Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Worlds - 1. Le Passage de Kitsunati



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Kitsunati - Voir le profil
» Créé le 18/11/2008 à 14:06
» Dernière mise à jour le 18/11/2008 à 16:19

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre deux : La Casse
-Doucement Mack, doucement !
Ses muscles saillant sous l'effort, Jean Tchekhov recula de quelques pas, déséquilibré par le châssis qu'il avait aidé à soulever. A l'autre bout du lourd objet, le machopeur semblait bien plus à l'aise que l'humain, et bien plus enthousiaste. Il ignora l'injonction de Jean et fit quelques pas de plus en avant, forçant le dresseur à suivre le mouvement.
-D'accord, d'accord ! C'est bon maintenant, on va le poser ici.
-Macho ?
-Oui, t'as bien entendu. Ici. C'est très bien, ici.
Désireux d'apporter un concours qu'il croyait nécessaire, le machopeur se fendit d'une exclamation qu'il voulait encourageante, et fit mine d'avancer encore mais Jean cria à nouveau :
-Non, boule de muscles ! J'ai dit ici ! Pourquoi ? Tu veux savoir pourquoi ?
L'air indigné, Jean s'interrompit le temps de reprendre son souffle, raffermissant sa prise sur leur bagage.
-Et bien, parce que je l'ai décidé. Tu as bien entendu ! C'est encore moi qui décide de ce genre de choses, non ?
Cédant, le machopeur lâcha la structure, et le côté qu'il avait soutenu s'écrasa avec fracas dans la poussière, manquant précipiter l'humain qui s'accrochait encore à l'autre bout. Jean bondit en arrière et, se frottant des mains endolories sur sa combinaison de travail, foudroya le pokémon du regard :
-Non mais t'es un grand malade toi ! On peut savoir ce qui t'a pris ?
Le machopeur écarta les bras, mimant l'évènement.
-Comment ça, je t'ai dit de lâcher ? Oui, mais…
Devant l'air innocent du pokémon, Jean abandonna la partie et se passa les mains dans le bas du dos pour apaiser celui-ci.
-Tu sais très bien que j'ai le dos fragile, en plus…

Fragile n'était pourtant pas le qualificatif qui venait le premier à l'esprit lorsqu'il s'agissait de Jean Tchekhov. Il dépassait le machopeur –sommes toutes une espèce de pokémon de petite taille par rapport à sa force- de plusieurs têtes, et la plupart des gens du bourg devaient lever la tête pour saisir son regard. Il était d'épaisse stature, mais bien plus en muscles qu'en graisse, et il donnait l'impression de pouvoir soulever un jeune tronc à mains nues (1).
Cela ne l'avait pas empêché de demander de l'aide à son pokémon ; car si Jean était effectivement une force de la nature, il avait néanmoins le dos fragile, et Mack n'était pas de trop lorsqu'il s'agissait de dégager le lourd châssis en métal de ce qui avait dû être une vieille camionnette. Il ne restait de celle-ci que la structure rouillée et incomplète que les deux travailleurs avaient portée sur quelques mètres. Trois des jantes y étaient encore attachées, mais les pneus avaient depuis longtemps disparus, sans doute emporté par des particuliers pour quelque usage inconnu (2).
Sur le dessus du plateau, on pouvait voir les restes de la partie inférieure de l'habitacle, qui avait dû être d'un vert déjà démodé dans un lointain passé si on en jugeait les traces de peinture qui avaient résisté à l'usure du temps. Jean avait découvert l'objet reposant sous un monceau de bric-à-brac, lors d'une de ses nombreuses équipées dans la casse. Il passait des heures de son temps libre à fouiller l'endroit à la recherche de vieilles pièces et d'objets de toutes sortes. Et la casse existant depuis maintenant de nombreuses années, le jeune homme avait de quoi faire.

