Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le Maître du Vent de supersian



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : supersian - Voir le profil
» Créé le 24/08/2008 à 22:47
» Dernière mise à jour le 24/08/2008 à 22:47

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Amour et Mort
Philibert prit son souffle. Le moment était venu !

Voilà dix minutes qu'il guettait la porte de la salle de bains où Alizée était entrée. Et une semaine qu'il guettait Alizée depuis sa rupture. Elle allait mieux. Elle riait parfois, souriait de temps à temps. Passait encore sur son visage une brume mélancolique, mais ses soupirs s'étaient peu à peu taris, comme l'eau d'une rivière qui sait qu'elle ne rencontrera jamais aucun fleuve.

Alizée venait de sortir, et s'apprétait à descendre l'escalier. En effet, sa chambre, la chambre Roucool, était actuellement occupée par Lanmart, ce qui était normal, puisqu'il s'agissait de son colocataire, mais également par Roxane, ce qui était, à défaut d'anormal, au moins inhabituel.

Alizée ne savait pas s'ils passeraient la nuit ensemble, mais au risque de tomber sur une scène inconvenante, elle préférait rejoindre un canapé. Philibert l'aborda alors qu'elle posait le pied sur la première marche.

- Alizée, commença t-il en s'efforçant de parler distinctement, tu sais, je suis désolé pour ta rupture avec Luca...

La jeune disciple lui jeta un oeil étonné.

- ... Mais si tu as besoin de quelqu'un, moi, je... Je suis là !

Il ferma les yeux et sourit, gêné, espérant que le message passerait.

La fille aux cheveux gris se sentit affligée. Son copain la jetait, et en plus elle allait devoir éconduire un type sympa comme Philou...

- Philibert, écoute... Toi et moi, on va rester amis pour le moment, d'accord ? Pour le reste, on verra plus tard, tu sais, j'ai pas encore les idées très claires...

Le noble afficha un air très déçu. Une ombre passa sur son visage.

- Ouais, je comprends... répondit-il, la gorge nouée, d'un ton sec. Bonne nuit.

Il tourna les talons, et partit, pour cacher ses larmes. Alizée, en soupirant, se dit qu'il était de son devoir d'aller le consoler, mais décida que ce n'était pas son problème qu'elle avait autre chose à faire dans l'immédiat, dormir par exemple, et se disait qu'il y aurait bien quelqu'un pour le réconforter, non mais ! Lanmart par exemple ! ... Euh, non, pas lui, il était avec sa bien-aimée... Bon, et bien n'importe-qui d'autre, elle s'en fichait bien.

- Eh, mais fais gaffe où tu vas, merde quoi ! grogna Marie.

Philibert lui était rentré dedans, alors qu'elle sortait de la salle de bains.

- Bah pleure pas ! Ce serait plutôt à moi de pleurer... continua t-elle d'un ton plus doux, voyant le piteux état de son codisciple.

- Je suis une tâche ! commença à gémir le noble en se serrant contre le corps encore humide de la jeune fille. J'ai vingt ans et j'ai jamais eu de copines ! Que des râteaux ! De quoi ouvrir tout un magasin de jardinage... Aucune fille veut de moi, je suis trop...
- Stop !!! l'interrompit Marie. Epargne-moi la liste des adjectifs péjoratifs ! Allez, viens, on va en parler dans un salon en bas...

Un reniflement lui répondit.


-----


- Albert, on peut parler ?
- Ouais, qu'est-ce qu'il y a ?

Le champion enleva ses écouteurs, qui hurlaient une quelconque chanson violente, et les posa sur sa couette. En face de lui, Mika, habillé dans un vieux kimono qui lui servait de pyjama, avait levé les yeux de son bouquin sur les Raikous. Il était mignon, habillé aussi simplement, ses boucles noires lui arrivant à présent jusqu'en bas de la nuque.

Albert redoutait une question sur ce qui l'animait en ce moment. Depuis une semaine, son ami ne lisait plus que des bouquins sur les légendes de Jotho. Lugia, les Zarbis, Suicune, et aujourd'hui Raikou. La converture présentait une vieille gravure du Dieu de la foudre, surmonté du nom de l'auteur en majuscules : RAIDEMO. Experte renommée sur ce pokémon légendaire. Albert fixait ainsi la couverture, car elle lui évitait de regarder Mika en face.

- J'ai l'impression que tu me caches quelque-chose... commença le jeune homme d'un ton triste. Et pas qu'à moi, à tout le monde ! Depuis une semaine, tu fais comme si tout était parfait, mais... C'est pas vrai, Albert ! Je le sais, je te connais, moi ! Alors dis-moi... Dis-moi ce qui va pas !

