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Concours de fanfics de Noël 2008 : création de Domino

Les arbres n'avaient plus leurs feuilles depuis bien longtemps. Le ciel grisâtre était d'une banalité affligeante. Le sol, couvert de neige, n'était plus vraiment fertile. Autour d'eux, les arbres, la neige, les ténèbres et l'éternité.
Il était seul en ce 24 décembre.
Vraiment seul.
Pas la solitude comme la solitude qu'on pouvait ressentir de temps en temps, le coup de cafard, non là c'était une vraie solitude. Pourtant il n'était pas « tout seul ». Avec lui se trouvait un Pokémon avec une écharpe bleue qui soulignait son visage joufflu et débonnaire. Coudlangue était son fidèle compagnon. Et en ce jour de Noël, il allait une fois de plus s'avérer indispensable à son brave dresseur.
Quant à son dresseur qui était le héros de notre histoire, il avait seize ans, il s'appelait James, et il avait une particularité : Il détestait Noël. En fait il avait une bonne raison à cela.
- Dépêche-toi, mollasson, sinon je ne t'achète pas de friandises.
Le Pokémon se hâta. Il ne pouvait pas résister à une friandise. Son maître était emmitouflé dans un large manteau noir rembourré et portait une écharpe, rouge celle-ci. Les cheveux bruns, les sourcils broussailleux, le regard noir, taciturne ou lourd de fatigue, qu'importe.
Il avait beau presser Coudlangue, James n'en était pas moins perdu. Et son meilleur ami ne pouvait pas l'aider à grand-chose : Bien que le Pokémon fût capable de sentir la nourriture de très loin avec sa langue, il était hors de question qu'il la sorte par un froid pareil. James cherchait plutôt une maison, car la nuit allait bientôt tomber. Et il fallait nourrir Coudlangue. Encore que généralement ça ne posait pas de problèmes.
Perdus et frigorifiés, nos deux compères trouvèrent une cabane avec une cheminée d'où il sortait de la fumée. James eut un faible sourire ou il se reflétait de l'espoir.
- C'est bon… C'est très bon, ça. J'ai l'impression qu'on a de la chance.
James et Coudlangue se dirigent donc vers la demeure. Elle était décorée aux couleurs de la fête du jour présent. Et cela dégoûtait James. Mortellement. Il voudrait les arracher, les piétiner, les donner aux Malosse, ces décorations à la noix.
Il alla toquer aux côtés de son Pokémon qui observait les décorations gelées. Gui, houx, guirlandes électriques, Joyeux Noël clignotant, Père Noël de céramique…
Une femme bien portante ouvrit. Elle devait bien être aussi enrobée que Coudlangue.
- Oui… ?
- Madame… Bonjour ! Je suis James Callum et voici Coudlangue. Nous souhaiterions juste un abri pour la nuit.
- Oh mais bien entendu…
- Euh… Avez-vous une radio ?!
La femme s'étonna.
- Une radio… ?!
- Oui, pour appeler quelqu'un…
- J'ai un téléphone !
- Non, je veux une radio !
- M… Mais enfin c'est un monde ça ! En plus vous devriez être chez vous pour fêter Noël…
James partit, comprenant qu'il n'aurait pas ce qu'il voulait. En plus cette femme devenait désagréable, et il n'avait pas envie de l'être à son tour. Sa situation avait vraiment un nombre de travers incroyables auquel peu de personnes penseraient dans sa situation. Chercher un abri pour la nuit et une radio le soir de Noël, c'était vraiment mission impossible.
Pourtant impossible de rester dans une maison sans radio. C'aurait été peine perdue.
- Désolé pour ton repas, Coudlangue…
Le Pokémon secoua la tête, comprenant. James soupira. Il avait besoin de Coudlangue. C'était une compagnie inestimable dans une situation pareille. Le sien avait par ailleurs atteint un niveau de compréhension et de savoir-vivre particulièrement convenable. De plus son ventre était confortable et sa température interne était continuellement élevée. Il mangeait beaucoup mais dans leur situation, c'était absolument superflu.
