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la piraterie n'est jamais finie
de SeaMyuu

                   



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mic mac ping pong zbreh
C'est plus un pense-bête perso qu'un article à proprement parler, inutile de lire ce qui suit si vous cherchez à rentabiliser votre temps aha
Petit récap foutrac de trucs que je répertorie avant de les perdre (si vous demandez : mon pc en fin de vie est pas trop une valeur sûre), youpla boum !!!


mars 2016
une fiche de personnage joué dans l'univers de fairy tail remanié - qu'au passage je ne connais pas DU TOUT- sur un forum de rpg.
Zulria Vasilis n'est pas à proprement parler de moi puisque les très grandes lignes de son caractère et ce qui le définit ont été proposés par quelqu'un d'autre, cependant je me le suis approprié et c'est un peu quand même mon bb :( ça va maintenant faire quelques années que j'écris au compte goutte, quelques lignes éparses par ci par là, et bon hein euh, c'est un peu faible niveau rédaction. mais j'y prends du plaisir malgré tout, et écrire ce personnage m'a stimulée puissance douze, en particulier pour ce qui est du caractère !

L'information suivante est susceptible de révéler quelque chose d'important et de gâcher une surprise
quelques notes bidons sur lui

- zulria fut soldat dans l'armée d'Iceberg
- il adore le café
- et de façon clichée, le jazz (et le rock)
- zulria a la main gauche particulièrement abîmée, il lui arrive qu'elle soit paralysée ou d'avoir des spasmes. séquelles de la guerre.
- il supporte mal la chaleur
- il est très cultivé (ohoh) en matière de botanique
- et s'est d'ailleurs passionné pour de nombreux domaines, comme l'histoire ou la linguistique
- avenant
- mais mauvais en matière de contact physique
- très bon diplomate
- il dort mal
- bissexuel jamais tombé amoureux
- posez-lui une question, il vous répondra sincèrement
- il essaie de faire en sorte que sa conduite soit aussi droite que son dos
- il aime écouter les gens parler
- a horreur de la violence gratuite



octobre 2016
zou ça dégage. début de fanfic pour le concours SL (ok j'avoue je suis une grosse michto j'écris seulement quand je pense pouvoir gratter un truc.......) qui ne verra évidemment jamais le jour après 1,5 chapitres postés. Avorté sans beaucoup de remords, même si je kiffais bien Hanau snef

L'HOMME AMER

[ CONCOURS S/L 2016 ]
CONTIENS DES SPOILERS ÉVIDENTS


Il n'est pas question ici d'une histoire d'amour, d'une aventure ou d'un drame, quoique d'un peu tout ça à la fois.
Il s'agit avant tout de l'histoire d'êtres libres qui, pour ne pas se perdre, déhanchent fiévreusement leurs esprits sur les rythmes de Mele-Mele.

L'information suivante est susceptible de révéler quelque chose d'important et de gâcher une surprise
Hanau sentait posé sur lui un regard impudique qui s'appropriait chaque pore de sa peau. Des yeux descendaient de l'os saillant de sa mâchoire en se coulant dans sa nuque, déshabillaient son corps du tissu qui le couvrait, pour enfin revenir lentement vers son visage et ne plus en bouger. C'était passionnel à en brûler mais il n'aimait pas cette sensation : quand Pia le fixait, elle lui ôtait cet état d'être éthéré, inconscient de la chair qui l'abrite. Il se sentait soudain lourd de muscles qu'il ne désirait plus et qui l'accablaient, éreintants, comme des fardeaux auxquels on sait qu'on n'échappe que le temps d'une ivresse. Il pensait quelquefois à tous ces gens qui comme lui voulaient se fuir. Certains penchaient pour l'alcool, d'autres pour quelques rails, certains encore couraient après un hypothétique amour qui comblerait leur existence pas bien trépidante.
Hanau n'avait aucun intérêt pour tout ça. Lui, il se perdait le regard dans un lointain qui n'était qu'à lui sans pour autant lui appartenir. On ne pouvait pas vraiment dire qu'il pensait. Il partait juste.
Cette fois encore, il était rappelé à l'ordre par la présence de Pia, qu'il savait en train de l'observer. Il ne la voyait pas, mais devinait sa présence chaude à quelques centimètres de lui, assise sur le tabouret d'à côté alors que lui tournait la tête dans la direction où elle n'était précisément pas.
Ils étaient venus boire un verre à La Crabaraque, où ils se retrouvaient souvent le soir avant qu'Hanau ne ramène Pia et qu'ils fassent l'amour.
Il aurait pu ignorer l'insistance de ce regard, faire comme s'il ne savait pas qu'elle concentrait son attention sur ce qu'elle entrevoyait de sa joue. Peut-être que s'il avait fait abstraction de ces picotements, il aurait pu retourner à ses rêveries. Au lieu de ça il bougea, juste assez pour qu'elle remarque qu'il était de nouveau habité :