D'abord considérée comme une annexe à la vieille décharge destinée au recyclage qui avait été installée dans une clairière du bois d'Echallens bien avant les désastres qui avaient ravagé le monde, la casse avait finalement vu échouer entre ses grillages les vieux objets non pas forcément abîmés ou définitivement cassés, mais ceux dont on ne pouvait plus avoir l'utilité. A la suite du cataclysme, tout un pan de la technologie humaine n'avait pas tardé à s'écrouler, particulièrement toute celle qui dépendait de vastes réseaux d'énergie, comme l'électricité. Pratiquement toutes les centrales et les générateurs, et ce quelque était leur importance, furent détruits par les pokémons. Et très peu de gens avaient encore les connaissances ou les moyens nécessaires pour y remédier. Il en allait notamment de même pour le nucléaire ou encore tout ce qui avait pu dépendre du pétrole.
C'est pourquoi les habitants de la région avaient fini par venir entreposer ici tout l'appareillage auquel il ne pouvait plus se fier oui qui n'avait plus d'espoir de fonctionner à nouveau. L'endroit avait été baptisé la casse, et ressemblait autant à une véritable casse tel qu'on l'entendait au temps d'avant qu'à une sorte de vaste et étrange musée, vitrine d'autrefois.
Située à quelques centaines de mètres à peine de la bordure est du bourg, où se trouvait encore la vieille école de Court-Champs, la casse était un vaste espace dégagé de terre battue et de graviers. Large de cent, deux cents mètres à son origine, sa circonférence s'étendait au fur et à mesure que les gens venaient y entreposer du matériel. Il n'était pas rare de découvrir un véhicule abandonné dans la campagne, par exemple, et une telle trouvaille était aussitôt acheminée à la casse afin de libérer le paysage. Le vieux tracteur couvert de bruyère des vieux champs, là où s'était déroulée la résistance, était une des rares exceptions, monument dédié à la dernière défense du Pays de Vaud.

On trouvait donc de tout ce qui faisait notre monde d'avant à la casse, des ordinateurs inutilisables aux voitures abandonnées. Entre des grillages sans cesse déplacés qui n'empêchait personne d'entrer mais servaient surtout de limites, on pouvait passer de nombreuses heures à retourner les piles de vieilles pièces détachées et les gros objets qui en étaient recouverts sans distinction. A l'entrée, un gros réfrigérateur sur lequel on avait accroché la pancarte du règlement officiel trônait, souvenir d'un temps où tout était plus facile. Il n'y avait d'ailleurs pas de règles à proprement parler, seulement des conseils de prudence. La communauté des Trois-Sapins s'occupait de maintenir l'endroit en état, et un d'un commun accord il avait été décidé que l'accès serait libre. De nombreux enfants venaient jouer entre les télévisions à l'écran éteint et les motos délaissées, tandis que des promeneurs venaient flâner, comme projeter au sein d'une époque révolue. La casse attirait également nombre de fouineurs et de récupérateurs en tout genre, et Jean était sans nul doute l'un des plus assidus. A vingt-et-un ans, il suivait la dernière année du cursus de dressage du collège des Trois-Sapins et, aussi assidu fut-il, il possédait une passion inégalée pour les technologies anciennes.

Fouillant dans les poches de son bleu de travail, il en sorti un bandeau de tissu qu'il noua autour de sa tête, ramenant en arrière ses longs cheveux bruns. Puis, les mains sur les hanches, il prit quelques secondes pour toiser d'un air satisfait le vieux châssis qui traînait dans la poussière. Puis il se gratta une barbe naissante, comme si quelque détail cherchait à se révéler à lui. Il fit le tour de l'engin d'un air circonspect sous l'œil curieux du machopeur, et porta soudain une épaisse main à son front, poussant un gémissement :
-Mack, je crois qu'on l'a posé à l'envers !

