Chapitre Quatrième: Le retour de la Reine et à Cambridge
Ils furent nimbés de lumière, puis Lydie ressentit une sensation terrible : elle était comme compressée dans un tuyau très étroit. Lorsqu'elle se sentit à bout de forces et au bord de l'étranglement, elle respira une bouffée d'air pur. Ils étaient revenus près de l'obélisque.
-Bien, dit la reine, allons-y.
-Où ? s'interrogea Lydie.
-Eh, bien, dans votre monde ! Votre roi a vu ma beauté et, subjugué, vous a envoyé pour me délivrer.
-Nous n'avons pas de roi. Nous avons une reine. Et elle ne fait pas de magie !
-Quoi !? Que dites-vous ?
-C'est notre père qui a découvert les cubes. Et nous les avons utilisés, dit une voix.
-ARAGORN ! s'exclamèrent Max et Lydie en même temps.
Maxim le lâcha et il retomba à terre.
-Vite ! Filons ! SAPHIR !
Et Lydie ressentit une main lui tirer les cheveux.
Aragorn et Lydie se retrouvèrent dans le couloir.
-Lâche-moi, Ara' !
-Mais je ne te touche pas !
En fait, voici ce qui s'est vraiment passé : Lorsque Lydie a appuyé sur la face Rubis, Ural lui avait attrapé les cheveux, là où c'est le plus douloureux. Mais Max l'a tirée en arrière. Résultat : Dans le couloir il y avait Aragorn, Lydie, la Reine Ural et Maxim.
Lydie se débattit encore un peu, mais Ural la lâcha.
Elle avait totalement changé. Son visage était d'une pâleur extrême. Ses traits étaient creux. Recroquevillée, elle gémissait presque.
-Qu'est ce qu'elle a ? demanda Max.
-Je n'en sais absolument rien.
-Bon, dit Lydie, revenons à Cambridge. Là-bas, Max, nous vous trouverons des vêtements et vous pourrez faire un bain. Il ne faut pas qu'on vous voie dans ces haillons.
-A trois…Tenez-moi la main, Maxim, répliqua Aragorn, Un…Deux…Trois ! SAPHIR !
Mais il ne se passa rien. En fait, la face saphir était façonnée avec le feu bleu des torches et il vous attirait dans le couloir. Le rubis faisait en sorte, quand à lui, de vous emmener le plus loin possible. Revenir dans notre monde ne nécessitait pas de recourir aux portes.
-Alors !...RUBIS !
Maxim sentit alors un bras lui attraper la jambe.
Les amis étaient à Cambridge. Plus précisément dans le cabinet. Et là, Aragorn entendit une horloge sonner midi. Leur aventure avait duré moins d'une minute. Peut-être même une seconde. Ou moins.
-Whao ! C'est votre monde ? s'émerveilla Maxim.
-ET BIENTOT LE MIEN !
Ils se retournèrent. Ural avait voyagé avec eux. Elle les repoussa et sortit en courant.
-Pauvre folle ! s'exclama Aragorn. Elle va être assassinée. La police va lui courir après. Et ils vont…Vite ! Suivons-la !
-Pauvre fou toi-même ! Nous sommes affamés, crasseux et fatigués. Et nous allons nous promener dans la ville comme ça, accompagné d'un homme qui est habillé de haillons. Ils vont nous soupçonner beaucoup moins si nous…
-D'accord ! Mais si il va se passer quelque chose d'immonde à cause de toi, ne viens pas te plaindre. Et vous, Max, tâchez de vous dépêcher !
Ainsi donc, Aragorn Arathorn Mac Lance et sa sœur Lydie s'embarquèrent dans une aventure à dormir non pas debout, mais en sautant ! En lâchant une folle furieuse dans une ville tel que Cambridge, ils avaient fait l'acte le plus périlleux et le plus réprimandable de leur vie. En ramenant un jeune homme courageux d'un autre monde, ils auraient pu s'en faire pardonner.
