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Billevesées, coquecigrues et mêli-mêlo à gogo
de Srithanio

                   



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Oh, un fossile ! - 1
J'ai perdu mon ordinateur régulièrement.
Pas au sens littéral ; disons qu'après une dure lutte, il a décidé de rendre le processeur.

Bref, j'ai réussi à en obtenir un nouveau (HP my love) et je suis en train de réorganiser mon bazar. Et c'est comme ça que j'ai réouvert mon vieux, vieux fichier "textes"... Qui contient quasiment tous mes textes depuis que j'ai commencé la fiction.

Partageons donc la rigolade, me suis je dit !

Voici donc un exemple de ce que je faisais il y 3 ou 4 ans. La belle époque où j'avais un peu d'imagination, plein de choses à parodier et aucune idée de l'interêt des verbes de paroles.
L'époque du roleplay.
Et ouais. Moi aussi, un jour, j'ai fait mumuse avec un personnage fictif qui pouvait jouer les Mary-Sue. J'assume. Et je vous empouette.

Bref, voici Flora, fière barbare de son état, au sale caractère, qui aurait pu être une miss univers si elle n'avait pas découvert qu'un bigoudi mal placé pouvait faire énormément de dégats.
Vous y croiserez aussi Yullis, perso d'illapa : une diva ivrogne, dont le talent est proportionnel au degré d'alcoolémie.

Enjoy. Et rigolez bien !

(PS : pour après, s'il vous reste des côtes, passez donc voir l'histoire du point de vue de Yullis par ici !

__________


Y'avait comme un problème, là...

Flora relut attentivement le message.

"Rendez-vous ce soir à la taverne pour une mission inportante".

C'était tout à fait le genre de message mystérieux qu'un aventurier s'attend un jour à recevoir. Par exemple, son support : une belle feuille de parchemin donnant du cachet au message tout en calligraphie, même si ça aurait été mieux sans la faute d'orthographe à "importante". Ou la façon dont elle l'avait trouvé : entre les feuilles de salade de son sandwich tofu-crudités. Et le message lui même : mystérieux, ne révélant rien mais suggérant monts et merveilles.

Là où ça coinçait, c'était au niveau du lieu de rendez vous...

Elle releva la tête, et regarda encore une fois.

Quand on dit à quelqu'un de se rendre à une taverne comme ça, il y a un minimum à maintenir . Entendez par là que la taverne se doit d'être ancienne, crasseuse et effrayante et que les murs doivent donner l'impression de ne tenir que grâce aux salissures et détritus qui y sont collés. Le barman doit compter un gorille parmi ses parents proches, et tout client appartenir à une de ces catégories : héros, coupe jarret ou assassin, voire les trois en même temps.

Une telle taverne ne doit en aucun cas avoir des murs rose bonbon et une clochette en forme de coeur au dessus de la porte.

Pas comme celle là .

Toujours sous le choc, Flora essuya ses bottes sur le paillasson "Welcome !" et poussa la porte d'entrée.

Dring-lin-lin-lin fit la sonnette.

On ne pouvait pas accuser le propriétaire de faire de la publicité mensongére. L'intérieur était tout aussi rose, et le plafond était peint de coeurs rose pâle. De mignonnes petites tables en bois de rose étaient disséminés dans toute la pièce, avec chaises et poufs assortis. Un parfum sucré de fleur (devinez laquelle ?) embaumait l'atmosphère, si fort qu'on se serait cru dans une parfumerie ou une usine de confiture de rose. LLa Barbare regretta de ne pas être daltonienne, ou au moins aveugle.

Une bonne femme surgit comme par magie. Elle ne devait pas avoir comme ancêtre un gorille, mais probablement un caniche ou une autre bestiole tout aussi duveteuse, mignonne, sautillante et très agaçante.

- Bonjour, mademoiselle ! Bienvenue à la Taverne de la Rose ! Que puis-je pour vous ?

- Vous n'auriez pas une paire de lunettes de soleil ?

- Pardon ? s'étrangla la femme.

- Laissez tomber. On m'a donné rendez vous ici ce soir.

- Ah ?! Qui donc ?

- Aucune idée.

La patronne lâcha un "Ohhhh" de ravissement.

- C'est un admirateur secret, c'est cela ?

Flora retint un rire nerveux. Si c'était vraiment un admirateur secret, elle voulait voir ça !

