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Les Elus de Celebi: A travers les Ages de andro.v



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Informations

» Auteur : andro.v - Voir le profil
» Créé le 03/11/2008 à 11:03
» Dernière mise à jour le 08/12/2010 à 18:44

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Chapitre Premier: A chaque histoire, son commencement
Chapitre Premier : A chaque histoire, son commencement.

***

Quelle heure est-il ? Comment le savoir ? Le ciel lui-même ne présente aucun point de repère, ni étoile ni Soleil. Son teint bleu s'est envolé à jamais, rongé par les décennies de pollution intensives. Un gris persistant, comme un brouillard constant, a pris la place vacante, au grand malheur de ceux qui le contemplent. Ou plus exactement, qui le contemplaient. Car à l'horizon moribond de ce décor apocalyptique se dressent des ruines, les ruines de la civilisation humaines, accompagnés par d'imposantes piles de déchets, justification de la dégradation du paysage, qui aurait pu être beau autrefois. Les reliefs du paysage laissent présager des collines, sûrement couvertes d'une verdure qui avait du être abondante, alors que des traces dans le sol indiquaient le lit d'un fleuve desséché et oublié depuis plusieurs générations. Mais, plus inquiétant encore, pas une seule trace de vie n'apparaît dans cet endroit dévasté, qui n'est qu'un endroit représentatif du monde entier à l'heure actuelle. Et pour cause, les rares débris d'humains encore en vie n'ont d'autres choix que se réfugier sous la terre qu'ils ont souillés, réduits à l'état des rongeurs qui furent leurs ancêtres. Les profondeurs étaient sans doute l'endroit le plus sûr, pour échapper à tout ce qui se passait en surface. Le ciel était devenu l'ennemi des Hommes, délivrant sous forme de pluie d'acides toutes les particules toxiques accumulées. Plus rarement, c'était un satellite privé de son énergie qui s'écrasait violemment, détonant brutalement avec le silence étouffant qui régnait. Bref, pour résumer, et sans euphémisme aucun, ceci serait une représentation parfaite de fin du monde. Et à juste titre...

***

1537, 8h du matin, Uniopolis

« Monseigneur Geoffroy, je vous en prie, réveillez-vous. Vous êtes en retard, et votre mère vous attend depuis un moment déjà. »
Oui, sauf que tout ça, il le savait déjà. Et pourtant, il refusait d'ouvrir les yeux. Et pourtant, même si ce rituel se répétait chaque jour, il y mettait toujours la même ferveur, le même espoir. Chaque soir en s'endormant, il priait pour se réveiller loin d'ici, enfin libre ; et chaque matin, son espoir était bien évidemment déçu. Pour faire bref, Geoffroy haïssait plus que tout le lieu où il habitait, alors que la plupart des personnes de ce monde auraient tué pour ne serait-ce qu'y poser le pied. Car oui, Geoffroy n'était rien d'autre que le prochain Vicomte d'Unionpolis, rien que ça. Et alors qu'il gardait obstinément les yeux fermés, il se sentait emporter vers le sommeil à nouveau.

C'était sans compter les secousses vigoureuses du majordome, qui tenait apparemment à son poste et ne souhaitait pas se faire remercier pour le seul motif que Monsieur était resté au lit. Finalement, enfin, le jeune Vicomte daigna ouvrir l'œil. Encore que ça n'était pas nécessaire : il la connaissait par cœur, cette pièce. Gravée dans sa mémoire comme l'image même de l'Enfer. Assez… paradoxal, pour une chambre aussi richement ouvragée. Mais le problème n'était pas là. Si le manoir était proprement sublime – Geoffroy était le premier à le reconnaître-, il était tout aussi ennuyant. Le jeune garçon s'y sentait désœuvré, mal à l'aise ; et ça depuis un moment déjà. Depuis presque quatre ans en fait, date à laquelle un des habitants de ce palace le quitta à jamais. Son père, mort dans une énième guerre de pouvoir entre vassaux ambitieux, abattu traitreusement par un de ses camarades de combat. Seuls souvenirs de lui, son épée ; et une Vicomtesse parvenue, autrefois simple maîtresse de son père.

Désormais totalement réveillé, il écarta son domestique d'un geste hautain de la main, et sauta au bas du lit. Enfilant les habits représentatifs de sa classe sociale, il accrocha son épée et son fourreau le long de sa ceinture, avant de parcourir la pièce, et murmurer quelques mots à une créature, dans un coin de chambre, dans un espace qui lui était spécialement dédié. S'éveillant soudain, la petite créature sauta au coup du Vicomte, ce qui lui arracha un sourire. Décidément, Lancelot, son Kirlia, était incorrigible. Mais bon, c'était son compagnon, son ami, depuis sa plus tendre enfance, et c'est justement cette insouciance à toute épreuve qui faisait son charme. Le faisant grimper sur son épaule, il lui fit faire comprendre par télépathie qu'ils étaient pressés. Geoffroy avait développé avec Lancelot un lien bien plus fort que la normale, qui permettait notamment une communication par la pensée d'images et de sons ; mais encore de dialogues entiers. Mais c'était bien plus que suffisant pour que ces partenaires de toujours se comprennent. Prenant son temps pour traverser le manoir et arriver dans le petit salon où l'attendait sa « Mère », il salua les quelques domestiques qu'il croisa avec moins de dédain que le majordome de tout à l'heure. Puis, enfin arrivé, il poussa la porte qui le séparait de la Vicomtesse, et laissa échapper un soupir.

