Une rencontre impromptue
-Merde je suis en retard, c'est pas vrai !
Ce fut un mauvais réveil que celui de Thomas, des feuilles collées à sa joue droite et à ses mains. Il avait des cernes autour des yeux, et une heure de retard par rapport à l'heure habituelle de son réveil.
Les cris réveillèrent Marie, qui elle par chance n'avait pas cours le lundi. Thomas réfléchit à toute allure pendant qu'il s'habillait.
-Voyons j'ai cours en amphi jusqu'à dix heures, après seulement j'ai des TD. Bon ça peut aller, je louperai la première demi heure de CM mais après ça ira.
-Choupinette, je serais rentré à 15H, Choupinette t'es où ? Je ne partirai pas sans un bisou.
-Crie pas ! Je suis à la cuisine. Je sais que tu manges au resto U, mais comme tu déjeunes pas j'tai mis deux mandarines, une bouteille d'eau, un coca, et un paquet de gâteau, rien que j'ai fais, donc tout est mangeable.
Elle lui tendait le sachet un sourire au lèvres.
-Merci ma puce ! A tout à l'heure !
Il l'embrassa rapidement. Marie parut ne pas apprécier et lui bloqua l'entrée en disant :
-En retard ou pas, j'ai le droit à un vrai baiser, pas un smack d'ado.
-Très bien.
Il lui prit le cou par une main, lui enserra les hanches de l'autre et l'embrassa.
-Satisfaite ?
-Euh…
-Bon à plus ma jolie.
Il partit en courant pour prendre le RER. Alors que Marie partit se recoucher.
Un peu plus loin dans Monche-Ville, le même réveil désastreux fit son œuvre dans l'appartement de Maxime. C'est en tombant de son lit parce qu'il voulait se libérer de ses couvertures que Max s'éveilla.
Un bruit sourd retentit dans l'appartement, suivi de très près par un cri.
-Oh putain c'est pas vrai ! 8H15 ! Non !
Maxime se rua dans la salle de bain. Il battu son record en restant à peine une minute dedans. Il prit une bouteille d'eau, ses clés et sans même savoir quel temps il faisait dehors, sortit en claquant la porte. Il ne mit que dix minutes pour arriver au chantier, mais vu les heures supplémentaires qu'il faisait tous les jours, personne ne lui fit remarquer son retard d'une demi-heure.
Laetitia fut la seule à dormir sans qu'on vienne la troubler. Elle se réveilla toute pimpante, et serait resté joyeuse si Violette n'était pas rentrée dans la cuisine.
Léa parlait de sa maman avec Rose. Rose était la seule avec qui elle en parlait, en plus, dans ces moments elle avait le droit aux cookies interdits ! Le matin, elle déjeunait généralement seule, son père partant au bureau de très bonne heure et Rose s'occupant de l'entretien de la maison. Mais après le décès de sa mère, Rose restait à la cuisine avec elle, nettoyant la cuisinière brillante de propreté, ou astiquant le sol reluisant. Il lui fallait bien une excuse pour pouvoir rester avec Laetitia. Rose et sa mère parlaient souvent ensemble, et Laetitia ne croyant pas pouvoir en parler à son père, discutait souvent avec Rose pour se souvenir de détails oubliés. Ce matin ne fit pas exception à la règle et alors que Rose racontait le premier jour d'école de Léa, Violette arriva.
-Ta mère pleurait encore plus que toi. Elle ne voulait pas te laisser y aller, et le lendemain alors que tu voulais y retourner, elle t'aurait enfermé ici si ton père ne l'en avait pas dissuadé.
-C'est très joli tout ça mais je crois que ''vous'' serait plus approprié pour Laetitia, Rose, dit Violette de sa voix désagréable. Et puis je suis sûre que vous trouverez du travail à faire au premier. Je ne vous retiens donc pas. Oh ! Avant veuillez me donner une tasse de café.
-Oui Madame.
Rose s'en alla laissant Laetitia avec Violette.
-Comment peux-tu la laisser te parler ainsi ?
-Maman le faisait !
-Oui ma ta mère est morte ! Et je demanderai qu'à l'avenir tu ne parles plus d'elle avec Rose, ni d'ailleurs que tu parles à cette bonne comme à une amie !
-Je suis assez adulte pour savoir à qui donner mon respect, et Rose, elle, le mérite.
-Comment oses-tu ?
-Va donc le dire à papa, Violette ! Je m'en vais, j'ai rendez-vous !
-Avec qui ? Il faut que je puisse prévenir ton père !
-Papa est au courant, et Rose sait avec qui je suis, donc il y a assez de personne au courant !
Alors que Laetitia partit, Violette murmura :
-Tu vas bientôt te faire dominer, petite insolente. Il va t'apprendre le respect !
Une demi-heure plus tard, elle sortit et avec le plan qu'elle avait gribouillé suivit les instructions de Vincent. Elle prit le RER et arriva sur Paris, puis changea et prit le métro. Elle arriva rapidement devant un bel immeuble du treizième arrondissement de Paris construit récemment vu l'architecture.
Voyons, il m'a dit, au cinquième, étage, son appart donne sur cette rue, si je traverse…
-Aïe.
Elle venait de se prendre quelque chose sur la tête. Laetitia regarda par terre.
