Chapitre Premier: Aventures enfantines
Au temps où votre père, ou votre grand-père était encore très petit, vivait un jeune garçon nommé Aragorn Arathorn Mc Lance. Il avait onze ans et quelques mois au début de ces aventures. En fait, il était un garçon parfaitement normal, poli, et charmant, pour ne pas dire autre chose. Il habitait la ville de Cambridge, en Angleterre, avec sa mère, (son père étant un archéologue renommé, il voyageait tout le temps et était absent les trois quarts de l'année) et sa sœur Lydie.
Notre récit débute dans une de ces maisons qui paraissent normales et sans histoire, alors qu'elles recèlent des trésors inédits.
Cambridge est très réputée pour ses beaux quartiers et son université mais elle est aussi connue pour son globe-trotter, Joseph Kent Mac Lance. Ce dernier a parcouru la terre de long en large, de pôle en pôle, et de latitudes à longitudes.
Cette époque dont je vous parle se situe dans la fourchette des 1900. Par un matin d'automne, Aragorn jouait avec sa petite sœur, lorsqu'il entendirent un bruit dans la chambre qu'il ne faut pas ouvrir.
La pièce contenait les vestiges des voyages du père de famille, qu'il y entreposait délicatement. Elle était toujours fermée à clef, sauf quand le père se trouvait en Grande-Bretagne. Or, le papa d'Aragorn l'avait oubliée ouverte en partant pour le Cambodge, et puisqu'il avait le seul exemplaire de la clé, il faillait s'en accommoder.
Autrefois, on apprenait aux enfants à bien se conduire ; on insistait sur les principes de bases « Ne pas voler, Ne pas tricher, Ne pas frapper, etc… »
Et les enfants étaient donc mieux élevés qu'aujourd'hui. Mais le bruit intriguait Aragorn et Lydie.
-Que faire ? demanda Lydie, ce bruit s'amplifie et devient de plus en plus dérangeant.
-Je pense quant à moi, commenta Aragorn, songeur, qu'il faudrait entrer et éteindre cette machine infernale.
-Mais…maman est toujours à cheval sur les principes, et elle ne voudrait pas…
-Tu ne veux tout de même pas rester ici à écouter ce bourdonnement incessant jusqu'à en devenir sourde…ou attraper la migraine ! Maman est allée faire les courses, et elle ne reviendra pas avant deux heures de l'après-midi !
-D'accord, dit Lydie, vaincue.
Les deux s'en allèrent donc vers la chambre de leur père. Mais plus ils approchaient, et plus le bourdonnement baissait.
-C'est bizarre, s'exclama Lydie, ce bruit s'atténue au lieu de s'amplifier !
-C'est vrai, répondit Aragorn, et je commence à avoir la frousse !
-Brr…Moi aussi, Ara'.
Elle se blottit contre son frère, qui poussa lentement la porte. En entrant, tout paraissait normal : La pièce est carrée, avec une bibliothèque faisant face à une table de travail en dessous d'une fenêtre ronde. Il y avait des pierres, des statuettes et des masques partout, les étagères étaient remplies à ras-bord de parchemins empilés les uns sur les autres, et la corbeille à papier débordait de brouillons et de croquis ratés. En guise de tapis, une immense carte du monde, sale par endroits, couverte de taches d'encre et de café par d'autres.
-Tout paraît normal ici, nota Aragorn, d'où…
Il venait de voir sur la table de travail deux cubes en diamant, qui bourdonnaient en émettant un très faible son. Ils étaient incrustés sur deux de leurs facettes, de rubis d'un côté, de saphir de l'autre. A proximité des deux objets, leur père…avait laissé une note pour eux ! Lydie avait tout de suite reconnu son écriture penchée et collée :
Chers Aragorn et Lydie,
Je sais que vous êtes entrés dans mon cabinet. Mais je ne vous en veux pas. Les deux cubes que vous voyez sont… magiques. A l'origine, j'en avais trois, mais le premier a été détruit au cours d'une expérience lors de laquelle j'ai pu découvrir leurs usages et leurs propriétés. Je vous conjure de ne pas les toucher, mais je sais aussi que vous allez céder à la tentation, alors autant mieux vous expliquer le mode d'emploi ( si, si, il y en a un !) : Les deux facettes en rubis et en saphir peuvent être poussées et appuyées. Le rubis vous emmène dans un autre univers, et le saphir vous fait revenir ici…en tout cas apparemment.
J'ai également découvert que les trois cubes ont été façonnés dans l'autre univers, avec des pierreries lui appartenant !
