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L'AnalysaBlog
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Kanto et la science
Kanto et la science
Le titre de l’analyse porte le nom de « Kanto et la science » mais en fait la dimension de Kanto sera écartée étant donné que je me focaliserai d’abord sur RBJ. Quelques références se porteront sur RF/VF mais l’apparition du nom Kanto dans OAC m’oblige à ne pas m’occuper du Kanto de la 2G. Je m’expliquerai au fil du développement.

Je pense que ce n’est pas un scoop de dire qu’aujourd’hui tout le monde est obsédé par l’écologie. C’est un phénomène à la mode que tous les chanteurs de variété se sentent obligés d’évoquer. Pourtant c’est là un discours que Pokemon dit depuis 1995 en japonais et en français depuis 1999. Cela fait donc 10 ans ( voire 14 pour ceux familiers avec la langue nippone ) que Pokemon nous parle de notre rapport à l’environnement et mieux que tous ces discours bien pensants. Et en 2004 nous avons eu le droit au remake RF/VF qui est un autre regard encore sur ce rapport entre la science et le monde ( une étude comparée en détail des différences entre BRJ et RF/VF aurait aussi son intérêt mais bon je ne peux pas tout faire en même temps ).

S’il fallait résumer RBJ, c’est l’histoire d’un jeune homme recevant un Pokemon du Prof. Pokemon qu’est Chen jusqu’à la confrontation finale avec Mewtwo, produit de la science moderne. Du savoir à l’expérience malsaine, Pokemon est une odyssée scientifique, le héros se trouvant confronté à différentes manifestations du phénomène de la science moderne. C’est sur ce point que nous allons nous concentrer ici.

I. Une aventure dans un non-lieu

Le monde Pokemon n’a pas de nom à l’origine. Cela fait de lui un monde qui est à la fois partout et nulle part. A la manière d’un monde imaginaire, il n’existe pas. Mais en même temps, son caractère flou fait que l’on peut l’identifier à notre propre univers quotidien. Ne pas avoir de nom fait du monde Pokemon une sorte d’immense fable moderne. Certes, l’absence de nom peut avoir plein de motifs comme le fait que vu qu’il n’y avait qu’un seul monde il n’y avait pas de nécessité de donner un nom à la région. La création d’un autre pays, Johto, ayant obligé à donner un nom au premier. Possible. Mais, passer sous silence le nom du pays fut surtout un choix des développeurs de la 1G. Cela leur permettait de créer ce que l’on appelle en jargon littéraire une utopie mêlée à une contre-utopie. Je m’explique. L’utopie est un monde parfait où tout le monde est heureux et gentil ce qui est le début de l’aventure. Bourg Palette est tout mignon, Jadielle est la ville de l’espérance. Tout est bien dans le meilleur des mondes. De l’autre côté, la contre-utopie est un monde cauchemardesque déformé par la science et la cupidité des hommes. On reconnaît là la Team Rocket et Mewtwo.

Je m’arrête ici sur la géographie du monde de la 1G. Si vous prenez une carte, vous verrez que le Mont Sélénite fait exactement face aux Iles Ecumes. Les deux ont deux entrées très proches juste que l’un est au Sud dans l’eau et l’autre au Nord dans les montagnes. Cela semble isoler le monde de Cramois’Iles / Bourg-Palette / Jadielle / Argenta / Plateau Indigo du reste. Traverser le Mont Sélénite, c’est entrer dans un monde contrôlé par la Team Rocket étant donné qu’on les y rencontre pour la première fois. Face à une zone où l’on trouve Chen ( plus chercheur littéraire que scientifique étant donné le nombre impressionnant de bouquins qu’il a ainsi que son rêve de l’encyclopédie et non de l’expérimentation ), le Musée d’Argenta et le Labo de Cramois’Iles ( pôles d’étude et non de recherche commerciale et intéressée ) se dessine une zone beaucoup plus sombre où s’entassent « le meurtre, le vol et les rapines » ( Hugo dans Les Châtiments ).

Je vais ici parler un peu du Plateau Indigo qui reste un monde à part même dans l’utopie. Une fois le héros maître de tous les badges, les portes de la Route 23 s’ouvrent. Après avoir traversé les eaux et subi le contrôle des divers gardiens, il obtient le droit de descendre dans ce lieu infernal qu’est la Route Victoire. Par ses flammes, Sulfura évoque l’enfer, le royaume des morts par lequel les héros épiques comme Ulysse ont dû passer. Puis vient la montée des marches, l’ascension en vue de l’apothéose. Enfin le héros entre au panthéon, devient en fait un dieu ( le panthéon étant l’ensemble des dieux majeurs dans une religion ). Je m’arrête ici pour le moment et j’y reviendrai en fin d’analyse. Revenons plutôt à Cramois’Iles…

Bien entendu, Cramois’Iles est un lieu très ambiguë. La résurrection des fossiles, c’est Jurassik Park, c’est l’homme se prenant pour un Dieu. Quelle est alors la différence entre ce lieu et le Manoir Pokemon en ruine ?

