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Pokémon à la conquête du clavier : pédagogique ?
Le jeu est sorti en France il y a deux mois environ et, ne nous voilons pas la face, fait un bide complet chez nous.

Il a été annoncé, que ce soit ici ou au Japon, comme un jeu "pédagogique" : étant dans la profession, j'ai voulu savoir d'une part ce que Nintendo entendait exactement par "pédagogique", et d'autre part pourquoi ce jeu ne soulevait pas l'enthousiasme des foules. Y aurait-il une relation de cause à effet entre les deux ? Et comme par hasard, voilà que je trouve Pokémon A la Conquête du Clavier au pied du sapin le soir de Noël !

Voici donc une analyse personnelle de ce jeu, et plus particulièrement de son côté "pédagogique".

Tout d'abord le principe.
Il s'agit d'apprendre à utiliser vite et bien un clavier d'ordinateur : en gros, un cours de dactylo en accéléré dans l'univers Pokémon.
Pourquoi pas ? L'idée semble intéressante et peut effectivement séduire des parents désireux de booster les capacités informatiques de leurs rejetons. Le concept peut également attirer des "clavistes" peu rapides et peu efficaces qui, comme moi, n'ont jamais appris à se servir correctement de leurs dix doigts...

La boîte contient une cartouche de jeu Pokémon (à utiliser dans une DS comme n'importe quelle autre version) et un clavier Bluetooth configuré pour le jeu, clavier indiqué comme étant compatible avec d'autres matériels. J'avoue ne pas l'avoir testé avec une tablette tactile, mais je reste dubitative en lisant une note écrite en tout petits caractères à la fin du mode d'emploi : "Si tu utilises ce clavier avec un autre produit (matériel ou logiciel), note que certaines touches peuvent fonctionner différemment"........................

Le jeu.
Le scénario est minimaliste : on incarne l'assistant du Professeur A. Zerty et on est chargé de l'aider à étudier les Pokémon (étudier signifiant "les rencontrer puis les capturer afin que leurs infos soient enregistrées dans une sorte de Pokédex"). Pour cela, il "suffit" de taper le nom des Pokémon qui apparaissent dans notre champ de vision. Si on y parvient, une Clavi Ball surgit et emprisonne la bête.

La progression est (un peu) plus recherchée : le jeu est divisé en niveaux correspondant aux différentes touches du clavier. Réussir un niveau permet d'en débloquer d'autres. On commence donc par explorer le "Massif de l'Alt", pour déboucher sur les "Rivages du X", en passant par les "Plaines du Q" (je n'invente rien...)
Chaque niveau est un petit parcours en temps limité avec un ou deux objectifs du style "étudier 5 Pokémon" ou "atteindre 1000 points". Chaque fois qu'on capture un Pokémon en écrivant correctement son nom, on récolte des points : si le score est élevé, on gagne des médailles. Au bout d'un certain nombre de médailles, on obtient un grade de "claviste", de plus en plus élevé au fur et à mesure des progrès accomplis.

Et le côté pédagogique me direz-vous ? Parce que jusque-là, ce ne sont que les ingrédients d'un classique jeu de plateforme.

L'objectif, rappelez-vous, est d'apprendre à un néophyte à taper vite et bien sur un clavier : il est donc possible de faire apparaître sur l'écran du bas de la DS un "guide des doigts". On vous montre en surbrillance les touches à utiliser, deux mains virtuelles vous indiquent où positionner les vôtres et les doigts à utiliser clignotent.
Bien...

Le problème, c'est qu'il est très difficile de coordonner tout ça.
Le temps d'observer le guide des doigts sur le minuscule écran de la DS et de se positionner correctement sur notre propre clavier Bluetooth, le temps de reconnaître le Pokémon qui apparaît au loin, le temps de se remémorer son nom... pfiout ! il a depuis bien longtemps pris la poudre d'escampette...

Au début c'est faisable : on nous demande de ne taper que la première lettre du nom du Pokémon. Mais là où ça se gâte, c'est quand on monte dans les niveaux et qu'il faut taper le nom complet de la bestiole, plus des chiffres ou des lettres qui apparaissent aléatoirement, plus les majuscules, les accents et tous les signes divers et variés qui ornent notre clavier.

En conclusion :
Le jeu est trop pauvre pour intéresser réellement un fan de Pokémon maîtrisant déjà l'usage du clavier (personnellement, j'ai exploré l'ensemble des niveaux en 6h...)

Et il est bien trop complexe et inadapté pour les tout jeunes : je défie un gamin de 6 ans - qui démarre donc l'apprentissage de la lecture et de l'écriture - de parvenir à écrire dans ces conditions, de mémoire et sans se tromper, des noms de Pokémon tels que LOKHLASS, PSYKOKWAK, AKWAKWAK et autre HARIYAMA.


Article ajouté le Samedi 29 Décembre 2012 à 21h18 | |

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