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Les Miscellanées de M. Arcégis
de Arcegis

                   



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SpeedFic de Février 2018
Thème : Aimer à perdre la raison.

L'information suivante est susceptible de révéler quelque chose d'important et de gâcher une surprise
Cela faisait trois jours qu'elle avançait dans cette forêt sombre et profonde. L'hiver se faisait plus oppressant, plus froid, autour des aiguilles de milliers de pins sans âge, à l'écorce humide. La neige qui tombait doucement effaçait petit à petit ses traces de pas, et ouatait l'atmosphère d'un silence omniprésent. Pas un seul animal, pas un seul Pokémon en vue, seuls, des arbres, de la roche, de la terre et de la neige. Elle avait bien essayé de chercher la piste d'une proie, mais ce maudit manteau glacé effaçait toute odeur et rendait la tâche bien ardue.
Trois cycles de lumière. Son estomac et ses entrailles la brûlaient atrocement, tout comme ses muscles. Sa respiration était haletante, saccadée. Sa langue pendait piteusement, cherchant un peu de fraîcheur, malgré la température baissant graduellement. Le grand Œil brillait faiblement, là-haut, loin, bien loin au-dessus de sa tête, masqué par la couverture plumeuse des nuages chargés de neige. Il fallait qu'elle trouve une proie. Elle détestait les racines, mais, si, dans peu de temps, elle n'avait pas mangé, elle devrait s'en contenter...
La femelle Grahyéna soupira. Trois cycles de lumière que sa meute l'avait destituée de son rang de femelle alpha. Une autre femelle l'avait provoquée en duel, afin de prendre sa place. Elles s'étaient observées, jaugées de longues minutes, avant que la jeune fougueuse n'attaque. Le combat avait été bref : un violent coup de mâchoire avait labouré la patte arrière de la femelle alpha, qui avait dû se soumettre, et tout abandonner. La patte en question la faisait souffrir, une flamme diffuse, lancinante, apaisée seulement par la baisse de température. Elle avait fui, la queue entre les jambes, en gémissant de douleur et de honte mêlées. Et elle ne s'était ni arrêtée, ni retournée pour lancer un seul regard. Mais...
Il lui manquait. Un jeune mâle aux yeux de braise. Il avait la fourrure d'une couleur étrange, et dégageait une certaine odeur qu'elle appréciait beaucoup. Il l'observait souvent avec insistance, et, lors du fameux combat où elle avait tout perdu, elle avait senti son regard la suivre sur une longue distance...Où pouvait-il bien être ? Avait-il trouvé une femelle qui s'accomoderait de sa différence ? Elle se souvenait que beaucoup d'entre les jeunes femelles le mignotaient, essayant de le séduire par tous les moyens, mais il s'était montré inflexible. La Grahyéna était convaincue qu'il attendait quelque chose. La meilleure d'entre toutes, sans doute. Etait-ce elle ?
Une violente saute de douleur la prit à sa patte blessée. Elle fit une embardée en gémissant, glissa sur une pierre et s'étala de tout son long sur le chemin. Grognant et gémissant intérieurement, elle se remit debout, et tendit le nez, essayant de flairer quelque piste, pour la énième fois. Soudain, elle se raidit. Tendit les oreilles. Une piste, ténue, mais encore sensible. Un Sapereau.
Elle bifurqua vers le Sud, la truffe au sol. L'odeur se rapprochait. Puis elle vit des traces laissées en évidence. Un rapide coup d'œil lui indiqua que le Sapereau boîtait. Il ne pouvait pas être loin...La tête lui tournait légèrement. Sans doute la faim. Elle fit un bond sur le côté, un second, puis sauta carrément à la verticale, et retomba de tout son poids dans la neige. Surpris, le Sapereau eut à peine le temps de réagir. Au tout dernier moment, il bondit en avant. La poursuite ne prendrait que peu de temps...
Un énorme choc intercepta la Grahyéna dans son élan. Elle fut projetée sur le flanc, et glissa sur plusieurs mètres. Elle se remit péniblement debout, les sens en éveil, les crocs découverts, en grognant sourdement. La douleur de la chute s'était ajoutée à toutes les autres. Si elle devait combattre, elle ne ferait probablement pas long feu. Mais elle montrerait comment une louve alpha meurt, ah, ça, oui ! Ecarquillant les yeux, la vue brouillée par la neige et la faim, elle se redressa...
Et son cœur manqua quelques battements. Devant elle se tenait un Grahyéna, dont la fourrure se teintait d'or et de brun. Il semblait la regarder avec une expression amusée. Puis, il partit devant, par petits bonds ; il semblait dire : "Suis-moi". Tout le corps de la Grahyéna fit une embardée qu'elle ne contrôla pas. Elle le suivit, un bond, un autre bond, et il continuait à la mener en bateau, un bond, un autre bond, un jappement joyeux. Le feu qui la brûlait intérieurement s'était transformé, et l'avait transformée. C'était LUI. Personne d'autre, pas un autre Grahyéna. C'était LUI qu'elle voulait, c'est avec LUI qu'elle construirait une famille. C'est avec lui qu'elle voulait passer le reste de ses jours. Elle voulait sentir pour toujours sa délicieuse odeur, se noyer dans sa fourrure aux reflets d'or. Jamais, de mémoire de Grahyéna, on n'en avait vu un semblable, et jamais, probablement, elle n'en verrait d'autre.
Finalement, le Grahyéna doré s'arrêta et se mit sur son arière-train. Elle se laissa tomber, hors d'haleine, dans la neige. Le peu de forces qui lui restait s'était évaporé avec cette course. Il fallait qu'elle mange...Qu'elle mange...Mais lui...Elle le voulait aussi...Tout son corps la brûlait, à présent. Le mâle se leva, l'approcha doucement, et lui donna un coup de langue sur le museau. Elle gémit et se laissa faire. Elle ne pouvait plus bouger...Mais elle trouva la force de se lever, péniblement. Elle flageolait sur ses pattes, tendues par le froid et la course. Dans l'arrière de son corps, la douleur n'avait pas cessé.
Le mâle posa son museau sur le corps de la Grahyéna. Elle pouvait sentir son odeur...Son odeur...Et le bonheur intense. Elle l'avait trouvé...Elle allait l'aimer...
Et elle sentit des mâchoires puissantes se refermer sur son cou. La douleur la fit hoqueter. Au travers du brouillard flou de ses yeux rendus vitreux par l'injection brutale de sang, elle vit les contours du Grahyéna onduler, et ce dernier changer de forme.
Son odeur...Il avait même masqué son odeur...Elle aurait dû sentir, ce minuscule relent électrique...Le Grahyéna s'était changé en Zoroark, qui l'observait se débattre futilement, un sourire carnassier au coin des babines. Juste avant de partir, elle l'entendit rire, d'un énorme rire de Grahyéna. Puis tout devint noir.
Article ajouté le Mercredi 21 Février 2018 à 17h25 | |

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