UNE VIE DANS LA RUE



Il était 18 heures, comme tous les jours, Maxime marchait dans les rues qui ce jour là étaient froides et enneigées. Quand les méchants persians ne volaient pas des marrons ou ne saccageaient pas les rues enguirlandées, ils sortaient des égouts pour l'embêter et lui racketter le peu de nourriture que de vieilles dames lui avait donné. Le petit pikachu n'aimait pas l'hiver, là où les humains étaient bien au coin du feu et à côté du sapin, il devait se trainer dans la neige tout en grelotant de froid. Au lieu de s'amuser avec des amis, tout comme les enfants, le pokémon devait se débrouiller pour trouver à manger. Son pelage qui auparavant était soyeux et doux, s'était abîmé au fil des années et plus personne ne voulait l'accueillir dans son foyer.
Comme tous les 24 Décembre, Maxime errait dans les avenues de la ville. Il avait des larmes qui tombaient de ses yeux en pensant aux humains qui maintenant devaient dormir en attendant l'arrivée du père noël et de ses cerfrousses. Il devait trouver un quelconque logis pour dormir, mais il faisait tard et la plupart des endroits qui pouvaient l'abriter étaient déjà occupés. Au bout de plusieurs minutes de marche dans la nuit, il trouva une poubelle vide, la fit tomber de façon à ce que l'ouverture soit à son niveau et entra dans son nouveau lit. Son sommeil fut bref car vers 6 heures du matin il fut réveillé par des gens qui jetaient leurs déchets de la veille. Il avala le peu de chaire qu'il y avait autour des os du galifeu de noël et repartit pour errer une nouvelle journée dans la ville enneigée. Pendant sa marche, il entendit des cris de joie qui sortaient des maisons. En montant sur un échafaudage, il entrevit par une fenêtre des enfants déballant des cadeaux. Maxime aurait tant aimé pouvoir faire comme eux ; mais comment cela aurait pu être possible ? Il avait connu beaucoup de dresseurs qui voulaient l'attraper, cependant il résistait à chaque fois à leurs pokémons. Si seulement il avait pu revenir dans le passé, il se serait laissé tomber K.O pour rentrer dans un foyer. Mais c'était le passé et Maxime n'aimait pas se rappeler de ces moments tristes. Ce matin là, il ne neigea pas, mais la neige de la veille, à présent fondue, avait laissé une légère couche de verglas. L'eau de la fontaine au centre de la ville avait glacé et des pokémons jouaient dessus. Le pikachu se joignit à eux. Pour la première fois depuis des années, il avait peut-être une chance de s'amuser, mais à peine arrivé sur la glace, trois gros persians se mêlèrent aux pokémon et effrayèrent toutes les bêtes qui se dispersèrent chacune de leur côté. Maxime haïssait pour de bon l'hiver : ces cuisses de roucoups qu'il ne goûterait jamais, ces maisons chaudes où il n'irait jamais et ces amis avec qui il ne jouerait jamais. Il enviait les humains, eux au moin étaient logés, nourris mais surtout ils s'amusaient. Comme si le grand Arceus avait fait en sorte que le monde soit fait pour les humains alors que lui même était un pokémon. Que d'injustice était ce monde, mais il était déjà midi et Maxime devait arrêter de rêver à un monde équitable pour trouver à manger. Bizarrement, les poubelles ne regorgeaient que de déchets non intéressants : les os n'étaient pas recouverts de chaire, les boîtes de conserve étaient vidées et il n'y avait plus de bûches sur les assiettes en carton. Il était vraiment maudit, mais il n'aurais jamais accepté de mourir de faim. Le pokémon sentit une bonne odeur de fromage fondu et de charcuterie, mais cette odeur provenait d'une maison. Il était trop tard, Maxime avait reniflé la magnifique odeur et il ne pouvait plus reculer. Il entra par une petite ouverture puis arriva dans le grenier. L'endroit était sombre et occupé par plein de babioles. Pikachu se faufila entre les vieilleries pour arriver dans la cuisine. Après quelques pas, il arriva dans la salle où était installée la nourriture qui avait tant attiré Maxime. Il commença à manger quand une femme arriva. Après quelques secondes d'hésitation elle se mit à crier «A l'aide, une souris !». Son fils, qui était à peu près âgé de 10 ans, arriva à son tour dans la salle et attrapa la pauvre bête qui avait encore été frappée par sa malchance. L'enfant sortit la petite souris dehors et la posa gentiment sur la neige. Le garçon savait bien que le pauvre pikachu aurait été mieux dans sa maison, mais il savait aussi que sa mère avait la phobie des rongeurs et il n'avait pas envie d'être puni pour l'avoir gardée. Tout en demandant au pikachu de l'attendre, le garçon rentra chez lui. Après quelques secondes d'attente, le jeune homme ressortit de chez lui avec des croquettes et des habits d'hiver. L'enfant se présenta en disant qu'il s'appelait Henri. Après avoir nourrit et habillé le pokémon le garçon lui proposa de jouer avec lui à une bataille de boules de neige. C'était trop beau pour être vrai, pour la première fois depuis des années il avait enfin trouvé un ami, un compagnon avec qui jouer. Paf, paf et encore paf ; les nouveaux amis s'amusaient tellement qu'ils n'auraient jamais souhaité arrêter ce jeu. Soudain, ils entendirent un appel, sûrement la mère d'Henri appelant le garçons parce qu'il partit de suite. Les amis se dirent au revoir en se promettant de revivre une aussi belle journée.
Il s'était passé trois jours depuis la rencontre entre les deux amis. Ils ne s'étaient toujours pas revus et les gens semblaient avoir déjà oublié Noël pour préparer le nouvel ans. Depuis leur rencontre, Maxime revenait devant la porte de la maison de son ami, mais le miaouss de la famille le chassait en permanence. Mais ce jour-ci, Henri sortit de sa maison à temps pour chasser la vilaine bête. L'enfant lui proposa de rentrer chez lui. Le pokémon se demanda pour quelle raison il pouvait entrer vu que la mère de son ami avait peur de son espèce:
-J'ai parlé de toi à mes parents, expliqua Henri.
-Pikkaaa.
-Je leur ai demandés si je pouvais te garder et ils ont dit oui.
Le cœur de la petite souris se mit à battre la chamade. Certes, il voulait être logé et nourri, mais il tenait également à sa liberté. Sa réponse allait sûrement changer sa vie, mais elle était plus dure à choisir que vous ne pouriez l'imaginer. Pendant que le garçon tendit sa pokéball afin que le pikachu y entre, le pokémon réfléchissait toujours. Après avoir fait son choix, il lui fit signe de la main et, le visage triste, il quitta la maison pour retourner dans le froid. Au fil des années, il s'était habitué à la vie sauvage et il ne pouvait plus être apprivoisé. Ainsi, il préféra continuer sa vie, comme il l'avait commencée : dans la rue.