Les revoilà marchant dans la neige toujours plus froide, toujours plus dure, toujours plus présente. James semblait parfois ne plus sentir ses pieds mais ces derniers, mesquins, s'échinaient à le porter toujours plus loin.
Ca faisait combien de temps qu'ils marchaient ? Une heure ? Une minute ? Une journée ? Oui, ça devait être ça, une journée de marche.
Ils croisèrent une voiture arrêtée dans laquelle résonnaient des chants de Noël. James grinça des dents. Il manqua d'y donner un coup mais Coudlangue le somma de continuer.
Finalement, se résignant à trouver une radio, James soupira et frappa à la porte de la première maison qu'ils virent.
Le père de famille leur ouvrit.
- Je peux vous aider ?
- Bonjour, je suis James Callum, est-ce que vous pourriez nous héberger pour la nuit ?
L'homme s'étonna et sembla embarrassé.
- Euh, c'est-à-dire que… C'est le soir de Noël, vous comprenez qu'on ne peut pas vraiment…
- S'il vous plait ! Je prends juste une chambre ou un coin, je vous paierais !
- Ah ça n'est pas possible non plus… Si je vous fais entrer, vous passez les fêtes avec nous !
- Oh… Non non, non non non…
C'est ainsi que James et Coudlangue se retrouvèrent autour de la table de la famille Parsons. Un couple avec une fille un peu plus jeune que James mais qui le regardait inlassablement. James tentait de dissimuler ses pulsions dévastatrices. Foutre cette table en l'air et hurler « Mais vous ne voyez donc rien ?! »
- Alors, James… questionna la mère, vous êtes en voyage initiatique, c'est ça ?
- Euh… Oui, si l'on veut.
- Comme c'est triste, vous ne pouvez même pas fêter Noël en famille.
- Oui c'est… dommage, soupira James sans émotion.
- Voyons Martha, laisse-le, il a marché assez longtemps dehors…
James remercia le père typique qui n'aimait pas qu'on parle à table. Il remarqua très vite que la fille Parsons lui faisait des œillades, ce qu'il tenta d'ignorer. Coudlangue quant à lui, mangeait dans un coin un sachet de sucres d'orge. L'avantage avec cette fête c'est qu'il avait de la nourriture sucrée à profusion.
Une fois le repas terminé, James et Coudlangue furent invités à prendre la chambre d'amis dans laquelle ils s'installèrent.
- Tu as trouvé une radio ?
Le Pokémon secoua la tête, bredouille. James soupira.
- Alors demain matin, il faudra partir vite.
La fille du couple Parsons frappa à la porte. James regarda Coudlangue, lassé.
- Elle n'a pas arrêté de me regarder pendant tout le repas...
James alla lui ouvrir. La fille Parsons sourit.
- Bonjour !
- Lut…
- Euuuuh je peux entrer ?
- Pourquoi ?
- Baaaah pour discuter !
- … Hm… Tu es chez toi après tout…
Elle entra donc. James semblait assez ulcéré mais bon, c'était ça ou attirer les soupçons.
- La chambre te plait ?
- Oui.
- Tu as tout ce qu'il te faut ?
- Tu ne devrais pas attendre tes cadeaux, tranquillement dans ta chambre ?
- Toi aussi tu devrais !
James soupira lourdement.
- Je ne peux pas attendre mes cadeaux moi. Je ne pourrais pas, quoi que je veuille bien faire. C'est devenu trop dur.
- Pourquoi ? Tes parents sont morts ?
James avait de l'admiration pour la délicatesse et le tact dont les gens faisaient preuve.
- En quelque sorte. Tu peux sortir, s'il te plait ? Je vais dormir, maintenant.
Percevant toute sa froideur, elle n'insista pas. James ferma la porte derrière elle et soupira en regardant son Pokémon assis dans un coin de la chambre.
- Ce sont des gens comme elle qui me font penser que mes efforts sont vains.
