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Domino, Lovely Bitch Writer
de Domino

                   


(Copyright S3phiroth pour le nom du blog)

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Generation Kids

Skitty 8 : La progéniture


La Saga Etienne Smirnoff
Smirnoff Saisons 1 et 2
Smirnoff Saisons 3 et 4
Smirnoff Saisons 5 et 6

La Saga Roland Smirnoff
Smirnoff Saisons 7 et 8
Smirnoff Saisons 9 et 10
Smirnoff Saisons 11 et 12

La Saga Alternative
Smirnoff Saisons 13 et 14
Le projet Wallace, Saisons 15, 16 et 17
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La Saga Skitty/Delcatty
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Domino est d'humeur Fanarts






Article ajouté le Vendredi 30 Septembre 2011 à 19h49 |
11 commentaires
Une de moins *recharge* A qui le tour
Et voilà ! Bruisseliandre est achevée ! C'est la première d'une série de quatre ! Plus que trois fics à finir !

Une fin brutale, assez surprenante même pour moi. Néanmoins comme la fic est interdite aux moins de 31 ans, elle n'est lue que par 1 % du site.

Il me reste environ 50 chapitres sur Skitty, 20 chapitres sur EPDFPAS et 18 chapitres avec Omnicia... Bon sang mais je vais bientôt être au chômage ma parole !!!

Je ne vais pas me lancer dans une nouvelle fic tout de suite (J'ai déjà Illusia, vous savez ma fic collective super trop bien là, avec mes collègues chéris Pokéclément et Skitty1 !)

EPDFPAS n'aura très probablement pas de suite.
Omnicia 2 n'aura pas de suite

Quand à Skitty... Je resterais évasif ! Bah oui attendez... Suspense !


Mais je réfléchis de plus en plus sérieusement à écrire mon propre roman ! Reste à trouver un bon sujet. J'ai une idée solide depuis quelques temps à propos de personnes mortes, et l'objet du roman serait de découvrir la vie de ses personnes mortes au sein d'un petit village. Ces personnes auraient des liens précis en rapport avec leur décès.
Article ajouté le Vendredi 02 Mai 2008 à 23h28 |
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Journal d'un écrivain Entre-deux-fics 2
En ce moment, j'ai ce qu'on appelle une connasse en manque d'attention sur mon Facebook. Une vieille amie que j'ai connu en sixième mais c'est à peine si on s'est reparlé ou même revu depuis. C'est une conne. Leur reine, même, peut-être. Son père est en train de mourir. N'importe quelle personne intelligente prendrait sur soi.

NON

Madame se sent obligée de poster sur Facebook quasiment MINUTE PAR MINUTE LES DETAILS. C'est horrible. C'est graveleux. Je sais même pas si elle se rend compte qu'elle est encore plus trash que Secret Story. Je sais même pas si elle se rend compte tout court d'à quel point elle est pitoyable.

Mais non, elle poste des statuts affligeants. Du genre :

"Deriere mon beau sourir se cache une grosse souffrance :'(
je t'aime papa soit fort"

T'as envie de lui répondre en commentaire "Et "Deriere" tes statuts se cache une grosse pute en manque d'affection ?"

CA M'ENERVE ! Mais à un point ! Je DETESTE les gens qui affichent leur douleur comme ça. Ferme ta gueule, prends sur toi, parle à ta famille mais FAIS PAS CHIER TES AMIS FACEBOOK avec ta vie PATHÉTIQUE !!! Je sais même pas si tu te rends compte d'à quel point tu es ignoble !

Genre t'es en train de chialer parce que ton père va mourir

PREMIER REFLEXE ? Tu vas devant l'ordi et tu postes un statut ! Bah ouais ! J'ai hâte que tu tombes enceinte, ma grosse.

Sérieusement, putain !

Et étrangement, ça m'a fait penser à moi (BONK général des lecteurs du blog)

Parce que j'ai un peu passé la journée à déprimer, à tourner en rond, à ruminer ma motivation... A me dire "Poste un article sur le blog pour le dire !"

MAIS NON ! NANANANANAN !

La dernière fois c'est ce qui m'a perdu ! Au lieu de ça, j'ai essayé de me pencher sur mes fics, j'ai été fort, je ne suis pas tombé dans la nostalgie, j'ai relevé la tête, j'ai fait comme ces femmes noires dans ces films !

Donc je vais arrêter de chialer comme une grognasse débile qui commente l'agonie de son daron minute par minute sur Facebook en quête d'attention ou de soutien moral (les vrais gens c'est TELLEMENT 2010) et je vais me remettre au taf. Fuck quoi.

D'ailleurs je vous interdis de commenter cet article SAUF pour m'injurier de tous les noms.

Merci par avance !
Article ajouté le Vendredi 30 Septembre 2011 à 00h23 |
19 commentaires
To be continued
Un aperçu de ce que vous pourrez voir sur mes fics très prochainement :

Bruisseliandre
Tome 6 : Lucario
Dans le finale de cette fic tumultueuse, Damien et Clotilde s'affrontent dans une joute à mort et Laetoli découvre ce qu'il en est de Bruisseliandre. La mort plane de plus en plus autour des deux jeunes gens...

Skitty 7 : Les Voyageurs de Rhode
Chapitre 37 : Un Pokémon Furax
L'évolution de Feurisson semble incontrôlable. Mary pourra t-elle apprendre à le dresser correctement ?

Chapitre 38 : Sous couverture
Un groupe de trois personnes arrive à Samaragd et y découvre une situation des plus tendues...

Chapitre 39 : (Titre maintenu secret)
Mary participe au concours Pokémon de Samaragd qui nécessitera de sa part une Double Performance. Face à une adversaire des plus déterminées, elle va devoir sortir le meilleur d'elle même...

EPDFPAS
Chapitre 39 : Le comble pour un chapitre
Le champion de Joliberges est un sale blagueur qui chatte sur MSN avec les autres champions. Diamant peut-il affronter un homme qui veut toujours savoir quel est le comble pour un koala ?!

Chapitre 40 : Perle Potter à l'école des Chupa Chups
Perle fait face à une situation totalement hallucinante ou elle seule peut sauver tout Joliberges, son frère et l'autre abruti. Son courage et son intelligence seront mis à rude épreuve face à un Urbain enragé et avide de sang. Pourra t-elle vraiment faire quelque chose ?!

Chapitre 41 : QI : les grandes eaux
Diamant a décidé de reposer tout son match face à Charles sur l'intelligence insoupçonnée de Rapion. Un petit insecte peut-il concurrencer un monstre comme Steelix ?!

Omnicia 2
Chapitre 33 : Ne me demande pas
Ethan des ténèbres s'introduit au Centre Pokémon pour donner une information cruciale à Nils et Céline. Omnicia et Ron sont capturés par Pristine. Quand à Ethan, il reçoit un secret important de la part d'Orwell.

Chapitre 34 : Profitons, profitons
Céline doit donner une réponse rapide à Ethan. Lanmart commence à douter de la motivation des troupes pour affronter Arceus. Quand à Amy, elle semble avoir des doutes sur son petit ami...

