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Le prince des mers et autres contes [Livre d'histoires] de Silver_lugia



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Informations

» Auteur : Silver_lugia - Voir le profil
» Créé le 09/04/2009 à 19:57
» Dernière mise à jour le 28/12/2009 à 15:23

» Mots-clés :   Absence de poké balls   One-shot   Présence de transformations ou de change

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Quand menace la tempête
Ce matin-là, lorsque Tonnerre se réveilla, il y eut un temps. Un temps pendant lequel, petit tarsal, il pensait pouvoir rester allongé sur sa couche, se délectant des dernières vapeurs du sommeil. Mais une étrange sensation dans tout le corps lui rappela douloureusement les événements de la veille. Ses jambes s'étaient allongées. Sa tunique avait raccourci et n'était plus qu'une jupette lamellée. Son casque avait changé de forme et ne cachait plus ses yeux, mais sa bouche ; il avait des cheveux. Ses cornes avant et arrière avaient changé de position et étaient à gauche et droite de sa tête. Son corps n'était plus celui d'un jeune tarsal. Désormais, c'était un kirlia.
S'il avait été une femelle, il aurait été ravi de cette transformation. Dès aujourd'hui, il aurait commencé son apprentissage de guerrière, appris à différencier les plantes qui soignaient de celles qui rendaient malades, à s'orienter en fonction du vent et du soleil et, surtout, à maîtriser ses pouvoirs psychiques. Mais Tonnerre était né mâle, et le destin qui l'attendait était tout différent : ce jour serait celui de son départ.
Il se leva, tout en sachant que c'était la dernière fois qu'il quittait sa couchette d'herbe sèche mais moelleuse. Sable dormait sur la couchette d'à côté. Le jeune mâle avait évolué quelques jours plus tôt. Il avait profité du quart de lune qui lui était accordé pour entraîner Tonnerre à son évolution. Ainsi, le départ ne séparerait pas les deux amis.
Tonnerre regarda son meilleur ami dormir. Sable s'agitait et prononçait des mots incompréhensibles. Il rêvait manifestement. Tonnerre hésita à le réveiller : c'était la dernière fois qu'il dormait ici. Mais on le leur répétait depuis leur plus tendre enfance : plus on s'attardait, plus le départ était difficile. Tonnerre secoua doucement le bras de son ami.

« Sable, chuchota-t-il. Sable, réveille-toi ! »

Lorsque le concerné ouvrit les yeux, on y lisait encore la trace de ses rêves. Pendant un instant, les yeux du kirlia révélaient chacun de ses secrets comme s'il avait été un livre ouvert. Mais, quand il parla, sa voix était celle de parfaitement éveillé.

« Bonjour, Tonnerre. Alors c'est aujourd'hui ? »

Le jeune kirlia acquiesça tristement. Ce départ lui fendait le coeur. Les deux amis sortirent de la grotte. Dehors, il faisait plus chaud. Le soleil inondait chaque rocher, chaque particule de poussière, de lumière et de chaleur. Les étourmis chantaient, perchés sur les plus hautes branches des arbres morts ; les roucarnages volaient haut dans le ciel en décrivant de larges cercles. Une brise fraîche et agréable ondulait doucement dans chaque recoin de l'espace qui lui était offert, ébouriffant les cheveux des deux pokémons. C'était une belle journée.
La Tribu vivait au sommet d'une montagne sèche et rocailleuse. Deux larges grottes creusées par les pluies abritaient les pokémons. L'une était celle des gardevoirs et kirlias. Dans l'autre vivaient les tarsals. C'était aussi là que les kirlias mâles passaient leurs dernières nuits au sein de la Tribu. Le reste du camp était un plateau exposé à tous les vents, qui se terminait abruptement en falaise. On éloignait en général les jeunes tarsals du précipice, de peur qu'ils ne tombent. Cependant, il existait une partie de la falaise qui permettait de descendre, que la pluie avait creusée en marches naturelles et irrégulières. C'était ce passage qu'empruntaient les jeunes mâles lorsqu'ils quittaient la tribu.
Près du gouffre, lévitant au-dessus d'un rocher plat, Ciel méditait. Cette gardevoir devait son nom à ses couleurs un peu particulières. En effet, là où les autres étaient vertes, elle était bleue. Mais personne ne se souciait de cette différence ; l'espèce était trop fière pour rejeter quelqu'un à cause d'un problème de couleur. Au contraire, une légende disait même que celle qui naîtrait avec les couleurs du ciel aurait un destin extraordinaire. Mais Ciel ne se souciait pas de la légende. Elle prétendait que son destin serait son destin, et qu'il s'accomplirait le moment venu. L'aura qui émanait d'elle était si forte que personne n'osait la contredire.
La gardevoir redescendit et se dirigea vers Tonnerre et Sable, qui s'apprêtaient à partir.

