
Moi quand j'essaie de dire aux gens que Berserk c'est trop bien mais que je suis tellement à Fangirler qu'ils pigent que dalleLe fait que je vienne de m'acheter pour 40 euros (six tomes) de manga Berserk devrait être une preuve suffisante que mon appétit pour ce manga est immense et que j'irais jusqu'au b... jusqu'à la limite des terres publiées de ce truc.
Mais j'aimerais m'étaler un peu plus.
Pour le moment le seul "point faible" que j'accorderai au manga, c'est la traduction qui fait des références telles que "Asiatique", "Image d'Epinal", des métaphores toutes faites et culturellement associées à notre monde à nous, alors que ça semble se dérouler dans un moyen-âge légèrement moderne sur les bords, mais néanmoins médiéval et dirigé vers la magie et l'opposition église/diable à l'ancienne, bref j'apprécie pas trop, je fais super attention à ça dans mes fics/romans hors monde réel, et du coup ça me gêne ici.
C'est minime et uniquement associé à la traduction qui, à part ça, est parfaite.
L'impression de complétude, de satisfaction, de bien-être que j'ai ressenti en lisant ces trois premiers volumes est indéfinissable.
C'est magnifiquement dessiné.
C'est diablement bien écrit.
C'est d'une modernité incroyable. Le truc date de 1988 mais si on ne me l'avait pas dit, je ne l'aurais pas soupçonné. Je n'ai pas du tout l'impression de lire un vieux manga.
Je n'ai pas l'impression de lire un manga en fait, plus un roman graphique.
La fluidité des combats est incroyable, je comprends TOUT ce qui se passe sans que ça ne doive avoir la grossièreté d'un Soul Eater, la décomposition jusqu'au ridicule d'un One-Punch Man, le dessin cinématographique d'un Naruto ou la composition ciselée mais clichée à terme d'un One Piece.
C'est un massacre sans compromis de tout concept de "Morale"
C'est un gros "fuck" aux clichés de fiction.
C'est violent mais pas ordurier, c'est violent pour une raison, pour dire quelque chose, pour exprimer une idée de l'Homme et du Monde.
C'est dur, c'est triste, ça prend aux tripes et je crois que les gens m'ont plus d'une fois pris pour un fou quand je lisais ça dans les transports, vu les grimaces horrifiées que j'ai pu faire au gré de ma lecture.
L'écriture des personnages...
De TOUS les personnages. Les ennemis, les civils, les gentils, les méchants, les bons, les moins bons, même cette petite merde de Puck est écrit avec magnificence. Je me suis pris de pitié pour les morts, les vivants, les morts-vivants, les transcendés, Guts...
Guts...
Quel personnage incroyable. Quelle volonté de vivre. Quelle force de la nature. Quelle absence de compassion, de morale, de sentimentalisme. Et ça vient de quelque part, ça n'est pas un hasard. Ses discours sur les forts, les faibles... On sent quelque chose. A la fin du tome 3 on amorce son passé... ça a juste l'air moche. Mais bien moche.
Et pourtant je l'ai aimé. J'ai vibré pour lui. J'ai aimé cette force qu'il dégage.

Moi quand Guts tue des trucsJ'avais besoin d'un personnage comme ça. D'un mec qui se bat pour se battre, qui voit très bien dans quel monde de merde il est, et qui ne s'embarrasse pas de compagnons ou de sentimentalisme suranné, non. Le monde est à chier, les faibles meurent, moi je vis. On me frappe, on me brutalise, on me torture, rien à foutre, je reviens plus fort que jamais.
C'est GRISANT. Ca m'a rappelé mon enfance primale, quand je trouvais que Dragon Ball Z était un chef d'oeuvre, que cette violence, ces combats, ces hommes musclés qui se castagnent, cette brutalité, cette virilité, cette fougue, cette morgue, cette absence de compromis
CE SANG. Du sang, mon Dieu que c'est BON ce sang. C'est ça la vie, putain. Du sang. Des morts. Des horreurs.
Et aucun, aucun putain de foutre espoir.
Comment c'est trop bien.