Chapitre 35 : L'été des secrets
Les mois passent et les destinés semblent ne plus vraiment attendre la venue de Dieu. Orwell et Pristine découvrent la localisation d'Arceus et décident de l'affronter, à leurs risques et périls.

C'est tout... Pour le moment
Article ajouté le Vendredi 25 Avril 2008 à 13h11 |
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Point Manga !
NARUTO TAK TAK

Un... chapitre moyen au fond (moins on voit la gueule de Naruto mieux le chapitre est), on a droit à un combat potable mais passable entre Gaara et le Mizukage. Néanmoins on peut se demander quel est l'intérêt sinon de la pure branlette Shônenique quand d'autres enjeux autrement plus importants se profilent à l'horizon (Notamment cette lopette en cuir de Madara ou encore Itachi vs Kabutomaru). Bref on stagne, on stagne, on n'apprend rien de nouveau, on a juste droit à une débauche de techniques, mais comme dirait l'autre : Ranafout'.

HUNTER X HUNTER


This is Manga Gold

Faut m'expliquer un truc qui dépasse les lois de la logique humaine : COMMENT Hunter X Hunter fait pour être 10 fois meilleur que Naruto (Voire même 1000 fois meilleur parce que bon c'était quand même useless le chapitre de Naruto) alors que les 10 premières pages du chapitre ne comportent QUE des images noires !!!! EXPLIQUEZ-MOI ! CA N'A AUCUN SENS !

Naruto a plein d'images
HXH a ses dix premières pages noires

ET HXH est meilleur que Naruto

HOW THE FUCK ?

Voilà, encore une saloperie de chapitre devant lequel j'ai eu envie de chialer ma race tellement c'était beau, triste, artistique, original, osé, risqué (Putain 10 pages noires avec que des dialogues mais fallait oser bordel !) Et puis franchement, cette FIN quoi !

Togashi, je ne veux PLUS de pause ! OK ? Vous avez un anime à promouvoir, FAITES DES CHAPITRES !!! SINON JE VOUS TUE !!! JE-VOUS-TUE !!! L'arc à venir a l'air ultra intéressant, je veux le voir se poursuivre !!!

Vous n'avez qu'à kidnapper l'auteur de Naruto, vu ce que vaut son manga actuellement, il acceptera de dessiner pour vous. Ca lui fera un truc bien à mettre sur son CV...

CV DE KISHIMOTO MASASHI

2011 : TOUJOUR OTER DEU NAROUTO TAK TAK
2011 : Monsieur Togashi m'a engagé pour Dessiner Hunter X Hunter. Ma maman m'a appelé pour me dire qu'elle me considérait enfin comme son fils. Mon père a renoncé à se suicider à vie. Mon frère a arrêté l'alcool. Jésus est apparu au Japon.
Article ajouté le Jeudi 29 Septembre 2011 à 14h53 |
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Domino raconte sa life et ça fait Mâle. L'heure est grave ?!
En ce moment je ne vais pas trop bien. J'écris en dilettante, j'ai très envie de dormir, je suis attiré vers mes scénarios plus que par mes textes, et je suis un peu épuisé par ce nervous breakdown ambulant qu'est MSN.

Au niveau du moral je suis au grand zéro, et j'ignore à quoi c'est dû. Il n'y a pas eu de grand changement dans ma vie, c'est la fin de l'année, je suis en vacances...

Ce qui me fout le moral en l'air c'est peut-être la fatigue, l'année prochaine encore très expectative, mes appréhensions par rapport à l'avenir et tous ces autres trucs par rapport à moi et à mon petit égo surdimensionné à l'envers.

En fait le moral à commencé à chuter lorsque mon émotivité s'est subitement accrue ; Pleurer pendant un chapitre ça m'arrive, évidemment (Ca m'est arrivé à la fin d'Omnicia, pour deux chapitres de fics Naruto, pour la "mort" de Mary dans le Dominorama, et très récemment pour la scène de l'accouchement dans la Pentalogie de la saison 7.)

Autre signes forts de déprime : Sur MSN je me la joue fantôme, j'écoute que des chansons déprimantes (Les Cranberries, quoi. La chanson la plus gaie d'eux que j'ai écouté aujourd'hui c'est "Ode to my family"...), j'ai une écriture de plus en plus émotionelle, ce qui ne convient pas à l'avancée prévue de l'intrigue. Résultat, pour cuver, j'écris pour ma fic South Park, ce qui m'aide à évacuer beaucoup de sentimentalisme superflu.

En plus comme vous vous en doutez, chez moi l'écriture passe avant tout, je passe mes journées libres à ça (Ce qui explique ma rapidité) et surtout une fois lancé je suis difficilement stopable.

En même temps, l'envie d'écrire un roman est de plus en plus forte, tant pour mon accomplissement personnel (Venue de Bouddha sur terre, rétablissement de la paix au moyen-orient, élévation de tous les chameaux à l'état de Dieux) que pour m'assurer un avenir. Devenir écrivain, vivre de mes oeuvres, ça ce serait le rêve. Parce qu'il y a une chose dont je suis certain : Ecrire est la seule chose que je sais faire BIEN et AVEC MOTIVATION. Parce que niveau Motivation, à côté de moi, Shikamaru Nara pourrait mener à bien une réforme de l'éducation avec sa motivation de ouf.

Bref... Je constate aussi que ma baisse de moral coïncide avec l'écriture d'un chapitre d'EPDFPAS (37 - Coatox et JP, amour au McDo) qui m'a fait réaliser que finalement mon "oeuvre" sur Pokébip était quelque chose de très fragile, et surtout je réalise de plus en plus que mon hégémonie sur Pokébip gène la progression de jeunes auteurs. Je ne fédère rien ni personne (En partie parce que ma phobie du communautarisme m'empêche de participer "Activement" à la communauté ; Je m'en aperçois quand je discute par exemple avec Pokéclément, qui je trouve, écrit très bien, et que j'ai l'impression d'étouffer avec ma bedaine de fics que j'étends là, comme un chêne laissant suffoquer un arbuste. Le pauvre écrit comme un damné, avec brio et originalité, mais n'est pas reconnu à sa juste valeur... Je m'arrête là parce que sinon je vais arriver à supprimer toutes mes fics. D'un coup. Et je parle même pas des autres auteurs que j'ai l'impression de léser par ma verve prolifique, Skitty1, Devil Dice, ShiroiRyu, Dark Pearl, Supersian...

Toutefois je tenais ici de manière solennelle et vraie, à remercier des gens qui, par leur conversation, par leur présence, par leurs propos, même sans le vouloir mais juste en étant là, contribuent à me rassurer continuellement : Kirika, Pokéclément, Skitty1, Ze_Gobou, Devil Dice, Plush, Mimoza, Kerea, Bakufunlove, Thoranix, Docteur Spider, LG Nimbus, Supersian, Mysdii, Dark Pearl, Flygon Heart, Urd Sama, Hermyon et Walker974 (Cause he's Mister Norris, of course)

J'en oublie peut-être. Mais ces noms, et ce qu'il y a derrière, ça représente beaucoup, peut-être trop à mes yeux.