« Venez avec moi, leur dit-elle. J'ai quelque chose à vous montrer. »

Les deux kirlias lui emboîtèrent silencieusement le pas. Ciel le mena jusqu'à une grosse pierre qu'elle déplaça télépathiquement : une cavité se cachait en dessous. Les gardevoirs utilisaient fréquemment cette technique pour entreposer des objets où de la nourriture. Dans le trou se trouvaient deux besaces faites de grandes feuilles cousues entre elles à l'aide de Secrétions de chenipans et de crochets d'abos. Ciel les leur tendit. Lorsque Tonnerre soupesa le sien, il s'aperçut qu'il était plein. Ciel y avait sûrement glissé des vivres.

« Merci Ciel, murmura-t-il, ému. Tu vas me manquer, tu sais.
- Toi aussi, tu vas me manquer, sourit Ciel en passant sa main dans les cheveux du kirlia. Toi aussi, ajouta-t-elle en répétant son geste dans la chevelure de Sable. Allez, filez maintenant ! »

Et les deux pokémons repartirent vers la sortie du camp. Tonnerre avait l'impression que son coeur allait exploser de tristesse. Sable lui posa la main sur le bras et lui chuchota :

« Ne te retourne pas. Ne te retourne pas et tout ira bien. »

Puis il s'engagea dans l'escalier de pierre. Quand Tonnerre posa le pied sur la première marche, il pensa que cette action marquerait à tout jamais sa rupture avec la Tribu. Mais les étourmis chantaient, et les roucarnages continuaient de décrire de grands cercles dans le ciel. Rien n'avait changé. Alors, profitant que son ami de toujours soit hors de vue, Tonnerre se retourna : Devant l'entrée de leur grotte, tous les tarsals s'étaient rassemblés et lui faisaient des signes. Les larmes aux yeux, Tonnerre se força à sourire et leur rendit leur signe. Il continua sa descente le coeur plus léger.

Adjacente à la montagne de la Tribu se trouvait une autre montagne. Tonnerre et Foudre marchaient dans la vallée qui les séparait. Cela faisait plusieurs heures qu'ils marchaient. Tonnerre était épuisé. Il s'assit sur un gros rocher et lâcha :

« Je n'en peux plus. Faisons une pause. »

Sans rien dire, Sable alla s'asseoir à côté de son ami et sortit des provisions de son sac. Les deux amis mangèrent en silence pendant que le soleil déclinait derrière les montagnes.

« Nous ferions mieux de dormir ici, remarqua Sable en fixant le point où le disque solaire venait de disparaître. Nous avons déjà fait beaucoup de route... »

Tonnerre se contenta d'acquiescer. Mais une question le taraudait.

« Sable ?
- Oui ?
- Nous ne pouvons pas continuer de marcher ainsi sans but. Les vivres que Ciel nous a donnés ne sont pas inépuisables. Et cette vallée est vide, Sable. Nous mourrons de faim si nous ne trouvons pas à manger.
- Tu as raison, acquiesça son ami. Mais il n'y a rien d'autre à faire pour l'instant. Le vallon ne peut se prolonger indéfiniment. Nous finirons bien par en sortir. S'il le faut, nous nous rationnerons. »

Puis il se coucha, et ses ronflements couvrirent bientôt les bruits du silence. Tonnerre resta un instant assis à fixer les étoiles. La légende disait que chacune d'entre elles était un pokémon mort, et que les plus brillantes avaient été des êtres exceptionnels. Le kirlia se dit que, lorsque le jour viendrait pour Ciel de se retirer, son étoile brillerait tant qu'on ne distinguerait plus le jour de la nuit. C'est sur cette pensée que le jeune mâle s'endormit, dans un sommeil bercé de rêves et d'étoiles.
Le soleil colorait encore le ciel de rouge et de jaune lorsque Tonnerre se réveilla. Sable, déjà réveillé, ramassait des petits cailloux, les examinait, puis les rejetait.

