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Chasse au darou
Les deux jeunes femmes pataugent dans la neige épaisse. L'une est asiatique, vêtue d'un kimono rembourré et et plusieurs bas de laine. Son kimono et son obi sont bariolés, comme il sied à une femme de sa « profession ». Ses getas noires ont trois dents et des épingles à cheveux jaunes font comme des oreilles qui pendent de ses chignons, de part et d'autre de sa tête. Elle trébuche et glisse dans les hautes herbes, sur le marécage gelé.
L'autre jeune femme porte des sabots et des bas de laine épais. Elle a une jupe rouge en laine, un chemisier de lin blanc et un corselet noir par-dessus. Elle est enroulée dans plusieurs châles noirs à franges brodés de fleurs. Sur sa tête, un coiffe bizarre avec un gros ruban noué et par-dessus, une faluche d'étudiante.
Devant les jeunes femmes, ouvrant la marche en pilant la glace sous son poids, le blizarroi nommé Napoléon.

Le Ried alsacien est un marécage qui s'articule autour du Rhin sinueux. Tout engourdi par l'hiver, il n'émet plus que des sons étouffés par la neige. Sous les congères, les pokémons-orchidées somnolent, attendant le retour du printemps.
C'est la saison idéale pour partir à la chasse aux orchidées, explique la jeune Alsacienne. Elles sont toutes engourdies par l'hiver. Par contre elles sont protégées, donc les dresseurs qui veulent en posséder une doivent passer par les élevages agréés par le gouvernement local et ils reçoivent une autorisation spéciale. Ils doivent déclarer les œufs et les relâcher dans le Ried.
L'espèce est à ce point menacée ? s'enquiert la Japonaise.
Et comment ! Il faut des conditions climatiques extrêmement spéciales pour les orchidées Alsaciennes. La moitié d'entre elles ne passera pas le premier hiver, les trois quarts des restantes n'atteindra pas l'âge adulte.
C'est violent...
Par contre, Napoléon il en a rien à fiche du froid... veinard...
Le blizzaroi hausse les épaules et attend patiemment que les jeunes femmes aient terminé de discuter.
Frissonnant sous leurs vêtements, elles avancent en clopinant sur la glace pilée, moins glissante que le reste du marécage.
Y'a des ours par ici ? demande la Japonaise.
Nan, tous disparus. Si tu veux des ours, descends dans les Pyrénées. Ici on a quelques loups, des lynx aussi...
Attends, remets-moi...
Des loups c'est des grahyénas. Des lynx, c'est des félins que vous avez pas au Japon, double type roche/glace. On les retrouve jusqu'en Sibérie, ici c'est l'extrême sud de leur aire de répartition. Ils ne sont pas très agressifs sauf en hiver ; à cause de la dépense énergétique qu'ils doivent fournir pour traverser la neige, ils descendent des montagnes pour chasser. On garde des hérissons – pardon, des typhlosions – pour protéger les troupeaux, les poulaillers, les vaches, tout ça.
Et ça, c'est des empreintes de quoi ?
Des sangliers – pardon, des cochignons – européens. Type unique sol, ils se vautrent dans la boue et dans les flaques de pétrole qui affleurent dans le nord de la vallée. Ils chargent facilement à cette époque de l'année et n'hésitent pas à aller se nourrir sur des créatures plus grosses qu'eux.
Tu veux dire qu'ils sont carnivores ?
La jeune Japonaise a un regard horrifié sous son fard blanc et son épais mascara.
Seulement en cas de forte disette. Sinon ils se nourrissent surtout de larves, de champignons, de glands...
La Japonaise n'est pas rassurée. Elle se rapproche de Napoléon. Autour d'eux, la nature engourdie reste silencieuse.
Viens, je vais te montrer les chenaux du Rhin ! Oh, c'est mieux en été, on y reviendra, ne t'en fais pas ! Je te montrerai les barrages des castors, et comment ils traînent leurs petits sur leur queue ! Pour le moment ils sont bien au chaud dans leur hutte, à grignoter leurs provisions...