Domino, mais vous inquietez pas ça ira mieux demain. Comme d'hab.
Article ajouté le Jeudi 24 Avril 2008 à 22h54 |
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Journal d'un écrivain Entre-deux-fics 1
J'ai peu écrit, aujourd'hui. Ce matin j'étais un peu démotivé de tout, au point que je me suis reviewvé trois épisodes de Futurama pour le blog. Je retrouve un peu les mêmes défauts pour chaque épisode, c'est un peu bête (notamment une construction similaire ne serait-ce qu'entre "Ghost of the Machines", "Law and Oracle" et "Silence of the Clamps" (qui se suivaient, de surcroît).

De 11 à 16 heures j"ai dormi, j'étais levé depuis 7h, réveillé par mes chats... mouarf. La fatigue pointait.

Ecrire... J'ai écrit un peu de Non-Retour, c'est toujours ça de pris. Moi qui pensait que cette fic serait simple à reprendre, j'y vais un peu à Reculons. Dah. Je vais essayer de me remettre à Extrême Parodie...

Y'a Dream Team qui commence à m'obséder un peu...

Dans un sens, après une fic ultracomplexe comme Smirnoff, ça me fera du bien de revenir à de la simplicité avec Dream Team (Non pas que la fic soit simple mais y'aura pas de relations aussi compliquées entre les personnages).

Le titre aussi me fait chier. Pourquoi ? Parce que c'est également le titre de plein de trucs ! Mangas, films, sport... Fuck quoi. J'mets quoi comme titre, L'Equipe de Rêve ? Moosh ? (J'en ai ras le cul des fics nominatives, pardon mais...)

Le pire c'est que la scénarisation n'est pas complète, plus je réfléchis à Moosh plus il m'apparaît comme un Dimitri Bis - j'ai donc pensé à en faire une sorte d'enfant avec un mode de pensée très direct, très droit-au-but plutôt qu'un petit benêt asocial. Il faut donc que je continue à travailler mes personnages... Les arcs sont dessinés, mais pas travaillés dans le fond. Or pour le premier avec Jean Georges, je n'ai pas le droit à l'erreur... Je me demande aussi si je dois inclure une dimension psychologique. La création d'un univers tangible avec ses règles m'apparaît également comme indispensable. J'avais entendu que JK Rowling, avant d'écrire Harry Potter (donc avant de devenir une vieille millionnaire obsédée par le fric que rapportaient ses éditions) elle avait décrit à part ce qu'elle pouvait faire et ce qu'elle ne pouvait pas faire avec la magie. Je ne sais pas exactement comment ça a influencé son oeuvre mais je pense que ça l'a aidée quelque part. Ca fait pas comme Fairy Tail par exemple. Détrompez-vous, j'adore Fairy Tail mais parfois...........
Si je me suis mis à peu près d'accord pour une écriture "à la Comics", arcs par arcs, je commence à trouver la fic un peu longue dans son déroulement, et surtout j'ai un peu de mal à créer de vrais méchants, à part les anciens chefs de la Ligue Pokémon déchus pour abus de pouvoir, j'ai pas grand chose. J'ai des méchants "Arcs par Arcs" comme le Ministre, le Roi Bling-Bling, le chef de l'armée des Toxiques... Mais ils ne suivront pas forcément d'un arc sur l'autre. J'ai un Grand Méchant sur l'ensemble de la fic mais il va mettre du temps à se déclarer, aussi. Problématique... Est-ce que vous suivrez la fic assez longtemps pour que je mette tout en place de sorte à ce que ça devienne passionnant, solide, construit... Je me doute qu'après Smirnoff, vous allez être exigeants...

Comme vous le voyez, c'est pas ambitieux DU TOUT, mes projets... XD

Je pense qu'une petite pause va me faire un peu de bien, un peu de glandouille en quelque sorte... Tout en essayant de faire de la scénarisation. Voilà quel est mon destin à présent.

Oh et m'écouter du Puggy en boucle bien sûr. Puggy c'est bien. Je vous conseille Puggy.

Bref, Domino est toujours là. Il est juste absent.
Article ajouté le Mercredi 28 Septembre 2011 à 17h40 |
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Dominoroman 4
Encore un

"Les histoires communes"

