L'énigme du Mont Sélénite de supersian

Clara : Premier Jour de la Mission Sélénite

"C'est quand-même incroyable. Ce mec est affreusement désagréable, il a un physique banal, il n'a aucune conversation, mais ça ne me dérange absolument pas... Clara, ma grande, je crois qu'il serait temps de consulter..."

"Oh, et après tout, c'est que le premier jour d'observation. Peut-être qu'il changera. Il sait très bien qu'on doit passer trois semaines ensembles, après tout. Et je crois pas que ça puisse amuser quelqu'un d'être obstinément antisocial alors qu'on est obligé de rester avec une seule personne... Quoique?"

"Bon, puisque ce type fait preuve d'une mauvaise volonté obtuse, je vais m'autoriser à médire sur son compte... Héhé, chacun sa vengeance personnelle, hein."

"C'est vrai, il fait peur, Môssieur Franck Ibbrye. Sa cicatrice, là, sur sa joue droite, ça me fout les jetons. J'avoue, j'aimerais vraiment savoir comment il a bien pu se faire ça... Je suppose que ce genre de choses, ça éveille toujours la curiosité, qui que l'on soit..."

"Et son regard... Je voudrais pas le croiser dans la rue, tard dans la nuit... Brr! Heureusement qu'il est petit et pas trop baraqué, sinon, je crois qu'il aurait vraiment tout du look gangster..."

"Passés ces inconvénient physiques, passons aux moraux, qui sont tout-de-même d'une importance non-négligeable, surtout quand on est en mission à deux. Comme je le disais, il est antipathique au possible. Il voudrait le faire exprès, il ferait pas mieux."

"Par exemple, tout-à-l'heure, je voulais examiner le rapport de Simon, le scientifique qui était au Mont Sélénite avant nous, et qu'on doit remplacer parce qu'il a été amoché lors d'un éboulement... Eh ben, on avait vraiment l'impression que ça lui écorchait les mains de me le passer... Sans compter quand on a monté la tente! Je suis sûre qu'au lieu d'enfoncer les piquets dans le sol, il aurait préféré m'assommer avec... Jamais vu quelqu'un d'un caractère aussi épouvantable..."

"Avec cette mission imprévue, j'ai dû abandonner la surveillance de ma colonie de corayons, moi... C'est tout-de-même mon boulot, c'est pour ça que j'ai rejoint le centre de recherches de Safrania: pour protéger les pokémons... C'est vrai que la mission Sélénite s'en rapproche un peu, mais enfin, la population des melofees en baisse depuis quelques mois, et nous-deux qui devons en trouver la cause, c'est pas vraiment mon rayon..."

"Il fait quoi, Môssieur Franck au centre, déjà? Ah oui, il est observateur pokémon. Mouais, c'est moitié-moitié, ça. Sur le terrain pour observer, et devant son ordi pour rédiger des dossiers de je-sais-pas-combien de pages et de photos... Enfin, c'est pas totalement un "planqué", au moins. Pas comme les scientifiques, les secrétaires, les informaticiens... Ces gens-là sont p't'être utiles à l'avancement du centre, m'enfin, des types qui ont comme seul souci en tête leur monnaie, qu'ils espèrent suffisantes pour se payer leur café long grains sans sucre, quand d'autres comme moi se demandent comment éviter ce poissonroy à l'air mauvais qui aurait très envie de les empaler, ou cet ursaring hargneux qui n'apprécie pas vraiment qu'on escalade sa montagne sans lui demander préalablement son avis, moi, je fais pas confiance."

"Et alors quoi, ces melofees? On nous convoque, on nous met un rapport d'un nombre ahurissant de pages entre les mains, en nous disant: «Votre mission sera d'enquêter sur la brusque décroissance de la population des melofees au Mont Sélénite, et, si possible, d'y mettre un terme. Vous remplacerez ainsi Simon, l'ancien scientifique chargé de l'observation des melofees, qui a eu un accident. Je vous confie son rapport: il y explique notamment comment lui et trois gamins en voyage initiatique, il y a déjà quelques temps, ont assisté à l'enlèvement de la "Pierre Lune" - le coeur d'un ancien météorite qui s'est écrasé il y a déjà longtemps sur le Mont Sélénite - par la Team Rocket. L'onix d'un des gamins a réussi à arrêter les fauteurs de trouble. Tous les quatre ont ensuite vu tous les melofees effectuer un métronome, qui s'est transformé en une attaque très puissante, qui a projeté les membres de la Team Rocket vers d'autres cieux. L'explosion a aussi fait exploser la pierre lune, laquelle est retombée sous forme de fragments, faisant évoluer certains melofees en melodelfes... Vous y trouverez également un plan fait et enrichi par lui au cours de sa mission, représentant le Mont Sélénite dans son intégralité, y compris les galeries dangereuses interdites au public, qui ne figurent pas dans les plans tout simples trouvables dans le commerce. Bonne chance, je vous demanderai un rapport hebdomadaire.» Ben voilà, on a pris le dossier, on a fait nos bagages persos, on les a chargé avec le matos de camping et la nourriture pour trois semaines fournis par le centre sur un de mes deux roucarnages, et on est montés sur l'autre, direction le Mont Sélénite."

