Analyse Humaine de sosok

Durant les deux jours suivant ce premier contact, rien d'extraordinaire ne vint perturber ma belle et paisible vie de cavale….de mission.
Mais le troisième jour je découvris quelque chose de fort étrange. Courant sur les chemins étroits et escarpés menant au col d'une montagne, j'entendis alors un hurlement de douleur. Ma première analyse était qu'il ne s'agissait pas d'un piaillement humain, un Pokémon avait des ennuis. Un sauvage? Si tel était le cas, je ferais mieux d'aller le voir et si la situation l'exige, je pourrais lui donner un coup de patte.
J'arrivais alors à l'entrée d'une petite grotte, et sous mes yeux horrifiés je vis deux humains immobiles regardant leurs Pokémons se battre.
C'était donc ça un combat Pokémon? Les humains observaient sans un geste pour les aider leurs domptés s'entre-tuer? Je décidais de ne pas intervenir, n'ayant pas envie de devenir une nouvelle cible, mais je gardais néanmoins un œil attentif sur le duel.

Un Caninos affrontait un petit Teddiursa qui semblait être en difficulté. Le Caninos, rapide et agressif, alternait ses morsures et ses jets de flammes sur le petit Pokémon qui ne parvenait pas à répliquer. Ecoutant d'une oreille distraite les hurlements humains, je constatais non sans étonnement que ceux-ci dictaient à leur Pokémon la conduite à suivre. Ne serait-il pas plus simple de les laisser faire? Réagir de façon instinctive était plus naturelle et devait surtout être plus efficace que de devoir, écouter, assimiler, comprendre et agir en fonction des ordres humains? Sans son dresseur le Teddiursa aurait sûrement comprit que la fuite lui aurait infligé beaucoup moins de souffrances. Bon il aurait alors abandonné son dresseur face au petit canidé cracheur de feu, et alors? Moi je n'y voyais aucun problème et je l'aurais fait sans hésiter... quoique j'aurais tout d'abord envoyé un laser glace sur le Caninos... et sur les dresseurs tant qu'à faire puis j'aurais rapidement décampé.
J'observais le combat depuis quelques instants déjà, lorsque j'assistai à un retournement de la situation. Le Teddiursa venait, à l'aide d'une attaque roulade de projeter son adversaire contre une paroi rocheuse, et il se servait désormais de son attaque tranche pour le maintenir au sol. Le Caninos gémissait, je n'aimais pas ça, mais j'étais impressionné par la combativité du Teddiursa.
Soudain je compris que l'issue du combat était proche, le Caninos était parvenu à se dégager et les deux pokémons épuisés se faisaient face se regardant avec hargne. Le dresseur du Caninos lui ordonna de charger, le Teddiursa se préparait à rouler pour l'éviter mais au moment où je m'y attendais le moins, son dresseur lui ordonna de ne pas bouger. Que préparait-il? Le petit ours ne se posait même pas cette question et il obéit par reflexe à son dresseur, était-il suicidaire? La manœuvre du dresseur devait consister à prendre l'attaque de plein fouet pour que le Pokémon riposte au corps à corps. Mais l'ourson était bien trop épuisé pour encaisser l'attaque du canidé. Et ça, le Pokémon devait le savoir.
Mais alors, pourquoi ne fuyait-il pas? Etait-il si important d'écouter son humain? Même quand celui-ci avait tort?
L'instant d'après le Caninos percutait son adversaire qui alla s'écraser lourdement sur le sol quelques pas plus loin, et évidemment celui-ci ne trouva plus la force de se relever. Caninos l'avait vaincu, le chien jappa de joie et son dresseur le félicita.

Il était heureux d'avoir blessé un congénère... dans quelles folies les humains nous entrainaient-ils? Mais ce qui me marque le plus fut le dresseur du Pokémon ayant perdu le match, loin de s'inquiéter, il rentra son Pokémon dans sa baballe et je le pris même à le réprimander.
Une furieuse envie de le déchiqueter me traversa l'esprit, non seulement ce Pokémon s'était battu pour lui mais en plus il l'avait écouté sachant que ses ordres le mettraient au tapis. Et son dresseur se plaignait de lui? Il n'y avait vraiment pas de justice, car j'étais persuadé que le petit Pokémon culpabilisait de sa défaite et d'avoir déçu son maître.
Mais quels avantages pouvait-on avoir à être dans une baballe?

Enervé mais n'ayant pas l'intention de salir mon beau pelage de sang humain je repartis aussitôt, pensant ne plus avoir à faire avec cet humain particulièrement stupide.