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I

Ce matin là, encore une fois, il état très tôt. Son lever avait été fastidieux. Il marchait difficilement, encore engourdi par les embruns du sommeil. Sa silhouette large, façonnée par un manteau noir large ombrageait la rue pavée. Sortant de chez lui, fermant avec force et préméditation une vieille porte bancale, il s’apprêtait à prendre son train matinal.
Dans cette petite ville où il fait toujours froid le matin, l’homme avait le pas lourd et rapide. Rien ne l’aurait arrêté. Certes il prenait toujours de l’avance. Le train partait à six heures dix mais il partait de chez lui à six heures moins le quart. Il avait donc vingt cinq minutes pour rejoindre son train.
Sa préparation matinale était bien sommaire : Il s’habillait au saut du lit, soupirant et luttant contre une bouche sèche et pâteuse. Puis il descendait de sa chambre avec manteau et mallette pour les poser sur la table de la cuisine. Le silence assourdissant le la grande pièce l’enrobait de toutes parts. Il se dirigeait toujours vers la salle de bains, se débarbouillait, se peignait sommairement, se brossait d’un air anodin les dents, et enfin il sortait en éteignant la lumière de la salle. Ensuite il prenait le récipient en verre dans la machine au fond de l’étroite et commune cuisine, et se servait un café terriblement amer. Enfin il mettait ses chaussures de ville noires et mal cirées
L’homme traversait sa rue en direction de la bibliothèque municipale, faisant dos au quartier commerçant. Il passait devant les voitures alignées sur le parking face à sa porte. Il remonta la rue maculée de crottes de chien, le visage bas et fatigué mais paisible et insouciant.
Car l’homme faisait peu de cas de l’heure et de l’état du sol. Tout ce qui l’intéressait c’était son travail.
Il savait la rue peu sure. Et cela lui faisait peur. L’homme vivait sur la peur. Au fil des années, il s’était constitué en lui un amas de craintes et de terreurs complètement inextricable. Tous les psychiatres du monde auraient pu s’y essayer. Rien n’y aurait fait.
La grande rue qu’il traversait aussi lui faisait peur. Trop grande, trop de portes et de fenêtres, des maisons vétustes ou anciennes, et surtout l’école. Il passait vite devant l’école.
Cernée par de grands murs et des portes de fer, l’école primaire était un grand bâtiment à étages multiples qui donnait dans les ténèbres une sorte de monstruosité déprimante, imposante et donc effrayante. L’homme ne voulait pas trop regarder mais il s’y risquait. La cour, goudronnée et grandiose, sombre, semblait l’appeler de sa voix macabre, l’entraînant vers cet établissement public aux allures de prison.
Il passa vite son chemin sous les réverbères de la ruelle. Il traversa un passage piéton et longea la grand-rue qu’il appelait intimement « La rue aux petites vieilles ». Il salua celle au bout de la rue juste avant le pont menant à la résidence de la dernière ruelle. Toujours levée, une petite dame maigrichonne toujours vêtue d’un chemisier vert de mauvais goût et d’une espèce de jean. Une vieille dame qui ne vivait pas avec son temps. Une réfugiée des années 1940.
La rivière faisait un bruit de cascades rassurant. Il observa le large lit de la rivière polluée de jerricans blanchâtres et de bouteilles de White Spirite usagées, au milieu de la vase brune et des algues molles. Il regarda sans attention l’endroit. Puis il passa devant le vieux magasin de motos qui était un magasin d’électroménager pendant un temps, et il arriva enfin à la gare de la petite ville.
La gare, lieu urbain, lieu symbolique pour l’homme. Il avait compris que c’était là un lien avec le monde extérieur, une sorte de raccourci réduisant le monde à des quais. Il entra dans le train grisonnant, toujours le troisième wagon en partant de l’arrière ne prêtant pas attention aux gens sur les quais de bus ni sur le quai de gare, ni dans le train. La boîte de fer et de bois l’entourait. Il posa sa mallette, nonchalamment, ne salua pas la femme toujours assise au fond et s’assit face à une façade intérieure, dos à tout le monde. Il regarda le paysage et ne cessa plus jusqu'à destination. L’homme avait consacré sa vie à la contemplation silencieuse des choses. Au fil des visions filantes du monde sous ses pieds, l’homme se surprenait à imaginer les vies des fenêtres, les méandres grouillantes des herbes, les détails de l’immensité des champs, les destinations des voitures d’une seconde, les biographies des panneaux d’affichages ou des quais vite dépassés.
L’homme n’aimait pas les autres. Les autres ne l’aimaient pas non plus. Dans le bruit mécanique du train en fureur, il n’essayait pas d’écouter les ennuyeuses conversations des ménagères lasses d’un mari cachottier, des étudiants aux intrigues minables, des messieurs vulgaires et époumonés, cela n’avait d’intérêt pour personne d’ailleurs car personne n’écoutait, pas même la personne destinée à entendre.
L’homme arriva à destination sans avoir eu conscience ou presque de son voyage. Il posa un pied sur le quai et se dirigea vers les métros. Le décor lui plaisait, alors il l’observa, repérant les diverses évolutions et détails changeants du lieu en ébullition.
Bien que piégé dans une routine inextricable relevant du papier à musique, l’homme aimait la vie, parce qu’il savait en apprécier ce qu’il fallait en apprécier, et oublier ce qu’il fallait en oublier.
Le travail de l’homme consistait à classer des papiers, à les mettre avec d’autres papiers et à en informer un supérieur lorsque cela serait fait. Toute la complexité de ce travail résidait dans les techniques de classement. Certes le papier bleu va avec l’autre papier bleu mais si ce dernier porte l’inscription en forme d’œuf sur l’entête, il doit être classé ailleurs. Outre la couleur et les signes, des perforations indiquaient un autre classement plus subtil. L’homme aimait son travail. Il ignorait pourquoi mais il l’aimait.
Lors d’une pause café qu’il s’accordait régulièrement, il voyait passer les collègues. Les ennuyeux collègues avec leurs ennuyeux problèmes, comme ceux du train. L’homme buvait son café si amer qui l’aidait à tenir cette journée confondante de fatigue. Il retourna bien vite à son bureau.
La personne qui donnait du travail était aussi l’une des rares personnes que l’homme connaissait de nom, ce qui en soi n’était pas grand-chose. Elle posait le papier et partait presque aussitôt. L’homme se fichait d’elle mais moins que des autres, probablement parce que sans elle, il n’aurait rien à faire. Sa vie serait vide. Alors chaque jour il la remerciait d’une sorte de mouvement passif de la main, il la dirigeait vers elle avec maladresse et croyait la remercier. Dans la tête de la femme, ce geste pouvait être un « Va te faire foutre » méprisant.
L’homme ne s’adresse jamais à personne et personne ne s’adresse jamais à lui. Tel un arbre, il se contente de ce qu’extraient ses pauvres racines invisibles du sol pour trouver un sens à sa vie. Il n’ignorait pas les dangers de cette façon de se nourrir, disons qu’il les avait éprouvés.