La patronne la guida jusqu'à une table dans un coin, et lui ramena la spécialité de la maison. Du thé à la rose.

Flora regretta d'être abstinente. Elle aurait pu noyer cet enfer de rose dans l'alcool, et ça aurait surement eu meilleur goût que ce breuvage. Si l'inconnu qui lui avait donné rendez-vous n'arrivait pas très vite, elle ne pourrait pas être tenue pour responsable de ses actes.

- Hé ! fit une voix.

Elle regarda autour d'elle : personne. Soit elle entendait des voix, soit l'esprit du Rose venait de lui adresser la parole. Quoi d'étonnant dans ce temple à sa gloire ?

Là où ça ne collait pas, c'était au niveau de la voix. Elle imaginait le Rose avec une voix aigüe, du genre à porter sur les nerfs au bout de quelques minutes. Cette voix-là était sensuelle, et aurait pu faire passer le mot "Connard" pour une déclaration d'amour.

- Hé ho ! J'te parle ! Tourne la tête !

Flora obéit, et réussit enfin à repérer la personne qui lui parlait. Deux mètres à coté d'elle, une beauté se tenait là. Elle avait le genre de visage qu'on attribuait autrefois aux sirènes : de longs cheveux dorés, des magnifiques yeux bleus, un visage parfait. Et elle était sculptée comme une statue de la déesse grecque de la Beauté, celle qui arrive à faire baver les hommes rien qu'en se promenant en scaphandre.

Alors pourquoi ne l'avait elle pas repéré plus tôt ? Très simple : la femme portait une magnifique (et très décolletée) robe... rose . Elle était à peu près aussi visible dans cette taverne qu'un chat noir dans un tunnel à la nuit tombée.

Après une décennie passée dans l'univers de la mode et de la beauté, Flora avait tiré deux conclusions à propos de la Beauté. Premio, fallait souffrir pour être belle (le dernier qui lui avait parlé d'épilation à la cire indolore avait fini découpé en petits morceaux ). Deuxio, Beauté voyageait rarement seule ; elle était très souvent accompagnée de Crétinerie, Naiveté, Gagatisme et Syndrome de "Quilestmignon!".

La barbare considérait donc les magnifiques femmes comme des bécasses masochistes. Cette femme-ci appartint à ses yeux à cette catégorie pendant trois secondes, le temps qu'elle s'asseoie à sa table, dégage son épée des pans de sa robe et commence à lui parler.

- Moi c'est Yullis. Diva les bons jours, star les mauvais. Dans les très mauvais, comme là tout de suite, je suis juste partisane d'éliminer tout c'qui est rose ou en forme de coeur. Tu veux bien me filer un coup de main ?

Quiletmignon, Gagatisme, Cretinerie et Naiveté étaient resté à la maison, Beauté voyageait toute seule. Flora sourit.

- Flora. J'ai la même idée que toi, mais c'est parce que je suis dans un bon jour. Dans les mauvais, je serai plutôt pour la destruction du monde entier, moi.

- Et dans les très mauvais ?

- Mieux vaut que tu ne saches pas. Mais en parlant de se débarasser du rose, si on commençait par ta robe ? lança-t-elle ironiquement.

- Ma robe ? Ah ouais, c'est vrai. J'aime bien le rose d'habitude, mais là je sature. Commençons par la robe...

Sans un instant d'hésitation, Yullis ôta sa robe, la rangea dans son sac à main et se rassit sans rien se mettre sur le dos. Elle était désormais en sous vêtements de dentelles, mais avait gardé sa rapière et son sac à main...

Flora eut un sourire d'approbation. Cette diva avait du cran, fallait l'avouer.

- C'est une technique pour me draguer, ou tu es toujours comme ça ?

Yullis éclata de rire. Son haleine sentait l'alcool.

- Nan, rien de spécial. C'est juste qu'j'ai reçu un courrier m'disant de venir ici, alors si mon rendez vous se pointe, je serai prête à tout.

- A tout ?

- Oui. Si j'dois m'enfuir, au cas où ce serait un des patrons de taverne où j'ai b... chanté, je cours plus vite sans ma robe. Si c'est un d'mes admirateurs secrets, du genre à me harceler et à me voler mes chopes de bière fétiches, j'ai mon épée, et sans robe j'risque pas de m'accrocher dedans. Et si c'est un rendez vous pour affaires...", elle fit papillonner ses paupières ,"on a tendance à m'faire des offres plus intéressantes quand je suis pas trop habillée..."

