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» Auteur : Biodd13 - Voir le profil
» Créé le 11/08/2011 à 02:20
» Dernière mise à jour le 11/08/2011 à 02:20

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Où suis-je ?
        "Où suis-je ?"

    Dans une caverne sombre et froide, dont les parois séculaires et humides, aux reflets verdâtres, dégagent une opiniâtre odeur de moisissure pestilentielle. A chacun de mes pas sur la mousse immonde qui orne le sol de ce lieu maudit suinte une sorte de liquide indéfinissable aux relents infects et nauséabonds. Une eau souillée et puante coule non loin du lieu où je me tiens, dans un mou « flip flop » répétitif et incessant. L'atmosphère de cette antre moisie, où l'air du monde extérieur ne circule qu'avec peine, est oppressante, et la brume blanchâtre qui parcourt lentement et incessamment ces galeries ne fait que rendre ce lieu déjà répugnant davantage lugubre. Lorsque je me déplace, je peux parfois entendre le bruit sourd de chauves souris apeurées qui se cognent la tête aux plafonds pourris, ainsi que le battements des ailes de ces abjectes créatures dégénérées.
    Je crois parfois apercevoir, dans les recoins les plus sombres de cette grotte détestable, les silhouettes d'êtres étranges aux allures tantôt menaçantes, tantôt craintives. Certaines présentent des formes à peu près humanoïdes, tandis que d'autres ne sont que des masses informes et suintantes. J'ai d'abord cru à une illusion de mon esprit malade, mais les différentes carcasses et autres charognes encore en décomposition que j'ai pu apercevoir dans certains recoins m'ont prouvé que je n'étais pas le seul être – encore – vivant à habiter cet endroit sinistre.

    C'est donc dans cette cachette, ce lieu en décomposition, peuplé d'ombres furtives et de cadavres inhumains, que j'erre, depuis maintenant quelques jours. Ou peut être quelques mois. Je crois que l'obscurité récurrente qui règne ici m'a plus ou moins fait perdre la notion du temps. L'absence totale de relations avec des êtres humains doit aussi y être pour quelque chose. Toutefois, la profonde misanthropie qui ronge chaque jour un peu plus l'abîme qui me sert de poitrine m'aide à surmonter cette solitude, et en dépit de ce que l'on pourrait croire, cet isolement ne me déplaît pas : je me sens en quelque sorte dans cette grotte comme chez moi. J'ai réussi à faire abstraction du caractère plus que délabré de mon nouveau foyer ainsi qu'à m'habituer aux différents êtres qui la peuplent. Je suis d'ailleurs parvenu plusieurs fois à entrer en contact avec certaines de ces créatures.
    La première, en dehors de sa peau bleuâtre et de sa musculature hypertrophiée, ressemblait fortement à un homme. Ce personnage n'a néanmoins pas éveillé ma curiosité bien longtemps : son intelligence était en effet plus que limitée, et se résumait simplement à des besoins primaires, tels que se nourrir ou défendre son territoire. A la seconde même où j'ai aperçu cette hominidé, vêtu uniquement d'un lambeau de tissu noir pour cacher ses parties intimes, j'aurais toutefois du me douter qu'il était parfaitement stupide et dépourvue de ne serait-ce qu'une once de matière grise. J'ai donc vite laissé cet individu – qui, contrairement aux apparences, ne montrait aucun signe d'hostilité – s'éloigner de moi, vaquer à ses occupations inintéressantes.
   La seconde se présentait sous la forme d'une masse informe et plastique, en tout cas, avant que cette dernière ne s'approche de moi. En effet, à une distance assez importante, elle n'apparaissait que sous la forme d'une sorte de magma rosâtre et pâteux, que l'on aurait pu qu'avec peine qualifier de vivant s'il n'avait pas été doué de la capacité de se mouvoir. J'ai cependant eu l'effroyable surprise de constater, alors que ce tas d'un rose répugnant s'approchait dans ma direction, que ladite créature était capable de modifier son apparence. Aussi, lorsqu'il – ou elle, que sais-je – s'est avancé vers moi, plusieurs métamorphoses ignobles et autres déformations effroyables, dont seul cet être était priori capable, ont radicalement remanié sa physionomie, changeant cette masse sans forme définissable en une sorte d'humain dégénéré et à peine reconnaissable. Ce dernier, qui jusqu'alors rampait pitoyablement sur le sol humide, a augmenté d'un seul coup sa taille au point que ses deux yeux, auparavant globuleux et inintelligibles, désormais froids et brillants, arrivaient à peu près à la même hauteur que les miens. La couleur de sa peau – si je peux appeler cela ainsi – s'est foncée, passant du rose au violet à certains endroits tels que sa queue – car l'animal s'était alors doté d'une queue – ou au blanc cassé à d'autres, comme par exemple au niveau de sa tête, de ses jambes, ainsi que de son torse. J'ai alors considéré pendant de longues minutes cet être nouveau qui se tenait juste devant moi, contemplant ses traits étranges, et fixant inlassablement ses yeux fatigués, cernés et dénués de tout sentiment, qui eux aussi me fixaient. Ce dernier est resté absolument muet durant toute la durée de notre rencontre. Au bout d'un certains temps, alors que je m'étais perdu dans son regard, l'humanoïde, sans doute lassé par notre altercation silencieuse, m'a tout simplement tourné le dos, sans un bruit, puis est parti, disparaissant pour toujours dans les noires profondeurs de cette cave obscure aujourd'hui ma demeure.
    J'ai pu approcher de nombreuses autres créatures dans cette antre du malheur, cependant, ces différentes rencontres ayant été dans l'ensemble assez largement infructueuses, je n'estime pas que le récit de ces dernières soit digne d'intérêt. Je peux néanmoins préciser que toutes mes rencontres n'ont pas été aussi pacifiques que celles que je viens de dépeindre succinctement – loin de là. J'ai en effet parfois été violemment confronté à certains de ces démons tarés et arrogants, qui, je crois, trouvaient indésirable ma présence en ce lieu morbide. J'ai cependant réussi à tenir en respect chacun des plus hostiles de ces diables, au moyen de plusieurs efforts physiques ainsi que psychiques répétés. Désormais, tous les habitants de cette caverne me craignent, n'osent plus m'attaquer et restent terrés telles de pitoyables vers dans leurs trous poussiéreux suintant la peur.
    Je suis en quelque sorte le maître incontesté de ces lieux, le stupide ainsi que le craintif sont mes loyaux sujets, et nul être vivant ne saurait, ni même n'aurait le courage d'essayer de me destituer de ce trône moisi où je siège en véritable tyran exacerbée de la pourriture obscène.