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Le Maître du Vent de supersian



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Informations

» Auteur : supersian - Voir le profil
» Créé le 22/08/2008 à 23:26
» Dernière mise à jour le 22/08/2008 à 23:26

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Conscience
Tout était parfait. Mika et Alizée étaient encore des gamins, si faciles à berner. Enfin, son heure à lui arriverait. Tout puissant, il accomplirait l'ultime sacrifice à Ho-Oh ! Les hommes s'agitaient comme si la nature leur était acquise, comme s'ils pouvaient la commander, comme on ordonne une attaque à un pokémon... Rien n'était plus faux : la vérité était dans le respect. Un respect infini, qui passait par l'offrande de ce que l'Homme maîtrisait le mieux : la violence.

Accepter la violence était difficile. Briser, détruire, tuer, sans remords. Pas une larme, pas un souffle. Devenir violence était s'accomplir, et l'accomplissement devait rendre justice à la nature et aux pokémons légendaires qui avaient donné à l'Homme et sa vie et sa violence première.

C'est donc fier qu'Albert observait sa nouvelle dague. Les yeux du phoénix brillaient comme des gouttes de sang.

Bientôt, bientôt... Il venait de rencontrer un de ses nouveaux amis, dans la forêt. Ils avaient tout prévu, pour la prochaine cérémonie. Personne n'avait jamais rien deviné. Trois personnes étaient au courant.

Mika, Alizée, et Laurent.

Les trois personnes qui comptaient le plus dans sa vie. Mais qu'importe ! La vérité est réservée à peu d'élus, il en était un, les autres pouvaient crever.

Pourtant, il allait falloir prendre des mesures. Laurent, pris dans son métier exigeant, n'était pas trop à craindre. Mika, innocent malgré ses airs de beau-parleur, l'aimait trop pour le soupçonner de quoi que ce soit. Le prinicpal problème restait Alizée.

Albert, depuis quelques semaines, pouvait enfin jeter sur sa vie et ses relations un regard froid qui lui avait révélé bien des choses. Le flou était parti, et bien parti.

- Bientôt, maître, je vous offrirai la plus grande des offrandes... murmura t-il en caressant le manche de l'arme.


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Le lendemain, Fabio ne descendit pas dans la salle à manger pour le petit-déjeuner, étant officiellement malade. Une bonne indigestion, avait dit le docteur. L'arène était ouverte pendant les vacances de Noël. Mais presque personne ne venait. Le temps s'assouplissait. Les entraînements habituels se faisaient plus tard, et de manière nettement moins assidue.

Mika, dégoûté, n'avait pas eu la primeure sur le potin du moment, c'est-à-dire le nouveau couple formé par Roxane et Lanmart. Ceux-ci, encore tout gênés, assis l'un à côté de l'autre, s'échangeaient des regards doux, et parlaient bas entre eux, comme si toute la table s'était trouvée au beau milieu d'une église.

Lanmart regardait pas dessous la nappe la cuisse innocente de sa... Petite amie (il aimait associer Roxane à cette appellation mais avait encore du mal à s'y faire). Il rêvait de poser sa main dessus, mais redoutait un assaut de sa conscience, qui serait prompte à lui rappeler la bonne éducation. Depuis ce matin, des tas de questions concernant les moeurs sexuelles le taraudaient, et il enviait presque Fabio, son détachement et certainement sa maîtrise de la chose.

- Souviens toi, Lanmart, pas avant le mariage ! ricana sa conscience.
- La ferme. se dit-il à lui-même.

Et il osa.

Roxane manqua s'étouffer avec sa tartine. Elle n'était pas choquée, enfin si, mais pas du geste, de la personne. Lanmart ne serait-il pas le timide amoureux qu'elle imaginait ?

- Tu voix, gros nul, elle a pas aimé, elle va te gifler et te planter là, haha ! continuait la conscience du chevalier.
- Non...
- En plus, tout le monde a du te voir ! Quelle manque de tenue...

Avalant son morceau de pain, Alizée posa sa propre main sur celle de son copain. S'il était moins timide que prévu, tant mieux !

- Prends-toi ça ! jubila Lanmart.

Mais sa conscience, probablement véxée, ne répondit pas.

Alizée regardait Albert en coin. Ses sourires et ses paroles mielleuses l'inquiétaient. Le futur champion était trop parfait, ces derniers temps. Il semblait refouler énormément de choses en lui, à la manière d'un Bekipan après trois tours d'Avale. Ce comportement lisse, fait pour ne pas attirer l'attention, lui mettait justement la puce à l'oreille.

- Je vais pas le suivre dans tous ses déplacements, quand-même... se disait-elle. C'est mon ami, j'ai confiance en lui...

Heureusement pour le jeune homme aux cheveux bleus, une nouvelle accaparerait bientôt l'esprit de son amie, et lui empêcherait de trop se mêler de ses affaires.


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Philibert était très gai ce soir-là, et pour cause !

Mika aurait pu l'être. C'était lui, cette fois-ci, qui avait mis toute l'arène au courant de la dernière affaire en cours. Mais la dernière affaire lui causait un peu de compassion : Luca avait largué Alizée. La raison restait obscure.

Philibert donc était joyeux. Lanmart avait bien réussi à se trouver une copine, pourquoi pas lui ? Maintenant, la place était libre !

Mais curieusement, ce soir-là, un vent d'ennui et de mélancolie soufflait sur la collectivité. Presque personne ne parlait, tous semblaient plongés dans des pensées noires. Sauf Lanmart, Roxane, et donc Philou. Marie redevenait d'une humeur massacrante et râlait pour tout. Fabio, toujours alité, n'était pas là pour égayer le repas par des blagues de mauvais goût.

Albert calculait. Alizée le laisserait en paix pour au moins une semaine. Si Mika devenait trop fouineur, il avait un plan... Comme les regards que lui lançait son ami aux boucles noires devenaient clairs, à présent qu'il ne doutait plus !

Une voie de lumière lui avait crevé les yeux. Son chemin étincelait, chacun de ses pas menait à présent vers un but. Il sacrifierait tout pour y parvenir. Y compris la seule personne qui l'aimait d'amour.

Albert réfléchissait aussi à Laurent. Sa seule famille. Mais son oncle avait tellement confiance en lui qu'il n'avait rien à craindre... Mais pourquoi ce volcanologue sérieux n'avait-il pas hérité de la prestance de son grand-père ? Maintenant qu'il en savait plus, le futur champion regrettait encore davantage de n'avoir pas plus connu ce grand-père... Lui qui avait refermé ses doigts sur le manche d'argent...

Violence ! Albert n'écoutait plus que des genres de métal les plus extrèmes. Du black, du death, des paroles satanistes, misanthropes, qui réduisaient l'homme à un rien du tout répugnant, et imploraient le porteur de lumière de venir les délivrer. Il avait gentiment éconduit Kyâ, qui avait découvert un groupe de folk-métal "très rigolo, avec de l'accordéon !", et qui voulait lui passer le CD.

Il se mettait ses écouteurs sur les oreilles, et en profitait pour monter le son, se délectant de ces paroles affreuses et ses voix venues d'ailleurs... La double-pédale lui semblait une marche en avant, une lente montée vertigineuse vers la violence... La sublime violence, qui consacre l'Homme.