II. Au cœur de ruines modernes

Je distinguerai deux ruines modernes dans le jeu : le Manoir Pokemon et la Centrale. Pourquoi ? Tous les deux ont deux portes à l’intérieur menant à une même porte à l’extérieur. Dans ces lieux, la logique n’existe plus. La science est devenu quelque chose d’horrible et de malsain : une aberration. Par ailleurs, le Manoir est au coin Sud-Ouest de la carte alors que la Centrale est au coin Nord-Ouest. Cette symétrie flagrante nous amène à la conclusion que ces bâtiments sont une tache, une souillure. Cramois’Iles a tenté de se guérir en créant un autre lieu où l’on veut créer en respectant les êtres et non en cherchant à les formater pour le combat comme cela a été fait pour Mewtwo dans le Manoir Pokemon. Par contre, la Centrale est seule, isolée. Repaire d’Electhor, elle est un mirage comparable à cet Oiseau Mirage qu’elle abrite. Face à Sulfura enterré dans le monde de l’utopie, Electhor est un faux soleil : la lumière des néons que l’homme a créés pour illuminer sa nuit.

Une petite remarque en passant : la CS O5. Dans la 1G, elle ne sert vraiment pas à grand chose ( alors que dans la 2G elle connaîtra son heure de gloire en étant utile dans quasiment toutes les grottes du jeu ) et on met la Grotte non éclairée près de la Centrale. Paradoxalement, le moment où l’on voit le moins clair est le moment où on est le plus proche de la Centrale. Fausse lumière et lumière née d’une illusion, la lumière de la Centrale se dissipe dès que l’on entre dans les profondeurs de la terre, dès que l’on fait un retour sur soi la fausseté de la science se dissipe et nous nous rendons compte de la nuit dans laquelle nous trébuchons.

Par ailleurs, de nombreux détails lient Centrale et Manoir : la musique qui y est relativement pesante, la présence de Tadmorv ( seulement à partir de la Jaune pour la Centrale, sans doute suite à l’épisode de l’anime où Sacha capture son Grotadmorv dans une Centrale ). La pollution est un problème souvent évoqué en particulier à Carmin-sur-Mer ( « La pollution, c’est mal. On dit que Tadmorv se multiplie » ). A la dégradation de la nature s’ajoute alors le risque de la contamination du monde de l’utopie.

Le Manoir Pokemon fourmille quant à lui de statues. Le manque de précision de la 1G s’étant précisé avec VF/RF, ces statues sont celles de Mewtwo dont les yeux en s’allumant ou en s’éteignant ouvrent et ferment les portes. Cette importance du regard fait de Mewtwo un être au regard accusateur bien qu’aussi inexpressif que celui d’une statue. Un Gamin dit se sentir « épié » dans ce Manoir. Entrer dans le Manoir c’est encourir le risque d’être jugé au nom de toute l’humanité.

Parmi les textes présents dans le Manoir, on peut citer celui-ci. Il s’agit d’un rapport du 10 septembre qui se révèle être le dernier rapport de l’équipe de chercheurs du Manoir. Il y est écrit que les savants sont « impuissants face à ses [ ceux de Mewtwo ] pièges ». Ces statues ne sont-elles pas alors des pièges de Mewtwo à ses propres créateurs ?…

Mais, grande question, qui a créé Mewtwo ? Les bribes confuses des Cramois’Iliens laissent à penser qu’il s’agit de M. Fuji, ce charmant petit vieux de Lavanville qui vous donne le PokeFlute. « Un ami du champion d’arène vivait là-bas ». C’est là la seule phrase que l’on parvient à saisir et, avec la photo dans l’arène d’Auguste, il ne peut s’agir que de M. Fuji dont la photo trône aussi au Labo Pokemon des fossiles. Une fois Mewtwo échappé ( fait qui explique cet immense trou dans le manoir, cette immense masse bleue où le sol des connaissances humaines se dérobent sous nos pieds ), M. Fuji aurait-il voulu se repentir en faisant de son système de création un moyen de redonner un équilibre à la nature ? En tout cas, avant de se charger de l’âme des Pokemon défunts, il s’est consacré à leur résurrection. De même, après avoir soigné l’utopie de ses plaies, il s’est engagé à Lavanville dans une croisade contre la Team Rocket. Ville de l’Est, Lavanville est la ville où le soleil est sensé se lever en premier. Peut être est-ce là l’ambition de ce cher M. Fuji : réveiller le monde au son de sa PokeFlute.

