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Le prince des mers et autres contes [Livre d'histoires] de Silver_lugia



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Informations

» Auteur : Silver_lugia - Voir le profil
» Créé le 09/04/2009 à 19:57
» Dernière mise à jour le 28/12/2009 à 15:18

» Mots-clés :   Absence de poké balls   One-shot   Présence de transformations ou de change

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Le prince des mers
Je me réveillai dans ma chambre. Très spacieuse, ses murs étaient d'un magnifique bleu, troué par endroits pour laisser voir le monde sous-marin par les fenêtres. J'aimais pouvoir voir le peuple. Une douce musique retentit : c'était ma sonnette.

« Qui est-ce ?
- Ici Plup votre majesté. Le petit déjeuner est servi ! »

Je me levai et nageai jusqu'à la porte. Je l'ouvris et descendis les escaliers en colimaçons, du même bleu que ma chambre. En fait, tout le palais était bleu. La salle de déjeuner était vaste et spacieuse. Je m'assis à ma chaise et attendis. Les serviteurs arrivèrent bientôt, portant de plateaux de victuailles très appétissantes. Ils les posèrent sur la grande table bleue. Je regardai les victuailles : du caviar de bulles, des baies aquatiques, du steak d'algues importé tout droit de la grotte des plaisirs, là où on trouvait les meilleures algues, et d'autres choses encore. Je m'adressai à un serviteur.

« Fluff, va me chercher Plup s'il-te-plait. »

J'avais beau être le prince et eux mes serviteurs, je restais toujours poli avec eux. Fluff s'en alla par la grande porte. Jadia, une autre de mes serviteurs, s'inquiéta :

« Vous ne mangez pas, Sire ?
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça.
- Comment dois-je vous appeler Si... Pardon, votre Majesté ?
- Pas de ça non plus. Tu dois déjà me servir, ne t'abaisse pas encore plus en m'élogeant. Appelle-moi comme tu appellerais quelqu'un d'autre.
- Je ne pourrais jamais, votre honneur. Vous êtes le prince. »

Je soupirai. Tous les jours, je tenais cette conversation avec chacun de mes serviteurs. Même Plup, mon fidèle conseiller, refusait de m'appeler autrement que "Majesté". Fluff revint avec Plup.

« Vous m'avez fait demander, Altesse ?
- Plup, que mange le peuple ?
- Heu... Je n'en sais rien, Sire. Si je puis me permettre... pourquoi cette question ? »

Je souris. Plup était le seul à oser m'interroger. Les autres ne se le seraient jamais permis. Toutefois, je n'avais pas envie de répondre à Plup. Je fis comme si je n'avais pas entendu.

« Va au marché, s'il-te-plait, Plup, et regarde ce que les gens achètent. Ensuite, tu m'achèteras la même chose.
- Mais... Sire, je ne comprends pas... Vous avez devant vous les mets les plus raffinés du royaume. Ils ont été préparés avec le plus grand soin pour combler vos désirs...
- Mais ce n'est pas ce que mange le peuple. Aujourd'hui, j'ai envie de manger comme lui. S'il-te-plait Plup, va m'acheter de la nourriture ordinaire au marché. Je n'en peux plus de manger tous les jours la même chose ! »

Plup me regarda longuement, espérant sans doute que je change d'avis. Me voyant inflexible, il repartit. Je m'adressai ensuite aux serviteurs :

« Veuillez rapporter tout ceci au cuisinier et lui dire de le conserver dans de bonnes conditions. Ah, et dites-lui aussi de chercher des livres de cuisine ordinaires, pour préparer des choses ordinaires. Ensuite, allez manger, vous devez avoir faim. »

Tous les serviteurs partis, je quittai la table et allai dans le jardin royal. Des spécimens rares de coraux et d'algues y poussaient, et peu de gens dans le royaume, disait Plup, avaient la chance de pouvoir admirer ces merveilles de la nature de leurs yeux. Mais ce n'était pas pour les plantes que je venais au jardin. Je les voyais tous les jours, elles n'avaient pas la moindre once de rareté à mes yeux. Je m'interrogeai sur les plantes que cultivaient les gens du peuple lorsque je vis celui que je cherchais. Le jardinier, un barbicha dans la force de l'âge, était en train de s'occuper d'un gros corail rouge. Je m'approchai de lui.