Un journal ???
Elle leva les yeux.
-Tu voulais de mes nouvelles non ? Et bien voilà des nouvelles, et elles viennent de moi.
Elle reconnu la voix qui venait du milieu de l'immeuble.
-Très drôle Vincent, visiblement, tu as toujours un problème avec tes blagues. Elles sont encore aussi ridicules qu'il y a six ans !
-Je t'ouvre !
-Je ne suis plus sûre d'avoir envie de monter !
-Si, tu en as envie ! D'ailleurs je connais une autre personne qui rêve de rencontrer la petite fille aux couettes dont je n'arrête pas de lui parler.
-T'as gagné.
-Comme toujours.
Elle fut époustouflée par l'intérieur de l'appartement, il avait un très beau duplex, avec un faux bar qui se trouvait devant une cuisine superbement équipée. Leur salon était un vrai cinéma à domicile, écran plat, amplis, la dernière chaîne hi-fi et une montagne de DVD, cassettes vidéo et audio ainsi que toute une panoplie de CD.
-Vincent t'aurais dû me dire que t'avais gagné au loto.
-Tu parles depuis que je travailles j'ai tout économisé. J'avais envie de rentrer à Paris, mais je me suis juré de ne pas y aller avant d'avoir un nom important dans la cuisine, et assez de fric pour vivre correctement. Et puis avec ma moitié, c'est encore plus facile de…
Le téléphone l'interrompit, il s'excusa et alors qu'elle grimpait sur une de leur chaise de bar, il décrocha.
-Comment… Non, mais… Ok , je comprends t'inquiète, le boulot avant tout… Oui à ce soir, oui je lui dirai, je t'aime aussi… bisous.
Vincent regarda Léa avec un air assez triste :
-Bon ben changement de programme.
-Le travail, je comprends, désolée j'écoute les conversations.
-C'est pas grave on va en profiter pour se raconter nos petites vie avec un bon cacao fait maison ça te dit ?
-Bof, t'a jamais été très doué en cuisine ! ! !
Vincent manqua de s'étouffer.
-Si j'avais su que tu me dirais ça un jour, au CP, je ne t'aurais jamais donné la moitié de mon petit pain.
-Bon d'accord, un chocolat, en fait ça ne peut que me faire du bien.
-Ca roule ma ptite dame !… Euh, en fait j'ai oublié un léger détail !
-Lequel.
-Ben c'est son tour de faire les courses, les placards sont vides.
Laetitia le regarda, tentant de savoir s'il plaisantait ou pas, mais en voyant son regard gêné, elle partie d'un grand éclat de rire.
-C'est pas vrai, t'as plus rien dans tes placards ?
-Euh, j'ai de quoi te faire une petite tasse de lait. Mais petite…
-Mais tu n'as rien pour ce soir non plus du coup ?
-Ben…
-Oh les garçons, ça a une telle organisation.
Elle pensa à la première fois qu'elle était allée chez Maxime. Lui n'avait plus qu'une bière à lui proposé et son frigo était aussi totalement vide. Elle tressaillit au souvenir de sa peau, de son torse et ses bras musclés qu'elle avait entrevu rapidement lorsqu'il avait ouvert la porte. Au frisson qui l'avait parcouru quand il l'avait frôlé dans son couloir, elle émergea à nouveau de ses souvenirs. Regardant Vincent, elle lui demanda :
-Tu peux faire deux choses en même temps ?
-Ca dépend quoi ?
-Parler et faire les courses c'est possible pour toi ?
-Oui…
-Et bien alors qu'est ce que tu attends, on y va.
-Non mais ça me gêne de faire ça.
-Tu parles, ça ne me dérange pas. Et toi tu as besoin de manger quelque chose !
-En fait oui ! Par contre je préfèrerais aller au Centre Commercial, c'est plus loin mais…
-Mais tu as une carte de fidélité et des bons de réductions ?
-Oui… avoua Vincent.
-Il n'y a pas de soucis ! Le plus proche de chez toi en métro c'est…
-Héhé… Je n'ai pas besoin de métro.
-Ah bon ?
-Et oui, fit Vincent, tu vas avoir l'immense privilège d'admirer mes prouesses au volant !
En dix minutes, la petite voiture de Vincent les amena finalement l'énorme complexe commercial. Ils se dirigèrent vers le super marché qui s'y trouvait. L'endroit était colossal et certains rayons s'étendaient vraiment loin. Laetitia et Vincent passèrent de bons moments à discuter, chaque article ou chaque rayon amenant une anecdote à raconter, ou bien portant tout simplement à rire. Ils aperçurent alors Thomas au bout d'une allée, se grattant le menton et observant d'un air dubitatif différents shampoings qui s'étalaient sur deux bons mètres de largeur.
-Salut Thomas !
-Laetitia ? Ben si je m'attendais ? Ca va ? T'es avec Max ?
-Non en fait je…
-Alors ma chérie tu te débrouilles ? Lança Vincent.
-Tiens Choupinou, fit Marie qui sortait d'un rayon, tu as trouvé un bon anti-pelliculaire ? Tiens, salut Laetitia !
Mais le visage de Tom s'était assombrit dès lors qu'il aperçût Vincent.
-Laetitia, j'aimerais te parler deux secondes… fit il sèchement.