Mirabelle de Pelage d'Or

Quelques heures après leur départ, Mirabelle et Loriot approchaient du village. Ils avaient trouvés des traces et Loriot reconnut l'odeur forte, un parfum de rose, du monstre. Au bout d'un moment, quand ils entrèrent dans le village, Mirabelle et Loriot se trouvèrent face à une route. Loriot s'élança dessus, et fut retenu à temps par Mirabelle.
« Lâche-moi ! » Dit-il.

Mais elle le tenait fermement dans sa gueule. Il regarda devant lui et vit avec effroi que l'endroit où il se trouvait il y a à peine quelques secondes était remplacé par une énorme chose qui grondait, empestait, et roulait très, très vite. La chose s'éloigna.

« Tu crois que y en a d'autres, Mirabelle ? » Demanda Loriot à sa sœur.
« Je sais pas, mais je me demande ce que c'était. »
« Moi aussi, et maintenant, je suis tout sale, t'as vu, y avait de la fumée qui sortait de cette chose, à l'arrière. Peut-être qu'il s'enfuyait, car y avait un incendie. Bref, je suis tout sale ! »
« Te plaint pas ! » Répliqua sa sœur. « Toi, ça se voit pas, t'es déjà marron ! Moi, ça se voit tout de suite. Il faut que je me nettoie. »
« Moi, c'est plus grave ! J'ai faillit être blessé ! »
« Non, c'est moi le cas le plus grave ! »
« Non, c'est moi ! »
« Bon, et si on traversaient, au lieu de se disputer ? »
« C'est toi qui a commencé ! »
« Loriot ! »

Et c'est sur ces paroles que Mirabelle et Loriot traversèrent, après avoir vérifié qu'il n'y en avait pas d'autres. Mais de l'autre coté, ils tombèrent nez à nez avec … un humain qui promenait son chien. Loriot poussa un cri et se cacha avec sa grande sœur derrière une barrière blanche.
« Il ressemble énormément au kidnappeur de Mimosa, à mon avis, c'est lui ! » Chuchota-t-il à son aînée.
« Regarde plutôt, j'ai l'impression qu'ils sont plusieurs ! » Répliqua-t-elle en voyant son frère sortir. Et en effet, un autre, puis, deux, puis trois, puis une foule d'humains passèrent juste devant eux.

« Tu as vu ? Ils sont de tout plein de couleurs différentes ! »S'écria Loriot.
« Chut ! C'est ce qu'on appelle des zabits. Les zumains s'en servent pour les mettre sur leurs corps. Comme ça, ils n'ont pas froid ! » Expliqua Mirabelle en murmurant.
« Waouh ! Ta connaissance m'étonnera toujours, Mirabelle ! »
« Merci, Loriot ! »

Les deux salamandres s'aperçurent très vite que les humains ne faisaient pas attention à eux. Ils se retrouvèrent au bout d'un moment dans une impasse. A l'instant où Loriot et Mirabelle allaient faire demi-tour, la jeune salamandre adulte entendit quelque chose. Loriot vit alors une bête trois fois plus grosse qu'eux. Le jeune imago vit alors qu'il s'agissait d'un persian. La bête feula et donna des coups de pattes. Elle bondit sur Mirabelle l'attrapa dans sa gueule. Loriot poussa un petit cri, mais s'aperçut que le chat lâcha Mirabelle presqu'immédiatement après l'avoir attrapée et s'enfuit en courant. La peau de Mirabelle, d'ordinaire noire de jais décorée de marbrures couleur de miel, était maintenant couverte d'une sorte de liquide blanchâtre.

« Comment as-tu fait pour le faire fuir ? » Demanda Loriot, excité comme une puce.
« C'est simple, quand tu n'es plus imago, tu sécrète un poison. » Expliqua l'intéressée.
« C'est ça que tu as sur ton corps ? »
« Oui. »
« C'est quoi un imago ? »
« C'est une jeune salamandre qui vient de sortir de l'eau. Une salamandre n'est plus imago, et donc, devient adulte, après son première hiver »
Loriot la regarda bouche bée, étonné que sa sœur sache autant de choses. Une foule d'autres questions se bouscula dans son esprit, mais il ne dit rien, laissant sa sœur se reposer.