elle m'en parlerait dès qu'elle en aurait envie.
Thomas se prit la tête entre les mains et Maxime se mit à réfléchir. Il n'avait jamais fait attention au fait qu'elle se braquait dès qu'il parlait de famille. Tout lui paru beaucoup plus clair… Thomas le sortit de ses pensées en déclarant à demi amusé :
-T'es pas sorti de l'auberge. Une fille c'est plus complexe que n'importe quoi dans ce monde… Elle devait peut-être tout simplement attendre que tu lui en parles franchement. Elle doit aussi attendre que vous parliez de toutes ces merdes qui vous sont tombées dessus. Et à mon avis elle doit surtout attendre que tu lui dise que tu l'aimes. Parce que tu l'aimes Maxime ?
-…
-Je suis au courant qu'elle est très angoissée à l'idée que tu ne l'aimes plus comme avant… C'est Marie qui me l'a dit. Elles ont pas mal parlé de ça au stade et dans les toilettes du Gyriados.
-Mais c'est trop tôt… Je ne sais pas si c'est le bon moment.
-Arrête de te voiler la face. Y a jamais de moment idéal, juste de bonnes occasions, et à mon avis si tu continues, il n'y en aura plus. Maxime, si tu ne réfléchis plus qu'avec ton cœur, et que je te demande si tu aimes cette fille, que me réponds-tu ?
-Je ne sais pas…
-Non ça c'est ton cerveau. Ton amour se lit dans tes yeux, comme il se lit dans les yeux de Laetitia. Simplement elle, cette lueur est visible en permanence, alors que toi, il faut arriver au bon moment. Mais au resto, je t'ai surpris à la regarder sans en avoir l'air, et crois-moi, ton regard reflétait bien plus que de la tendresse. Pour une fois dans ta vie, n'ai pas peur de te dévoiler, parce que si tu l'aime encore, lui dire te rendra plus fort…
-Je sais ça !
-Et ben alors, s'exclama Thomas, si tu le sais, et que tu étais prêt à lui dire hier, pourquoi ces doutes ?
-Mais, elle m'a trahie !
-Cette histoire est louche. L'homme que tu as décrit comme le mec avec qui elle te trompe ressemble à celui qu'on a croisé. Et lui était tout sauf amoureux de Laetitia. Il y a sûrement une explication. Pendant les quatre ans où elle est partie, tu as continué à l'aimer, il n'y a pas de raison que ça change, tu ne dois pas reculer.
-Facile à dire !
-Mais t'a peur de quoi ?
-Outre le fait qu'elle m'ait trompé, la perdre à nouveau me serait intolérable. Je ne peux et ne veux pas que ça recommence.
-Donc tu es prêt à l'amener à te détester ?
-…
-Maxime, je suis désolé, mais tu te trompes, ça ne te protégera pas. Tu vas te faire plus de mal qu'autre chose. Pour aimer, il faut prendre des risques. Elle en a pris en revenant te voir, en te dévoilant ses sentiments, tu dois aussi faire un geste vers elle. Réveille-toi pendant qu'il est encore temps, sinon tu n'auras plus que des regrets. Est-ce que tu comptes la laisser filer ? Parce que c'est ce que tu crains le plus, mais j'ai le regret de te dire que tu est dans la bonne voie pour que ça se passe comme ça !
-Thomas ! Cria une voix féminine dans l'entrée.
-Choupinette ? Tu es déjà de retour ?
Thomas se leva et marcha vers l'entrée. Son sourire s'effaça de son visage en voyant la mine défaite de Marie. Ses cheveux partaient dans tout les sens, elle avait sa tenue de gym et ses joues étaient rougies par le froid. Avant de pouvoir lui demander ce qui se passait, elle lança :
-As-tu vu Maxime ce matin ? Parce qu'il y a un problème et… Maxime tu es là !
En entendant parler de lui Maxime s'était avancé rapidement vers l'entrée. Marie en l'apercevant rouvrit la porte et cria vers la voiture garée devant la maison :
-Vincent, je l'ai trouvé, Maxime est ici.
Vincent avança rapidement dans la maison, et Maxime sentit son sang bouillir quand il reconnut le mec avec qui Laetitia était hier… En réponse à sa colère, son poing parti comme une fusée vers Vincent. Ni Tom ni Marie n'eurent le temps de bouger, tant ce coup était parti vite. Mais, il se passa alors quelque chose que ni Marie, ni Thomas, et encore moins Max n'imaginait. Vincent venait d'arrêter son poing, en se protégeant le visage du bras. Et encore plus incroyable, son poing à lui était à quelques centimètres du visage de Max.
-Je ne crois pas que tu sois en mesure de rivaliser avec moi. Tu n'es pas assez calme pour.
-J't'ai rien demandé. Et puis après tout je vois pas pourquoi je reste là.