- On t'avais perdu.

C'était une voix suave de femme, posée, qui n'avait rien de celle des jeunes filles qui minaudent.
Hanau tourna son visage vers elle. Elle jouait si bien la comédie, ses yeux souriants perdus au milieu d'une masse rousse, ondulée et soignée, qui soulignait ces deux petites lèvres fines parées de rouge. Elle lui plaisait, mais il ne pouvait s'empêcher de remarquer qu'elle avait l'air fatiguée. Quelques sillons soucieux qu'elle n'arrivait plus à cacher s'étaient insinués dans sa peau blanchâtre, rappelant qu'elle avait aussi grillé les bougies d'une trentenaire. « Ça fait longtemps qu'elle n'est plus une enfant » ajouta-t-il au fond de lui-même.

- Qu'est-ce que c'était cette fois ? A quoi tu pensais.. ?
- Rien. Je ne pensais à rien en particulier.
- Faux. Tu apprendras un jour que quand une femme te demande ce genre de choses, il faut lui répondre « à toi, mon amour »,
glissa-t-elle en riant.

Elle ne disait rien pour le moment, mais il savait que viendrait un moment où elle exploserait d'une colère triste, imbibée du besoin de ne plus subir un silence si oppressant. A défaut de pouvoir tirer un mot d'Hanau, elle occuperait l'espace de reproches sourds, de ceux qu'il est difficile d'exprimer. Il pouvait imaginer comme elle devait sentir peser sur elle le rejet ; comme la solitude montait quand un monde les séparait, eux dont les corps se côtoyaient. Seulement il ne pensait vraiment à rien. Il se disait simplement que s'il avait appris le saxophone, il aurait sans doute joué dans un petit orchestre similaire à celui qui se produisait ce soir-là.
Il posa une main sur la nuque de Pia et l'enserra tendrement en même temps qu'elle portait à sa bouche un verre de rhum. Elle buvait doucement, une main noueuse et fine autour du verre, son poignet diaphane laissant courir à la vue de tous des veines bleues limpides comme des ruisseaux de jouvence. Hanau avait déjà tracé des cartes de cette peau. Et il regardait maintenant impuissant cette femme qui perdait son temps avec lui, un soir de plus. Elle portait du rouge à lèvres, c'était rare. Est-ce que cette couche de maquillage arrivait à masquer son épiderme vulnérable au manque de baisers ? Pensait-t-elle que sans artifices elle avait moins de chances de plaire ?

- Je ne te l'ai pas dit, mais tu es très belle ce soir. Le compliment sonnait ridicule. Il baissa légèrement la tête, marqua une pause et fronça ses sourcils comme deux accents épais. Excuse-moi. Je devrais en profiter tant que j'ai ton visage à portée de mains, je suis juste un peu distrait…
- Je suis venue en sachant à quoi m'attendre, non ? La surprise est passée, on sait tous les deux que je ne t'aurais pour moi que quelques minutes sur une nuit et que je ferais passer en buvant un bon rhum. Je préfère profiter de ce que j'ai plutôt que ce dont je suis privée, alors ne t'en fais pas pour moi. De toute façon, je ne peux rien y faire…
Hanau cligna des yeux en silence et considéra avec admiration cet étalage de retenue polie et résolue. Écoute, et elle se mit à jouer avec ses doigts disponibles sans qu'il les bouge pour autant, on peut partir si c'est ce que tu veux. Peut-être que tu serais mieux chez toi ?
- Non.