Un neurone réussit à faire signe à Flora malgré le flot de paroles de Yullis.

- Attends, tu ne sais pas qui t'a donné rendez vous ici ?

- Non. J'ai juste reçu ce papier.

Elle fouilla dans son sac, et en sortit un parchemin identique à celui de Flora.

- J'ai son jumeau avec moi. Trouvé entre deux feuilles de salade. J'ai failli l'avaler. Tu l'as eu comment, toi ?

- Hier,j'ai chanté à la taverne du Cor-Billard. Et j'ai un peu bu aussi. Oh, et puis, j'ai eu une petite altercation avec une croqueuse d'homme . Enfin, bref, mon salaire de la soirée est parti presque en totalité dans les réparations de mobilier et la bière pression. Alors, aujourd'hui, j'ai repris une de mes vieilles bouteilles, et oh surprise ! Il n'y avait rien à l'intérieur à part un bout de parchemin. Après un bon chapelet d'injures, j'l'ai lu et je me suis pointé ici.

- Pourquoi ?

- Pour deux raisons. Déjà, pour mettre la tête au carré de celui qui a osé vider une de mes bouteilles. Attends, tu t'rends compte qu'il a osé m'enlever une bouteille pleine de Vieille Fine du Vieil Oncle Benjamin ? C'est le genre de boisson qui t'donne une gueule de bois carabinée, mais avec laquelle t'es sûre de décoller en un verre. Si j'attrape ce fils de... Bref. La seconde raison... Et bien, si on me donne rendez-vous comme ça et que je me pointe un peu plus tôt, la galanterie veut que celui qui m'invite paie les consommations. TOUTES les consommations. " Elle soupira. " Mais faut avouer que j'me suis faite avoir sur ce coup là. Mon idée du bon temps, c'est pas un tête à tête avec une eau de lessive rose. Toute substance de couleur rose est suspecte par nature, j't'ledis.

- Je suis d'accord.

- T'aurais pas quelque chose de plus buvable sur toi ?

- Que ce thé ? Je dois avoir du venin de serpent-corail...

- Très drôle. ù^$!)*, j'commence à être en manque là. Même du vinaigre, ça m'irait.

- Je bois pas d'alcool.

- T'es une morte-vivante ?

- Non, une barbare anti-alcoolique. Arrête de rire !

- Désolée, c'est nerveux. T'es la première que je croise!

- C'est vrai ! J'ai rien d'autre que de l'alcool à 90 sur moi, pour les plaies.

- File !

- A une condition. Tu mets une robe.

- Pourquoi ?

- Parce que je viens de passer une demi-heure dans cette taverne rose, et que j'ai pas envie que la patronne nous vire. Mon martyre visuel n'aura servi à rien sinon. Et en plus, j'ai pas envie de sortir ma hache pour faire taire la patronne, je viens juste de me faire une manucure.

- Ok... Attends...

La chanteuse reprit son sac, et trifouilla à l'intérieur. Elle en sortit un mini-poignard, trois sandwichs, quatre bouteilles de bières diverses vides, un porte clé en patte de lapin, un truc dont Flora ignorait l'utilité (et d'ailleurs, préférait ne pas demander à quoi ça servait) et... une robe bleue.

- Je mets la robe bleue, et tu me files ton alcool. Ca marche ?

- Ca marche.

*****************************

Une heure après...

- J'en ai marre de rester là. On y va ?

- Ch'sais pas. T'as encore à boire ?

- Non.

- Alors, j'vais pas rester longtemps. J'refuse de boire de ce machin infâme. Par contre, j'aime bien leurs soucoupes. Elles volent bien.

- Ca, y'a qu'à voir les traces sur les murs pour s'en assurer.

Bref, une heure après, les choses avaient peu évolué. Enfin, à part que Yullis avait siphonné la bouteille d'alcool, et que Flora devait l'empêcher de jouer au frizbee avec les soucoupes à thé roses.

La brune pensait sérieusement à prendre la porte, la poudre d'escampette et sa hache quand ladite porte s'ouvrit.

Une voix tonitruante se fit entendre : "Bonjour mesdem..."