« Bonjour, Salak.
- Bonjour Manaphy. Comment vas-tu aujourd'hui ? »

J'appréciais beaucoup la compagnie de Salak. C'était le doyen du palais, il m'avait vu grandir. Il était le seul à me traiter comme je le voulais et j'en étais très heureux. Le seul à me tutoyer, le seul à m'appeler Manaphy. Avec lui, je pouvais parler de tout et de rien. Le plus souvent, nous parlions du peuple. Je ne me plaignais pas, car je savais que beaucoup m'enviaient. Hélas, j'avais assez peu de temps pour lui parler. Je profitais de mes rares moments de temps libre pour me glisser dans le jardin et bavarder avec lui. Salak était très savant. Il était né là-haut, chez les pokémons terrestres et les humains, dans une petite mare qui, d'après la description qu'il en faisait, était en fait un océan miniature. Un océan où l'eau n'était pas salée. Il avait été capturé par des humains, ces créatures si étranges sur lesquelles on comptait mille légendes, puis relâché dans l'océan. Il avait ensuite vécu dans le peuple. Ses talents de jardiniers étant reconnu, il était venu travailler au palais, mais il n'y vivait pas. C'était un personnage très intéressant.


« Voici, votre Majesté, ce que vous avez commandé : des beignets d'algues, du jus de baies aquatiques et un croissant aux bulles. »

Je goûtai ce que Plup m'avait apporté : c'était délicieux. Certes, ce n'était pas d'aussi bonne qualité que ce que je mangeais d'habitude, mais c'était très bon.

« As-tu utilisé tout ce que tu as acheté ?
- Non, Sire.
- Bien. Toi et les autres serviteurs, vous pourrez ainsi en manger ce midi, lui dis-je avec un sourire. Vous verrez comme c'est bon.
- Bien, votre Altesse. »

Je soupirai.

Je me retirai dans mes appartements. Comme tout le reste du palais, ils étaient d'un bleu sombre et soutenu. Un bleu royal. Je me demandais toujours d'où venait cette magnifique couleur. Au palais, certains disaient que Kyogre lui-même avait donné quelques-unes de ses écailles pour que l'on construise un palais à son image. Il est vrai que des portraits de lui étaient affichés un peu partout dans le palais. Cette pensée me donna envie d'aller dans la galerie des tableaux.