Tous ces gens, c'était beaucoup. Du bruit lui parvenait de toutes les gorges, rincées ou non à l'éthanol, accompagnant les patchworks bariolés de vêtements soigneusement choisis par une foule de gens attablés, qui riaient, criaient, chantaient. Il n'était pas ici chez lui. Les hommes ne l'effrayaient pas mais n'étaient pas ses meilleurs compagnons : Pia le savait, Hanau était d'une tranquillité farouche. Dès lors que ses épaules se retrouvaient enserrées au milieu de la foule, il se terrait dans un silence animal, sauvage.
D'ailleurs pour lui, ça n'avait rien d'un handicap, ce n'était pas de l'anxiété ou de la timidité - le régime était globalement le même pour tous : les gens n'avaient pas grand chose à apporter à quelqu'un comme lui. Est-ce que cela les inquiétait ? Non, sans doute pas. Pas qu'il ai eu la prétention de valoir plus que la masse, mais il ne se sentait rien en commun avec elle ; il flottait dans une bulle que leurs doigts trop pressés de serrer des mains ne pourraient jamais saisir.
Alors il alla se perdre dans les mots de Pia, qui raconta de tout avec les doigts abîmés de Hanau emmêlés dans des mèches de ses cheveux.
Hit that Jive, Jack se lança soudain au rythme des percussions d'un Capumain, et il pensa qu'il avait envie de danser.
Il se retrouva avec Pia timidement ravie dans les bras, qui se laissait peser, légère, au creux de son étreinte. Hanau ne se déplaçait plus bien, c'était un non-talent qui avait encore réussi à se détériorer avec le temps, mais ses yeux dansaient sur le même tempo que les ondulations de sa compagne. C'était vrai, elle vieillissait, mais il aimait voir sa gorge déployée quand elle riait, la peau au grain moins tendre que celle d'une jeune adulte qui tressaillait de paire avec sa voix. C'était un rire qui pour lui savait la valeur du bonheur, et prenait tout son sens au milieu des faux-semblants et des sourires si tristes de Pia. Du bout des dents blanches et découvertes de cette élégante femme rousse qui semblait étrangement tenir à lui, il croyait entrevoir autant de petites lueurs de répit dont il oubliait aussitôt après le sens.


Ils n'allumèrent pas les lumières en arrivant dans la chambre. La lune brillait toujours haut dans le ciel, filtrant à travers les canisses des fenêtres. Un mince filet pâle se déversait sur les draps, et à ce moment sur la silhouette voûtée de Pia, assise au bord du lit.
Hanau poussa doucement son épaule du creux de sa paume pour l'allonger et elle bascula gracieusement au fond du lit. Ils se retrouvèrent là, las, étendus à quelques centimètres l'un de l'autre, dans un silence que seuls les Pokémon dehors troublaient en accompagnant le fracas des vagues de leur symphonie nocturne.
Lui se sentait spectateur de cette scène d'un autre temps, la peau sombre plongée dans l'obscurité, et n'osa bouger que pour approcher une main de cette apparition presque fantomatique, dont la carnation pâle paraissait briller, striée de cette lumière blanche. Il caressa doucement ses épaules puis ses seins à travers le tissu. S'il faisait une chaleur sèche, comme tous les étés à Alola, il senti la chaire de poule se dessiner sous ses doigts ; l'effet qu'il lui faisait encore le touchait. Chaque fois, il se disait que Pia était si douce qu'il avait peur de la froisser avec sa peau presque râpeuse, abîmée et pourtant plus fraîche de quelques années. Il oubliait quelquefois que ce corps sans âge en avait un plus avancé que le sien, puis se le rappelait du bout des doigts, quand il parvenait à cette sensation molle qui cerclait son ventre ou qu'il touchait la peau rugueuse de ses cuisses. Il aimait ça. C'était une beauté qui dans ces instants n'appartenait qu'à lui.
Quelques minutes il continua d'effleurer du bout des doigts ses joues, ses tempes, son cou, puis il s’éclipsa dans la salle de bain pour se changer. Hanau n'aimait pas que Pia le voit se dévêtir. Face à la glace, toute sa masse corporelle raidie, il ôta le tissu de lin qui lui couvrait le torse. Il ne regardait plus quand il le faisait, avait pris l'habitude d'être précautionneux et lent quand il glissait les vêtements au-dessus de sa tête. Il ne voulait pas brusquer son corps qu'il avait tant de mal à supporter. Il se sentait, tout en muscles, gonflé de puissance, les deltoïdes saillants, le dos droit et taillé, comme une farce qui se répétait à l'infini dans les miroirs. Dans sa peau tannée caractéristique des natifs de l'île, des plaies cicatrisées noirâtres donnaient l'impression que le côté gauche de son abdomen était poinçonné, pour qu'on puisse détacher un pan entier de lui en tirant dessus.