« Que fais-tu ? lui demanda Tonnerre.
- Je cherche des pierres faciles à tailler. Elles nous serviront d'armes. Grâce à elles, nous pourrons chasser et nous défendre.
- Bonne idée, l'encouragea son ami. Je vais t'aider. »

Il se leva et ramassa deux pierres, qu'il regarda alternativement. Laquelle était la plus apte à servir d'arme ?

« Comment fais-tu pour les choisir ?
- Il faut utiliser tes pouvoirs psychiques. Ton esprit doit s'infiltrer dans la roche pour en sentir complètement la texture. Si elle est poreuse sur les bords mais solide à l'intérieur, c'est bon. »

Tonnerre ne maîtrisait pas bien ses pouvoirs. Les femelles, lors de leur apprentissage, avaient un mentor ; c'était une gardevoir expérimentée qui leur donnait des conseils. Les mâles, eux, devaient se débrouiller par eux-mêmes pour apprendre à maîtriser leurs pouvoirs. Cependant, Sable y arrivait. Tonnerre devait pouvoir le faire aussi.
Il ferma les yeux et se concentra. Plus rien n'existait d'autre que lui et cette pierre. Il était la pierre. Il pouvait sentir chacune de ses aspérités. Sous une couche friable, son coeur était aussi solide qu'un diamant. Alors, Tonnerre recommença à être Tonnerre. Le soleil recommença à exister, ainsi que Sable, les cailloux, la poussière, la vallée. Tonnerre s'étonna de la facilité de la tâche. Mais, il en était certain, son pouvoir n'était rien comparé à celui d'une gardevoir expérimentée.

« J'en ai une ! » s'écria le kirlia.

Sable se retourna et sourit. Tonnerre ne pouvait voir le sourire de sa bouche, car celle-ci était cachée par son casque, mais il lisait son sourire dans ses yeux. Son ami était fier de lui. Pas parce qu'il avait trouvé une bonne pierre, non, mais parce qu'il avait réussi. Il avait utilisé ses pouvoirs psychiques. En cet instant, les deux pokémons n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Tout ce qui comptait était évident.
Les kirlias continuèrent leurs recherches. Lorsqu'ils eurent amassé un certain nombre de pierres, Sable s'assit sur le sol poussiéreux et tenta d'en tailler une. Il plissait les yeux très fort et semblait produire un effort intense. La roche trembla et s'effrita un peu.

« Bon, j'ai des progrès à faire, mais ce n'est pas mal pour un premier essai... », soupira-t-il.

Puis Tonnerre essaya à son tour. Comme la fois précédente, il oublia tout ce qui se trouvait autour de lui, jusqu'à son propre corps, pour être la pierre. Il sentait chaque particule de lui-même. Mais un problème se posait : Comment se détacher d'une partie de soi ? Tonnerre se rendit compte que la réelle difficulté, lorsque l'on utilisait ses pouvoirs psychiques, n'était pas d'infiltrer un objet immobile, mais d'agir une fois à l'intérieur. Le jeune kirlia reprit contact avec son corps, essoufflé. La tâche serait plus difficile que prévue. Sans un mot, les deux amis rangèrent les pierres dans leurs besaces et reprirent leur route.