L’homme déjeunait au café d’en face, un établissement vermoulu et vieillot. Tout le plaisir de la chose était que l’homme mangeait toujours un maigre steak frite de qualité moyenne, engoncé dans le fond du troquet, la mine vague. Il semblait vouloir dormir. Manger seul est une chose terrible car elle n’émane pas d’un besoin. La nature même de l’homme fait qu’on doit se réunir pour manger. Mais l’homme, dans sa logique contre-nature, s’échinait à rester seul pour manger. Il avait peur des autres.
Et de tant d’autres choses encore.
Toujours est-il que l’homme retourna à son travail. Il se rassit à son bureau. Après quelques minutes de classement, un homme arriva devant son bureau.
-Monsieur Urbain…
Urbain, voilà, son prénom était lâché. Urbain soupira doucement puis leva les yeux vers son chef qu’il n’avait vu que trois fois en trois ans de carrière. Cette occurrence marquait la quatrième.
-Monsieur Urbain, puis-je vous voir dans mon bureau ?
-Mais certainement.
Le patron repartit comme il était venu. Urbain soupira bruyamment cette fois, puis il se leva de sa confortable chaise. Il marcha ensuite en direction du bureau du patron.
Sa marche était prudente et rythmée par les bruits sourds du chauffage central. Il se demandait ou pouvait bien être le bureau du patron. Quelle sensation étrange que de devoir se déplacer dans un lieu méconnu ou l’on vient tous les jours, de découvrir le lieu, de s’en imprégner. La disposition des pièces était bien faite, intéressante, sujette à rêverie, il ne put que l’admirer.
Une voix l’appela.
-Urbain bon sang ! Dans mon bureau !
Il l’avait dépassé. La quête des bureaux bien disposés à voir était donc remise à plus tard.
Pour l’heure, le patron demandait à voir Urbain, comme si Urbain était une figure d’art contemporain, cette chose immonde et plaisante à regarder, démolie et reconstruite par la critique. On avait conjuré le patron de voir Urbain comme on aurait conjuré quelqu’un d’aller voir du Marcel Duchamp.
-Urbain…
-Oui Monsieur ?
Le patron, un monsieur gras et dégarni, s’assit dans son bureau.
-Urbain, j’ai un problème avec vous.
-Ah oui ?
Ca c’était fort : Urbain avait un litige avec une personne qu’il n’avait presque jamais vue. Il était fort cet Urbain, toujours le chic pour se mettre dans des situations dangereuses sans le vouloir. On a les « Guerres du feu » qu’on peut.
-Urbain, quand nous vous avons engagés, la firme perdait déjà beaucoup d’argent, et….
Ca y est, ça recommençait, la conversation devenait ennuyeuse. Urbain cessa d’écouter sérieusement pour se concentrer sur une règle en fer qui n’avait rien de joli mais qui était fascinante.
-…voilà pourquoi nous devons procéder à une réduction de salaire.
Urbain sembla se réveiller. Pas parce que la nouvelle était mauvaise mais parce que la voix changeait de ton.
-Ah. Bon.
-Sachez que vous pouvez toujours déposer une réclamation mais c’est inutile. Vous êtes l’un des dix que je dois convoquer aujourd’hui. Vous pouvez disposer.
Urbain se leva, sortit. Eut la simplicité de dire au revoir d’une voix neutre. Reprit son travail comme si de rien n’était, avec un nouveau tas de papier probablement apporté par cette collègue décidément trop prolixe.
Un peu plus tard un petit groupe d’employés vint le voir mais il n’entendit pas trop ce qui se disait. En plus ils ne lui parlaient même pas. Ca devait causer de syndicats et de grève.
On pourrait penser que la vie d’Urbain est morne et ennuyeuse, plate et sans intérêt, mais en réalité Urbain était très heureux comme ça, à ne rien entendre et à tout voir. A ne pas parler et à ne rien entendre se dire. Urbain vivait dans sa bulle, un petit monde simple, dictature d’un esprit trop solitaire.
Lorsque la fin de la journée sonna, Urbain sortit de l’immeuble et reprit le chemin de la gare sans aucun détour jamais. La seule distraction qu’il ne s’était jamais permis sur ce chemin longiligne était l’achat d’un quotidien national. Cette obscénité lui était indispensable pour rester au fait de ce qui se passe dans le monde. Les nouvelles du jour : Le président qui répond aux journalistes sur le scandale des fonds secrets, une star de la pop britannique décédée et un fait divers abominable impliquant un enfant, un couteau et un abandon en pleine forêt. Toutes ces choses ne faisaient qu’accroître le quota de craintes de l’homme. Il se renferma d’autant plus dans sa coquille.
Le retour en train, semblable au précédent se caractérisait par un coucher de soleil rougissant, aussi romantique qu’un épluchage de patates dans une cale de bateau, aussi beau qu’il puisse être, un coucher de soleil sans intérêt, vu à la va-vite. Un sommeil léger ponctuait le trajet. La mécanique du train le transportait sans beauté aucune d’un point à l’autre. Fourbu, il rentra en soupirant, un journal froissé à la main, le pas lourd, comme à chaque fois, la solitude comme seule compagne.
La vie d’Urbain à la maison est rythmée par quelques besoins primordiaux eux même rythmés par ses craintes et sa paranoïa.
La peur d’Urbain est centrée sur son imaginaire excessif. Il imagine toujours que quelqu’un se cache dans son living, à le guetter, à attendre le moment propice.
Il ne laisse jamais rien d’ouvert. Tout est toujours cloîtré chez lui. Un jour, Urbain a même du évacuer un promoteur immobilier qui pensait que son logis était libre.
Les voisins ne connaissent pas ou peu le locataire du 15 rue Edouard Manet. Il y a bien ce couple de voisins qui avait tenté de faire connaissance. Mais Urbain ne voyait pas les choses sous cet angle.
-Je n’achète rien. Désolé.
La maison d’Urbain est un ancien laboratoire d’analyses médicales. Le living est donc très grand. La cuisine longe la façade gauche. La salle de bains est adjacente à la cuisine, dans une pièce fermée. La seule du rez-de-chaussée. Un escalier mène à l’unique chambre, la sienne, aux murs désespérément blancs. Un grand lit trônait au milieu. Le lit était grand par souci de confort, et à cause du sommeil agité d’Urbain. Jamais il n’avait songé à y accueillir qui que ce soit d’autre.
La soirée idéale d’Urbain consistait à regarder un bon programme à la télévision, bien calé dans son lit, à température ambiante, la nuit voilée par les rideaux, entouré d’une cannette de soda et d’un sachet de crackers au fromage dont il raffolait. La chambre, bien haut perchée à l’étage, lui garantissait une grande sérénité, c’était un havre de paix dans lequel il ne pouvait rien lui arriver. Cela avait été son premier critère pour choisir la maison. La paix. Malgré tout dans l’enchevêtrement de pierre et de plâtre ses vieux démons l’avaient poursuivi.
Ce soir là, alors qu’il rentrait de son travail, il vint à Urbain l’idée saugrenue que cela devait changer. Il se frotta les yeux : la fatigue lui donnait le tournis.
Il rouvrit la porte bien fermée du matin, et il redécouvrit comme à l’identique la maison. Pourtant quelle froideur, quel affreux silence.
Il alluma une des deux télévisions du living. Celle proche de la cuisine, la plus petite.
Urbain s’assit à sa table, et il commença à soupirer. Le soupir, chez Urbain c’était le quotidien, et il rêvait parfois de faire autre chose que soupirer, pour une fois. Peut-être commencer à vivre.
Après un repas sommaire et les ablutions qui allaient de soi, il monta se coucher dans un silence de fossoyeur.

