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Visions Oniriques ~
de Shaam

                   



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Tentative de nouvelle.
Vision fatale
- Je sors faire un tour ! cria-t-il avant de claquer la porte.
Le jeune homme dévala les escaliers avec nervosité puis quitta l’immeuble. Il entama une marche hâtive en pestant intérieurement.
Tout ce qu’Edgar voulait c’était d’avoir la paix. Mais sa mère en était bien incapable de lui en offrir. Souvent elle lui reprochait de passer ses journées d’été figé devant son ordinateur. Ce jour-là elle avait abordé le sujet de nouveau mais cela atteignit le stade de la dispute.

Voilà vingt bonnes minutes qu’Edgar vagabondait et il s’était enfin calmé. Finalement il avoua qu’il n’y avait aucun mal à aller prendre l’air mais il aurait préféré ne pas y être poussé à contrecœur.
Alors qu’il parcourait un joli parc, Edgar décida d’aller s’assoir sur un banc et admirer le paysage naturel plutôt ravissant.
Edgar fit le geste décisif de tourner sa tête vers la droite. Sur un banc non loin du sien, une demoiselle était assise gracieusement et semblait perdue dans ses pensées. Edgar était trop loin pour observer en détails ses yeux mais il décida qu’elle avait un regard bien doux. Au départ il se dit qu’elle était plutôt mignonne avec ses cheveux courts et bruns mais peu après il lui trouva bien plus que cela. Elle semblait tellement… pure ? Ce devait être l’effet de la robe blanche et pudique qu’elle portait. Edgar eut du mal à détacher ses yeux de cette élégante personne mais il ne devait pas se faire remarquer. Il enchaîna une série de coups d’œil de plus en plus longs et se considéra chanceux que la jeune fille ne prête guère d’attention à ce qui l’entourait. A quoi pensait-elle ?
Edgar n’avait jamais vu une personne comme ça en vrai. C’était une découverte, une révélation. Elle se mariait à merveille au paysage environnant et formait une sorte de tableau, carrément une pièce d’art. Décidément cette jeune fille inspirait de vives émotions en Edgar. A vrai dire sa beauté n’avait rien de transcendant, et pourtant…

L’idée farfelue lui vint en tête de prendre une photo et immortaliser cet instant magique. Heureusement que son portable était capable de produire des photographies d’une qualité respectable. Il le sortit, ouvrit l’application en question puis positionna discrètement son bras. Il donna l’impression qu’il ne faisait que regarder dans son portable, sauf que ce dernier était tourné vers la cible. Il eut très peur à l’idée qu’elle tourne la tête et trouve un inconnu en train de la photographier. Comment réagirait-elle ? Et comment réagirait-il dans une situation si embarrassante ?
« Elle va me voir ! Des passants vont me voir ! » pensait-il.
Il acheva son œuvre et souffla. Après s’être assuré d’avoir réussi la photo, il rangea son portable ; il aurait tout le loisir de contempler l’image plus tard. Le jeune homme était conscient qu’une scène en temps réel demeurait plus saisissante qu’une image et préféra se concentrer de nouveau sur cette charmante personne.

Sans qu’elle ne s’en rende compte, la jeune fille venait de redéfinir le mot « fascination » selon Edgar.

Seulement et contrairement à l’image, le moment vécu ne s’éternise pas et voilà que la jeune fille se lève pour partir. Heureusement pour Edgar elle tourna les talons à gauche donc dans sa direction. Le jeune homme fixa des yeux son objet de fascination et celui-ci s’en rendit compte. Elle préféra ignorer cet individu et fit comme si de rien n’était. La fille prit une nouvelle ampleur chez Edgar : en état de mouvement. Finalement elle disparut mais Edgar avait sa photo.