On n'y peut rien, il y a des trucs dans la vie qui craignent.
Seulement il y en a, plus que d'autres.

Surtout cette putain de morsure.

La marque que ce Sharpedo avait laissée était une sorte de coup du karma : beaucoup l'avaient vu comme une chance inouïe qu'aucun organe vital n'ait été éventré entre deux rangées de crocs, là où pour Hanau c'était aujourd'hui encore comme une petite mort insidieuse, qui vous a bouffé tout entier mais vous garde pour que vous puissiez constater l'étendue des ravages.
Se regarder nu, c'était voir dans un tas de chair inapte le sceau de l'ironie.
C'était pour lui le symbole d'une vie gâchée, mutilée, sacrifiée sur l'autel du mauvais œil. Partout où il allait, c'étaient des barreaux sans cellule, comme un long couloir d'errance sur les murs duquel il tâtonnait en cherchant une issue - mais rien ne venait.
Hanau aurait très bien pu vivre avec le handicap d'une hanche veule et d'une moitié gauche aux gestes douloureux, si ce n'était que ça. Seulement, cette blessure lui avait coûté l'océan. Car si les enfants de Mele-Mele étaient placés sous le signe de ces eaux limpides, Hanau n'avait jamais offert totalement son corps qu'à elles.
Jamais il ne s'était plus à la maison que plongé dans ces paradis sous-marins, écrasé par une plénitude qui explosait en des milliers de couleurs s'agitant au gré des remous de la houle. Lui volait, courait, vivait entre les coraux. Il était taillé par cette eau qui coulait sur lui, son être tout entier était poli pour se mouvoir dans cet univers dont il s'imbibait à longueur de journée.
Il avait été un prodige et fendait les vagues comme peu avant lui. Aujourd'hui il vivait dans une sorte de continuité cotonneuse dans laquelle il flottait sans vraiment y prendre part. Partout où il posait les yeux, la vie continuait ; la poussière s'accumulait sur ses étagères, le fils du voisin faisait ses premiers pas sous sa fenêtre, et lui restait piégé les pieds dans le sable, incapable de se mouvoir, de passer outre ce qu'on lui avait enlevé. Il se sentait vide et dépouillé.

Quand il retourna dans la chambre, Pia dormait en lui tournant le dos. Le drap embrassait sa nudité qui apparaissait presque fragile ainsi soulignée. Hanau aurait voulu l'aimer à cet instant comme elle le méritait. Il aurait voulu être à elle, mais il n'avait jamais pu ; il était homme d'autres passions.







Tout était d'un blanc aveuglant à Aether. Il fallait se figurer ces immenses baies vitrées à travers lesquelles les rayons du soleil se décuplaient comme autant d'envoyés de Solgaleo, pour venir mourir en flaques sur le sol de marbre blanc. L'air pourtant était frais, et les couloirs que l'on traversaient étaient autant de petites oasis : des plantes luxuriantes qui vous accueillaient de leurs corolles bourgeonnantes, des sièges aux tapisseries d'un vert gras comme les succulentes qui pavaient les îlots de verdure intérieure, et ça et là, des Pokémon qui se baladaient. Tout avait été pensé pour rendre l'édifice agréable à vivre, de la climatisation à l'entretien en passant par ce sol antidérapant, dont la présence était signalée sur toutes les portes, comme le gage d'un confort digne des plus luxueux édifices. En effet, si les locaux d'Aether ne vous donnaient pas la sensation d'être des ducs vêtus de feuilles d'or, on sentait qu'ici les murs sobres étaient passés dans les mains des plus grands ingénieurs pour offrir ce qu'il y avait de meilleur. L'architecture était à l'image de l'organisation : soucieuse d'apporter le nécessaire à ses pensionnaires.
Pia avait beau n'être toujours que de passage sur l'île, elle aimait savoir qu'il existait cette espèce de Mecque du génie scientifique à Alola ; l'organisation garantissait le soin de nombreux Pokémon tous les ans en plus d'être l'épicentre de recherches primordiales.