II

Ce matin là, elle avait trouvé le temps de se faire belle. Ce matin, elle souriait. Un sourire timide, en rangeant son rouge à lèvres, son passé lui revint en mémoire, et elle ne trouva rien à sourire.
La femme portait toujours les habits de sa simplicité. Tailleur rouge sur habits noirs. Jamais de jupe. Elle n’avait rien à faire valoir de plus qu’une autre. Ses talons résonnaient sur le sol en bruits réguliers et cinglants. Le sol leur donnait un effet sourd d’une beauté profonde et incomprise.
Un dernier coup d’œil à son sac, et elle s’aperçut rapidement qu’elle n’avait pas pris son portefeuille. Elle se maudit d’être aussi bête. Fort heureusement, elle le trouva. Son chat dormait dessus. Après avoir sermonné la bête ronronnante, elle partit prestement.
Le froid la transit un instant. Elle sortit de l’immeuble après avoir traversé le sombre couloir. Elle détestait cet endroit. Cet appartement. Elle ne saurait dire pourquoi maintenant, mais elle rêvait d’habiter ailleurs. Elle salua son vieux voisin de l’étage en dessous qui taillait une haie avant de descendre l’escalier, d’appuyer sur un bouton et d’ouvrir la sécurisante porte de la résidence. Elle soupira en voyant le grand portail noir menant au parking.
Ses pas crissaient sur le gravier. Son nez réagit difficilement au local à poubelles. Puis elle salua le voisin typé arabe qui lui se dirigeait vers son travail, en voiture. Enfin elle put emprunter la ruelle menant à la gare.
On ne pouvait pas dire qu’elle aimait sa situation, mais elle s’y était résignée. Elle regardait sans saveur ce qui se déroulait silencieusement autour d’elle. La noirceur du ciel la priait d’accélérer. Elle s’exécuta. Sur la poussière glacée des rues, ses talons laissaient penser à une course, en réalité elle marchait vite.
Elle atteignit vite la route. Son seul danger était représenté par la route la séparant du parking de la gare. Elle avait peut-être de la chance cette fois car elle traversa sans problème la grande route. Elle franchit le parking clairsemé, à cette heure, et elle vit le train illuminé. Pas vraiment beau mais cette lumière était fascinante. Elle était en avance. Pour autant elle ne voulait pas traîner. Comme à son habitude elle se mettait dans le premier wagon, histoire d’arriver en avance dans sa tête seulement.
Ses voyages en train étaient pour elle des escapades littéraires. Elle avait toujours un bouquin dans son sac qu’elle voulait à tout prix finir. Elle lisait de tout, des grands auteurs, des auteurs inconnus ou méconnus. Des livres qu’elle prenait comme ça, au nom le plus souvent. Elle avait lu Cujo, Des souris et des hommes, Hernani, Da Vinci Code, Zadig, des œuvres aussi diverses de style que d’époque. Elle n’avait pas de goûts classés et définitifs, elle se contentait de lire au gré de ce qu’elle voulait lire, libre et ouverte à tous les styles. Les critiques littéraires qui classaient par genre et par époques, se référant toujours à des bouquins antérieurs sans attacher d’importance au contenu, elle les snobait. Elle les éconduisait lorsque ces dernières lui demandaient de ne pas lire ou d’éviter tel livre. Et surtout ne pas toucher la couverture d’un Goncourt : C’est péché.
Elle avait une grande simplicité d’esprit, ne cherchant jamais à se poser de questions sur ce qui l’entoure. Les choses vont ainsi.
La femme avait pour elle l’amour du soleil et la haine du matérialisme : Elle adore le café et déteste l’argent. Paradoxalement pour se procurer le premier elle a besoin du second et l’absorption du premier est nécessaire au gain du second. Elle aimait le café pour ses propriétés vivifiantes, bien qu’artificielles. Elle détestait l’argent pour ses propriétés artificielles bien qu’obligatoires pour vivre.
Sur elle toujours, un sachet de torréfié. On ne savait jamais.
En tant que femme elle avait évidemment des ambitions. Mais les siennes se résumaient à bien travailler aujourd’hui. Le week-end elle dépoussiérait les meubles.
Le vide de sa vie la dérangeait. Certes elle était encore jeune mais en toute certitude elle croyait que ça allait continuer comme ça, indéfiniment. Alors petit à petit elle se résignait à accepter son sort de personne seule.
Le voyage lui paraissait long lorsqu’elle sortait de sa lecture où qu’elle n’avait plus envie de lire. Les gens autour n’étaient pas plus sociables qu’elle. Ils l’ennuyaient par leur absence de sociabilité. Non pas envers elle mais de manière générale. Les gens sont toujours forcés de se mettre les uns à coté des autres quand ils ne se connaissent pas. Elle se sentait un peu hypocrite de penser cela car elle le faisait elle-même.
Dans la compagnie elle est secrétaire. Elle s’occupe des papiers. Elle les remplit, les tamponne, les valide. Elle ignore à quoi ça sert mais chaque matin elle arrive au travail et elle doit faire ça.
C’est un travail répétitif mais qui paye bien. Enfin qui correspond bien aux besoins de la femme.
Dans la boîte, elle connaissait plusieurs personnes. Mais elle était surtout en contact avec le type bizarre près du distributeur d’eau. Un type qui ne payait pas de mine, qui arrivait chaque matin avant elle ou après selon les jours. Elle lui donnait ses papiers et lui était chargé de les classer. Malgré quelques tentatives pour engager la conversation, elle n’avait jamais échangé plus de trois mots avec lui. Mais bon. Ce matin, elle lui donne la première fournée de paperasse, et lui la rembarre d’un signe de la main. Elle s’en fiche, après tout elle n’est pas là pour discuter.
A la pause café, elle se presse de prendre un café et de retourner à son bureau. Pas question de perdre du temps. Elle savait que ce temps là n’était pas compté en plus mais au moins elle avançait dans ses papiers. Et cela la remplissait d’estime de savoir que son travail serait fini ce soir. Une vieille habitude de sa jeunesse de ne jamais rien laisser vacant.
A la pause déjeuner, elle se contentait de prendre un repas à emporter au fast-food du coin. Puis elle remontait jusqu'à son bureau. Chaque pause était un crève-cœur. Le temps était pour elle une denrée privilégiée. En perdre relèverait du sacrifice personnel. En gagner était un grand plaisir. Compter ses heures, une occupation de plus. Sur les chiffres de son ordinateur elle faisait une fixette. Une seconde de trop à rêvasser la perturbe grandement. Elle avait le chic de se prendre la tête sur des petits riens qui lui paraissaient des montagnes.
En plein travail, elle entendit de son bureau, à l’autre bout du couloir blanchi à la chaux, le patron appeler Urbain, son collègue si peu entreprenant auquel elle délivre le papier.
De retour à la petite pièce de son bureau, elle aperçoit en coup de vent une collègue qu’elle n’aimait pas trop, prompte à la pause café, mal maquillée et l’air hagard, signes de nuits agitées et festives.
La collègue la salua :
-Salut, Lucie.
Lucie haussa une main amicale, relativement timide et prononça un « Salut » concentré ailleurs. Lucie ne se déconcentra pas pour sa collègue car elle attachait plus d’importance à retrouver sa clé USB. Ah la voilà. Cette miniaturisation des objets la tuerait un jour.
Elle se demandait pourquoi le patron avait appelé ce collègue si calme. Elle se rattrapa soudain en se disant que c’était de moindre importance. Un nouveau tas de papiers devait être reclassé. Elle le porta jusqu’au bureau maintenant vide.
Maintenant qu’elle lui faisait face, ce bureau vide la tétanisa. Elle réfléchit à ce qui pouvait arriver à Urbain, à ce type qu’elle voyait tous les jours mais avec qui elle n’entretenait rien de plus sérieux qu’une délivre de papiers qui devaient être terriblement harassants à classer. Elle eut des sentiments contradictoires. Poser le tas de papiers, ou ne pas le poser ? Donner cette charge à un homme qui sera peut-être énervé de la trouver là, peiné, lésé….
Elle coupa court aux substances compromettantes qui bouillonnaient en elle et posa le tas de papiers en se maudissant de se prendre la tête pour un pauvre type.
Le reste de la journée se déroula normalement. On informa juste Lucie qu’une grève allait avoir lieu. Comme c’était une employée sans soucis avec la direction, et comme elle ne jugeait chaque situation qu’avec sa logique cartésienne et froide, Lucie ne ferait pas grève. Elle s’excusa silencieusement pour ses courageux collègues grévistes.
Lorsque le soir même elle rentre chez elle, Lucie se permet parfois d’acheter un gâteau, une pâtisserie ou quelque chose à boire. Ca passe le temps. On ne savait jamais, elle pouvait avoir un train en retard aujourd’hui. Et en rentrant, comme elle était souvent fatiguée par le trajet et parfois elle ne mangeait pas.
Ce soir là, le paysage lui passa inaperçu puisqu’elle piqua du nez à chaque fois dans le train grinçant qui la ramènerait chez elle. Parfois dans son inconfortable sommeil elle se disait qu’elle devait avoir l’air ridicule ainsi. La journée s’achevait dans une froideur plus évidente que le matin ou elle était plus sûre d’elle, plus assurée de rester éveillée. En rentrant chez elle, elle redécouvrit l’appartement qu’elle avait quitté ce matin même, sans illusions et sans espoirs. Elle retrouva le chat qui semblait affamé. Elle prit le temps de la nourrir. La litière attendrait. Trop fatiguée, elle partit se laver et monta directement se coucher. Cette soirée ne resterait pas gravée dans sa mémoire. En plus elle avait décelé dans le fait d’aller dormir une terrible mélancolie, un sentiment de devoir renoncer à soi même le temps d’une nuit. Et tout ça la rendait triste.
Soudain instant de réalisme avant de recommencer le lendemain, la même routine.