"Bon, il est 20 heures. Horreur, il va falloir manger, ce qui veut dire que je vais devoir adresser la parole à Môssieur Franck, mon co-équipier, qui n'aime pas ma compagnie... En plus, on est en hiver, je me gèle. Bonjour l'ambiance. Mais enfin, étrangement, je suis pas si désespérée que ça... Je trouve ça presque amusant. Je dois prendre ça comme un défi... J'ai souvent considéré ma vie comme un défi. Ouais, voilà: mon défi: à défaut de mener à bien cette enquête, sera de rendre Môssieur Franck souriant en ma présence. Je crois que ce sera encore pire que la protection des rhinoféros au parc Safari..."

"Je crois que, pour l'énerver, je vais faire exprès de cramer la bouffe... Ouais, ça va être amusant... Môssieur Franck, tu vas te mordre les doigts d'avoir voulu jouer au pas-gentil avec moi..."


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Franck : premier jour de cette foutue Mission Sélénite

"Ça me gave, ça me gave, ça me gave. Merde, j'aurais jamais dû accepter d'arrêter de fumer pour faire plaisirs à ma mère... Je suis nerveux, yiiiii, très nerveux. «Mais enfin, Franck, pense à tes poumons, blablabla...» Rah! La dépendance à la nicotine, c'est terrible. Heureusement que j'ai commencé qu'à 18 ans, ça me fait que 5 ans d'accoutumance... Quelle mission pourrie... Se geler en campant près d'une montagne lugubre... Se laver en faisait chauffer l'eau de la rivière tous les matins... Fais chier. J'aurais dû être peinard, moi, et taper tranquillement mon rapport sur l'observation des canartichos, bien au chaud dans mon bureau du centre... Et voilà que le patron me balance une mission naze, avec une fille que je connais même pas..."

"C'est incroyable, mais cette fille... Clara Rastapopoulos, je crois que c'est ça son nom... Elle me revient pas. Mais alors pas du tout. Elle est pas moche, pourtant. Elle a l'air sympa en plus. Bon, on voit qu'elle bosse sur le terrain: cheveux coupés courts, pokéballs... Mais allez savoir, je l'ai détestée dès que je l'ai vu, sans aucune raison. C'est con, hein? Mais c'est instinctif. Et moi, je fais confiance à mon instinct, point final."

"Je crois que ça lui est égal. À toutes les questions qu'elle m'a posées pendant qu'on chargeait les affaires sur un de ses piafs, j'ai répondu en grommelant. Elle a vite arrêté, du coup. C'est vrai que c'est salaud, comme façon de faire. Ces trois semaines vont être épouvantables pour nous-deux..."

"Bah tant pis."

"Faut pas contrarier son instinct."

"Quoi, qu'est-ce qu'elle me veut, Miss J't'aime pas? La bouffe? Ah ouais, la bouffe. Ouais, j'ai bien la dalle. Bon, allez, je vais me rapprocher du feu de camp... Elles sont où les assiettes? Ah, les v'la... Bon, assiettes, couverts en plastique, flotte, tout le barda, pendant qu'elle fait réchauffer une boîte de cassoulet Azurien..."

"Bon, c'est pas pour dire, mais j'm'emmerde pendant qu'ça cuit. Radio. Où est la radio? Ah! Mon ch'tit poste! Allez, Kanto 2... J'espère que ça va plaire à Miss J't'aime pas, parce qu'il est hors de question que je change de station... "

"Allons bon, voilà qu'elle se met à me parler de Kanto 2... Comment ça c'est sa radio préférée? Merde, moi-aussi..."

"Tiens? Ça sent le cramé! La bouffe! La bouffe brûle! À papoter comme une conne, elle a oublié de surveiller la bouffe! Bon sang, à croire qu'elle l'a fait exprès..."

"Cassoulet brûlé, j'ai mangé meilleur. Bah, tant pis. Je fouille désespérément dans ma poche. Pas de clope, pas de clope... Je devrais le savoir, pourtant... Rah! J'enfonce ma fourchette dans mon assiette. Pas malin, ça, j'ai pété ma fourchette. Vive les couverts en plastique, j'vous jure... Bwarf, de toute façon, j'avais plus faim."