Faites attention à vous au cours de ce voyage palpitant,
Bien à vous,
Papa.
-Mon Dieu ! s'écrièrent les deux enfants d'une même voix horrifiée.
En effet, la lecture était éprouvante et terrifiante. La magie existerait-elle ?
-Mais c'est absurde ! se reprit Aragorn.
-Nous devons croire papa, affirma Lydie.
-Pff ! dit son frère. Je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois !
-Alors risquons-nous à appuyer sur la face rubis, lui répondit humblement la fillette.
-Ma parole, tu es folle !
-Que perdons-nous ? Si nous sommes en danger, nous n'aurons qu'à appuyer sur la face saphir, Aragorn.
-Bon, admit-il, allons-y.
Chacun prit un cube dans sa main. Et au moment du départ, Aragorn jeta un coup d'œil à l'horloge : midi moins une minute.
-RUBIS ! hurla Lydie.
Au Cambodge, leur père, en train d'examiner un temple, sourit.
Et en Angleterre, il n'y eut plus de Aragorn, ni de Lydie. Ils avaient tout bonnement disparu.
#Vivae Arcesao Rex Mondis#
Pendant quelques instants, le bureau du père d'Aragorn se brouilla. Puis, au lieu de la chaude lumière du soleil se faufilant de la fenêtre, les deux enfants se retrouvèrent dans un endroit bizarre : c'était un couloir. Très long, il semblait sans fin. Et à des intervalles réguliers, il y avait des ronds de lumière, des torches de feu bleu pour ainsi dire. Et ses torches illuminaient des portes. Toutes pareilles, avec une poignée en forme de…cube, et faites en pins, certaines semblaient tellement fragiles , avec leurs fissures profondes,qu'on aurait pu les détruire d'un souffle. Des portes anciennes, et d'autres nouvelles. C'est après ce moment (car toute cette description ne dura qu'une seconde) que Lydie poussa un cri qui résonna le long du couloir, lugubre.
Aragorn se retourna, et vit un spectacle des plus étranges : une porte poussait. Lydie dira plus tard que la porte semblait surgir de nulle part, et qu'elle poussait comme un arbre, mais en plus rapide. Une petite porte surgit, plus petite qu'un ongle, plus grossit, grossit, et devenait plus grande et large à chaque moment. Puis, sur un craquement sonore, l'évolution s'arrêta. A présent, la porte ressemblait à toutes les autres.
-C'est…, commença Aragorn.
-Immonde, acheva Lydie. Allez, viens, frérot, face saphir !
-Non ! Je ne parlais pas de cet endroit. Regarde ; on dirait les morceaux du cube qui a été détruit. Voici un peu de rubis…et du diamant en poussière…Ouah !
-Mais, on s'en fiche ! Allez, sinon maman va s'inquiéter !
-Elle ne revient pas avant deux heures, Lydie ! Et je veux savoir ce que cachent ces portes. C'est peut-être des merveilles qui sont là-dedans.
-Non, s'entêta la fillette, je n'irai pas : des feux bleus, des portes qui poussent, des couloirs infinis, de la magie ! C'en est trop ! Allez rentrons, et jetons ces cubes.
Alors, usant de la ruse qu'il avait, Aragorn lui dit d'un ton dégagé :
-Tu as raison, il y a trop de magie ici…Un monstre viendra te manger, et après, ne viens pas te plaindre. Moi, je m'en vais, conclut-il en faisant mine de choisir une porte.
Lydie, qui avait peur des monstres, poussa un cri de nouveau, et alla se blottir contre son frère de nouveau. Ce dernier, satisfait, pensa à haute voix :
-Quelle porte choisissons-nous ? Celle-là !
Et il ouvrit la porte. Il entra, et la referma derrière lui. Ils se retrouvèrent dans un noir de poix, puis un couloir, semblable au précédent, leur apparut.
-Ara', dit Lydie, hésitante, regarde…Les débris du cube…Ils sont au même endroit !
C'était la pure vérité. Le peu de rubis qu'avait examiné Aragorn brillait encore, loin du tas.
-Nous sommes…là où nous étions !s'exclama le garçon. Nous devons réfléchir…Apparemment, il nous faut appuyer sur la face rubis durant la période noire. Mais changeons de porte…Celle-ci, derrière nous, me paraît ancienne et vieille. Les fissures ressemblent à des rides ! Allez !
Et ils entrèrent. Durant les quelques secondes de noir, Aragorn hurla :
-RUBIS !
Et là, ils se passa quelque chose. Vraiment.