III

Ce jour là, quelque chose allait changer.
Le lendemain, Urbain sortit une fois de plus relativement tôt de son domicile. Lucie s’empressa de retraverser sa route dangereuse.
Ils prenaient le même train depuis deux ans mais ne s’y étaient jamais croisés que ce soit à l’aller ou au retour. Grand paradoxe du train. Vous le prenez tous les jours dans des conditions identiques mais c’est très difficile d’y voir précisément quelqu’un. Le train rapproche les villes mais pas les gens. En même temps qu’est-ce qui rapproche les gens dans les sociétés d’aujourd’hui…
Lorsqu’ils arrivèrent à leur travail, et qu’elle vint lui apporter la première liasse de papier, il la remercia.
-Merci bien.
Elle s’arrêta, surprise.
-Quoi ?
Urbain relève la tête et regarde Lucie.
-Je vous ai remerciée… Ca vous dérange ?
-Non non… C’est juste que d’habitude… Vous ne me dites rien.
-Eh bien je ne vous dirais rien la prochaine fois.
-Oh non, non ce n’est pas ce que je voulais dire…
-Eh bien quoi ?
-J’ai été surprise !
-Effrayée ?
-Non simplement surprise. Mais tout de même !
Des collègues s’étonnaient de cette passe d’armes absolument inédite. Un duel jamais vu. Ah ça ils avaient adorés les péplums, et bien non : Urbain et Lucie ça dépassait trop l’entendement pour être vu.
-D’habitude vous m’envoyez balader d’un signe de la main…
-Et alors… ?
-Rien c’est juste… Inhabituel.
Elle repartit aussi sec. Urbain la regarda repartir l’air absolument confus de cet échange. Ca avait été trop long pour lui. C’était insupportable. En plus il avait tout écouté
Il ressentit pour la première fois depuis des années le besoin de se servir au réservoir d’eau alors qu’il s’était juré de ne jamais le faire. Il prit un verre cul sec par médication immédiate à ce contact qu’il avait eu.
Les collègues avaient du mal à se remettre de ce court dialogue entre deux personnes qui ne parlaient pourtant pas beaucoup, surtout lui, une vraie porte de prison, le peu de collègues qui étaient rentrés en contact avec lui en parlaient comme d’une chose sombre et peu avenante, à éviter avec soin et sans ménagement. Et elle, bof, c’était plutôt le genre obsédée du boulot, pas une grosse fêtarde quoi, et puis elle ne faisait jamais grève. Aucune qualité. Pauvre fille se disaient les collègues.

Quant à elle, elle se sentait bizarre. Cette conversation l’avait remuée, elle qui parle peu, qui ne sociabilise pas avec les gens. Pas avec tous les gens du moins, elle avait si peu d’amis ou d’amies, ce genre de contact ça l’effrayait encore un peu.
Aucun papier ne passa la porte du bureau entre 10h15 et 11h12. Lorsque Urbain eut fini ses classements, il s’étonna que rien ne lui soit apporté. Il songea à se lever pour aller réclamer. Mais c’était incohérent. Urbain ne réclamait pas. Alors il attendit, et à 11h13 tapantes, Lucie arriva et déposa une liasse de papier.
-Désolée pour le retard !
Urbain s’étonna. Pourquoi elle lui parlait ! Ca c’était trop fort. Il voulut la réprimander mais elle était partie. Urbain poussa un énorme soupir.
Il n’eut pas fini avant 12h30 ou il se leva pour aller déjeuner. Soudain, il la croisa. Elle lui sourit ce qu’Urbain supporta moyennement.
-Excusez moi Urbain…
Il se retourna, intrigué. Ce harcèlement le tannait. Qu’allait-elle dire ? « Encore désolée pour le retard ? » « Pourquoi vous m’avez remerciée ? » « Vous avez trente centimes pour un café ? »
Il s’emporta :
-Non !
Et il partit d’un pas lourd, manger seul, dans un café.
Elle, un peu embarrassée, décida de prendre seulement des frites et remonta immédiatement à son bureau.
Paris est une ville pluvieuse en saison pré hivernale, le ciel est sombre de nuages blancs, on se sent cloîtré dans cette cloche sous vide ou le froid sec et glaçant vous griffe. Enfoui dans son manteau noir, Urbain longea le trottoir pour retourner au bureau. Il se demandait si ça allait recommencer.
Le caractère d’Urbain lui interdisait toute réaction faciale et mentale. Impossible pour lui de juger cette situation de manière objective. Cette femme, Lucie, lui voulait quelque chose. Mais quoi ? Et comment Urbain devait-il réagir ??
Il retourna à son bureau. Il lança un regard furtif dans celui de Lucie, enfoncée dans son travail. Il y avait six tas de papiers à classer sur le bureau d’Urbain. Ce dernier soupira. Il en avait pour l’après-midi.
Dans son travail il trouva des vertus apaisantes. Ah c’était bon de travailler, de s’oublier un peu. Un instant il était dans une telle furie du classement qu’il ne vit pas l’heure.
-Urbain, excusez-moi….
Il releva la tête. Lucie. Les sourcils d’Urbain eurent l’air désarçonnés.
-Quoi ?
-Il est 18h45. Les bureaux vont fermer.
-Hm…
Il se leva prit son manteau et partit vers la gare, se frottant l’œil d’une main. En marchant vers la sortie, il s'aperçut qu'elle le suivait, Il se dit que de toute manière les ascenseurs étaient en panne et qu'il n'y avait pas cinquante voies pour se rendre à la sortie du bâtiment, Alors soit, il accepta qu'elle le suive. Lucie était excédée par le rejet constant et le braquage permanent d'Urbain. Elle décida de l'ignorer. Lui de même mais juste parce qu'elle le suivait.
Par un hasard incroyable ils prirent le même métro.
Article ajouté le Jeudi 24 Avril 2008 à 17h13 |
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Toutes les chips en nous sont les mêmes, lo mismo. Elles sont salées, salées avec les larmes !




*retourne écrire*
Article ajouté le Mardi 27 Septembre 2011 à 13h52 |
5 commentaires
Dominoroman 3
Un début de roman moins long cette fois : "La route"

Censé être en cinq nouvelles se rejoignant à la fin.

