Domino, Lovely Bitch Writer
de Domino

(Texte écrit dans le train entre Provins et Paris le 31 décembre 2011 à 17h50 environ, dans un bloc-notes papier.)

J'ai l'impression d'être un crétin, un parfait crétin, à attendre, là, avec ma page blanche entre la tentation vorace d'écrire et l'impossibilité physique, clinique et radicale de trouver quoi écrire. Ce "quoi", obstinément, m'habite et me dévore. Je n'arrive pas à trouver ce "quoi" que je ne sais exprimer, qui grandit en moi malgré tout mais qui ne veut pas sortir autrement qu'en gribouillages.
Stylo, papier, encre, vous m'obligez à bouger, à tiquer de la main, à danser une danse sans pas, sans pieds, sans grâce et sans musique.
Clavier, tu rends tout mécanique, tu m'obliges à la coupe et à l'ellipse, au sabotage et au massicot de mes idées, de mes mots, de mes écrits.
A mesure que je griffonne, me disant tout à coup que je n'avais rien écrit d'aussi spirituel depuis longtemps, une vive douleur saisit mon poignet. J'ai 24 ans, presque 25, et je ne sais déjà plus écrire. Triste génération qu'est la mienne, élevée dans l'amour de la lettre, du mot, du verbe, me voilà devenu incapable de livrer quelques phrases sans sentir la crampe poindre.
Non seulement je ne suis pas vieux, mais en plus je n'ai pas envie d'arrêter d'écrire.
Je veux rester fidèle à ces mots qui m'ont porté, qui m'ont offert leur corps, leur casse et leur graisse pour exprimer ce que jamais je ne pourrais dire.
Car un continent d'encre et de plume ne peut se résumer en sons et en mouvements de voix. Je ne ferais que babiller sans rien signifier. Mon Mot de Plume, lui, est universel et ne souffre d'aucun compromis, d'aucune incompréhension, d'aucune erreur d'interprétation.

C'est le mien, c'est tout.

Et surtout, bonne année 2012 !