* * *

Alrick poussa machinalement la portion de grillage pivotante qui faisait office de porte, et pénétra dans la casse. Le cadenas n'étant jamais mis, il n'était de toute façon pas difficile d'entrer. Courrant en avant, Bulbi dépassa son dresseur pour explorer les alentours, en oubliant presque les pommes. Il y avait toujours de nouvelles choses à voir et à sentir, dans un tel endroit, et le pokémon était curieux de nature. S'arrêtant devant une tondeuse à gazon d'un rouge passé qui n'était pas là lors de sa dernière visite, il se laissa tomber sur son postérieur pour la contempler à loisir. Déployant les deux lianes qui se lovaient sous son bulbe, il les promena le long de l'appareil, se demandant quelle pouvait bien être sa fonction.
Derrière lui, Alrick ne jeta qu'un coup d'œil distrait à l'objet. Il ne venait pas souvent à la casse et, bien que d'un naturel aussi curieux que son pokémon, il n'éprouvait pas de vif intérêt pour la technologie de l'ancien temps. Pour sa part, le bulbizarre faisait maintenant le tour de la tondeuse, en inspectant chaque détail. Puis il leva la tête, aussitôt imité par Alrick, quand un cri aigué retentit au-dessus d'eux. Ses ailes presque immobiles dans le vent, un nostenfer vint se poser en planant sur le manche de la tondeuse. D'un violet qui semblait teinté de pourpre sous le soleil, il était de belle taille et observait l'humain et le bulbizarre. L'air ravi, Bulbi dirigea une de ses lianes vers le pokémon volant et effleura une aile, signe de bienvenue. Le nostenfer hocha la tête en retour, et Alrick vint lui passer une main derrière les oreilles.
-Tu sors tôt aujourd'hui, Nosfé. L'après-midi n'est pas encore très entamé.
Le nostenfer resta un instant immobile, comme pour prouver qu'il n'y avait rien d'étonnant à sa présence, mais finit par bailler à s'en décrocher la mâchoire. Issu d'une espèce principalement nocturne, il se réveillait rarement avant le crépuscule et, hormis en période d'exercices au collège, il était rare de voir le second pokémon d'Alrick ouvrir l'œil tant que le plein jour régnait encore. Pour une quelconque raison, Nosfé avait été tiré de son sommeil diurne bien plus tôt qu'un autre jour, et il avait décidé de partir à la recherche de ses compagnons.
-Dis moi mon grand, tu n'aurais pas vu Jean ou Ethan, quand tu venais de là-haut ? Le pokémon hocha la tête, et indiqua à Alrick le chemin qui s'ouvrait sur la droite, entre les piles d'objets en tout genre.
-Merci. Je serai dans l'coin…
L'humain s'engagea plus en avant, laissant les deux pokémons ensemble. Nosfé semblait disposé à se reposer ici même, et Bulbi reprit son investigation aux alentours de la tondeuse.

D'un pas tranquille, Alrick cheminait sans se presser, panier sous le bras. Puis, alors qu'il longeait ce qui paraissait être un ancien bain à remous, il stoppa net, les yeux écarquillés. Il était soudain seul, dans le noir. Non, ce n'était pas le noir. C'était plutôt… une absence de couleurs. Un espace indéfinissable aussi loin que portait son regard, et il voulut tendre le bras, mais son corps ne lui obéissait plus. Il ne sentait plus rien, comme un esprit soudain désincarné de sa chair. C'était comme se retrouver au cœur d'un immense espace vide, sauf qu'il n'y avait pas de cœur et qu'immense n'était pas un adjectif qualifié pour définir ce qui était dépourvu de surface. Puis il les vit, deux yeux qui brillaient d'un rouge sombre dans le néant. Et ce n'était pas un rouge mauvais, un de ces rouges diaboliques. C'était le rouge de ce qui était la seule lueur dans un monde vie, et qui avait attendu bien trop longtemps. Et puis il y avait derrière une forme sombre qui se mouvait dans le vide, et Alrick –du moins ce qu'il restait de lui en ce lieu- crut en reconnaître les contours, même s'il ne pouvait lui donner de nom. Et, au-delà des yeux et des ailes –était-ce bien des ailes ?- il y avait…