– Mademoiselle Begiorra ?
Sana ! Bonjour, je vous cherchais. J'espère que vous allez bien.


Une main à la poigne aussi enchantée que l'air de son interlocutrice serra la sienne.
Sana avait signé deux ans auparavant un contrat qui avait fait d'elle une infirmière surbookée à l'ineffable sourire, et elle prenait plaisir à voir ces deux grands yeux pétillants sur lesquels étaient juchés d'épais sourcils d'un noir profond. C'était une petite pile que pourtant Pia savait épuisée à la fin de ses journées - et fane de feuilletons de début d'après-midi, de ceux que l'on garde pour les phases de digestion somnolente et léthargiques.
Elles s'étaient rencontrées à plusieurs reprises déjà. Pia avait beau travailler à Mele-Mele, ses services étaient précieux pour Aether. Elle avait souvent côtoyé de près les matières grises les plus bouillonnantes du Paradis qui estimaient ses qualités de comportementaliste Pokémon.

– - Je suis désolée, j'aurais du y penser : j'ai dit que je m'occuperai de vous donner le dossier mais le jeudi, c'est le cirque et j'ai eu du mal à trouver du temps pour me libérer... Vous n'avez pas couru partout au moins, si ?
- Je viens d'arriver,
lui glissa Pia d'un ton rassurant.
- Tant mieux... Donc,
entama Sana en priant son accompagnatrice de la suivre dans une longue succession de couloirs, je n'ai pas eu personnellement l'occasion de m'occuper du cas, mais on m'a transmis ce que vous aviez à savoir. De toute façon si vous avez besoin, des rapports ont été établis, pour ce qu'on a jusqu'à maintenant. Pas grand chose. Et c'est là que vous intervenez ! C'est un Pokémon sauvage recueilli et soigné au comportement agressif. Qui dit agressif, dit potentiellement violent une fois dans la nature, et vous comprenez, pour le relâcher il nous faut des garanties... Autrement – c'est écrit juste là, sur cette feuille - nous prenons le risque de recueillir d'autres Pokémon qu'il aurait lui-même blessés.

Pia haussa un sourcil et ralenti le pas :

- Je ne savais pas que vous opériez une rééducation sur les comportements à risque pour d'autres espèces ? J'ai du mal à croire qu'un simple Pokémon, seul, décime la population d'un autre. Vous avez eu de nombreux cas de prédateurs, qui plus est non dressés, Aether sait qu'ils sont prédisposés à rendre les soins plus laborieux et à montrer des penchants hostiles enfermés ici. A moins qu'il ne soit pas sain ? Et dans ce cas il y a un programme en place, les Pokémon qui ne sont plus fidèles à la chaîne alimentaire ne sont jamais remis en circulation, ils ne sortent pas du parc du Paradis. Son regard s'était durci en même temps qu'elle décortiquait à haute voix le problème qui lui était posé. Tout ça est contraire à la politique d'Aether. Je ne comprends pas en quoi je peux être utile ici. Qu'est-ce que c'est que cette histoire?

