Chicano (Texte Facebook)
(Ecrit en environ une heure)
(Inspiré de la pub pour le DVD "Cheval de guerre")
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C’était une époque de troubles et de souffrance. La douleur s’était emparée du monde en la personne des Nazis, commandés par Hitler. D’un coup, le ciel s’était couvert de nuages noirs. Les gens n’osaient plus faire de bébés. Les hommes partaient à la guerre et les femmes s’occupaient d’enfants qui partiraient à la guerre une fois majeurs. Et pendant ce temps-là, Charles de Gaule prenait des vacances à Londres Plage. Bref une époque de troubles troublants même pour la caste politique.
Un brave Cheval du nom de Chicano parcourait la France libre depuis longtemps, distribuant le courrier aux résistants qui assuraient la pérennité du Copyright sur leurs actes héroïques dans le futur. Chicano avait toutes les qualités d’un bon postier. Il était brave, il avait quatre pattes et il connaissait toutes les adresses des résistants de France. Un jour, on lui confia une mission différente. Son supérieur, Jean Moulin, lui tapota le bout du nez.
- Chicano, je te remercie encore pour avoir pris cette photo de moi avec un chapeau, elle me fera une superbe publicité quand je serais reconnu pour mes actes. Décrié, certes, mais reconnu, surtout. Après tout, il y aura toujours des aigris pour jalouser mon courage et ma bravoure. ROSARIO ! UNE MARGARITA, JE TE PRIE !
Une brave hispanique en tablier arriva avec un verre à pied rempli d’un épais liquide vert.
- Merci Conchita. Enfin bref. Chicano. D’habitude, tu amènes aux résistants les derniers prospectus pour qu’ils aient vent des soldes à Aldi. C’est une noble tâche qui t’honore et qui t’honorera toujours sur des monuments aux morts souillés par les pigeons. Mais je veux à présent que tu ailles dans ce quartier habité par des Justes, tu sais, ceux qui hébergent des petits juifs pour les protéger de ces pourris de nazis.
Le cheval hocha la tête. Il connaissait les tenants et les aboutissants de la seconde guerre mondiale par cœur, depuis la naissance d’Hitler aux réalités alternatives d’Eric-Emmanuel Schmitt – qui ne sortiraient cependant que des années plus tard en librairie.
- Tu devras livrer ces publicités pour des restaurants asiatiques. Les petits juifs doivent bien fêter Noël et manger du canard laqué – enfin du chien laqué, vu que tout ce qu’on peut trouver dehors en ce moment c’est des cadavres de petite fille ou des chiens – qui mangent les cadavres de petite fille. Bref, Chicano, la France compte sur toi. Va délivrer ces dépliants sur les poignées de porte de tous les Justes de France et la Nation saura te récompenser pour cette bonne œuvre.
Chicano hocha la tête et hennit. Il porta les dépliants dans les sacoches sur son dos, puis il partit à toute allure remplir son noble office.
Une fois arrivé au quartier où se cachaient tous les Justes, il se contenta gracieusement de poser les dépliants cartonnés sur les portes. C’est cependant avec horreur qu’il constata qu’il y avait plusieurs sortes de dépliants, et qu’il fallait les placer à quantité égale sur les portes, ce qui l’obligea à faire des allers retours embarrassants. Evidemment, les SS le repérèrent.
- ACH ! Toi, vilain petit cheval ! Pourquoi rôdes-tu ainsi ?
Chicano pouvait se battre. Il avait appris les arts martiaux avec son professeur Staline. Mais hors de question de se battre contre les SS dans un quartier aussi sensible. En effet, il arrivait que, pour rigoler, les petits juifs sortent des maisons des justes pour narguer les SS. S’il laissait se prolonger une confrontation face aux nazis et qu’un crétin de petit juif venait faire des grimaces à un kapo immobile, il serait dans une sacrée merde. Jean Moulin lui en voudrait grave.
- Ach ! Aber… Aber tu n’es pas eine petit cheval !! Tu es eine Jude !!!
Chicano s’étonna, et s’aperçut qu’il avait autour du cou des dépliants de restaurant asiatique en forme d’étoile jaune du drapeau chinois. Zut de flûte !
- Ach ! Ce visage allongé, cette peau dégoutante, ces pattes osseuses et ces sabots crochus !! Et cet amour pour l’argent !
Chicano regarda la paille dorée qu’il mâchonnait. Damned !!
- Mon œil de Bon Aryen ne me trompe pas ! Tu es un juif ! JUIIIIIIIIIIIF !
Une horde de nazis arriva alors et se lança dans un numéro musical dont le titre était « Ce cheval est un juif », mais vous attendrez que cette nouvelle soit adaptée en film pour en savourer toutes les subtilités. Sachez juste qu’il aurait duré quatre minutes treize secondes et qu’il aurait comporté une performance signée Whoopi Goldberg.