Malheureusement pour moi, ce ne fut pas aussi simple. Quelques heures de sieste plus tard, je repartis sous la neige, qui dans les hauteurs s'avérait particulièrement redoutable. De nombreuses bourrasques rabattaient ma crinière violette devant des yeux cristallins, m'obligeant à me stopper pour me recoiffer. Il n'était pas digne pour un Pokémon comme moi, de se cogner dans tous les rochers n'y voyant rien.
Alors que j'étais à nouveau arrêté et tentant de démêler cette fourrure de ma corne à l'aide de mes pattes avant, j'entendis des hurlements de Pokémon. On appelait à l'aide. Après avoir vérifié que j'étais présentable, je trottinais vers le sauvage en difficulté. Toutefois sans me presser, les véritables héros savent se faire attendre. Décidément, c'était mon jour de bonté, car pour la deuxième fois de la journée, l'idée de sauver un Pokémon me traversa l'esprit....
...Et pour la deuxième fois je me retrouvais devant le Teddiursa. Celui-ci me vit rapidement, il me fit signe d'approcher en s'agitant sur le bord de la falaise. Où était donc passé son maudit humain? L'avait-il abandonné suite à sa défaite? Ou alors était-ce un piège? J'hésitais à rebrousser chemin, mais je ne pouvais penser que la détresse sur le visage du Pokémon était feinte. Car même son attaque croco-larme n'aurait pas été aussi réaliste.
Le jeune ourson, tenait un bout de bois et le tendait dans le vide, il me demanda de faire pareil et de l'aider. D'un regard dédaigneux, je regardais le bâton, le Pokémon, puis jetais un œil sur la hauteur du précipice. Et là je compris.
Ma première réaction, fut de reculer en souriant. Là, devant moi, accroché par ses mains aux rebords, se trouvait le dresseur du Pokémon suspendu dans le vide. Il avait dut glisser, une bonne chose, nan?
Le petit ours n'avait pas l'air du même avis que moi, trop léger pour sortir son dresseur de là, il voulait le tirer à l'aide d'un simple bâton. Mais ne savait-il pas que le dresseur ne pourrait que l'entrainer dans sa chute en s'agrippant au bâton? Je lui fis remarquer.
Le Pokémon affolé m'expliqua que c'était pour cela que je devais l'aider à sortir son maître de là. Heu... non merci. Le Pokémon était encore épuisé par son récent combat, pensait-il vraiment que j'allais aider l'humain qui l'avait mit dans cet état?
Le Pokémon se jeta sur moi, cherchant à me pousser pour me faire agir tout en me suppliant en même temps de faire quelque chose. Je m'étais assis pour regarder le spectacle et malgré tout ses efforts, le Pokémon ne parvenait pas à me faire bouger. Le dresseur gémit, ses mains glissaient, il allait bientôt lâcher prise. L'ourson était vraiment paniqué, et même pour un dompté, je n'aimais pas voir un Pokémon dans un tel état de détresse. Aussi décidais-je de reporter à plus tard mon analyse du pourquoi s'inquiétait-il pour ce dresseur et d'agir. Je le lui dis, ce qui fit apparaître un sourire sur son visage...mais qui disparut aussitôt dès qu'il comprit en quoi consistait mon aide. Il poussa un hurlement horrifié et atterré.
Ah bah... oui et alors? J'ai dis que je l'aiderais, pas que j'aiderais vraiment ce dresseur. Quoique, il me doit la vie maintenant!
Je venais d'utiliser mon souffle glacé sur les doigts de l'humain dépassant du rebord, désormais entièrement gelés et soudés à la paroi, les mains du dresseur n'allaient plus glisser, donc celui-ci n'allait plus tomber. Bon, cela ne devait pas être très agréable, mais avec les techniques humaines de soin, on trouverait sûrement un moyen de lui rendre l'usage de ses doigts...s'il parvenait à se sortir de là. Car j'avais fais mon quota de bonnes actions pour la journée et je ne restais désormais que pour regarder comment la situation allait évoluer.

Le Pokémon tremblait, non de froid, mais de peur pour son maître. Pour son ami me disait-il, pour son bourreau corrigeais-je sans tarder. Il comprit très vite que je ne lui serais d'aucune aide désormais et entendant les cris de douleur de l'humain, je cru qu'il devenait fou. Le Pokémon se roula en boule et commença à hurler. Une vive lumière blanche l'entoura, comprenant que la suite allait devenir quelque peu dangereuse pour ma santé personnelle, je m'éloignai légèrement. Là où se trouvait un innocent Teddiursa, on pouvait désormais voir un redoutable Ursaring. Et même si je supportais sans mal les assauts de l'ourson pour me faire bouger, une claque d'un tel mastodonte me ferait certainement plus d'effet. J'observais l'Ursaring, je n'appréciais guère ce Pokémon, violent de nature. Pourquoi, ne pas se contenter de sa forme primaire? Il aurait beaucoup moins de place dans sa baballe maintenant! Il fallut à peine quelques secondes pour que le Pokémon évolué sorte son dresseur du vide. Il y eut un craquement au moment ou il décrocha les doigts gelé du sol. Le Pokémon rugit de colère... oups !

Le Pokémon avançait furax dans ma direction, je pensais en avoir assez vu, et je filais sans chercher à converser davantage avec le gros nounours.

Tout en courant je me remémorais cette journée, forte en émotions. Comment un dompté pouvait-il être si fidèle à son humain? Pourquoi lui vouait-il une confiance aveugle comme lors des combats, et pourquoi était-il près à tout pour lui, allant même jusqu'à évoluer?
Ces nouvelles questions en tête, je continuais mon chemin bien décidé à y trouver des réponses.