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Les premiers flocons de neige commençaient à tomber.
Les plus jeunes pokémons s'amusaient avec, ne connaissant pas cela. C'était beau l'innocence enfantine. Ils jouaient quitte à en mourir de froid.
Ils jouaient pour l'instant présent, et non pour le futur.
La neige fondait avant même de me toucher, et ce depuis mon enfance. Je n'ai jamais pu la toucher sauf ce jour...ce jour-là. Encore ce souvenir...
J'avais beau essayer encore et encore de l'oublier, il remontait à la surface chaque hiver.
J'agitais doucement mes neuf queues orangées en me levant.
Je fis quelques foulées pour arriver à la cascade.
Cela me rappela le jeu que je jouais autrefois avec mon dresseur : marcher le plus vite possible avant que la neige fonde sous la chaleur de mes pattes.
Décidément aujourd'hui ce souvenir accaparait toutes mes pensées.
La cascade était figée dans des glaces éternelles.
Le fait que ce soit la demeure de Momartik expliquait aisément cela.
Ce souvenir remonte à tellement longtemps désormais. Le poids des ans se faisait de plus en plus lourd chaque jour.
Le fantôme de neige s'approcha de moi.
-Enfin...Enfin tu acceptes...Mais sais-tu ce que cela signifie feunard ?

-Oui. Je suis prête. lui répondis-je.

Elle s'approcha de moi et usa de ses pouvoirs. Je me souvins enfin.
Je vis un goupix allongé sur un tapis, dans une maison d'humain.
Moi. Il y a tant d'années.
Le dresseur vint me chercher, tout sourire, et me réveilla. Je lui souris en retour.
Dehors, les sapins étaient blancs, la terre blanche.
Nous allâmes nous entraîner comme chaque matin dans le champ derrière la petite maison.
Des flaques d'eau se formaient là où je posais mes pattes. J'étais heureuse d'être avec lui, mon dresseur. Il s'amusait à me jeter des boules de neige.
Je savais que pour les humains, la période des flocons de neiges annonçait une fête où ils recevaient des objets.
Au fond du champ, se trouvait une petite clairière émeraude au printemps, mais qui désormais était baignée dans une lumière bleutée.
Au sommet de la colline qui la surplombait se trouvait un temple en ruines.
Toujours soit t'il que ce jour-là, mon dresseur vit un zarbi qu'il voulut que je combatte.
Je le vaincu aisément.
Mon dresseur rigola et voulut qu'on aille dans le temple. Je le suivit.
Un groupe de zarbi s'avança, que je vaincu à l'aide de lance-flammes.
Puis d'autres. Et encore d'autres.
Je ployais sous le nombre d'ennemi.
Mon dresseur m'accablait d'injures et de : allez ! Bas-toi !
Il prit la fuite quant il vit le nombre de zarbi s'avançant vers moi.
Des blessures me recouvrait le corps, j'étais à bout de forces, épuisée, sonnée par l'abandon de mon dresseur. Je combattais pour ma survie, seule. Seule, sans personne sur qui compter.
Les zarbis semblèrent avoir pitié de moi et finirent par partir, me laissant par terre, K-O.
Je me réveillais douloureusement le lendemain au premières lueurs de l'aube.
J'errais, chaque pas rouvrant mes blessures.
Les enfants humains jouaient, respiraient la joie, m'évitaient et étaient indifférents à mon sort.
Je vivais au jour le jour, faisant les ordures. Je détournais le regard en voyant les maisons où festoyaient copieusement pokémons et humains.
Je revis mon ancien dresseur un an après. Il avait racheté pour Noël un autre goupix.
Produits de consommation, jouets, voilà ce qu'on était pour eux.
Ils ne déniaient même pas me regarder, où me donner une petite baie.
C'était leur bonheur, et ils semblaient croire que le garder égoïstement le préserverait.
D'autres pokémons comme moi traînaient autour de la ville.
Quand je mis un pas dans la forêt, je vis avec étonnement que la neige ne fondait plus autour de moi.
Je marchais dans la neige !
Mon état de faiblesse était tel que je ne réfléchissais même plus aux besoins naturels de mon corps, et je marchais tel un robot, dans les villes illuminées.
Tous les humains pouvaient bénéficier de cette lumière, entre eux c'était les embrassades les chocolats, le foie gras.
Pour n'importe quel pokémon « sauvage », c'était désolation, faim et solitude.
Vers Argenta, une petite fille s'approcha de moi ; un air de profonde pitié sur son petit minois.
Elle me tendit la main.
Sa mère, la voyant, la tira précipitamment en arrière en lui criant un : ne le touche pas ! C'est sale !
Et elle me fit déguerpir, un balai à la main.
Dans la forêt de jade, je put cueillir quelques baies qui n'étaient pas encore séchées par le froid.
Des sons de rires me parvenaient d'Argenta. Une cascade gelée apparut devant moi.
Une momartik se tenait devant moi, et m'invita dans son « logis », derrière la cascade pétrifiée dans l'éternité.
Je reprit des forces petit à petit chez elle, et finit par presque oublier ce traumatisme.
Le fantôme de neige me disait chaque hiver, quand des bribes de souvenirs me revenaient, d'utiliser ses pouvoirs pour m'en souvenir quand je serais prête.
Je sut vite que ce traumatisme, si je m'en remettais, signifierait également la fin de ma vie. Mais je savais aussi qu'il me permettrait d'être tranquille. Pour l'éternité.

Le souvenir était fini.
La fantôme glacé me fit un petit sourire triste et me murmura un adieu de sa voix d'outre tombe.
La conscience apaisée, je m'allongeais au pied d'un grand sapin.
Comme jadis, les échos de voix humaines me parvenaient d'ici.
Des rires, des chants d'humains ayant oubliés qu'ils n'étaient qu'une race d'animaux, comme nous. Ayant oublié et perdu depuis longtemps ce qu'ils prétendent avoir, faire leur distinction et qu'ils appellent : l'humanité.
Le temps était venu.
Un flocon se posait, intact, sur mon museau.
Le prix de tant d'années de souffrance dans ce bas monde.
Je m'endormit. Eternellement. Loin de tout. Seule dans le silence, là où plus rien ne pouvait me faire souffrir.
La neige me recouvrit.
Des couples humains passant là admirèrent ce qu'ils prenaient dans leur bonheur un sculpture de neige en forme de feunard.
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