La galerie était un très long couloir. Il reliait la cage d'escalier principale au restaurant. En effet, le peuple avait le droit de circuler dans une partie du palais. La galerie faisait partie des endroits qu'ils avaient le droit de visiter. Comme ce palais était le miens, je pouvais évidemment y circuler librement, mais je devais informer les serviteurs lorsque je me rendais dans une partie accessible au public pour qu'ils la fassent fermer : les visiteurs n'avaient pas le droit de me voir.
Cette fois-ci, pourtant, je m'étais faufilé discrètement. Je n'avais pas envie qu'on interdise au peuple d'admirer des tableaux juste parce que j'avais envie de les voir, alors que je pouvais le faire autant de fois que je voulais.
J'avançai dans la galerie. Il n'y avait pour l'instant personne. Sur le premier tableau était peinte une créature bleu roi aux larges nageoires. Il avait des marques rouges et brillantes sur tout le corps. C'était Kyogre. En dessous était écrit : "Kyogre, seigneur des mers". Sur le deuxième, on voyait la tête de Kyogre sortie de l'eau. Il dirigeait un rayon sur un monstre rouge, marqué lui aussi de symboles rouges. Ce colosse était Groudon. Il était sur une bande de terre et semblait lui aussi diriger un rayon sur son adversaire. Le vent semblait agiter les arbres de la terre de Groudon et la tempête faisait rage dans l'eau de Kyogre. Le ciel, recouvert par de gros nuages gris, était zébré d'éclairs. L'inscription indiquait : "Les ennemis". Sur le troisième tableau, on voyait surgir du ciel un gigantesque serpent vert, portant lui aussi des marques rouges sur tout le corps. Il s'interposait entre Kyogre et Groudon, ou plus précisément entre leurs Ultralasers. Ce serpent céleste se nommait Rayquaza. La légende indiquait "Le combat des titans". Sur les tableaux suivants, on voyait Kyogre sous divers angles et diverses postures. Sur le dernier tableau le représentant, il s'apprêtait à réceptionner un oeuf qui coulait, semblant venir de la surface. Cet oeuf était bleu turquoise avec une sphère rouge entourée d'un anneau orange au milieu. Il était écrit : "L'oeuf miraculeux". Sur le tableau suivant, un petit pokémon bleu clair. C'était moi. La légende indiquait : "Manaphy, prince des mers". Sur le dernier tableau, on me voyait entouré de pokémons me ressemblant. Ils étaient aux petits soins pour moi. C'était des phiones. L'inscription indiquait : "Manaphy et ses serviteurs". C'était tout. Pourtant, ces tableaux n'occupaient que la moitié de la galerie ; des cadres vides occupaient la seconde moitié, ne demandant qu'à être remplis.
La légende voulait que lorsque Kyogre, le seigneur des mers, était né, il était déjà le rival de Groudon, le seigneur des terres. Ils n'arrivaient pas à accepter le fait qu'ils ne dominaient qu'une moitié de la terre. Ils ne s'étaient encore jamais vus qu'ils se détestaient déjà. Un jour, ils se rencontrèrent par hasard. Leurs marques rouges sur le corps leur permirent de se reconnaître et ils commencèrent une lutte de quarante jours et quarante nuits. Chaque parcelle de terre, même la plus infime, était dévastée par les secousses et les ouragans. Pendant ce temps-là, il pleuvait à verse et même les plus petites flaques d'eau étaient déchirées par les vagues. Un humain eut le réflexe de s'enfuir avec tous les pokémons terrestres - c'était Salak qui m'avait conté ce morceau de la légende. Cet humain avait embarqué tous les pokémons dans un grand bateau et attendu patiemment la fin du déluge. Cette fin arriva lorsque le seigneur des cieux, Rayquaza, décida de séparer les deux titans. Ils ignoraient tous deux l'existence de Rayquaza et lorsqu'ils découvrirent qu'ils n'étaient pas deux, comme ils le croyaient, mais trois à dominer le monde, ils entrèrent dans une rage folle : ils voulaient que la totalité du monde leur appartienne. Rayquaza, plus sensé que les deux autres, se contentait très bien de son royaume. Il expliqua aux titans pourquoi leur lutte était inutile : si Groudon gagnait, il deviendrait maître de la mer. Mais, étant de type sol, il ne pourrait jamais s'y rendre ! De même, Kyogre était fait pour nager, il était incapable de se mouvoir hors de l'eau. Rayquaza aurait pu, s'il l'avait voulu, être totalement maître du monde : étant un serpent, il pouvait se mouvoir sur tous les territoires. Mais le ciel lui suffisait. Dépités, les deux adversaires repartirent chacun dans leur domaine respectif. L'humain, quand à lui, regagna la terre avec les pokémons. Pour le remercier de les avoir sauvés, ceux-ci offrirent à l'humain leur liberté. C'était depuis ce jour que les humains domestiquaient les pokémons. Kyogre continua d'être un bon roi, jusqu'au jour où il vit un oeuf tomber lentement dans l'eau, juste devant l'entrée de son palais. Il dit que le pokémon qui sortirait de l'oeuf deviendrait son héritier. Le lendemain, Kyogre disparut mystérieusement. On n'entendit plus reparler de lui.


« Majesté, Majesté ! Enfin, je vous retrouve ! Nous vous avons cherché partout ! Pourquoi n'avez-vous pas demandé la fermeture de la galerie ? Des visiteurs auraient pu vous déranger ! »

Dyps était un de mes serviteurs. Il se préoccupait toujours de ma santé et ma sécurité. Parfois, je me demandais si, à l'époque où il était encore là, les serviteurs s'occupaient du Grand Kyogre de la même façon.

« Il n'y a jamais personne dans la galerie à cette heure-ci... soupirai-je. Et puis, j'habite ici, je peux visiter chaque pièce autant que je le désire ! Certains visiteurs viennent de loin, je n'ai pas envie de les priver... S'il-te-plait Dyps, j'aimerais tant me rapprocher du peuple ! Si on lui interdit l'accès aux plus belles pièces du palais juste à cause d'un de mes caprices, ils vont me détester, c'est sûr !
- Mais non votre Altesse, le peuple ne vous déteste pas ! Il vous adore ! Sinon, il ne viendrait pas de si loin contempler votre beau palais !
- Le palais est inscrit dans tous les guides touristiques comme étant l'une des sept merveilles de mers, ça ne prouve rien du tout ! De plus, il n'a pas le droit de me voir. Comment peut-il adorer un prince qu'il n'a jamais vu qu'en portrait ? »

Dyps ne trouva rien à répondre.

