If you make yourself more than just a man
If you devote yourself to an ideal
Than you became something else entirely
A legend, Mr.Wayne. A legend
C'est (presque) sur ces mots que commençait l'aventure Batman signée Christopher Nolan. Sept ans plus tard, l'ultime volet de la trilogie sort en salle et j'étais plus que prêt à aller le voir, avec mes craintes et attentes démesurées. Si les premières critiques m'avaient rassurés, celles publiés dans la semaine m'avaient nettement refroidis. On parlait d'une déception avant tout, d'un film pas à la hauteur de ses prédécesseurs, la malédiction du troisième volet aurait elle encore frappée?
Et pourtant j'étais là, devant la salle de cinéma d'Aix en Provence, prêt à enfin découvrir ce film, et en Vostfr qui plus est. Cela faisait quatre ans que The Dark Knight était sortit, mais l'attente n'avait commencée à être insupportable seulement l'année dernière, la l'immense campagne de promotion virale avait commencée. C'est avec une pointe d'angoisse que je me suis installé au milieu de la salle, et que j'ai enfin vu ce fameux film.
Après l'immense succès de The Dark Knight, on aurait pu penser que Nolan utiliserait les même éléments pour sa suite. Faire un thriller sombre et complexe, et ainsi faire de ses deux derniers volets un ensemble, en laissant sur la touche le premier film et son côté plus "aventure" et "fantastique", bien que tout ça reste très léger dans l'univers réaliste de ce Batman.
Mais il n'en fut rien. Nolan préféra donner une toute autre identité à ce TDKR, afin de rendre chacun de ses trois films si distinct qu'ils forment désormais un ensemble parfait.
Le film s'ouvre sur un logo batman à peine reconnaissable et qui ne reste pas à l'écran bien longtemps, juste histoire de nous mettre le ton. La première scène semble faire suite direct à la fin du précédent volet, Gordon dit quelques mots en la mémoire de Dent puis s'en va, et nous reprenons l'histoire huit ans plus tard, où l'on découvre dans une scène aérienne incroyable l'antagoniste majeur de ce film: Bane. Et là, j'étais fixé. J'avais vu cette scène en mauvaise qualité quand elle avait été diffusée en décembre dans les cinémas américains, et screenait sur youtube. Et la voir sur grand écran, avec le son hallucinant, et prendre conscience que j'étais enfin devant de film que je rêvais littéralement de voir... Des frissons ont parcourus tout mon corps tant cette scène était énorme.
Donc je ne le cache plus, j'ai adoré ce film. Non plus, je l'ai vraiment, mais vraiment Adoré, avec une grand A. Bien sûr, il faut 2h45 donc il y a des longueurs, mais je dirais presque que c'est tant mieux. Après un milieu de film plus mou et se concentrant sur les personnages, on en est que plus excité quand vient l'acte final.
Le problème qu'à eu la presse avec le film, c'est la comparaison constante avec The Dark Knight, comparaison qui n'a pas lieu d'être. TDKR est complètement différent, à tellement de niveaux. Batman2 était un thriller et celui ci est un pur film d'action couplé à un espèce de voyage initiatique.

Tant qu'on en est aux comparaisons: Bane et le Joker. Partout dans la presse française j'ai lu: "Bane n'est pas le joker" Non vraiment? Ce genre d'argument est juste ridicule, Bane est son propre style de vilain, il a un plan réglé au papier millimétré, et il est avant tout une force physique. Là où le Joker était une représentation du mal alors que Batman était celle du bien, en faisant deux concepts abstraits ne pouvant se battre qu'avec les idées, Bane devient une figure mythologique du mal. Il a un passé, une histoire, on sait comment il en est arrivé là et Batman devient donc par reflet la figure mythologique du bien. Et dès lors qu'ils sont devenus des représentations physiques de leurs convictions, alors la lutte l'est elle aussi. Tout se joue au rapport de force cette fois, et Batman prend vraiment cher.