« Vous voilà enfin, Geoffroy. Votre père ne vous avait-il pas inculqué certaines choses, comme quoi il ne fallait pas faire attendre une dame ? Ces sont, ce me semble, des bases pour toute bonne éducation.

-Oui, moi aussi je suis déçu de voir que vous avez survécu une journée de plus, merci, répondit Geoffroy, un air glacial dans la voix. »

Elle avait illustré en une seule phrase pourquoi il la détestait tant. Encore plus arrogante que lui, et remuant systématiquement le souvenir de feu son père. Elle connaissait ses points faibles et en profitait. Geoffroy, l'œil tout aussi froid que ses paroles, la dévisagea. Il était vrai que d'elle se dégageait un grand charme, et il comprenait aisément que son père avait pu être séduit. Ses traits fins et élégants, la noblesse de son port, ses longs cheveux bruns, même ses yeux d'un bleu profond, tout semblait fait pour séduire ; et le temps ne semblait pas avoir prise sur elle. En un mot, la parfaite sirène, la vision du Paradis conduisant les hommes en Enfer. Lâchant un nouveau soupir, il reprit la parole, pressé d'en finir.

«Abrégeons, voulez-vous. Nous savons tous les deux pourquoi je suis là, commença Geoffroy.

-En effet. Vous avez aujourd'hui seize ans, il est temps pour vous d'être reconnu dans la société. Votre Renaissance est pour aujourd'hui.

-Ainsi soit-il, acheva Geoffroy avec des airs de prophètes dans la voix, avant de sortir de la pièce, sans même un dernier regard. »

Evidemment, son anniversaire. Sublime cadeau pour lui que d'être enfin présenté à la noblesse de Sinnoh. En marchant, il tenta de se remémorer tout ce qu'il savait sur cette « Renaissance ». Il s'agissait d'une tradition ancestrale, où chaque nouveau noble prenait la place de son prédécesseur tombé au combat, ainsi que sa position dans les alliances politiques. Il devait donc prêter allégeance au suzerain de son père, et gagner la confiance de leurs anciens vassaux. Une fois ceci accompli, se déroulait une cérémonie complexe dont le but était de faire revenir l'âme de l'ancien noble dans le corps du nouveau, en tant que conseiller et protecteur. Un ramassis de sottises, plus simplement. Mais un ramassis de sottises transmis de générations en générations ; et il allait devoir plier devant cinq cent ans d'histoire.

Sortant sans presque le constater dans le jardin du manoir, il s'arrêta devant ce terrain qui fut autrefois celui de ses jeux enfantins. Il avait souvent passé ses après-midi ici, avec son père ou Lancelot, à s'amuser dans l'innocence de son enfance. Un temps bien révolu désormais. Mais il tourna néanmoins la tête vers Lancelot, alors qu'un sourire ornait son visage. Il était temps de se détendre ! Après, il avait plusieurs heures devant lui…

Il se réveilla plusieurs heures plus tard, à l'ombre d'un grand chêne. Cette « séance détente » avec Lancelot l'avait épuisé, et il avait sûrement sombré dans le sommeil. Mais, vu la position du Soleil, c'était mauvais pour lui : il avait dormi trop longtemps, et n'était pas prêt pour la Renaissance. Il entendait un peu plus loin l'agitation des domestiques et de la Vicomtesse dans le manoir, mais personne ne l'avait encore vu. Jetant un œil autour de lui, il constata que la porte de service n'était pas surveillée, et au fond de lui, quelque chose le poussait vers cette direction. Il ne voulait pas être enchaîné dans les méandres de la politique sinnienne, il voulait être libre. Et c'était sûrement la dernière chance qui s'offrait à lui. Serrant Lancelot qui dormait lui aussi, il longea les murs extérieurs du manoir et parvint à son grand étonnement à se glisser jusque la sortie arrière sans mal. Mais après tout, tous les domestiques devaient le chercher là bas, pas ici. Prenant finalement une grande bouffée d'air, il se mit à courir, loin de cet endroit qu'il haïssait tant.

Il était enfin libéré de ses chaînes. Mais il venait également de sceller son Destin…

***

3281, 8h du matin, dans la même ville.