Yullis avait échappé à l'attention de Flora une seconde. Elle se précipita vers la porte, une théière à la main (telle une furie blonde accro au thé) en hurlant : "Ca, c'est pour ma bouteille ! Et ça, c'est pour le thé à la rose ! Et ça, c'est pour m'avoir empêché d'aller dans une vraie taverne ce soir !". Chaque "ça" était ponctué d'un grand coup de théière dans la tête du nouvel arrivant : "BONG".

- Yullis ! Laisse m'en un peu !

- Ok !

Et sur un dernier "Et ça *BONG* c'est parce que ta tête sonne creux quand je la tape", Yullis revint se rasseoir.

Le nouvel arrivant se releva.

Il était grand et musclé, l'archétype même de l'explorateur courageux. Rien qu'en le voyant, on l'imaginait chassant le tigre au Bengale, à la poursuite d'un diamant vert dans une forêt perdue ou aller faire la queue à la poste un jour de grande affluence. Un héros, un vrai.

Bon, le fait qu'il sente désormais la rose et que ses vêtements soient englués de thé collant le décrédibilisait un peu. Mais quand même.

- Comme je le disais avant de me faire assommer : Bonjour mesdemoiselles.

Il s'approcha de leur table et s'assit.

- Bon, vous allez enfin nous dire pourquoi vous nous avez fait venir ce soir ? Et vite, parce que je pourrais très bien imiter Yullis et vous sauter dessus", lui dit Flora.

L'homme pâlit un peu à cette idée. Quand il voyait les dégats qu'avait causé une Yullis de 60 kg tout habillée, il préférait ne pas imaginer ce qu'une Flora de 80 kilos avec son matériel pouvait faire.

- Oui, bien sûr. Je vais me présenter : Massachussetts Jones.

- A vos souhaits" lui répondit Flora.

- Non, c'est mon nom" soupira l'homme . "J'ai bien essayé de changer de prénom, mais on me proposait comme autre choix "Mississipi", à prononcer comme "Miss Icipi"".

Regards incrédule de l'assistance .

- J'ai jamais dit que mes parents avaient bon goût en matiére de prénom... Bref, je suis le célébre aventurier, Massachussetts Jones. Si je vous ai fait venir ici, c'est parce que...

- Vous êtes vraiment célébre ? Parce que j'ai jamais entendu parler de vous" lui fit remarquer Flora.

- Bien sur que si ! J'ai récupéré l'Arche de la Discorde...

- Non, je m'en souviendrais . Ca, je suis sûre que c'était un autre type, un indien ou un truc du genre...

- Biiiin... Disons que j'ai touché l'Arche alors. J'ai été à la recherche du Diamant Vert.

Yullis intervint :"Eh, mais c'est pas possible ! C'est Sten qui l'a récupéré, si je me souviens bien ! Ce crétin était à la recherche du Sceptre de Puissance. Comme il l'a pas trouvé, il est revenu bredouille avec un joli morceau de verre qu'il avait ramassé parce qu'il brillait.

- Woh, pas mal ! Vous en avez tiré beaucoup ?

- Pas un centime. Il est allé faire des ricochets sur la rivière en crue, et a lancé par erreur le diamant à la flotte.

Jones toussota : "On pourrait en revenir à mon CV ?"

- Ah oui ! Vous en étiez à la recherche du Diamant Vert, c'est ça ?" rapella Flora .

- Je suis aussi allé cueillir des Pensciels dans la Forêt de Castel, dont personne n'est jamais revenu.

- Ah, vous aussi ? Bête que je l'ai pas su, on aurait pu faire un bout de chemin ensemble" dit la brune.

- Et puis, ça aurait évité à Sten d'y aller. Le pauvre est rentré en toussant, il faisait une allergie aux poils de chat" continua la blonde.

- J'ai... j'ai....", Massachussetts perdait pied, "J'ai tué le Grand Dieu Altir des Fourmis. Et il n'existe même pas !

Un moment de silence s'ensuivit.

- Vous vous seriez pas embrouillé quelque part, là ?

- Et je repars dans une nouvelle aventure bientôt. Je vais à la recherche de l'Avast, une plante miracle qui soigne tous les maux ! Aucun virus n'y résiste.

- Un peu comme un bon grog ? Ou de l'alcool à 90 ? remarqua Yullis.

- Bien sûr, j'ai besoin d'une partenaire pour cette aventure. Alors, j'ai eu l'idée de faire un casting.

- Un casting ?

