Go pour le deuxième chapitre !Ninon chutait inexorablement. Lorsqu’elle toucha le sol, elle vit qu’il faisait noir. Seules quelques torches éclairaient faiblement les lieux. La jeune elfe se releva, se secoua pour faire tomber la terre et la poussière, et prit une torche dans sa main. Jusqu’à présent, elle n’avait pas compris pourquoi Mylène leur avait donné une épée en bois, mais elle se disait à présent que c’était un cadeau généreux, vu l’endroit sinistre qui s’offrait devant elle. Mylène ne leur avait jamais parlé de cette sorte de cave…et si personne n’en connaissait l’existence ? Et si Ninon avait fait une énorme découverte qui allait changer sa vie et celle de ses amies ? Elle frissonna, se dit qu’il était temps d’éclaircir ce mystère, et se mit en marche.
Soudain, quelque chose surgit par derrière et lui tomba dessus. L’elfe poussa un cri surpris en se débattant contre la chose qui était tellement énorme qui aurait pu entraver ses mouvements si elle y mettait de la bonne volonté. L’épée ! Il fallait se servir de l’épée ! Ninon saisit l’arme et fit un geste brusque de bas en haut, destiné à ouvrir les entrailles de la bête. C’est alors qu’elle se rendit compte que la chose n’était qu’un déguisement. Celui-ci avait un corps de lion, une tête de chèvre sur le côté gauche et un serpent en guise de queue.
<< Quelle drôle de bestiole ! Aaaah, mais oui !! C’est une chimère… ! >>
Ninon se sentit fière d’elle ; Mylène le serait sûrement si elle avait été là. Or, ce n’était pas le cas…la pauvre elfe était toute seule…avec une fausse chimère en tant que compagnie de secours… C’est alors qu’elle vit un petit papier agrafé sur le déguisement. Elle le prit et le lut à voix haute.
<< Déguisement fait pour être utilisé. Je t’en prie Ninon, sers-t-en. >>
Il n’était pas signé. Pourtant, elle était sûre que c’était l’écriture de Mylène. Elle soupira et mit le vêtement après hésitation. Elle fourra son parchemin dans la poche de son jean et referma le déguisement, puis se mit en route. C’était difficile de marcher avec une tenue pareille ; on se serait cru dans Scoubydoo, avec une telle anatomie robotique. En effet, Ninon était debout, sa tête arrivant entre les épaules de la chimère. Elle pouvait voir grâce à des trous dans le cou du lion. La bête ressemblait tellement à une vraie, comme empaillée ou même vivante, on pouvait même se l’imaginer rugir et cracher des flammes, se battant vaillamment dans l’obscurité ! Ninon peinait à avancer, c’était presque trop lourd pour elle.
Malgré cela, elle continuait de marcher péniblement droit devant elle. Elle se rendit compte que la salle sans fin était une sorte de labyrinthe, si bien qu’elle dût changer de trajectoire, arrivant de temps en temps dans des culs-de-sacs.
Alors qu’elle faisait une petite pause, une énorme masse noire fonça droit sur elle, arrivant par son côté droit. Le choc fut inévitable. Ninon tomba à terre, tandis que la chose titubait en arrière, se plaqua contre le mur, découvrant la chimère étalée sur le sol. L’elfe se releva douloureusement, puis contempla le monstre devant elle. Il était entièrement recouvert de poils noirs, possédait des cornes blanches et des sabots noirs. Il était criant de vérité.
<< Mi homme, mi taureau…hen…mais…c’est un minotaure ! Au secours !! Il va me tuer !!
- Une chimère qui parle ?! fit celui-ci dans un petit mouvement surpris. Quelqu’un peut m’expliquer depuis quand des chimères ça parle humain ? >>
Ninon ne lui répondit pas et lui jeta sa torche – qui était jusqu’alors dans la gueule de la tête de lion – devant les sabots, histoire de le mettre en garde. Elle mentit en espérant sauver sa peau :
<< Fais attention je peux te cracher du feu en plein dans le ventre !
- Ouais ben moi chuis une espèce de taureau là, et chuis mal barrée… >>
Le minotaure lui donna un coup de corne, imprudent face au « danger ». Ninon chuta à nouveau, mais en profita pour le propulser d’un coup de pattes mécaniques contre le mur. La bête mythologique secoua sa grosse tête, se leva, brandit son épée en bois et fonça sur la chimère.
Une épée en bois. Il avait une épée en bois.
<< Stooooop !! C’est moi ! Ninon !
- Ninon ?! Mais qu’est-ce que tu fous… ne me dis pas que Mylène t’a aussi demandé de te déguiser ?
- Si ! Par contre, veux-tu bien me dire…qui c’est sous cet énorme manteau de fourrure ?
- Ah pardon, c’est moi.
- Euh...ça ne m’avance pas beaucoup là…
- Alexia, désolée ! >> ria-t-elle alors en aidant son amie à se relever.
Toutes deux jugèrent bon d’enlever leurs lourds habits imitation bestioles légendaires, ce qu’elles firent alors. Ninon reprit son bout de bois enflammé. Elles abandonnèrent les déguisements en plein milieu du chemin, et cherchèrent ensemble la sortie de ce bien étrange labyrinthe. Après une vingtaine de minutes, elles rencontrèrent deux voies. Laquelle fallait-il prendre ? Tout droit, ou bien à gauche ? Telle était la question quelles se posaient.
<< Mais Alex’, tu viens forcément de quelque part, d’un cul-de-sac comme moi. Où était-ce ?
- J’en sais rien, moi !
- Tu ne sais pas garder des repères ? Ca ne t’a pas traversé l’esprit ?
- Bah nan. Comment veux-tu avoir des repères dans ce trou à rat pareil ?
- Je ne sais pas moi…tu peux par exemple creuser un trou, faire un petit monticule de cailloux…
- Parce que tu crois que je vais perdre mon temps à faire mumuse dans la terre ?
- On ne commence pas une phrase par « parce que » !
- Roh oui c’est bon, c’est pas le moment pour un cours de français. Faut qu’on sorte de là au plus vite. Ah ! Je m’en rappelle ! J’ai fait une ligne droite depuis le début !
- Hallelujah Alexia ! >>
Et c’est ainsi qu’elles prirent le chemin de gauche. Au premier tournant, Alexia rencontra un obstacle en pleine figure.
<< Aoutchaïe ! >>
Les deux filles reconnurent aussitôt la voix.
<< Toi ! Tu vas tout nous expliquer ! réclama l’amazone en plaquant l’intrue. Et vite ou je te plante ma super épée de bois dans l’crâne ! >>
La fille au sol gloussa. C’était Mylène.