III. Nuit et alchimie

Même si Sulfura est l’Oiseau Mirage de l’utopie, il reste un soleil coincé sous terre. En noir et blanc, le premier monde Pokemon est dominé par la lune. Son sommet le plus haut est le Mont Sélénite. Dès lors, il fait toujours nuit. Au Musée d’Argenta, un petit vieux dit avoir acheté une télé couleur pour voir toutes les nuances de la Lune en 1969. N’est-ce pas là la même chose que ceux qui ont acheté une GBC pour jouer à Pokemon ? Pokemon est un jeu en noir et blanc car c’est un jeu où il fait toujours nuit et où les hommes ont accepté l’absence du soleil, l’absence du dieu égyptien du soleil qu’est Râ. Ils vivent perpétuellement à la lumière des ampoules, celle que leur fourni la science dénaturée de la Centrale. C’est dans un monde qui se meurt que surgit le héros de Pokemon ( je me permets de rappeler que le nom américain de Sacha est Ash soit la « cendre ». Autrement dit, c’est là un monde qui doit se relever de ses cendres pour dépasser ce gris cendré et retrouver sa couleur ).

Face à ce gris, se découpe la fausse couleur de Safrania. Cité du commerce, elle représente l’or. Par le profit, on veut faire du gris du plomb un or couleur safran. Gratte ciel, la Sylphe SARL ( je rappelle le sens de ce sigle : Société Anonyme à Revenu Limité soit ce que vous créez pour vendre des casseroles à vos voisins normalement. Etrange non que la principale firme d’ingénieurs du jeu soit irresponsable par rapport à ce qu’elle fait ? ) est la proie tant convoitée de la Team Rocket. Comme si Giovanni préparait là un rituel cabalistique, il a placé Safrania au centre d’un cercle criminel. Equidistante de quatre villes, Safrania est ancrée dans un cercle qui rappelle la lune, forme parfaite en alchimie. A Azuria, le vol ( avec la CT Tunnel ) et la violence ( sur le Pont Pépite ). A Céladopole, le jeu d’argent et la dépense ( Casino, le Centre commercial dans une certaine mesure ). A Lavanville, le meurtre et la blasphème ( meurtre d’Ossatueur ). A Carmin sur Mer, la Team est présente en creux ( évocation de l’abandon des Pokemon dans la boutique ) mais quand il y a un membre de l’Interpolice dans l’Océane on se fait tout petit, non ? Concentrant toutes les routes et tous les regards, Safrania est un faux soleil, un soleil né d’une science malsaine : un soleil alchimique. Vaincu, Giovanni partira à Jadielle. L’échec dans le monde de la contre-utopie le conduit à vouloir contaminer l’utopie d’autant plus que Jadielle est lié à la distopie par le biais de la Cave Taupiqueur. Giovanni n’est-il pas, en effet, le maître incontesté des Pokemon sol ?

Dès que le héros est en possession de la PokeFlute et qu’il commence à éveiller le monde, la Team Rocket semble s’endormir. Tel les Nosferapti que la Team semble tant apprécier, le sbire gardant l’accès à la Sylphe s’endort quand la PokeFlute est obtenue. Le jour arrive, les prédateurs nocturnes s’endorment et l’influence occulte de la science se meut en Master Ball, signe d’un espoir de maîtrise sans violence sur le monde. Moyen de communier avec ces êtres de la nature que sont les Pokemon, les Balls sont la marque d’une recherche d’osmose, de cohésion avec ce monde dans lequel l’homme vit.