Un grand fracas retentit soudain, se répercutant entre les monceaux d'objets abandonnés. Alrick ouvrit les yeux, surpris, et réalisa qu'il était toujours présent dans la casse. Secouant la tête, il voulut mettre de l'ordre dans ses idées en rappelant à lui les images du vide mais il ne put les saisir, comme si elles s'étaient cachées aux lisères mêmes de son esprit. Il resta là, figé entre le bain à remous et le capot arraché d'une voiture. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait un rêve d'une telle teneur, mais il ne l'avait encore jamais vécu éveillé. Un tintement l'arracha à ses pensées, et un objet semblable à un épais fil de fer bien droit vint glisser à ses pieds, buttant contre une chaussure. Encore hésitant dans ses mouvements, Alrick se baissa pour le ramasser et le fit tourner entre ses doigts. Il le fixait comme pour s'ancrer dans la réalité, et il commençait seulement à se demander ce qui avait pu provoquer pareil vacarme quand une main émergea d'une pile de vieux objets non loin de là. La tige de fer serrée dans une main, Alrick se précipita en avant et, sachant ce que –ou plutôt qui- il allait trouver là-dessous, il aida l'infortuné à se dépêtrer.
-Qu'est-ce qui s'est passé cette fois ? demanda-t-il au jeune homme qui émergeait des décombres. Ce dernier toussa et fit la grimace en notant les coupures qui couraient le long de ses bras nus. Il portait sur le dos une chemise aux couleurs bariolées maintenant déchirée, et c'était un miracle si ses lunettes tenaient encore sur son nez. Il frotta ses épais cheveux bruns, qui avaient pour habitude de friser naturellement, et répondit à Alrick :
-J'ai grimpé en haut d'une des piles pour prendre un truc. Ma chemise s'est accrochée à un pot d'échappement, j'ai perdu l'équilibre et tout s'est effondré sous moi.
-Et même dessus.
-Ouais, même dessus. Rien d'étonnant. Je suis Ethan Dormont après tout, le monde entier est condamné à me débouler sur le coin de la figure.
Alrick sourit ; la maladresse d'Ethan était connue dans tous les environs, et il ne se passait pas longues période sans qu'il lui arriva quelque chose d'étonnant et, généralement, d'un peu idiot.
-Oh, c'est toi qui l'as ! Merci !
-Hein ?
-L'antenne, Al'.
Le regard vif, comme si l'incident n'avait jamais eu lieu, Ethan louchait sur la tige qu'Alrick tenait encore.
-C'est ce que j'étais allé chercher là en haut.
-C'est une antenne, ça ?
-Oui. Je peux ?
Alrick lui céda l'objet de bonne grâce.
-J'en avais jamais vue. Enfin je crois.
-Maintenant si. Génial, non ?
Le visage d'Ethan était fendu d'un large sourire, et il brandissait joyeusement l'antenne au-dessus de sa tête pour mieux l'observer.
-Euh, si tu le dis.
-Ah, au fait, je t'ai vu, du haut de mon tas de machins, avant de me casser la gueule. Je t'ai appelé deux fois, mais tu n'as pas répondu. T'avais l'air dans le vague.
Alrick se rappela soudain du rêve qui s'était abattu sur lui, et décida d'aiguiller la conversation sur un autre terrain. Il n'avait pas très envie d'avouer pareille vision maintenant, même si un tel rêve lui était coutumier. Du moins pendant son sommeil…
-Je devais penser très fort.
-Un dimanche ?
-Ah ah. Danny m'a dit que vous vouliez me montrer quelque chose.
Le visage d'Ethan s'éclaira un peu plus si c'était possible, et il poussa Alrick en avant :
-C'est par là !

* * *

-Et c'est pour ça que vous vouliez que je vienne ?
Perplexe, Alrick se tenait debout devant le châssis de camionnette. Aux côtés de la pièce se tenaient Ethan et Jean, visiblement très satisfaits d'eux et à la fois narquois, comme si l'importance d'une telle découverte ne pouvait se déclarer au profane. Si Jean était costaud et Ethan mince et dégingandé, si l'un était terre à terre et l'autre rêveur, ils avaient en commun l'amour de l'ancien temps et de ses machines, et c'était là un sujet sur lequel ils s'entendaient comme deux larrons en foire.
-Ethan et moi, on a repéré cette merveille hier soir. Je l'ai sortie du fatras tout à l'heure, avec Mack.
Tout près de là, le machopeur leva la tête à la mention de son nom, et leva fièrement le menton. Il était occupé à rassembler les lourdes pièces que le déplacement du châssis avait éparpillées, et se remit rapidement au travail, heureux de montrer sa force. A côté de lui, le premier pokémon d'Ethan observait le labeur, immobile et parfaitement incapable de donner le moindre coup de main en la circonstance. Il fallait dire que l'électrode n'en possédait aucune, ce qui lui convenait parfaitement lorsqu'il s'agissait de porter des bidules et des machins. Il bourdonnait doucement, comme ceux de son espèce, et oscillait doucement de gauche à droite. En tant que pokémon électrique, il aurait pu être sollicité pour nombre de travaux de son dresseur, mais il s'était rapidement avéré qu'un tel usage était inutilisable. Partout où des humains avaient tenté d'employer l'énergie des pokémons électriques pour remplacer l'ancien système, l'échec avait été de mise. Il était impossible pour ces créatures de produire un courant continu, et il aurait fallu assembler quantités de transformateurs pour user de la moindre étincelle. Comme leurs cousins d'autres types, les pokémons électriques étaient habités d'une énergie que l'humain ne comprenait pas, aussi proche puisse-t-elle paraître de nombreux phénomènes terrestres.

