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Promise
C'est normal d'avoir un rat sur l'épaule ?

Il reste là tous les soirs, à regarder en silence les lumières vibrer. J'aimerais le voir dans d'autres plaies que celles qui percent le cœur et la langue. Peut-être que comme ça, au moins, j'aurais plus peur de parler. Il reste là tous les soirs, à écouter les bruits mécaniques du clavier, puis celui de la barre noire clignotante, quand elle rend au blanc l'encre que j'ai peur de verser.

Y'a des soirs comme ça. C'est normal d'avoir un rat sur l'épaule. Il est mort d'un trou dans la poitrine, aussi, ça doit être pour ça. Et quand il est las d'épier mes mots, il s'en retourne voir la fouine à l'oreille cassée, le furet à ses côtés, sous le regard de l'autre cerf. La ménagerie continue de faire son bonhomme de chemin pendant que je regarde ailleurs. Elle est grande maintenant, elle n'a plus besoin de moi pour exister. Ça me rend triste.

Trop occupée à trouver de quoi me distraire une autre nuit, j'oublis qu'il y a un monde dehors. Non. J'oublis qu'il y a un dehors. Alors que les bêtes vivent et dansent, c'est à mon tour d'observer en silence. Je sais pas où ça mène, mais c'est là où je vais, sans certitudes. J'ai perdu mon Rêve Étrange un soir de janvier, quand je me suis réveillée dans un appartement qui n'était pas le mien. J'aimerais pouvoir oublier les hurlements dans la cuisine, oublier les voisins qui frappent à la porte, comme j'ai oublié les semaines laissées à la poudre, une vie auparavant. J'aimerais, j'aimerais, j'aimerais, mais pourtant...je refuse. Je refuse de refaire ces mêmes erreurs, de me laisser m'éteindre petit à petit par peur du lendemain.

Et même si j'aime croire à l'existence d'un autre Rêve, ailleurs, j'ai bien plus d'espoir aujourd'hui pour le Prudent Cauchemar, qui ne ment pas.
Pendant longtemps, j'ai pris exemple sur ces magiciens qui disaient vouloir détruire le monde. Faire table rase et recommencer sur une base plus propre. Je voulais mettre le feu partout où j'allais. Brûler les faux semblants, les idoles, les peurs et les vices, et repeindre l'existence aux couleurs de ma Flamme. En faire endroit froid, sombre, terriblement doux et accueillant, comme disait l'autre. Un endroit où la ménagerie pourrait vivre librement ailleurs que sur mon épaule, et inspirer les survivants.

Et alors qu'aujourd'hui j'y pense...mes rêves et leur absence, quand le matin et moi nous sommes levés, pour où m'ont-ils quittés ? Ils doivent bien être là quelque part. Peints sur la fourrure du cerf, gravés sur les griffes du rat, sur mon épaule. C'est marrant, j'ai commencé à écrire avec la boule au ventre, à me dire que c'était foutrement ridicule de verser encore une fois ma misère ici. A quoi bon, après tout ? Chercher la sympathie d'une poignée d'inconnus ? Quémander une attention que je déteste une fois qu'elle m'est offerte ? C'est plus simple que ça, vraiment. Il n'y a rien. Rien. C'est dans le rien qu'on trouve l'espace entre le rêve et l'éveillé. Le rien, c'est le potentiel d'un quelque chose. Alors...alors peut-être qu'écrire pour rien peut se transformer en un message à moi-même.

J'imagine que ça marche. J'ai commencé les doigts engourdis après des jours de rien et de plaintes, et me voila revenir instinctivement sur ce putain d'optimisme qui me tuera bien assez tôt. Ouais, il y a un rat sur mon épaule. C'est le Roi des Rats, je vois son cœur battre dans le trou de sa poitrine. Le mien doit faire pareil, et c'est tout ce qu'il me faut. Ça me rend triste, aussi. Mais tant qu'il y a des larmes, je sais qu'il est encore là.
Article ajouté le Samedi 18 Septembre 2021 à 00h43 | |

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