Sana, qui fixait Pia et écoutait attentivement ses remarques dubitatives, s'arrêta presque aussitôt devant une porte qu'elle ouvrit. Mais il n'y avait rien de spécial à l'intérieur, rien que quelques chariots avec des bandages et pots de désinfectants gentiment alignés dans des bacs d'aluminium.
Pia se frotta les tempes en comprenant qu'elle avait été malgré elle impliquée dans quelques chose qui ne lui plaisait déjà pas beaucoup.
Se saisir à pleines mains de travaux laborieux était l'une des choses qu'elle faisait le mieux : c'était une femme brillante, à l'efficacité et l'esprit reconnu. Personne ne pouvait le lui enlever. Une fois penchée sur ses feuilles recouvertes de petites pattes de mouches, son attention entière imbibait le papier, se fondait dans les paysages qu'elle observait. Elle aimait ce qu'elle faisait, et le faisait bien. Cependant, en véritable professionnelle, elle avait appris au fil du temps à ne jamais laisser empiéter ses missions sur le temps qu'elle s'accordait. S'il lui arrivait de partir dans les forêts humides à la recherche de clans de Gouroutans, moites d'un air qui semblait privé de pesanteur et qui donnaient l'impression aux sens que la chaleur avait une odeur, un corps et une présence palpable, alors Pia ne faisait plus que ça. Elle s'entendait avec elle-même pour faire abstraction de son temps libre, de ses habitudes, de Hanau.
Et voilà que maintenant on lui faisait le coup du suspens et qu'elle devait jouer aux devinettes si elle voulait un salaire descend à la fin du mois.

- De ce que j'ai compris, ce n'est pas d'un prédateur, Mademoiselle Begiorra. Plutôt comme une sorte... de Pokémon spécial ? Et énervé. Je n'en sais pas plus sur lui en particulier, juste sur ce que vous aurez à faire.
- Bon. Il était ici, non ? C'est sa cellule de quarantaine ? Ça sent.
- Mademoiselle ! C'est impressionnant,
s'exclama Sana avec surprise avant de se reprendre, oui, il était bien ici. J'utilise le passé parce qu'il n'y est plus : il s'est enfui et apparemment aussitôt après sa trace a été perdue.
- Dangereux et malin. Ils abritent quel genre de monstre, ici ?
- Vous risquez de bientôt le savoir,
dit-elle dans une grimace, comme si le dire lui avait fait réaliser que ce n'était pas un moment opportun pour les dialogues de type série Z, ils vous demandent de le retrouver grâce aux quelques renseignements rassemblés sur lui et d'établir une observation en milieu naturel. A ce propos, la direction m'a fait transmettre que si vous le trouviez, vous devriez contacter Monsieur Saubhone qui vous placera immédiatement sous surveillance. Par rapport à la dangerosité, vous comprenez.

Sana parti en saluant chaleureusement Pia, la laissant seule dans cette petite pièce vide. Les bruits lui parvenaient aussi ténus et fragiles que des fils de soie ici. Ils lui semblaient s'étirer et s'amenuiser à mesure qu'elle les écoutaient, en s'imaginant qu'elle pourrait ignorer la curiosité qui faisait palpiter ses doigts. Elle les passa, le sang picotant légèrement à leurs extrémités, dans ses cheveux et apprécia de les sentir se frayer un chemin entre chaque mèche, qu'elle ramena derrière ses oreilles un peu décollées.
Elle contempla un instant le dossier qui lui avait été remis : il n'était pas bien épais, et ne portait pas d'intitulé particulier. La première page se contentait d'annoncer les dates de soins du Pokémon, quelques relevés sanguins et données que Pia ne savait pas interpréter.
« Quelle bande de bouffons tout de même », pensa-t-elle en se repassant la discussion, « ils refusent d'admettre catégoriquement si le Pokémon est dangereux ou non, mais ne crachent pas sur un petit compte rendu de ce qu'il est capable de faire dehors. Il faudrait savoir, la science ou la bien-pensance ? »
Pour la première fois, elle se rendait compte que des organisations du calibre d'Aether n'étaient pas infaillibles et que cette petite ruche grouillante de bienveillance ne pouvait pas être sur tous les tableaux. En feuilletant le dossier elle voyait que l'affaire n'avait rien d'un scandale d'état, mais certains éléments la laissaient croire qu'il s'agissait du truchement timide de quelque chose qui n'avait rien de forcément glorieux. Elle prendrait bien le temps de mettre ça au clair une fois installée dans l'une de ses chaises de rodin, puisqu'il ne lui restait plus que ça à faire. Pia vouait un intérêt immense aux Pokémon, et s'il y avait quelque chose à gratter du bout de l'ongle dans cette affaire, alors elle en serait ; elle fourrerait ses mains blanches dans ce qui lui semblait pour le moment être un sacré tas de merde.


+ dessins et tout lzbeul

Article ajouté le Mardi 03 Janvier 2017 à 16h11 | |

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