- Bah pour vous départager... Genre, des épreuves sur "qui aura le cri le plus perçant", "qui fera le meilleur repas ", et tout ça.

La brune et la blonde l'observaient, aussi médusées que si la Mort était entré dans le bar pour commander une eau-de-vie. Le cerveau de Yullis se remit en marche.

- Vous avez parlé d'une partenaire ?

- Façon de parler. En fait, ce serait plutôt une accompagnatrice, une faire-valoir. Quelqu'un qui voyagerait avec moi, m'admirerait et m'aiderait dans des choses comme faire la popote, écrire mes mémoires, allumer le feu pour quand je rentrerai fourbu après une périlleuse aventure.

Les deux femmes évitèrent soigneusement de se regarder.

- Vous comprenez, l'aventure ne paie pas tant que ça. Alors, une fois que j'aurai fini de rechercher l'Avast, j'ai l'intention de vendre cette histoire. J'écrirai un livre, ou j'en ferai une pièce de théatre. Et comme je veux toucher le maximum de monde, il faut que ce soit une aventure grand public. Pour ça, je dois remplir le quota de "jeune femme fragile" et de scènes d'amour tendre visibles par les moins de 18 ans.

Il dut s'arrêter : la diva était écroulée de rire sur la table, et Flora donnait l'impression d'avoir quelque chose coincé dans la gorge (et qu'elle allait le recracher sous peu à la figure de Massachussetts).

- Bien entendu, il y a possibilité de plus si affinités. Nous deux pourrions bien avoir un petit Washington Jones...

Le fou rire de Yullis s'arreta net. Elle regarda deux secondes l'homme, et explosa de rire avant de s'écrouler sous la table. Avec beaucoup d'efforts, Flora ne montrait aucun signe d'hilarité, à part les grandes larmes qui luisaient sur ses joues.

- Qu'est ce qui vous arrive ?" Massachussetts eut l'air perdu, puis une petite étincelle scintilla dans ses yeux. "Ah. J'ai compris. Vous avez peur de ne pas y arriver, c'est ça ? Ne vous inquiétez pas, je serai là pour vous protéger ".

C'en était trop pour la barbare : elle aussi s'écroula de sa chaise, et rejoignit Yullis dans ses éclats de joie.

L'homme, un peu perplexe, attendit sans bouger que les deux femmes se calment, tout en essayant de se débarasser du thé collant sur son manteau.

Quelques minutes plus tard, les deux femmes réussirent à s'asseoir. Quelques hoquets intempestifs de rire les prenaient de temps en temps, mais elles pouvaient de nouveau parler.

- Bon, sérieusement, vous vouliez nous voir pour quoi ?

- Mais pour ce que je vous ai expliqué. Je cherche une accompagnatrice.

- Et vous croyez vraiment qu'on est des jeunes femmes fragiles ?

- Eh bien oui. Vous êtes belles, vous êtes jeunes, vous êtes des femmes. Vous conviendriez tout à fait.

- Espéce de... commença Yullis en attrapant une soucoupe.

Flora lui attrapa le poignet.

- Attends un peu."Elle reporta son attention vers Jones. "Et comment avez vous eu notre nom ?"

- Un ami me les a donnés.

- Quoi ? Vous êtes allé voir un ami en lui disant que vous aviez besoin d'une femme naive, belle et idiote, et il vous a donné nos noms ?

- Bah oui.

- Je serais vous, je changerais d'amis" lui conseilla Yullis.

- A la limite, on aurait pu aller à la recherche de l'Avast, entre filles, et vous auriez pu servir de faire-valoir. Et sans état à venir à la clé. Mais là...

- Où est le problème ? Vous ne savez pas cuisiner, c'est ça ?

- Je fais une très bonne bière " l'informa Yullis. "Et avec n'importe quoi.

- Laissez moi résumer : vous voudriez que l'une de nous parte avec vous, pour vous cirer les pompes, vous faire à manger, vous laver vos vêtements, vous embrasser, bref faire tout à part les trucs intéressants.

Massachussetts eut un sourire radieux : "Je savais bien qu'on se comprendrait !"

- Et on y gagne quoi, nous ?" lui demanda la barbare.

- Vous ? Euh... m'épouser, mener une vie de femme rangée et me faire un héritier, ça ne vous suffit pas ?

- Mais bien sûr ! Je suis une barbare, je rêve de changer les couches d'un affreux gamin affligé du nom de Washington et de me lever toutes les nuits pour lui donner son biberon !