« Allez, debout, et maintenant ! »

Le réveil fut donc brutal. Sentant soudain quelque chose de dur s'enfoncer violemment dans son ventre, il ouvrit les yeux instantanément. Au moins, c'était efficace… Retenant les grognements de souffrances qui ne demandaient qu'à s'exprimer, il prit peu à peu conscience de se qui se passait Regardant devant lui, il remarqua que son « réveil » était un jeune homme, à peine âgé de dix-huit ans. Tout comme lui, ceci dit. Jetant un regard noir à celui qui l'avait réveillé, ce dernier n'y répondit que par un sourire narquois, puis enfin, prit la parole.

« T'attends quoi, tu veux que je t'aide ? Dis-moi déjà merci de pas t'avoir laissé là, pour que tu te fasses pas chopper par la B.F.V. Donc, si tu tiens à ta vie, dégage d'ici ! »

Appliquant lui-même ses propos, il disparut de sa vue avec la vitesse caractéristique à tous ceux qui vivaient à Unionpolis. Ou plutôt ce qui en restait. Comme tout Sinnoh, Unionpolis était profondément ravagée, d'abord par la guerre, puis par le non-retour de l'ordre. Les habitants, livrés à eux-mêmes, avaient réinventé la loi de la Jungle ; et les affrontements entres différentes bandes avaient achevées la destruction complète de la ville. Et évidemment, la B.F.V, cette organisation envoyée pour rétablir l'ordre, n'avait rien fait pour reconstruire et vivait en maître sur les ruines.

Se rétablissant peu à peu sur ses pieds, malgré le malaise provoqué par son réveil brutal, il commença à avancer, tout en restant dans le bâtiment éventré où il se trouvait. C'était le seul refuge qu'il avait trouvé la veille, et il avait bien rempli son rôle : le protéger jusqu'au matin. Tournant la tête, il constata avec plaisir que l'autre garçon ne lui avait pas volé son sac, malgré tout. Fouillant donc à l'intérieur, il sortit un peu de nourriture, pour lui mais également de la nourriture pokémon. De plus, mettant la main à sa ceinture, il saisit ses deux pokéballs, et laissa sortir ses compagnons. Un Linéon et un Etourvol, tous deux recueillis dans des ruines de cette ville, à deux doigts de la mort. Désormais, cela faisait deux ans qu'ils survivaient ensemble, allant de villes en villes.

A propos de ça, cela faisait bien trois semaines qu'ils n'avaient pas bougés d'Unionpolis ; il était temps de s'en aller. Grignotant un peu et laissant ses Pokémons manger, il fixa sa prochaine destination à Verchamps, une région qu'il connaissait bien. Mais il fallait d'abord trouver quelque chose pour s'approvisionner en nourriture et en eau. Faisant un signe à ses deux pokémons, qui se levèrent sur-le-champ, il entreprit d'explorer les environs.

Il n'avait pas fallu longtemps avant qu'il ne trouve son bonheur. Un ancien restaurant, à en juger par ce qu'il restait de l'ancienne affiche, pendant lamentablement, à peine suspendue par un de ses coins et déchirée de toute part. Il avait déjà été pillé, mais il restait suffisamment de vivres pour tenir pendant le petit voyage jusqu'à Verchamps. Fouillant partout dans les vestiges du bâtiment, il fourrait tout ce qu'il trouvait d'intéressant dans son sac, tandis que ses pokémons gambadaient en paix, discutant sûrement entre eux.

Ce petit moment de paix dura jusqu'à ce que Linéon soit pris d'une grande agitation. Courant dans les décombres, il se mit à gratter le sol devant son maître. Celui-ci comprit rapidement : une brigade de la B.F.V n'était pas loin. Demandant à ses deux compagnons de se taire, il tendit l'oreille, et saisit effectivement le bruit caractéristique d'une troupe de Terhals se déplaçant, une sorte de sifflement aigu. La réaction fut immédiate : le jeune dresseur plongea immédiatement sous un recoin qui pouvait le camoufler des regards aériens. Et en effet, quelques instants plus tard, les robots survolèrent la carcasse du bâtiment ; mais ils ne distinguèrent que quelques pokémons se battant pour de la nourriture, d'après eux.

Lorsque le danger fut passé, le jeune homme se releva de sa cachette, et fit un léger signe de tête à ses pokémons, indiquant par là qu'il était temps de bouger. Et pas seulement de cette cachette, il fallait quitter la ville. S'aventurant dans les rues désormais désertes, il commença à longer les murs, pour être le plus discret possible, après avoir fait disparaître Linéon et Etourvol dans leurs pokéballs respectives.

Finalement parvenu à la périphérie de la ville, il jeta un dernier regard à Unionpolis, cette ville qui l'avait accueilli pendant trois semaines, tout de même. Puis il lui tourna le dos, et pris le chemin de sa prochaine destination, Verchamps.

Ce qu'il ne savait pas, c'est que quelqu'un avait parcouru ce même chemin il y a très exactement 1744 ans, et que leurs destins étaient entremêlés à jamais…