Pour ne pas ralentir le cours des choses, disons seulement que Max avait eu droit à un bain, tandis que les deux enfants se changeaient, puis nettoyaient la salle de bains avec une telle minutie qu'on pourrait les confondre avec des criminels effaçant les traces d'un crime commis.
Ils trouvèrent des vêtements décents, bien qu'il s'y y sentit à l'étroit, avec les cols empesés et le reste. Après une collation bien méritée, la compagnie sortit dans les dédales de rues et de ruelles que formait la grande ville de Cambridge. Ils couraient, regardant parfois s'il y avait une explosion, quelque chose dans le genre. Mais ils ne trouvèrent rien.
-Mon Dieu ! Et si elle était partie vers la capitale et détruit Buckingham Palace !
-Ne vous inquiétez pas, dit froidement Max …Là voilà…
En effet, elle était. Elle était près de l'Université de Cambridge, la prenant en assaut, comme un palais. Elle le prenait pour la capitale. Et elle allait accomplir un acte de magie, prenant sa raide stature et murmurant, puis criant, puis hurlant des mots sans queue ni tête. Elle s'attendait à quelque chose de spectaculaire, mais il n'en fut rien. Pendant qu'elle faisait de la magie, des gens s'agglutinaient autour d'elle, la pointant du doigt, surexcités. Il y avait des postiers, des lords quittant leurs clubs, des femmes de ménage, des femmes riches et des hommes pauvres, des enfants, des garçons-bouchers, des conducteurs de fiacre, des chiens errants qui aboyaient. On aurait dit que toute la ville s'était rendue devant le portail de l'Université.
De l'intérieur, un homme qui semblait être un professeur, alla vers la porte.
-Que voulez-vous, Madame? demanda-t-il en levant un sourcil et en baissant l'autre.
-Que veux-je? Je viens demander audience à ton roi, valet.
-Mon roi? Ici, c'est une université, madame, tâchez de vous en souvenir.
La sorcière se raidit, leva les bras, murmura, cria, hurla les mots destinés à tuer l'homme. Mais il n'en fut absolument rien. Sa magie n'avait plus d'effet sur quoi que ce soit dans notre monde, et c'est bien fait pour elle, comme le dira Max plus tard.
Le professeur, pensant que la femme était folle se mit à rire, et dit entre deux gloussements:
-Elle est…soûle! Elle est complètement timbrée!
Vous aurez compris que les mots de magie que prononçait la reine Ural était de l'argot; de l'anglais des rues. Mais Ural fit un tour de force, et l'assemblée rieuse se tut aussitôt. Elle prit le portail à deux mains, l'étira et ouvrit une petite entrée dans le métal. Elle prit le professeur par les jambes et la peau du cou et l'envoya valser au loin. Heureusement que le professeur est retombé intact dans un buisson de fleurs roses de l'autre côté de la rue, chez un fleuriste. Ural rentra dans l'Université suivie par les deux enfants et Max, qui profitèrent de la confusion générale pour s'introduire dans l'enceinte. Ural gravit les marches à toute vitesse, poussa les deux grandes portes, et se mit à chercher la salle du trône, et provoquer le roi en duel.
La seule porte pouvant rivaliser avec celle de Foruns était la bibliothèque. Vestige de l'époque Victorienne, elle trônait au fond du hall, avec de grandes portes ouvragées. La reine d'Erpolest entra sans frapper ni même avec douceur, mais elle poussa les deux battants en hurlant comme si elle s'attendait à voir une salle comme dans son château. Les enfants la suivirent à pas de loup.
Les érudits et les élèves présents dans la salle étaient terrorisés. Les professeurs essayèrent de contenir la foule qui voulait sauter par la fenêtre.
-Arrêtez! Stop! Du calme, voyons! criaient-ils à tue-tête.
Mais cela ne faisait qu'aggraver leur cas. Ural prit une jeune fille, du même âge que Max. Elle lui fit la même prise de catch que le professeur à l'entrée, et la jeta à travers la salle, où la pauvre élève alla s'échouer contre la porte. De peur et de douleur, elle s'évanouit. Le jeune homme, étranger à notre monde, la tint en ses bras dans un accès de courtoisie, et l'allongea sur une étagère de livres renversée.