Le duo marcha encore plusieurs jours et plusieurs jours et dormit plusieurs nuits. Ils mangèrent aussi peu qu'ils le purent. Ils trouvaient l'eau dont ils avaient besoin sous la terre et la buvaient "à distance", grâce à leurs pouvoirs psychiques. Chaque matin, avant de reprendre la route, ils continuaient de préparer leurs armes. Sable maîtrisait parfaitement la technique, à présent, et utilisait des lianes - déposées par Ciel dans leurs besaces - pour attacher les pierres taillées à des branches mortes qu'il ramassait au pied des quelques arbres calcinés par le soleil qu'ils croisaient parfois sur leur chemin. Tonnerre, lui, avait encore besoin d'entraînement ; il avait cependant compris comment tailler la roche : il s'agissait de ne plus s'infiltrer que dans la partie du rocher que l'on voulait détacher. En plus de leurs pouvoirs psychiques, les deux pokémons devaient apprendre à maîtriser leurs Techniques de combat, plus couramment appelées attaques. À la naissance, les tarsals en connaissaient instinctivement une : l'attaque Rugissement ; en criant d'une façon particulière, on pouvait rendre les coups du pokémon adverse moins puissants. Les deux pokémons avaient quitté la Tribu avec cette seule et piètre défense. À présent, ils avaient appris à en maîtriser une autre : le Choc mental. La technique consistait à prendre le contrôle de l'air entourant la cible puis de se resserrer comme un étau. Sable cherchait maintenant à apprendre l'attaque Reflet, qui consistait à créer des doubles de soi-même. Cette technique requérait beaucoup de concentration, et Sable ne parvenait pour l'instant à créer qu'une seule copie de lui-même. Tonnerre, lui, préférait s'entraîner à tailler des pierres. Ils s'occupaient à toutes ces sortes de tâches le matin et reprenaient leur route dès que le soleil avait atteint son point culminant. Mais la ravine ne semblait pas avoir de fin, et les provisions s'amenuisaient.
Jusqu'au jour où ils n'en eurent plus du tout. Ce jour-là, le soleil s'était levé particulièrement chaud et lumineux. Sable et Tonnerre s'étaient entraînés toute la matinée, comme ils le faisaient d'habitude, puis s'étaient remis en marche. Le soir, un peu avant que le soleil ne se cache derrière les montagnes, un abo avait mordu Sable à la cheville, le faisant tomber, et en avait profité pour lui voler sa besace et filer. La blessure de Sable était superficielle mais, le temps de s'en assurer, le serpent violet avait filé. Et il n'y avait plus de nourriture dans la besace de Tonnerre.

« Ce pokémon est le premier que nous voyons depuis le début de notre voyage, avait dit Sable. Ça veut sans doute dire que nous approchons de la sortie du ravin. Si c'est le cas, nous rencontrerons sans doute bientôt d'autre pokémons. L'abo ne nous a pas pris nos lances. Demain, nous chasserons. »

Et, pour la première fois depuis le début de leur périple, les deux amis s'étaient couchés sans manger.
Tonnerre et Sable marchaient maintenant côte à côte sous le soleil torride, la faim leur tordant l'estomac.

« Regarde ! » s'écria soudain Sable en pointant une direction avec son doigt.

Un kraknoix creusait un trou dans le sol, non loin de là.

« C'est leur technique de chasse, expliqua Tonnerre, qui l'avait entendu dire un jour par deux kirlias. Quand le trou sera bien profond, il se mettra dedans et attendra, la bouche ouverte, qu'une proie tombe dedans. Soyons plus malins que lui et piquons-lui notre lance dans la gorge. Ailleurs, sa carapace le protégerait. Mais il risque de nous voir. Cachons-nous derrière ce rocher en attendant qu'il ait fini de creuser. »

Les deux kirlias allèrent se cacher et attendirent que le kraknoix ait fini de creuser son trou.

« C'est le moment ! » lança Tonnerre avant de bondir hors de sa cachette.

Mais Sable ne le suivait pas. Lorsque son ami retourna sur ses pas, il le trouva prostré, tremblant comme un dément. Sable leva vers lui des yeux emplis de terreur.

