Il le faut pourtant
Mais je n'ai déjà plus le temps d'écrire un article de la Saint-Sylvestre et j'ai déjà énoncé bien des choses dans mon article de retour, alors on va faire court.
2023, année en cocon pour moi. J'ai littéralement passé 11 mois en montagnes russes sur un coin de mezzanine chez mon pauvre père, à guetter comme un puceau le moment où mes forces, où DES forces me viendraient pour réaliser l'œuvre de ma vie.
J'enterre sans regret cette année passée à tuer le temps entre Football Manager, balader le chien et des idées de fangames condamnées à rester au fond d'un dossier Google Sheets. Je l'enterre comme ces pauvres lapins malades dont j'ai attendu l'agonie par peur d'abréger leurs souffrances. Dans ma famille, j'ai toujours été le fossoyeur des centaines de bêtes que l'on a pu avoir. Tout le monde pensait que c'était une tare, mais c'était peut être ma toute première responsabilité, la première chose dont je me suis saisi avec orgueil et fierté en me jurant de la mener à bien. Pour ce soir, j'ai hésité à ritualiser une sorte d'inhumation de mon ancien moi, mais fort heureusement, cette vague idée est restée tel quel dans ma tête, trop occupée d'ailleurs à préparer mon repas de réveillon. Je ne suis pas mort. À peine plus sage d'ailleurs, et à en juger par le désordre de mon appartement, je suis toujours le même, avec simplement davantage d'outils à la ceinture de mon largeot.
Je suis résolu à faire plusieurs choses cette année, mais ce sont des résolutions bien différentes des rêveries lâches et sublunaires des nouveaux ans précédents. Cette nouvelle année devra confirmer les changements qui ont opéré en moi. J'espère que j'aurai fini d'être coffré vers le printemps, que j'aurai trouvé méthode et plan de route, et que ma surface nouvelle avec le monde se sera durcie d'expériences. La perspective de ma 25ème année m'inquiétait beaucoup, mais bien qu'elle soit arrivée trop vite à l'horizon, je suis aujourd'hui très content d'avoir mon âge : guéri des nuisances de l'enfance qui ont fait pourrir mon début de vingtaine, et le regard tourné plus froidement vers mes trente ans.
Ce soir, j'ai réveillonné tout seul en costume, comme si l'organisateur d'une soirée m'avait fait faux bond. Une première qui, malgré des invitations extérieures bien vite tombées à l'eau, me tendait les bras. J'en avais très envie et aucune honte. Je m'imaginais dîner comme un roi-vampire, puis me prostrer sur ma chaise ou m'étendre sur mon lit pour effectuer un bilan et m'établir de grands serments. Or, et j'ai cessé de me voir comme mon propre objet d'étude ou de disciplinement, d'être mon propre père, mon propre sous-officier. Le Je et le Moi muni de sa trique n'ont jamais garanti quoi que ce soit. J'ai grandi et je me connais. J'ai cessé de tantôt m'idéaliser et tantôt me flageller. Je suis devenu flèche et béton romain. Je n'ai plus à me tendre de pièges ni à m'appâter, et, si ce que j'écris atteint au moins quelqu'un, vous n'avez pas à le faire non plus.
Un merveilleux, un épanouissant 2024 à tous.
Article ajouté le Dimanche 31 Décembre 2023 à 23h47 |
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