La reine attrapait des visiteurs, des chercheurs, des professeurs, des élèves, leur demandait: << Où est votre roi, imbécile? >> et s'ils balbutiaient ou muets de peurs, ils ne répondaient rien, elle les jetait. Max lui envoya des livres en pleine tête, mais elle ne sembla pas les ressentir. Elle se retourna lorsque Aragorn lui jeta un DICTIONNAIRE DES NOMS PROPRES ET DES NOMS COMMUNS- AVEC SUPPLEMENT DE 1000 PAGES POUR MIEUX COMPRENDRE LA GRAMMAIRE, LA CONJUGAISON ET L'ALGEBRE, AVEC A LA FIN UN ESSAI DE KELMAN TRISITROOP SUR LES DIFFERENTES FACONS DE CONJUGUER ET DE METTRE DANS UNE PHRASE LE VERBE <<PROVOQUER >>. Et se mit à courir vers lui, les bras tendus. Lorsqu'elle arriva, Aragorn hurla:
-Lydie, RUBIS!
Lydie toucha Max, qui s'occupait de la jeune fille, enfonça sa main dans sa poche et appuya sur la face rubis. Son frère fit de même, en touchant la sorcière qui voulait l'étrangler.
L'Université de Cambridge se brouilla et Aragorn, Lydie, la reine, Max et la jeune fille apparurent. La sorcière se tassa sur elle-même aussitôt. Mais elle mentait. Elle s'approcha d'une porte, murmura, cria et hurla des mots, puis l'ouvrit et disparut.
-Max, tu as apporté avec toi cette fille? le gronda Lydie.
-Eh bien, la sorcière a failli l'aplatir.
-Oh! Vraiment?
Elle lui jeta un regard malicieux, et il rougit tellement qu'une tomate l'était moins.
Soudain, tous sentirent une brise, accompagnée d'un long râlement magnifique. Il vous faisait peur, sourire, rire et grimacer à la fois. Dès qu'on entendait un tel chant, on avait envie de grimper partout, d'embrasser vos amis et de vous battre contre eux. C'était comme une sorte de transe dans laquelle flottaient les enfants et leur ami (la fille était évanouie, elle restait bien-sûr sur le sol du couloir.) Je serais bien incapable de vous décrire la chose qu'ils virent ensemble, mais Lydie dira plus tard:
-C'était d'une blancheur! Mon dieu, je m'en souviendrai toujours! Et je voyais des reflets d'or dans cette tache blanche.
La chose blanche s'approcha des restes du cube détruit, qui tourbillonna tel une tempête de sable, puis tomba dans la torche bleue. La flamme de celle-ci grandit, et il en ressortit un cube parfait, semblable aux autres que possédaient Aragorn et sa sœur.
Max l'attrapa. Et la fille se retourna près de lui et prit une position de sommeil.
La chose s'éleva dans les airs, comme un nuage de coton blanc. Et en un clin d'œil, elle s'évapora, mais les enfants entendirent clairement:
-Suivez le chemin…C'est bien…Vous y arrivez…
Et là, ils surent ce qu'ils devaient faire. C'était clair comme de l'eau limpide coulant dans une rivière cristalline. Ils devaient suivre Ural. Il le fallait absolument. Un long silence suivit l'apparition. Ce fut Max qui l'interrompit en premier:
-Il faut que je reste ici, les amis. Suivez la sorcière. Vous êtes les héros. Et moi (je n'ai aucune honte à l'avouer), je dois rester en arrière…et veiller sur cette jeune damoiselle.
-Ecoute, Lydie, commença Aragorn, je crois…
-Qu'il faut partir? Je le pense aussi, grand frère. Sinon la sorcière va faire subir des misères aux habitants de ce monde-là.
Ural, ayant fait tomber sa bague en partant du couloir, avait laissé une trace aux enfants, qui savaient par où passer à présent.
Et s'ils regrettèrent de passer dans cet autre endroit, on ne le saura jamais.