Les gens normaux vs moi lisant BerserkJe prends cet arc du Comte - il est tout frais dans ma tête.
J'ai beaucoup aimé tout ce qui s'est passé avec Vulgus. Guts ne s'entiche pas de Vulgus, le vieux docteur. Il l'écoute, il prend ce qu'il y a à prendre, il se casse. Vulgus s'en fout. Il a compris en quoi consistait ce monde. C'est pas grave que tu m'insultes et que tu te serves de moi. Juste, tue ce gros fils de pute. Venge-nous. Puck s'entiche de Vulgus. Le pauuuvre. Mais nous, lecteur, on sait que Vulgus va claquer, on attend juste de savoir quand. Les premiers chapitres ont été formateurs. Les gens qu'il essaie de sauver, les pauvres hères terrorisés par la peur, la mort et le désespoir qui habite leur monde, on s'en imprègne au fur et à mesure de la lecture. Le Vulgus ne va pas faire long feu, comme le curé et la gamine, comme les gens des bourgs, comme les enfants au bout des piques, comme tout.
Et vous avez beau savoir que ça va mal finir, vous êtes quand même en PLS morale et humaine quand le pauvre docteur se fait décapiter sur l'échafaud parce que vous connaissez son histoire, vous avez vu à quel point sa peur de mourir était INEXISTANTE, à quel point sa détermination à se venger était tellement forte qu'il était prêt à s'en remettre à un fils de rien comme Guts juste parce qu'il a une grosse épée et qu'il dit "Fuck" à tout.

Guts le matin en buvant son caféEt quand sa tête vole... bah vous faites la tête que j'ai faite dans le métro. Vous êtes désemparé. Vous pensiez que Guts allait le sauver. Bah non. Que Puck allait l'aider, mais que peut un elfe minuscule pour un vieillard sans jambes avec une moitié de visage brûlé ?
Dans Berserk, le pathos, la violence, la noirceur sont trois valeurs poussées à l'extrême. On se demande même comment les gens font pour tolérer ne serait-ce qu'une journée dans ce monde de merde. Bah ils font. C'est comme ça. C'est terrible. C'est dur. Quand Guts dit à Théresia à la fin - aussi déchirante que captivante - de cet "arc du comte", qu'elle peut tout aussi bien mourir, ce sera pareil, il dit juste un truc totalement vrai - j'ai bien cru que la petite allait se défenestrer, mais elle a été bien plus utile vivante que morte.
Et même son père, le Comte, l'antagoniste, le méchant, il est à plaindre, ou pas, et c'est dingue parce que le bien et le mal, dans Berserk, du moins dans ce que montrent ces trois premiers volumes, c'est une bouillie informe. Personne n'est bon, personne n'est mauvais, tout le monde est gris, rien n'est laissé au hasard, tout le monde fait ce qu'il a à faire : Naître, vivre, mourir et pourrir. Faire face à des choix pires que toutes les guerres, et prendre des décisions dont la violence les engage du berceau à la tombe...
Et cette scène interminablement bonne avec les God Hands, et ce Griffith qui semble lié à Guts, le connaître...
Aaaaaaah mais comment j'ai l'impression de lire un truc trop bon, que je ne mérite pas, que je ne devrais pas lire moi pauvre mortel... HMPH !
J'arrive même pas à parler de ce manga correctement parce que c'est une expérience à vivre. Je ne peux pas vous transcrire un dixième du millième du délire émotionnel que j'ai traversé rien qu'en trois tomes. Survivrais-je aux 36 autres ? Pas sûr. La fin du tome 3 me laisse à penser que je vais pas aimer le tome 4.
Du coup j'attends avant de le lire, je... je suis prudent.
Mais ça m'a donné envie d'écrire une fanfic Pokémon dans un monde médiéval et ça fait chier parce que je suis sûr que je serais très mauvais pour ça et...