Passons. Notre ami Chicano fut déporté à Auschwitz, un affreux camp de vacances qui – par chance – n’avait aucune étoile. C’eut été se foutre du monde. Des douches si infectes que les gens n’en sortaient pas, des corvées à la pelle, des vêtements immondes… Chicano regrettait le confort délicat et raffiné de la Résistance.
Et puis la radio, là-bas…
*RADIO LOOOONDRES !*
« Radio Londres cette semaine avec notre invité permanent Charles de Gaule. Charlie, bonjour !
- Uuuuuuh Bonjour les français ! Comment ça va, les petits juifs ? N’ayez pas peur, Papa revient bientôt pour vous sauver avec ses amis américains ! Ce n’est qu’une question de temps mes petits. D’ici là… Restez concentrés !! Huhuhuhuhu ! »
Les juifs observaient les haut-parleurs, plutôt amusés par ce message d’espoir.
- Il est bon !
- Vivement qu’il vienne nous sauver !
- Lui ou les américains ?
- On verra bien, mais en attendant c’est lui qu’on entend dans les médias, donc ce sera lui le héros !
Chicano fronça les sourcils. Il avait servi Charlie bec et ongles, mais là, franchement, cette émission lui paraissait amère et mauvaise. L’enfermement, probablement. Une petite fille s’approcha de lui. Elle était connue sous le nom de Simone.
- Chicano, les temps sont durs. Tellement durs que je voudrais ne jamais être née pour les vivre.
Chicano acquiesça. Peu à peu, lui et Simone devinrent amis, à force de jouer au foot avec les ballons en peau de « on ne savait pas trop quoi » qui trainaient. Un jour, en ricanant devant de grands fours à pain qui brûlaient toute la journée en crachant de la fumée noire puante, Simone soupira.
- Chicano, il faut s’enfuir.
Chicano acquiesça. Le jour venu, Simone grimpa sur Chicano.
- HUE DADA !!!
Chicano fonça vers les fils barbelés qui bordaient le camp. Les nazis, obsédés par la beauté et la perfection, étaient subjugués par la musculature du cheval.
- Ach, ça c’est un homme qui peut vous emmener au septième ciel… soupira un grand garde blond aux yeux bleus.
Chicano sauta la clôture avec grâce. Les nazis dans leurs miradors purent enfin remarquer ce qu’il transportait : Une petite fille.
- ACH ! Une petite fille !!!
- Elle n’a aucun intérêt, elle n’est pas pubère !
- Tuez l’impubère !!!
- Laissez le beau garçon noir qui la porte en vie !!
Les tirs retentirent au moment où Chicano posa le pied à terre.
- Plus vite Chicano ! Je veux vivre ! Plus vite !!
Le cheval se mit à courir vers la forêt. Ils croisèrent Himmler qui venait faire une visite pour voir si la blanchisserie fonctionnait correctement.
- Ach ! Tuez le cheval mais épargnez la petite fille ! J’aime les petites filles !
Un des SS posa un genou à terre, s’empara d’un lance-roquettes et visa le cheval. La roquette toucha le cheval qui explosa en mille morceaux, alors que Simone restait vivante, projetée à quelques mètres mais vivante.
- Ach ! Allez petite fille, on rentre sans le dada !
- CHICANO, NOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!
***
- Et c’est ainsi que les nazis m’ont ramenée au camp, où j’ai passé encore deux semaines avant que ces salopards viennent ENFIN nous libérer, bordel ! Ils avaient mis le temps, ces salopards. Mais là n’est pas la question.
Simone Veil frappa le piédestal de l’assemblée, poursuivant son grand argumentaire.
- La question est… Faut-il forcément VIVRE…
Les députés regardèrent celle qu’ils appelaient la reine des 343 salopes depuis le début de son siège de députée.
- Ces choses-là ! Ce ne devrait pas être une obligation !! Aucune femme ne devrait être enfermée dans un camp de concentration, mise en clôture avec pour seul ami un cheval nommé Chicano qui était le meilleur pote de Jean Moulin – et probablement son amant, je n’ai pas de preuves – et qu’au moment où vous et ce cheval, vous sortez du camp, PAF, un des séides d’Himmler lui explose la gueule en lui balançant une bombe à la gueule. Pour ça, je tiens à dire devant la solennelle Assemblée Nationale…
Elle leva les bras en l’air.
- AUTORISEZ L’AVORTEMENT, PUTAIN DE MERDE !!!
L’assemblée se leva et applaudit Simone Veil qui sourit et regarda la photo de Chicano qu’elle avait posé sur le bureau pour se donner du courage.
- Merci, Chicano. Tu as sauvé des milliers de femmes !
Depuis, une marque de tampons a accepté de prendre la tête de Chicano pour modèle aérodynamique pour leurs produits. Mais ça, c’est une autre histoire…
Article ajouté le Vendredi 22 Juin 2012 à 13h36 |
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