Ce thème de la nuit et du cauchemar est à lier au contexte du jeu vidéo de l’époque. Je ne sais pas si tout le monde s’en rappelle mais la sortie de Pokemon est presque simultanée avec celle de Zelda : Link’s Awakening soit le Réveil de Link. Tout cet opus de Zelda est en fait un rêve et le jeu se termine par le réveil du héros. Ce contexte du jeu vidéo fait que Pokemon ne peut être dissocié de cet autre grand succès de l’époque qu’a connu Nintendo, les deux équipes ayant sans doute eu des contacts. Empêchant le héros de passer mais également la Team Rocket, les deux Ronflex sont l’incarnation de ce monde où tous vivent de nuit. Pokemon de la montagne, ils servent de barrière protégeant Parmanie comme le Mont Sélénite bloque le passage de la Team vers Argenta. Parmanie propose en effet une version de retour à la nature par le biais du Parc Safari. Sous la protection d’Artikodin ( que l’on aperçoit par les jumelles de la maison de garde Est ), la ville propose une vision de la science nouvelle ( Amonita / Kabuto ), de la chance qu’il faut oser tenter ( Leveinard ), du respect de la vie ( Kangourex et son petit ) et du caractère trompeur des objets ( Voltorbe que l’on confond avec une PokeBall. On est dès lors averti qu’il faudra se méfier de ce que l’on verra dans la Centrale… ). Maître de la glace et de l’immobilité, Artikodin s’efforce de maintenir le monde dans l’état où il est. Stopper pour retarder l’Apocalypse. Telle est la fonction de cet Oiseau Mirage qui est le seul des trois à quitter son repaire.

Au cœur de l’équilibre symbolique du monde Pokemon, les Oiseaux Mirages captivent les hommes et les poussent à les rechercher. Un mail dans le Labo des fossiles de Cramois’Iles dit qu’une équipe de chercheurs est partie explorer les grottes autour d’Azuria pour les trouver. Images captivant les hommes, les oiseaux ne sont qu’un trompe-l’œil. En courant après eux, les hommes se dirigent vers leur propre création qui les attend de pied ferme dans la Cave Azurée : Mewtwo. La rencontre finale du jeu est celle de la dernière action d’un dresseur divinisé. En battant le Conseil des 4, le héros a abattu les quatre piliers du cercle criminelle qui gangrenait ce monde tout en se débarrassant de ce mépris qui souillait l’utopie initiale c’est-à-dire son rival ( avec sont mot favori qu’est « minable » ). Devenu un dieu, il peut désormais prendre en charge la folle ambition des chercheurs s’étant pris pour des dieux. La Master Ball est ici le symbole de la rédemption de la science et de l’humanité. Après avoir créé un être qui n’aurait jamais dû exister, l’homme se rachète en offrant un espace d’amitié propre à accueillir ce Pokemon.

IV. Et Pokemon en couleur ?

J’ai ici achevé mon analyse mais j’aimerai apporter quelques précisions. Mon analyse est concentré sur RB. Colorisée, la Jaune se détache de mon analyse lunaire du jeu. En fait, la Jaune demanderait une analyse complète du jeu des couleurs qui serait trop longue pour être incorporée à cette analyse pour le moment. De même, OAC n’offrant plus de légendaires sur Kanto le pays n’y a plus de valeur symbolique. D’ailleurs tout avait été dit dans la 1G. Sinon, je finirai sur une remarque par rapport à RF/VF qui inverse le pôle lunaire étant donné que le jeu est un jour sans fin. Seul légendaire ( du moins accessible ) relégué hors du continent, Sulfura est un lointain Soleil qui est le seul Oiseau Mirage que l’on attrape en extérieur. C’est dans une clarté perpétuelle que se passe l’action. Alors qu’Evoli peut devenir Mentali ou Noctali dans RSE, il ne peut pas évoluer ainsi dans ce Kanto-ci. Sans jour et sans nuit, RF/VF crée un Kanto hors du temps, renouant ainsi avec l’idée d’espace absolu et détaché que l’on avait dans l’absence de nom de RBJ. De ce fait, la Centrale perd son caractère d’illogique et d’illusion. On crée une deuxième porte et on la refait pour qu’intérieur et extérieur concorde. Dans le jour permanent, Electhor n’est plus un faux soleil mais juste un Pokemon que l’on a oublié et qui n’existe plus face à Sulfura.

Je ne pense pas qu’une conclusion dans les règles soit vraiment nécessaire. Tout a été dit. Par contre, pour ceux qui ont eu le courage de tout lire et qui sont encore intéressés par cette question de la science et de la valeur de Mewtwo dans ce monde je vous conseille de regarder ce vieux manga qu’est Pokemon. La grande aventure. Les passages sur Mewtwo sont vraiment très beaux et les auteurs y interprètent d’une manière très intéressante les données du jeu. Je pense que cela doit pouvoir se trouver sur le Net mais sinon demandez-moi et je vous enverrai des extraits par mail si ça vous dit. Sinon j’élargirai ( vu que là ce ne sera pas que pour le style ) en vous disant que vous pouvez toujours vous rabattre sur le premier chapitre de ma fanfic : Confession d’un enfant d’une décennie.
Article ajouté le Vendredi 23 Janvier 2009 à 17h51 | |

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