-Et qu'est-ce qu'il a de si phénoménal ce…truc ? s'enquit Alrick, décidemment bien éloigné de toutes ces considérations techniques.
-Il est pratiquement intact ! L'habitacle a dû être arraché il y a un bail, mais la structure n'en a pas souffert ! Et les jantes sont encore là, toutes les quatre !
-Formidable ? hasarda un Alrick qui avait de la peine à suivre l'enthousiasme généré par la découverte.
-Plus que ça même ! On pourrait sans problème y fixer des pneus…
-…si on en avait, le coupa Ethan. Jean balaya l'argument de ses larges mains et continua :
-Et on pourrait ensuite installer un de ces vieux moteurs mécaniques…
-Si on en avait un.
-…et puis retaper une carrosserie…
-…si on en avait une. Et de l'essence, aussi.
-Tu commences à me les briser, toi. J'ai l'impression que tu n'es pas aussi motivé que tu le prétends !
-Mais si, regarde, j'ai trouvé une antenne !
-Une antenne, une vraie ? Waouw, formidable !
Alrick avait jugé prudent de ne pas prononcer un seul mot de tout leur échange, et contemplait avec amusement ses deux amis qui s'extasiait devant ce qui n'était à ses yeux qu'un épais fil de fer. Battant l'air de ses ailes, Nosfé rejoignit son dresseur, se perchant sur les épaules de celui-ci, qui se courba légèrement sous le poids du volatile. Bulbi avait suivi, et ignora les humains et leurs étranges discussions pour aller saluer Mack et l'électrode d'Ethan.
-T'es bien nourri, toi… souffla Alrick à l'adresse de Nosfé avant de se tourner vers les deux aficionados de technologie :
-En gros, vous allez essayer de retaper une camionnette à partir de… ça.
-Exact !
Leur sourire ravi menaçant de leur découper le haut du visage, Alrick n'eut pas le cœur à exprimer ses doutes au sujet d'une telle entreprise et préféra en aborder un autre :
-Je ne vous proposerai pas un coup de main, je n'y connais absolument rien. Par contre, je veux bien vous tenir compagnie. Et j'imagine qu'on finira par aller au Cheval Blanc…
-Ca c'est une idée ! Jean vint flanquer une tape dans le dos d'Alrick, qui plia sous le choc. Dérangé, Nosfé s'envola et alla se percher ailleurs, sifflant son mécontentement.
-J'ai déjà faim !
-Jean, tu as toujours faim.
-C'est parce que je suis dans la force de l'âge. Et ça tombe bien, Karl voulait nous parler de je ne sais quel projet. On aura qu'à faire ça là-bas.
Alrick acquiesça, se demandant ce que Karl pouvait bien avoir à leur dire cette fois-ci. Il réalisa d'ailleurs qu'il ne l'avait pas vu depuis la journée de samedi, et Jean et Ethan n'avaient fait que le croiser ce matin.
-Bon, mais avant toutes choses… Jean se frotta les mains, et son esprit était à nouveau entièrement tourné vers les merveilles de la casse :
-Ethan mon ami, parle moi de cette antenne !

_________________________________________

(1) A vrai dire, il l'avait fait une fois, histoire d'épater la galerie. Le tronc avait fini par lui échapper des mains avant de rouler jusqu'à la charrette de Pat Vincent, brisant un essieu. Jean en avait brisé un second en essayant de dégager le bois, et Vincent refusait désormais de le prendre sur son véhicule lorsqu'il le croisait aux abords du village.
(2) Souvenez-vous des cochons !