Première Flamme (One-shot) de sosok

"Hey! Reviens là toi! Hihi!"

Ysta, la Goupix, courait après un Papilusion, il n'allait pas s'échapper celui-là. Elle sautait dans tous les sens et s'amusait comme une folle, pourtant derrière ce jeu innocent, elle s'était fixée un objectif. Sa première chasse, elle savait que sa mère, Feunarde, la regardait à quelques mètres de là. Elle n'allait pas la décevoir.
Goupix se prépara à mordre sa proie, elle bondit et au moment où elle pensait avoir réussi, elle se retrouva projetée au sol et roula plusieurs fois sur elle-même.

Une longue gerbe de flamme venait de lui retirer sa proie, elle fit volte-face et vit un de ses frères, un sourire aux lèvres. Il se retourna vivement et alla bondir autour de leur mère sous les clameurs de leurs autres frères et sœurs.
"Maman maman, je l'ai eu! Tu as vu ça? Une seule attaque flammèche a suffit! Il était loin en plus hein?"
Ysta s'approcha écœurée, elle ne pouvait rien dire ni faire. Car malgré son approche difficile et discrète du Papilusion elle l'avait ratée... comme toujours. Elle n'en voulait pas particulièrement à son frère, si ce n'avait pas été lui un autre l'aurait surement fait. Elle aussi n'hésiterait pas à attaquer ses proies à distance si elle le pouvait... Si seulement elle le pouvait.
Car sur la portée de 8 jeunes Goupix maintenant âgés de plusieurs semaines, Ysta était la seule à ne pas savoir utiliser le feu pour se battre.

Quel fardeau cela représentait pour elle, on le lui disait pourtant toujours que cela viendrait avec le temps. Mais à quoi pouvait bien servir un pokémon feu ne sachant pas invoquer la moindre petite étincelle? Elle était peut-être une erreur? Qui sait, elle n'aurait peut-être jamais dût exister...

Ysta s'éloigna doucement du reste de la portée, elle voulait être seule. Elle alla se coucher sur un rocher au bord de la rivière. Ici personne ne viendrait la chercher, ils avaient tous bien trop peur que l'eau n'éteigne leur feu intérieur, mais elle, qu'en avait-elle à faire? Vu que rien ne lui laissait penser qu'elle possédait aussi son propre feu intérieur.

Elle ruminait ses sombres pensées quand il apparut, elle ne l'avait pas entendu arriver mais il se trouvait juste derrière elle. Elle se redressa, un abra sauvage, quel drôle de pokémon. Elle n'en avait encore jamais vu. Elle grogna un peu pour se donner du courage ce qui n'eut comme seul effet sur abra de lui arracher un majestueux bâillement.
Ysta fut interloquée, elle avait l'air si inoffensive que ça? Déjà énervée par sa journée, elle eut l'envie... ou du moins elle ressentie le besoin de se défouler, tant pis pour ce pokémon, il allait voir ce qu'elle savait faire. Car même si Ysta ne crachait pas du feu, ses charges étaient redoutables et ses crocs acérés.
Elle bondit sur le abra, sorti ses griffes et... les referma dans le vide. Le abra se trouvait maintenant à deux pas de là, comment s'était-il déplacé si vite? Ysta renouvela sa charge et obtenu le même résultat. Plusieurs tentatives suivirent, mais à chaque fois elles restèrent infructueuses et le même rituel s'installa inlassablement. L'abra l'esquivait sans problème... et baillait de plus en plus souvent! Ysta ne comprenait pas comment il pouvait lui échapper, elle savait qu'elle devait abandonner ce combat mais elle tenait son mauvais caractère de son père et rien ne lui ferait lâcher l'affaire. Surtout pas l'affront que lui fit le abra en s'endormant purement et simplement alors qu'Ysta allait recommencer sa charge. Il n'allait pas lui échapper cette fois-ci tout de même! Elle se recroquevilla sur elle-même et bondit de toutes ses forces en avant.

Mais à nouveaux le pokémon disparut et réapparut quelques pas plus loin. Ysta n'eut pas plus de temps pour analyser cet étrange phénomène de disparition car elle réalisa qu'elle allait avoir de forts ennuis. En effet, elle n'avait pas remarqué que le pokémon s'était placé au bord de l'eau, et en bondissant de toutes ses forces, Ysta s'était stupidement jeté dans le courant de la rivière.
Elle était jeune, fatiguée par sa journée, paralysée par la basse température de l'eau et surtout elle ne savait pas nager. La panique commença à s'emparer d'elle alors qu'elle se débattait et cherchait en vain à appeler du secours. Ses pattes mouillées lui paraissaient lourdes et il devint très vite difficile pour elle de garder la tête hors de l'eau. Elle ne voulait pas mourir, elle eut peur, elle ne voulait pas cesser de lutter mais ses forces l'abandonnaient et elle avait déjà avalé pas mal d'eau.
Au moment ou elle sentit une grande giclée d'eau envahir ses poumons, elle pensa à sa famille, sa mère, son père et ses frères et sœurs, pourquoi ne pas leur avoir dit qu'elle les aimait? Etait-elle jalouse de leur flamme? Mais en quoi ce feu ou tout du moins cette absence de feu faisait d'elle une étrangère dans sa famille? Ils l'avaient aimés eux, jamais sa mère ne l'avait mise à l'écart, et aucun de ses frères ou de ses sœurs n'avaient jamais tenté de jouer avec elle lorsqu'elle était triste.
Ils lui manquaient tous.

Soudain Ysta sentit quelque chose l'attraper, on la sortit violemment de l'eau, elle ouvrit un œil épuisé et vit que son père nageait dans la rivière, la tenant dans sa gueule. Papa...elle sourit. Il ne fallut pas longtemps pour que l'on la ramène sur la terre ferme, tout le monde voulait la voir, elle avait affronté l'eau. Son père se redressa, lui appuyant doucement sur le ventre.
Ysta cracha de l'eau, se releva peu après et regarda ses parents penaude. Ils n'avaient pas l'air de lui en vouloir, ils étaient juste inquiets....

Ysta voulu parler, afin de s'expliquer, de les rassurer aussi. Mais un petit picotement lui chatouilla la truffe, elle entrouvrit la gueule, secoua la tête. Le picotement disparut... mais un court instant seulement. Il réapparut plus fort que jamais, Ysta inspira profondément et éternua de tout son souffle.
Tout le monde la fixa intensément, elle avait dut prendre froid dans l'eau, mais ce n'était pas cela qui importait à présent pour Ysta. Sa famille était avec elle et tout le monde pouvait lire l'émerveillement dans les petits yeux orangés de la Goupix. Car une petite flammèche venait à l'instant de surgir de son corps, sa première Flamme.