Parmi les mauvais points du film, sans hésiter Marion Cotillard. Son personnage n'a pas assez de temps à l'écran pour qu'on croit à sa relation avec Bruce, mais ça reste correct. Je parle de la toute dernière scène du personnage, où notre Marion nationale rate complètement sa scène la plus importante avec un mauvais jeu d'acteur consternant, surtout avec toutes les grosses pointures à côté. Mais sinon elle est appréciable le reste du film.

Autre point noir: On voit pas assez Catwoman! La belle est absente de tout le milieu du film, et quand on voit la prestation remarquable d'Anne Hattaway, c'est franchement regrettable. Je dirais bien pareil de Bane, mais il apparait de façon assez régulière, c'est juste que j'aurais voulu le voir à toutes les scènes. Il est juste tellement bien écrit. Et sa présence... Il y a cette scène dans le prologue, où Bane et toute son équipe s'enfuient de l'avion qui se crache, et Bane regarde un de ses hommes, et lui dit: "Non, tu dois rester pour que ça ne paraisse pas trop suspect." Et le soldat est genre "Bien sûr monsieur, si vous me dites que je dois le faire" j'ai trouvé ça juste énorme. J'ai beaucoup d'autres scènes à relever, mais il faudrait spoiler pour ça.
Il y a une scène en particulier qui a fait frissonner chaque centimètre carré de mon corps, grâce à la mise en scène et la musique. Musique qui, comme dit un peu partout, est très sympa mais Hans Zimmer se recycle un peu trop. Mais bon, dans le film c'est toujours un plaisir, le thème de Bane est le plus présent, avec les coeurs qui crient: "Dishey dishey bashara bashara!" est c'est un régal dans le film.
Maintenant il faut parler des thèmes abordés. Et c'est là que le film coince. Contrairement aux deux opus précédent, il ne semble pas y avoir de fil conducteur, mais y en a t-il vraiment besoin? Ce film continu et donne une conclusion à chaque thématique vue dans les deux films précédents. On retrouve le chaos et l'anarchie, la peur, la mort, le dilemme des héros, l'homme derrière le masque ou le masque derrière l'homme, tout cela est reprit dans ce film. Et très bien traité à mon avis. Bruce Wayne a vécu huit ans sans Batman, mais il les a passé à se morfondre dans son manoir, peut il vraiment abandonner le symbole, il a déjà vécu assez pour se voir endosser le rôle du mauvais, va t-il devoir mourir en héros? Bruce a t-il besoin de Batman ou Batman de Bruce? Au centre de toutes ces questions, Gotham est montré comme cette ville moyenne qui prendra la couleur du plus fort. Tout ceci illustré par Catwoman, jeune voleuse de la classe moyenne, constamment entre le bien et le mal.
C'est le film le plus "super-héros" des trois. Le réalisme est légèrement laissé de côté pour nous proposer quelque chose de plus épique, et je pense que c'est ça qui gène. On a quand même une super arme pour le super méchant, et tout se règle avec les poings, mais comme décrypté plus haut, c'est ici réfléchi là où les autres super-héros sans mettent plein la gueule pour le loulz.
The Dark Knight Rises. Plus dense, plus fun, moins prise de tête, moins "reflet de notre société", Nolan sacrifie un peu sa touche personnelle pour nous offrir le film que Batman mérite pour conclure son histoire. Et si je n'ai pas parlé de la fin, sachez qu'elle est juste très émotionnelle, un poil ouverte, et conclue à merveille cette grande aventure. Et une des plus grandes trilogies jamais faite, à classer aux côtés des Seigneurs des Anneaux et des Parrains, sans le moindre doute, et quoi que puisse dirent les critiques déçus s'attendant à un Dark Knight bis, les adeptes du réalisme jusque dans le sang qui ne réalisent pas qu'ils sont devant un film de super-héros, les cinéphiles un peu trop huppés qui ne savent pas apprécier un blockbuster parce qu'on colle l'étiquette "intelligent" devant, et de toute façon qui trouveront qu'on ne peut donner la moindre crédibilité à un gars déguisé en chauve-souris. Et encore une fois, malgré les quelques problèmes évoqués plus haut. Rien n'est parfait. J'y suis allé avec des attentes démesurés, je suis ressorti comblé.
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