Maxime mit ses mains dans son jean et avança vers la sortie. Il était dépassé ! Comment ce gars avait pu arrêter son poing. Et pourquoi ne l'avait-il pas frappé ? Il était bien plus fort que lui. Où était-ce parce qu'il s'était laissé guidé pas sa colère ? Il avait mieux à faire. Il fallait qu'il réfléchisse à ce que ce minable avait dit.
Mais alors qu'il était arrivé à la porte, Maire lui barra le chemin.
-Maxime attends !
-T'as un problème toi aussi ?
-Pas moi ! Laetitia !
Pourquoi avait-elle tant d'emprise sur lui ? Le seul fait de prononcer son nom le rendait dingue. Il fallait qu'il réfléchisse à tête reposée, il ne pouvait pas faire autre chose avant d'être sûr de lui et de ses sentiments.
-Ecoute, cela ne me concerne plus, elle m'a quittée hier soir, fit Max d'un calme qu'il était loin de ressentir. Alors si tu veux de l'aide, demande à ce type !
Il pointa Vincent d'un doigt accusateur puis continua :
-Elle a l'air de beaucoup tenir à lui.
Vincent ravala son énervement et dis calmement :
-Bien sûr qu'elle tient à moi, on est amis depuis la crèche. Bon sang, mais combien de fois on va encore se tromper sur mon compte ?
-Tu parles, je l'ai vu son meilleur ami, et il ressemblait à un vrai gringalet.
-Maxime, riposta Marie, c'est la vérité, ils ne sont qu'amis, on les a vu ensemble Tom et moi.
-Comme par hasard…
-Mais qu'est-ce que je dois faire pour qu'on me croie, c'est dingue !
Une autre personne s'était approchée de la maison. Un homme d'une stature semblable à celle de Thomas, quoiqu'il semblait plus musclé demanda d'une petite voix :
-Vincent, je croyais que ton amie était en danger, on a pas le temps de bavarder…
-Oui, a priori, l'homme que Laetitia aime passionnément ne semble pas décidé à nous aider à la sauver ! Allons-y.
-Qui c'est lui encore ? Demanda Maxime. Et qu'est ce que c'est que cette histoire ?
-Lui ? Répondit Vincent, c'est mon petit ami Gérald !
-De mieux en mieux, et vous croyez que je vais vous croire.
Maxime resta figé lorsque Vincent embrassa Gérald. D'abord parce que voir deux hommes s'embrasser lui donnait plutôt envie de vomir, et aussi parce que si Vincent sortait vraiment avec Léa, il n'embrasserait pas quelqu'un d'autre, où alors Laetitia le trompait vraiment avec n'importe qui. Mais si c'était vrai ? Il les regarda et comprit alors qu'il avait tout faux. Mais cette histoire avec Laetitia ?
-Marie, fit Vincent, c'est gentil de nous avoir aidé à trouver ce mec. Mais Laetitia a du se tromper sur son compte. Je vais la chercher. Peux-tu juste m'indiquer comment reprendre le périphérique. Je dois retourner à Paris, enfin dans la proche banlieue. Il faut que je sois le plus rapidement dans le quartier des Citadelles
-Des quoi ? Cria Max.
Tom regardait Marie, interloqué. Elle hocha la tête.
-C'est là que ce mec a emmené Laetitia, fit elle.
-Qui ? Demanda Max
-Celui qui l'a enlevé ! S'énerva Vincent.
Il expliqua en moins de vingt seconde le gros de l'histoire. Maxime avait le visage de plus en plus contracté. Marie prit la main de Tom et se blotti contre lui. Tom vit son visage crispé, il lui lâcha la main pour l'enserrer de son bras. Elle posa sa tête sur son épaule en soupirant, et se laissa réconforter par la main qui lui caressait doucement les cheveux. Tom pouvait ressentir l'inquiétude et la tension qui émanait de Maxime. Il tentait quant à lui de garder son calme et lutta contre la colère qui l'envahissait. Vincent finissait déjà son récit.
-Et c'est là que sa fichue belle mère a du s'apercevoir du téléphone. Tout ce qu'elle a dit c'est "désolée, je crois qu'un preux chevalier vient d'emmener Laetitia dans son château, enfin dans sa citadelle." Elle a dû s'apercevoir qu'elle avait donné une indication, parce qu'elle a juré et coupé la communication. Marie m'a dit qu'un quartier près de Paris s'appelait ainsi. Mais je voulais trouver le copain de Laetitia parce que depuis ce matin elle l'a cherché partout
-Léa m'a… murmura Max.
-Pas de temps à perdre ! Reprit Vincent, je vais la chercher.
-Moi aussi ! S'exclama Max.
-Moi aussi fitTom, il faut la retrouver, il n'y a pas de temps à perdre.
Vincent se contenta de sourire à ce changement d'avis. Et tous se ruèrent dans le 4x4 de Gérald.