Nous étions mardi et, comme tous les mardis, moi et mes conseillers nous réunissâmes pour le conseil du peuple. C'était mon moment préféré de la journée. Nous discutions du peuple, de ses problèmes, et de comment les régler. Aujourd'hui, nous parlions de problèmes purement économiques. Ça ne m'intéressait pas du tout je somnolais sur mon siège.

« Qu'en pensez-vous, votre majesté ?
- Hein ? Oh, oui, oui, c'est une très bonne idée.
- C'est-à-dire que... nous n'avons encore rien proposé. »


Puis vint l'heure tant redoutée de mes leçons. Mes précepteurs venaient m'enseigner toutes sortes de choses inutiles et ennuyeuses. La seule matière que j'aimais et dans laquelle je n'éprouvais pas l'envie de m'endormir était le combat. Mon précepteur, Dinjaï, était un phione assez petit mais très fort.

« Bien. Aujourd'hui, nous allons essayer d'apprendre l'attaque Siphon. Cette attaque peut être aussi bien offensive que défensive, ce qui la rend stratégiquement très intéressante. »

Ce que j'aimais chez Dinjaï, c'est qu'il était toujours passionné par ce qu'il disait, contrairement aux autres précepteurs qui se contentaient de réciter des leçons d'un ton morne et ennuyeux. Cela rendait ses leçons plus vivantes et intéressantes. Si seulement tous mes précepteurs avaient pu être comme Dinjaï ! Mais, comme le disait Salak, je devais m'estimer chanceux qu'il soit à mes côtés, et non me plaindre.

« Commencez par tourner sur vous-même, comme ceci. » commença-t-il en se mettant à tourner.

À chaque tour qu'il effectuait, il prenait un peu plus de vitesse et, bientôt, il fut si rapide qu'un tourbillon d'eau se forma autour de lui, le cachant à la vue. Aussi fus-je étonné d'entendre si clairement et si distinctement sa voix lorsqu'il reprit :

« Il est capital d'atteindre une certaine pour former le siphon autour de vous. »

Puis il ralentit progressivement l'allure, faisant disparaître le tourbillon qui l'entourait, avant de s'arrêter totalement.

« Allez-y, maintenant. Entraînez-vous à tourner aussi vite que vous le pouvez. »


La leçon de combat m'avait épuisé, comme à chaque fois que nous abordions une nouvelle technique. Mes pensées n'étaient plus occupées que par un seul désir : celui de dormir. Mais je ne pouvais pas. Je ne devais pas. Car j'avais pris ma décision. Si j'attendais plus, je prendrais le temps de réfléchir et ne pourrais plus me résoudre à abandonner mon confort... Je devais le faire maintenant.
Le mince filet de lumière qui provenait de sous la porte s'éteignit. Ça y était. Pour tout le palais, le prince était endormi. Que feraient-ils, après cela ? Ils trouveraient bien. Ils trouvaient toujours lorsque je ne pouvais prendre de décision. Ils trouveraient encore.
Je me glissai hors de mon lit de corail taillé. «Manaphy, me dis-je. Si tu veux revenir sur ta décision il n'est pas encore trop tard.» Mais j'étais décidé. Plus rien ne pourrait m'arrêter. Je nageai jusqu'à ma plus grande fenêtre. Juste la bonne taille. Un peu plus et je ne passais pas. Mais je passai.
Sans mon chauffage, l'eau était beaucoup plus froide. Peut-être ne trouverais-je plus d'endroit où dormir au chaud, peut-être qu'aucun confort n'égalerait celui que je venais de quitter. Goolf, mon professeur d'Histoire marine, me revint en mémoire, avec ses lèvres pincées et le profond dégoût qu'il exprimait à chaque phrase qu'il prononçait. Non, la liberté était trop proche.
Je m'éloignai de la fenêtre. Je compris alors pourquoi Kyogre était parti. Une fois ressenti le frisson d'excitation, qui parcoure tous vos membres jusqu'à la plus infime partie de votre corps, il était trop tard. J'eus envie de crier. Crier, hurler ma liberté, je voulais que tout le monde puisse savoir, jusqu'au-delà des eaux. Mais j'étais trop proche du palais. D'ailleurs, si je restais ainsi près de ma fenêtre, ils ne tarderaient pas à venir me récupérer. Je ne devais pas rester là. Sans un regard en arrière, parce que je savais que ce seul regard suffirait à éteindre l'étincelle qui brillait, quelque part, au fond de moi, je murmurai :

« Au revoir, Salak, Dinjaï. Vous me manquerez. »

Puis je m'éloignai, happé par la liberté et l'obscurité des eaux.