« Tonnerre... gémit-il. Je ne veux pas y aller... »

Tonnerre n'avait jamais vu son ami dans un tel état : il tremblait de tous ses membres et semblait ne jamais devoir s'arrêter. Depuis leur plus tendre enfance, Sable avait pourtant toujours été le plus courageux des deux amis. À présent, il n'était plus qu'un pokémon chétif et apeuré. Une proie que l'on s'apprêtait à dévorer. Un petit polisson que l'on s'apprêtait à corriger. Une victime que l'on s'apprêtait à assassiner.

« Je ne peux pas faire ça, souffla-t-il. Pas... Tuer...
- Je comprends, le rassura son ami. Je comprends, moi aussi j'aimerais ne pas avoir à en arriver là. Mais c'est notre seule chance. Nous ne survivrons pas longtemps sans nourriture. Écoute, je vais y aller seul, d'accord ? Tu n'as qu'à m'attendre ici. »

Sable hocha la tête, visiblement soulagé. Tonnerre s'arma de sa lance et sortit de la cachette, les jambes tremblantes. Ce qu'il s'apprêtait à faire ne l'enchantait pas, mais c'était la seule solution. Il avançait doucement, sans faire de bruit. Il n'était qu'à un bond du trou. C'était le moment. Il devait jouer sur l'effet de surprise. Soudain, il sauta, javeline en avant, et tua sa proie d'un coup.

« Au moins, il n'aura pas souffert... » pensa-t-il amèrement.

Puis il s'assit sur le sol poussiéreux et fit un feu avec quelques branches qu'il conservait dans sa besace. Il ôta la carapace du kraknoix et fit cuire sa chair. Il savait que la viande crue n'était pas bonne, et que le feu "désinfectait" la viande. L'odeur était alléchante. Il éteint le feu d'une attaque Choc mental et retourna voir son ami. Sable n'avait pas bougé. Ses yeux fixaient le vide, un filet de bave coulait de sous son casque. Il ne semblait pas avoir remarqué la présence de Tonnerre, qui lui agita la main devant les yeux, sans succès.

« Ouhouh, Sable, l'appela-t-il doucement. »
Sable sursauta. Ses yeux exprimaient une terreur plus immense encore que celle qui l'avait frappé un peu plus tôt. Il se leva et recula, mais fut arrêté par la roche derrière lui. Le jeune pokémon était affolé.

« Sable ! Sable, calme-toi, ce n'est que moi ! C'est moi, Tonnerre !
- To... nerre ? bredouilla le kirlia.
- C'est ça, Tonnerre. Ton ami Tonnerre. »

Alors, le kirlia sembla revenir à la raison. Ses muscles se détendirent. Ses yeux écarquillés reprirent leur aspect normal.

« Tonnerre ! s'écria-t-il. Désolée, j'ai dû te faire peur ! Ne t'inquiètes pas, je crois que je suis juste resté trop longtemps au soleil.
- Et moi, sourit espièglement Tonnerre en lui tendant un morceau de viande, je crois que tu as faim ! Mange, ça te fera du bien. »

Sable prit la nourriture que lui tendait son ami et la renifla. Prudemment, comme s'il s'attendait à ce qu'elle l'attaque, il prit d'abord une petite bouchée.

« Ch'est délichieux ! »

Puis, manifestement sans plus aucun remord, il mordit sa part à pleines dents et continua à manger. Tonnerre essaya à son tour. Il n'avait jamais mangé de viande : les vivres que leur avait préparés Ciel n'étaient que baies et plantes comestibles. S'il arrivait, parfois, qu'une gardevoir apporte du gibier à la Tribu, cette nourriture de luxe était réservée aux adultes. Tonnerre mordit dans sa part : la viande était délicieuse. Il savoura ce goût pendant qu'il mâchait puis continua de manger.

« Tu as raison, lui dit Sable lorsqu'ils furent rassasiés. Je mourrais de faim ! Mais, ajouta-t-il d'un air plus grave, j'ai faibli. Je n'ai pas su chasser. Si je suis incapable d'affronter la mort d'un autre en face, comment affronterai-je la mienne ?
- Tu t'habitueras. », le rassura Tonnerre en posant sa main sur son bras.

Dans le ciel maintenant nocturne, il lui semblait qu'une nouvelle étoile brillait.