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One Desire



Elle grelottait. Je ne l'avais jamais vu ainsi. Ses mâchoires hérissées de dents pointues claquaient de façon incontrôlable, manquant à chaque rencontre de sectionner sa longue langue bifide. Elle tremblait de tous ses membres et le gel avait emprisonné ses ailes dans la glace, scintillant à la lueur de la Lune. Ses yeux étaient clos, et elle était lovée autour de nous dans l'espoir vain de nous protéger de ce froid qui mordait ma peau malgré son épaisseur et mes écailles. Elle avait froid. Nous le sentions tous. Elle avait froid car sa flamme diminuait et que son ventre était froid. Elle avait beaucoup trop froid, si froid que même sa peau était glacée. Et nous, nous savions que si la température ne remontait pas très vite, elle mourrait. Et nous n'aurions rien pu faire.

Les minutes passaient, interminables. Je sentais peu à peu ses membres s'engourdir et son tremblement s'estomper. Le froid s'était accru avec la tempête et ma vision réduite a un tourbillon de flocons ; et à elle. Elle, qui m'avait donné naissance et s'était battue bec et ongle pour assurer notre survie. Elle, qui m'avait nourri et aimé de ce jour où j'ai croisé son doux regard pour la première fois, brisant ma coquille. Elle, qui allait mourir pour nous.

Loin ! Tu seras loin de moi,
Et je ne te verrai plus.

Tu as ouvert les yeux, ils étaient chauds et froids à la fois. Ton regard s'est planté dans le mien. Doux, tendre. Ma vision s'est brouillée, des larmes ont coulé sur mes petites joues, et elles y ont gelé ; petites perles pailletées sur ma peau. Tu as étendu ton long cou tandis qu'un ronronnement résonnait dans ta gorge. Ton museau a effleuré le mien avant de se poser doucement dans la neige. Les yeux clos. Tu étais ma mère, je t'aimais. Tu étais morte, mais je t'aimais toujours…

Va, va ! Tu peux t'envoler
Par-delà monts et vallées
Vers des terres ignorées !
Va, va ! Tu peux t'envoler
Et ne me revenir jamais !

Aux autres, à mes frères et sœurs, j'ai faussé compagnie. Avec un pincement au coeur. Adieu. Chacun doit lutter seul à présent, c'est triste mais c'est ainsi. Je voulais atteindre ces lumières que je voyais au loin. Tout ce que je voyais dans ce tourbillon de neiges, tout ce que je voyais malgré les larmes qui jaillissaient de mes yeux, c'était ces lumières. Elles qui avaient fait naître un espoir dans mon petit cœur meurtri. L'espoir de survivre.
Je suis entré dans ce village, engourdi et serein. Qu'avais-je à perdre à présent, autre que ma vie ? Cela n'avait plus d'importance.

Maman...

Des enfants jouaient et riaient aux éclats, emmitouflés dans leurs vêtements d'hiver. Ils se balançaient des boules de neige et dévalaient une rue en pente sur un morceau de bois. Ils se roulaient dans la neige et dessinaient sur les vitres. Ils avaient l'air heureux. Un sourire illumina mon visage malgré moi. Les voir ainsi, ensembles, heureux, c'était quelque chose de magique.

Quelle différence…

Seul dans l'ombre d'un pin, transi de froid, je me détournai de ce spectacle et la vis. Elle était grande, elle était belle. Cette maison. Avec ses lumières et la neige qui la recouvrait de son long manteau blanc. Elle m'attirait. Je grimpai tant bien que mal sur le rebord de la fenêtre, je voulais voir l'intérieur.

À travers la vitre, je voyais une chambre. Un sapin aux épines autrefois vertes mourrait dans un coin, encore chargé de boules et de guirlandes aux couleurs vives. Des gens regroupés au chevet d'un lit, et surtout ce petit garçon. Cet enfant dans ses bras, les bras de sa mère. Elle était pâle, allongée dans le lit. Un homme en blouse blanche lui tenait la main, et elle me vit. Elle m'a adressé un sourire, et ses yeux se sont clos. L'homme en blanc a relevé la tête du corps de la défunte et ses lèvres ont bougé. "Maladie… froid…". J'y ai lu ces mots. Tu pleurais, petit enfant. Un pas en avant et une douleur sans fin. Les autres semblaient abattus, mais néanmoins résigné. Était-ce inévitable ?

Et puis, j'ai croisé ton regard.
Un seul chemin et la guerre dans ton cœur.

Peut-être, nous ne sommes pas si différents…

Tu es descendu du lit, en silence. Tu as marché vers la fenêtre et tu m'as regardé.
Une seule envie et un unique espoir.

…Oui, même plus proches que tu ne le crois.

Tu as ouvert la fenêtre, et m'as pris dans tes bras. Tu as dit quelque chose, mais je n'ai pas compris. Juste mon nom.
Petite Lumière, petit Espoir.
"Petit Salamèche…"

Je ne savais pas. Je ne pouvais pas connaître la suite. Tu aurais pu faire ce que tu voulais de moi…
Mais tu m'as sauvé la vie.


Va, va ! Tu peux t'envoler
Par-delà monts et vallées
Vers des terres ignorées !
Va, va ! Tu peux t'envoler
Et ne me revenir jamais !

Loin ! Tu seras loin de moi,
Et je ne te verrai plus.
Loin ! Tu seras loin de moi !
Mais à jamais je t'attendrai.
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