Coudlangue soupira en secouant la tête. Cette réponse négative ne rassura pas le jeune homme. A force de déceptions, James ne croyait plus en rien. Pire, sa situation laissait à présager qu'il ne réussirait jamais. Il n'était en rien un élu, on peut plutôt dire qu'il avait de la chance, mais cette chance avait des revers tellement énorme qu'on pouvait sans l'ombre d'un doute parler de malédiction. Il préfèrerait parfois être comme tous ces gens. En fait il l'était, en quelque sorte, au départ…
James se posa dans le lit après s'être déshabillé et sommairement lavé, puis il se coucha. Avant de s'endormir il poussa un long soupir lassé parce qu'il savait exactement comment tout allait se passer demain. C'est Noël après tout. Tout le monde sait comment ça se passe le lendemain.

Le lendemain, James se réveilla subitement.
Il s'habilla en catastrophe et réveilla Coudlangue, allongé sur le sol. Le Pokémon s'empressa de se relever. Ils n'avaient pas beaucoup de temps, ils le savaient bien. James ouvrit la porte le plus calmement qu'il put. Les deux compères parcoururent les couloirs de la maison vide. Une porte s'ouvrit derrière eux, d'où sortit la fille des Parsons, en pyjama. James et Coudlangue descendirent les escaliers de la demeure à toute vitesse. James et Coudlangue sortirent par une porte-fenêtre qui donnait sur un jardinet. Maître et Pokémon franchirent la barrière en sautant. La fille des Parsons s'étonna en regardant les deux compères partir à travers les bois. Lorsque les parents, alertés par l'agitation, descendirent voir leur fille, leur mine était intriguée voire surprise.
- Ma chérie, que se passe t-il ?
- Euh… J'en… J'en sais rien du tout ! s'écria la jeune fille.
- Qu'est-ce que tu regardes dehors ?
- Des gens… Il y avait… un garçon et un Pokémon, ici…

Après quelques dizaines de minutes, ils cessèrent de courir, essoufflés. James et son Pokémon échangèrent des regards entendus quant à la situation. Il fallait encore arpenter les routes glacées à la recherche d'une radio qui serait peut-être salvatrice. Il n'en savait plus rien après tout. Ce n'était pas question d'abandonner ou de cesser d'essayer, mais que c'était trop difficile pour le résultat qu'il pouvait en espérer. En fait il évitait de se poser cette horrible question « A quoi bon ? » qui lui venait parfois. Ce serait le pire. Et Coudlangue de temporiser en tapotant le dos de son maître d'une patte affectueuse. James avait bien besoin de ça.
Ils atteignirent une église, centre névralgique de la paroisse du coin, avec un clocher relativement haut, qui se mit à sonner huit fois. Le froid était envahissant et nos deux compères auraient bien aimé trouver un coin ou prendre un café. Une résidence attira l'œil de James. Une dame assez âgée se promenait dans son jardin sans clôture. James et Coudlangue approchèrent, intrigués.
- Madame ?
Elle ne répondit pas. Une femme plus jeune sortit et appela la dame.
- Bon sang Virginia, rentrez ! Il fait un froid à fendre un Racaillou !! Oh bonjour…
James salua.
- Qu'es-ce qu'elle a ?
- Madame Emerson n'a plus toute sa tête, la pauvre. Qui êtes-vous ?
- Je suis James Callum, et lui c'est Coudlangue.
- Vous êtes un dresseur en voyage ?
- Voilà… Pourrait-on… entrer et avoir un café ?
- C'est la maison de Virginia, il faut que je lui demande.
L'aide-soignante agita les mains dans une batterie de signes que la vieille comprit. Elle regarda James et Coudlangue et leur fit un sourire sympathique que les deux accueillirent bien. Elle répondit aux deux visiteurs, ce que l'aide soignante répéta en mots intelligibles :
- Elle est d'accord. C'est Noël après tout.
Il avait bon dos, décidément, Noël.
- Est-ce que Madame Emerson possède un radio-émetteur ?