- Moi je suis chanteuse. Je l'aime, ma vie de femme dérangée avec mes bagarres, mes compagnons pas très futés et mes cinq litres de bière chaque soir.

- Le mariage, à la limite, ça ne me dérange pas. J'ai toujours entendu dire que les veuves menaient grande vie.

- Pareil.

Jones écarquilla les yeux : "Mais enfin, vous êtes des femmes. C'est votre destin, non ? Je veux dire, d'aider votre mari, d'avoir des enfants ! Si je vous ai donné rendez-vous ici, c'est parce que c'est le meilleur endroit pour vous ! Osez me dire que vous n'aimez pas le rose et les petits coeurs ?

Flora ne lâcha surtout pas le poignet de Yullis.

- J'aime pas le rose" dit Yullis en croisant les doigts.

- Et moi, j'aime pas les coeurs. Sauf si c'est ceux de mes ennemis" compléta Flora.

- Et en plus, vous serez célébre ! La femme de Massachussetts Jones ! Pensez donc !

Yullis eut un hoquet de rire.

- Vous m'avez regardé ? Je suis la Chanteuse Yullis, célébre sur tout le continent ! Je peux taper sur mes admirateurs autant que je veux, il en arrive toujours d'autres !

- Et moi , je suis Flora Gil'ean, ex-aspirante au titre de Miss Univers et barbare reconnue parmi ses pairs. Vous croyez vraiment qu'on va vous épouser pour avoir plus de renommée ?

- Je... je...

Jones restait bloqué.

- C'est bon, vous n'avez plus rien à dire ?

- Je... Je...

- Bon. Flora ?

- Oui ?

- Tu pourrais me lâcher le poignet ?

- Laisse moi juste attraper ma hache avant de commencer le lancer de soucoupe, d'accord ? Je vais lui faire payer la "femme fragile".

- Je... je...

- Ok, à 3 alors.

- 1

- 2

- 3

******************

DOCUMENTAIRE SUR LE HOMARD (suite)

Le homard affectionne les mers froides (au contraire de la langouste qui apprécie les mers plus chaudes). L'aire de répartition du homard est très large, sur la quasi-totalité des côtes nord-atlantiques, du côté européen, comme du côté américain. Le homard vit du bas de la zone infra-littorale (à la limite des zones découvertes aux grandes marées, sous les rochers où il a creusé son terrier), jusqu'à environ 60 mètres de profondeur.

Une femelle pond jusqu'à 100 000 œufs au cours de sa vie, en plusieurs portées, qu'elle « couve » plusieurs mois sous son abdomen avant leur éclosion.

La larve, minuscule (quelques mm), mène une vie planctonique au début de son existence, où elle est la proie de nombreux animaux marins, puis elle subit une mue de métamorphose et se pose sur le fond (vie benthique). Le homard juvénile subit une vingtaine de mues de croissance avant d'atteindre l'âge adulte, vers l'âge de quatre ou cinq ans.

Après avoir atteint la maturité sexuelle, le homard, comme la plupart des crustacés, continue de muer régulièrement (en général une fois par an ou tous les deux ans, voire plus pour les plus gros). Il peut mesurer 50 cm et peser 4 kg, en atteignant souvent une quarantaine d'années. Le plus gros homard jamais mesuré a été capturé en Nouvelle-Écosse (Canada) en 1977 et pesait près de 20 kg pour une taille comprise entre 90 et 120 cm. Son âge fut estimé à environ 100 ans .


******************

Bien à leur insu, Flora et Yullis fondérent ce soir là le premier mouvement féministe du pays.

Après leur combat (enfin, après le massacre), la taverniére-croisée-caniche décida de suivre leur exemple et de se rebeller contre le machisme latent des aventures.

Regroupant autour d'elle toutes les écoeurées du rose, elle incendia sa taverne et forma avec elles un clan strictement féminin : les Amazones . Elles pillérent, volérent , assassinérent, montrant ainsi qu'on pouvait être une femme et agir quand même comme un connard de héros.

Des années plus tard, elle décida de s'assagir : pour ce faire, elle ouvrit avec l'argent gagné un salon de coiffure pour aventuriers et aventuriéres. En faisant payer plus cher les hommes : féministe powa !
Article ajouté le Samedi 25 Février 2012 à 21h40 | |

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