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Introduction

La route, le chemin, le sentier, autant de lignes à franchir pour atteindre un but précis. L’homme n’est pas guidé par son instinct mais par les cartes et les pancartes
Sur cette route ce soir, les vies se croisent sur le carrefour du destin, ainsi il n’est absolument pas nécessaire d’imaginer une flopée de lieux différents.
Juste une route, bordée par les champs, à deux voies avec la chaux blanche parant le macadam, brillant sous les phares des voitures.
Bien sur c’est la campagne, car une route en ville c’est terriblement impudique.
Pas moyen de marcher sans être regardé
Le comble quand on est dehors.

« Tous les chemins mènent à Rome »

1. L’amoureux transi de froid et la jeune fille au sourire de lumière

Un rire s’échappa à mesure qu’ils quittaient le hameau. L’obscurité de la nuit parachevait cette belle soirée qu’ils avaient passée sous les réverbères de la ville. Le crissement des pas sur le trottoir sablonneux laissa place au bruissement des chaussures sur l’herbe à peine humide. Il faisait toujours froid, mais ils étaient enfin seuls, libérés de l’emprise des murs de la commune.
Lui était un peu plus grand, et comme Elle avait froid il la couvrit d’un bras derrière sa nuque, corroborant les épaules de la fille. Le garçon avait un sourire épris pour la créature du sexe opposé qui n’était pas indifférente à cette débauche d’affection faciale.
-J’ai si froid.
-Moi aussi j’ai froid. Mais à côté de toi, je suis comme devant une cheminée sur un canapé douillet.
Il sourit car elle savait parler à la perfection, assemblant les mots de sorte à former des phrases nacrées, belles à entendre et à prononcer.
-Tu m’assures que si l’on va chez toi il n’y aura aucun problème ?
-Aucun. Mes parents ne seront pas là. Et au petit matin tu auras tout le temps de repartir.
Le garçon était d’un naturel méfiant, la fille d’un naturel calme. En effet son imperturbable flegme ne se troublait que lorsque l’amour l’emplissait de bonheur.
-Je continue à croire que c’est quand même assez risqué… Tu es vraiment sure qu’il n’y a personne ?
N’importe quelle fille aurait soupiré, levé les yeux en l’air et aurait dit « Quelle tête de nœud tu fais ! Ca fait cinquante fois que je te dis OUI JE SUIS SURE ! »
Mais pas elle :
-Je sais ce que je fais. Je sais ou je t’emmène.
Et là elle eut enfin ce qu’elle avait à donner de plus beau : Son sourire. Il observa paisiblement son sourire luisant, sans maquillage, un vrai cadeau. Les lèvres de la fille se plissaient légèrement, ses yeux se baissaient et son visage prenait une teinte rouge-rose, comme si des milliers de fleurs microscopiques venaient de s’ouvrir sur sa peau blanche divine. L’espace d’un instant le garçon eut envie de l’embrasser mais il se retint, car il ne voulait pas troubler la beauté faite femme dans son plus simple appareil, laissant ouvert à toutes les rêveries ses yeux songeurs, exprimant de sa bouche un bien-être sans pareil
Le tout dans le froid glacial de la nuit d’automne, ou les champs déserts et gigantesques étaient seuls témoins du sourire de lumière de la fille.

Au fait, ce soir, après cette nuit, le garçon va rompre avec la fille. Il va lui briser le cœur et lui avouer qu’il sort avec une autre, mieux. Et surtout, qu’elle il la veut comme amie mais pas plus. L’autre est mieux, elle saura satisfaire les attentes du garçon.

Ils continuaient donc à marcher, elle insouciante et reposée, lui agréable et frissonnant.
-Tu sais, commença t-elle pour entamer une conversation, je crois que petit à petit, la société et les mœurs vont évoluer. A terme, on sera capable d’accepter les populations sans se préoccuper de leur ethnie.
Comme elle était étudiante en sociologie elle aimait bien monologuer sur ses opinions. Ca donnait souvent lieu à des conversations intéressantes. Il convint aussi que dans la situation, parler tenait chaud. Il admit de s’y investir.
-Tu crois ça…
-Bien sur. On se dirige à grands pas vers un monde avec une race unique. Les mélanges vont donner lieu à un nouvel être humain, unique, et les distinctions cesseront d’être. On ne sera plus différenciés que par nos rites religieux.
-Il y aura plus ou moins de guerres ?
-S’apercevant de l’unicité de la race, l’homme comprendra qu’il ne fait que s’autodétruire. Mais conscient de la différence de religion, il admettra qu’il y a encore des raisons de se faire la guerre pour défendre Dieu contre les gens qui ne croient pas assez bien en lui.
-Encore des batailles pour des sorties dominicales, rien de nouveau.
-Tout est une boucle. L’homme, race unique va retourner à un état semi animal de non-différenciation des espèces identiques. Il trouvera donc un autre moyen de se détruire et de dissocier les êtres.
-Tu penses que la sexualité fera la différence elle aussi ?
-Assurément, et je pense même qu’elle sera à son tour un critère de conflit. Les gens, trop identiques, développeront une société basée sur des critères purement intérieurs. Par exemple un homosexuel musulman handicapé riche à millions sera une cible hautement discriminée.
-Ca m’étonne quand même que tu sois aussi pessimiste sur l’avenir de la société.
Juste à cet instant une adorable petite minette, un petit chat écaille de tortue, marcha de l’autre côté de la route d’un pas altier et sur, dans la même direction que le couple. Mais de l’autre côté de la route. Son habilité à rester invisible dans la nuit fit merveille.
-Je suis optimiste sur l’avenir individuel des gens et des choses. Je sais qu’à court terme nos vies seront meilleures. Question d’intuition. Mais à long terme comme tous les projets à long terme, la société évoluera vers le mal.
Il plissa les yeux. Il avait comme l’impression qu’elle faisait une discrète allusion à leur couple.
Elle refit son sourire de lumière. Cette fois cela excéda le garçon.
-Tout est en feu, tu vois. Tout brûle. Petit à petit tout se désagrège et meurt dans un flottement silencieux… C’est ce qui va advenir de l’humanité…
-Surement.
-…Du monde…
-Rien n’est moins sur.
-…et de l’amour.
Le garçon avait de plus en plus froid comme si une sorte de culpabilité silencieuse l’emplissait. Lui qui était si chaleureux en sortant du hameau semblait maintenant refroidi et peu serein.
Il avait toujours eu le sentiment qu’elle savait tout, que sa pensée outrepassait ses mots, qu’elle n’était jamais entièrement vraie avec lui. Ce sentiment d’impuissance qu’il ressentait à ses côtés s’expliquait par son incapacité à exprimer ce qu’il pensait vraiment d’elle. Pourtant ça faisait deux ans qu’ils étaient amoureux l’un de l’autre, mais lui avait toujours senti qu’il trouverait mieux, comme si en plus d’être terriblement entière elle était magnifiquement incomplète.
Au loin sur la route, la lumière des phares
Article ajouté le Mercredi 23 Avril 2008 à 12h03 |
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