La réponse "Mais non, tout va bien !" était à écarter d'office. Jamais Mika ne le croirait. Non, Albert savait très bien ce qu'il allait répondre, il avait prévu cette solution pour gagner le silence de Mika depuis déjà pas mal de temps...

- Je ne sais pas si je dois te le dire, Mika... commença t-il, d'un ton plein d'émotion.
- Albert ! Tu vas mal, au fond de toi ! Il faut que t'en parles ! Si tu veux pas en parler à moi, parles-en à laurent, ou à Luca, ou à n'importe-qui, mais parles-en !
- Non... Tu es le seul qui dois savoir...

Et il leva les yeux pour les plonger dans ceux de son codisciple. Le silence était total dans la chambre Xatu. Les deux garçons se regardaient, sentant une tension immense peser entre eux. Mika se sentit trembler.

Albert se leva. Il était en simple caleçon, car il pensait partir se doucher sous peu. Il s'approcha de son ami, et s'assit en face de lui, le regardant toujours. Il s'approcha, leur deux fronts se touchant presque. Le futur champion posa sa main, hésitante, sur la cuisse de son ami.

- Tu es... Beaucoup plus qu'un ami pour moi, Mika... avoua t-il en baissant les yeux, semblant attendre un jugement après avoir avoué son crime.

Mika regardait son ami, ses longs cheveux bleus descendant sur son torse nu, ses yeux magnifiques, sentant sa main sur sa peau... Son livre, qu'il n'avait pas lâché car complétement pris par la situation, lui glissa des mains.

Alors, c'était maintenant !? Maintenant ! Le moment qu'il avait tant attendu, maintenant ? Et lui qui n'arrivait absolument pas à bouger un muscle. S'il avait essayé de parler, sa bouche n'aurait certainement pas prononcé grand-chose...

Il posa ses mains sur les épaules d'Albert, lui souriant. Les deux garçons étaient à présent face à face. Le futur champion commença à carresser la cuisse de son ami, glissant peu à peu sa main sous son kimono, lentement, comme pour s'assurer de son consentement. Mika avait l'impression de vivre un rêve. A chaque nouvelle aventure, la redécouverte du plaisir sensuel le charmait, mais là, c'était complétement autre-chose. C'était plus grave, plus beau.

Il attira Albert contre lui, carressant son dos, passant ses mains dans ses cheveux détachés. Le futur champion soupira doucement, puis, passant sa main derrière la nuque de Mika, l'embrassa.

Le garçon aux boucles noires était heureux à un point inimaginable, et espérait bien l'être encore dans la nuit qui arrivait...


-----


L'arène n'était qu'amour, cette nuit-là.

Roxane s'était endormie, toute habillée, aux côtés de Lanmart, qui n'avait pas le coeur de la réveiller. A deux heures passées, ils étaient encore en train de parler avec passion, d'un tas de choses qui n'appartiennent qu'à eux, et aux jeunes couples encore emmêlés dans l'euphorie de la nouveauté. La disciple avait fini par s'endormir, aux côtés du preux chevalier, qui pensait avec hantise à la boîte de préservatifs qu'il avait achetée la veille, et qui dormait, elle-aussi, encore neuve, dans un tiroir de sa table de nuit.

Marie et Philibert parlaient aussi, enfin, surtout Philibert. Il sanglotait parfois. Marie tentait de ne pas fermer les yeux, et murmurait un ou deux mots gentils de temps en temps. Ils finirent par s'endormir eux-aussi tous deux sur le canapé.

Alizée se retournait sur son canapé à elle, ne parvenant à trouver le sommeil. Luca lui manquait, une explication claire aussi. Ça passerait, oui. Mais pour le moment, c'était encore dur.

Et Albert et Mika... Hum, bref.

Et, comme une poudre-para voluptueuse, le sentiment d'amour s'était répandu partout. Laurent endormi dans la chambre du Champion rêvait de femmes voluptueuses, Fabio rêvait du corps nu d'Alizée, Clarisse vivait dans ses songes des scènes entrevues dans une revues pour adultes qu'une personne qui n'avait pas voulu se dénoncer avait oubliée aux toilettes...

Tous étaient loin de penser à l'Altaria aux plumes blanches, qui, cette nuit-là, avait du s'endormir, serré, ses ailes meurties par la cage trop petite où on l'avait enfermé.

Mais cette cage s'ouvrit. Il se retrouva à la lumière. Deux mains le saisirent. L'oiseau se débattit, piaillant, hurlant. Mais avant qu'il ne chante une berceuse pour se libérer, une forte étreinte psychique lui interdit tout mouvement.

Sous un costume de cérémonie, deux yeux brillèrent, et étincela un instant à la lumière des flambeaux le manche en argent d'une cuillère.

Il était minuit. Personne ne les surveillait. L'Altaria allait à son tour rejoindre Ho-Oh, le maître de la Terre.