Rose rentrait de ses courses. C'était la première fois depuis des années qu'elle pénétrait dans la maison sans se faire crier dessus par Violette. Elle se délecta de la pensée que cette femme était sortie de la maison. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant Violette assise dans la cuisine, tout sucre, tout miel. Au bout de deux minutes, Rose se rendit compte de ce qui n'allait pas : Laetitia n'était pas là, et après la splendide explosion de ce matin, c'était surprenant ! En allant faire les lits, elle se rendit compte que Laetitia n'était pas dans sa chambre, ni dans la maison. Mais en revanche, elle trouva Pinko dans un état critique. Elle le prit dans la salle de bain et lui pansa ses blessures. En entendant Violette monter, elle le cacha dans la corbeille de linge. Elle le recouvrait juste d'une serviette quand Violette franchit la porte en déclarant :
-Rose, j'ai oublié de vous dire que Laetitia est partie tout à l'heure, après que son père lui a dit qu'il allait la mettre en pension vu qu'elle me tenait tête. C'est donc inutile de la compter pour manger.
Sachant qu'il était inutile de lui demander si elle avait prévenue la police, Rose acquiesça en silence et sortit de la pièce. Elle entendit l'eau couler, Violette allait prendre un bain, elle se précipita sur le téléphone, et attendit après avoir composé le numéro, tout en dégageant Pinko du linge.
-Philippe Dumiax
-Monsieur, c'est Rose, excusez moi de vous déranger au bureau, mais c'est urgent.
-Je vous écoute Rose.
-Laetitia n'est plus à la maison, et Violette dit qu'elle a fait une fugue !
-Comment ?
-A mon avis, vous n'auriez pas dû la menacer de la mettre en pension !
-De quelle pension parlez-vous ? Non je ne veux pas savoir, Laetitia a gagné, je rentre tout de suite, nous allons discuter de ce problème, Rose, essayez de savoir où elle est partie. Je serai là dans dix minutes.
Il raccrocha et se dirigea vers sa secrétaire :
-Valérie, je sors, annulez tous mes rendez-vous d'aujourd'hui, essayer de les caser pour demain.
-Mais M.De Ralotre a insisté plusieurs, et j'ai réussi à caser son rendez-vous dans une heure.
-Je l'annulerai moi-même !
Dans sa voiture, il brancha son téléphone sur l'allume-cigare, et mis son oreillette. Il composa le numéro rapidement.
-Bonjour François, c'est Philippe.
-Oh bonjour.
-Ecoutez je suis obligé d'annuler notre rendez-vous de cet après-midi, à priori ma fille a fugué à cause d'une dispute et…
-Fugué ? Cela m'étonnerait, Paul est sorti il y a 20 minutes en me disant qu'il allait donner sa bague de fiançailles à Laetitia.
-Je vous demande pardon ? Fiancé ?
-Vous ne saviez pas ? Je pensais que Violette vous avait parlé du mariage qu'elle avait arrangé entre eux.
-Je suis désolé de vous contredire, mais ma fille est amoureuse d'un autre garçon que votre fils !
-Comment ? Violette a dit à Paul que Laetitia rêvait de l'épouser !
-C'est une plaisanterie j'espère ?
-Non ! Paul nous a dit qu'elle refusait de l'embrasser. " Par pudeur " nous a-t-il précisé. Seulement, vous connaissez les garçons… Paul est pressé d'aller plus loin avec elle. Il en a parlé à Violette quand elle est venue nous voir. Elle nous a dit qu'il suffisait qu'ils se fiancent pour qu'elle soit plus docile. Juste avant que Paul ne parte, Violette a téléphoné en disant qu'il pouvait venir, qu'elle était prête, qu'il aurait le droit dès qu'il lui aurait passé sa bague de fiançailles au doigt de… enfin de…
-De quoi ?
-Et bien je suppose que Laetitia est encore vierge, alors…
Philippe raccrocha, incapable d'en supporter davantage. Il accéléra et arriva rapidement chez lui. Il se gara plus mal que bien et se précipita à l'intérieur. Il franchit la porte en hurlant :
-VIOLETTE !
-Oui chéri ? Fit une voix aiguë en haut de l'escalier.
-Où est ma fille !
-Elle s'est enfuie…
-Je doute que ce soit de son plein gré, et ne dit pas qu'elle était seule, je… Pinko ! Que s'est-il passé Rose ?
-Je ne sais pas monsieur, je l'ai trouvé inconscient dans la chambre de Laetitia.
Philippe foudroya Violette du regard. Il fit un pas vers elle et lui dit d'un ton à l'apparence calme mais où pointait la colère :
-Où est ma fille ?
-Mais enfin, je ne sais pas !
Le sang de Philippe bouillait, il n'avait encore jamais eu aussi peur. Il jeta un coup d'œil à Pinko qui était recouvert de bandage, quand il reprit la parole tout son sang froid semblait s'être évaporé.
-Je ne le répéterai pas. Où est ma fille ? Dit-il les mains tremblantes.
-Mais…
-Je ne te conseille pas de finir cette phrase autrement qu'avec le lieu exact où ce puceau en chaleur a emmené mon seul enfant.
A ce moment, la porte d'entrée s'ouvrit dans un bruit fracassant !