- Oui, acquiesça l'aide soignante. Quant à savoir si elle vous laissera l'utiliser…
Qu'importe. James et Coudlangue entrèrent et partagèrent avec Virginia et son aide-soignante un café et une pâtisserie chaude, tout en racontant leur histoire. Une histoire que l'infirmière à domicile eut bien du mal à croire.
- En fait ça me paraît même complètement farfelu. Je me demande ce que la vieille en penserait.
Elle raconta en signes la raison pour laquelle James et Coudlangue cherchaient un radio-émetteur. La vieille sembla étonnée, rit puis agita les doigts en souriant.
- Ca l'amuse. Elle veut bien que vous vous en serviez.
James soupira tristement. Ca ne l'amusait plus du tout, lui. Il en avait même carrément ras le bol de tout ça. Le pire c'est que ça ne s'arrêterait peut-être jamais.
Le petit groupe entra dans la salle ou se trouvait l'émetteur. Une membrane de peau tendue était branchée à un système de communication. Coudlangue lécha la membrane pour l'humidifier. Puis il plaça son visage en face et regarda son maître qui mettait le casque et plaçait le micro face à lui. Pokémon et dresseur échangèrent un regard rempli d'espoir et de complicité. L'aide soignante et Virginia Emerson regardèrent les deux compères, assises sur des chaises derrière eux. Coudlangue lança un Ultrason, ce qui fit vibrer la membrane et diffusa les ondes sur le réseau principal. Tous ceux qui avaient une radio allaient l'entendre.
Et puis James diffusa ce message :
« Mesdames et Messieurs ! Concitoyens de Sinnoh !
Je m'appelle James Callum ! Vous ne me connaissez pas, je suis un habitant de la ville de Frimapic. Je suis le seul témoin à même de relater de l'évènement terrible qui s'est déroulé il y a quelques mois dans notre belle région. Je ne suis pas fou, je suis même très saint d'esprit. Je dois vous faire part de ce qui est arrivé après l'apparition étrange de ce trou noir au dessus du Mont Couronné.
En fait depuis ce jour, j'ai l'impression que les éléments qui régissaient les lois de l'espace et du temps ont disparu de notre monde. Parce que quand ce trou noir a disparu, j'ignore exactement ce qui est arrivé, mais… La terre ne tourne plus autour du soleil. Elle continue à tourner sur elle-même mais elle ne tourne plus autour du soleil. Et apparemment personne n'en a conscience. Vous vivez en fait éternellement le jour de Noël, le réveillon plus exactement. Et je suis à première vue le seul à m'en être rendu compte. Au début j'étais content de fêter Noël chaque jour – en fait je pense que ça doit être le rêve de tout le monde – mais à la longue mes parents ne se comportaient plus que comme des zombis répétant éternellement les mêmes tâches, ne me prêtant plus aucune attention. Je suis parti et depuis je diffuse ce message à chaque radio que je trouve, dans l'espoir que quelqu'un m'entende. Si jamais vous avez conscience vous aussi de ce qui se passe, entrez en contact avec moi, et on essaiera de savoir ce qui s'est passé au sommet de la montagne, je ne suis même pas sur qu'on réussisse… Mais au moins savoir. Peut-être que certaines personnes ont conscience de cet état de fait mais qu'ils n'osent pas le dire ou qu'ils pensent que cette situation est amusante ou providentielle. Croyez-moi c'est loin d'être le cas, ça ne durera pas, ce sentiment de joie. Vraiment. La même journée qui se répète, quand bien même le 24 décembre, ça n'a rien d'amusant. Je vous en prie, si comme moi vous avez conscience que la journée se répète éternellement, contactez-moi… »

Les arbres n'avaient plus leurs feuilles depuis bien longtemps.
Le ciel grisâtre était d'une banalité affligeante.
Le sol, couvert de neige, n'était plus vraiment fertile.
Autour d'eux, les arbres, la neige, les ténèbres et l'éternité.
Il était seul en ce 24 décembre.
VRAIMENT SEUL…
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