En fin de compte, sa mère avait bien fait de lui reprocher de rester à la maison. Edgar décida que l’intuition féminine était vraiment spéciale. Le jeune homme rentra chez lui tout souriant à l’étonnement de sa mère. Durant le reste de la journée, il passa de longs moments à scruter maladivement cette photo.
Le lendemain, Edgar ne put s’empêcher de se rendre à nouveau au parc, à la même heure et à l’endroit exact où il avait aperçu la jeune fille en blanc. Il savait que c’était futile d’espérer sa réapparition et ricana de lui-même quand il eut la pensée « Je vais faire confiance à mon destin ». Ainsi Edgar s’assit sur le banc et attendit. Il attendit très longtemps. Pour autant il ne se sentit pas spécialement frustré puisqu’il savait que rien ne se passerait. Et c’était diablement le cas.
Edgar se demanda s’il ne poussait pas le bouchon trop loin quand il alla au parc pour la troisième fois. Après la quatrième il décida enfin d’arrêter. Mais son obsession pour ce personnage ne s’était pas encore tarie et son esprit continua à rêver d’elle. Il se laissa aller aux fantasmes où il faisait connaissance avec elle puis développait une relation de plus en plus profonde. Le jeune homme poussa ensuite un long soupir, regrettant que tout cela ne se passe que dans sa tête.

Un jour Edgar eut peur de perdre sa précieuse image par Dieu sait quel aléa. Il la transféra sur son ordinateur et en fit même un fond d’écran ; seulement il fallait faire preuve de discrétion avec un choix pareil. Mais Edgar n’en resta pas là et se dépassa à nouveau : il fit imprimer la photo. Il tenait là son bien matériel le plus précieux. Il le cachait des regards comme on cacherait un cadavre après un meurtre.
Les jours passèrent mais Edgar pensait toujours à cette demoiselle en blanc. La photo était toujours là pour lui rappeler quelle était la personne la plus charmante du monde. Désormais les autres filles commençaient à lui paraître banales, sans intérêt. Il jugeait que le commun des femmes essayait trop d’avoir l’air attirant et intéressant. Sa demoiselle en blanc à lui l’était sans faire exprès. Edgar commit l’erreur de la désigner comme référence absolue du sexe féminin. Il comparait chaque fille ou femme avec elle, même s’il savait que son pareil n’existait probablement pas.

Edgar se retrouva plus d’une fois à regretter de ne pas avoir agi ce jour-là. Il aurait du tenter quelque chose, aborder la demoiselle par tel ou tel sujet, peut-être évoquer la beauté du parc. Mais en y réfléchissant, cela aurait-il conduit à un résultat ? Ca aurait été une insulte envers cette personne que d’oser une misérable tentative de lui faire la cour. Ça aurait ruiné son moment de sérénité. Elle ne se serait probablement pas laissé faire par un inconnu, un mâle clairement en proie à ses instincts. Cette jeune fille était tellement… inaccessible, comme si elle venait d’un autre monde ou un autre âge.

Malheureusement Edgar était incapable de, comme qui dirait, « refaire sa vie » et l’envoûtante demoiselle en blanc le hantait toujours, parfois jusque dans ses rêves. Il reconnaissait ne pas jouir de la meilleure santé mentale mais demeurait incapable de faire une croix sur sa muse. De temps à autre il se rendait au parc mais sa bien-aimée était toujours absente.

Les années se succédèrent et Edgar était à présent un homme marié, avec des enfants même.
Sauf qu’il regrettait que son épouse ne soit pas la dame en blanc et se sentait donc incapable de l’aimer. L’homme ne traversa jamais d’expérience romantique. Sa femme était juste bonne à satisfaire ses désirs charnels ; leur union ne fut guère accomplie au plan sentimental. Edgar était rongé par le souvenir de la jeune fille dans le parc, un souvenir perpétué par cette photographie. Il n’y a pas que l’instant qui s’est immortalisé, la malédiction aussi.
Article ajouté le Mardi 02 Août 2011 à 18h26 | |

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