"Je dis «Bonne nuit» ou pas? Bon, allez, p't'être, comme ça, elle comprendra qu'elle doit pas faire de bruit en rentrant sous la tente... Ah, elle a levé la tête, l'air étonné. Ouais, savoure, parce que ce sera les seuls mots que t'entendra de ma bouche. Allez hop. Pyjama chaud, duvet. Demain, notre mission commencera... Pff..."

"Rah! C'est quoi ce boucan! Je viens de m'endormir comme une masse, et voilà qu'on me réveille! Quoi? Qu'est-ce qu'elle dit, Miss J't'aime pas? «Excusez-moi, Franck, je voulais éteindre votre poste, et je me suis trompé: j'ai monté le volume à fond... Je vous ai pas réveillé, j'espère?» Non mais, qui m'a foutu une gourde pareille, bon sang? Quoique... Et si elle le faisait exprès? Non, aucune fille ne ferait ça... Et pourtant... Bah, on verra bien."

"Dodo."


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Melodelfe : Deux ans, Trois mois, et un jour après l'explosion de la Pierre Bénie

"Qu'est-ce qu'ils font là, eux...?"

"Hum, peut-être qu'ils sont là pour remplacer le mec en blouse blanche, qui restait au Mont... On n'aura jamais la paix, décidément."

"Et qu'est-ce qu'ils vont trafiquer, ici, hum? Nous regarder crever? Ben tiens... Ces humains... Ça leur fait plaisirs, peut-être... Ou alors, c'est encore des dresseurs à la con... Ils s'amusent avec leur pokémons, comme s'ils étaient les maîtres du monde... Ils nous coincent dans une impasse, ils balancent leur satanés bestiaux qui nous attaquent comme s'ils ne reconnaissaient pas en nous l'ancienne victime qu'ils ont été... Puis ils nous enferment dans leur bazar rond, là, pour que nous-aussi, on aille se battre sans d'autre raison que pour leur jouissance personnelle..."

"Enfin, en hiver, les humains se font plus rare, c'est toujours ça de pris... Tiens, je vais aller jeter un oeil sur les deux nouveaux, ça m'apprendra peut-être quelque-chose..."

"Ouaip, toujours dans leur machin en toile... Voyons... Ah, par là, ça a l'air de se soulever facilement... Ouah, quelle odeur! Ils ont du faire brûler quelque-chose... Beuh. Bon donc... Hop-là, petit regard discret..."

"Ah, une fille... Non! Elle a les balles où ils nous enferment... J'espère qu'elle voudra pas tenter de nous capturer... Bon, elle est en train de se coucher... Y'a un autre humain... Le type, là... Bon, lui, je sais pas si c'est un dresseur, y'a que sa tronche qui dépasse de son espèce de chose, là, où ils dorment... On croirait qu'ils sont avalés par un arbok qui n'a pas fini sa digestion... Ces humains alors... Ils pourraient pas avoir une fourrure à eux, comme tout-le-monde?"

"Qu'est-ce qu'elle fait la fille? Elle prend... On dirait une poudre noire... Pourquoi elle sourit? Je comprendrais jamais cette espèce... Ah, elle la met dans sa main, juste devant son nez... Wahou, quel éternuement! Jamais entendu aussi fort!"

"Bien sûr, elle a réveillé l'autre... Un boucan pareil, tu m'étonnes. Il a pas l'air heureux, tiens... Il l'engueule, j'crois bien... Qu'est-ce qu'elle répond? «Excusez-moi, Franck, je fais des allergies parfois... J'espère que vous ne dormiez pas?» J'ai du mal à comprendre leur langue, mais je crois qu'elle s'excuse, mais que ça sonne faux... Bah, c'est sans importance. Je suis sûr qu'elle a fait exprès de se faire éternuer avec ce machin pour l'embêter... Ils sont vicieux ces humains quand-même."

"Bon, je vais rentrer au Mont, moi. Je dirai aux autres que deux humains, un mec et une fille, qui ont l'air de mal s'entendre, et dont au moins un est dresseur; ont dressé leur tente pas loin..."

"Enfin, ils m'ont l'air assez inoffensifs. Quoique le type avait une de ces cicatrices... Flippant. On verra bien, hein..."

"Tout ça ne nous aidera en rien... Je crois bien qu'on va tous y laisser notre peau... Pourquoi, à cause de ces deux crétins et de leur miaouss parlant, notre pierre bénie a volé en éclats? Sans elle, il ne nous reste pas grand-chose..."

"Pas d'étoiles, ce soir... Je sens qu'il va y avoir de l'orage..."