Les arbres nus sont penchés sur l'eau glacée. Des trous dans la couche de glace indiquent là où les créatures et les pokémons de la forêt vont boire. Quelques canards aventureux se glissent par l'ouverture afin de fouiller la vase et reviennent promptement. Les autres restent sagement assis sur la glace sans remuer une plume, économisant leurs réserves de graisse pour survivre le plus longtemps possible, attendant le dégel. Plus loin, un énorme oiseau pokémon les contemple du haut de son long cou blanc.
Il y a beaucoup de pokémons roche et glace en Alsace...
Ne t'y fie pas ! En été les pokémons plante sortent de dessous la neige et on ne voit plus qu'eux !
Celui-là, c'est quoi ?
Un cygne. Les petits sont gris, type eau. Les adultes sont eau/vol, les plus vieux sont glace/vol. Comme celui-là, par exemple. Ce qui explique sa présence ici. Les autres hivernent en ville, tu as dû les voir à Strasbourg.
La Japonaise fronce les sourcils.
Et tu vas encore me raconter cette histoire de pokémons semi-domestiques...
Ils le sont ! Les gens les nourrissent toute l'année, comme les différentes espèces de canard qui vivent sur l'Ill. Ils se sont habitués aux hommes, mais ne sont pas plus faciles à capturer.
Et les goelises ? C'est normal les goelises ?
Elle pointe du doigt la mouette pokémon, perchée dans un arbre avec d'autres mouettes.
La station d'épuration n'est pas loin, elles sont attirées par l'odeur.
Depuis la mer ?
Non, elles hivernent à l'intérieur des terres. Elle font pas ça au Japon ?
La Japonaise soupire et sourit tout en même temps.
Nan, c'est soit la plage soit les volcans, avec à tout casser cinquante kilomètres entre les deux.
Rien à voir avec les quatre cent kilomètres parcourus par ces volatiles !
Elles sourient et continuent leur marche d'observation.

De retour à Strasbourg, le lendemain matin, elles tapent du pied dans le hall de l'Institut de Géologie (laboratoire spécialisé dans l'étude des pokémons de type roche). Il fait froid, environs vingt degrés sous le zéro au thermomètre. Enfin le tuteur de thèse de l'Alsacienne apparaît et accueille la Japonaise.
Bonjour Cerise ! C'est un honneur pour moi que d'accueillir une élève de la prestigieuse université de Tôdai ! Et une ancienne de Chen en plus !
Cerise rougit. Elle resserre son kimono sur le tatouage rouge en forme de « R » qui orne sa poitrine et replace nerveusement ses épingles à cheveux indiquant sons statut d'oiran.
Viens, le bureau est par là !
Les trois femmes, Maria l'Alsacienne, Cerise la Japonaise, et Tisha l'Africaine et tuteur de thèse, avancent sur le carrelage mosaïque qui glisse, couvert de givre. Aux côtés de Tisha, un rhinocorne.
Voilà la salle café de l'étage !
Dans la salle, quelques thésards et professeurs sont réunis autour d'un typhlosion pour se réchauffer.
Je vous préviens, l'eau a gelé dans les tuyaux ! annonce un professeur à barbe fournie. J'ai pas encore vérifié les autres étages mais ici, pour faire le café, c'est mort. Pas d'électricité non plus.
Il désigne le raichu aux joues duquel a été branchée la cafetière qu'un ptitard a remplie de son pistolet à eau.
On fait comme on peut !
Maria a un peu honte de présenter l'Institut sous ce jour à Cerise ; elle jette un œil en coin à sa partenaire qui se contente d'admirer l'ancien carrelage des hottes aspirantes.
Ah, c'était un labo avant ? demande-t-elle tout simplement.
Ouais, répond un prof.
Les thésards servent le café et font ensuite la vaisselle à l'aide du ptitard.
Pour bosser, on fait comment ? interroge Tisha. Si on a plus d'électricité ?
Des pokémons électriques.
On en a assez pour faire tourner toutes les machines ?
Va falloir se contenter du strict minimum. Pas d'analyse spectro plasma pour le troisième étage, pas d'expériences shear/pressure pour le sous-sol...
C'est les physiciens qui vont pas être contents...
On s'en fout des physiciens ! Ils ont qu'à ramener leurs propres pokémons et puis c'est tout.
Tisha soupire et pilote les deux thésardes jusqu'au bureau qu'elles se partageront durant l'année que Cerise va passer en France.
Bon, je vous laisse. Vous avez de la doc, si vous faites du terrain vous remplissez la fiche d'abord. Moi je file, j'ai des cours toute la matinée. Si les élèves se sont dérangés...

Les deux jeunes femmes se regardent en silence pendant quelques instants. Puis elles ont la même réaction en même temps :
On sort ?

La fiche de terrain remplie, elles s'échappent gaiement dans le parc des universités. Sur la neige, des empreintes d'écureuils et de petits oiseaux. Dans le ciel blanc, pas un mouvement. Un bonhomme de neige solitaire trône près du bassin gelé dans lequel hibernent quelques poissons à moitié congelés. Cerise, après avoir soufflé sur ses mains, sort sa galopa ailée, sa célestia, comme elle dit. L'imposante créature fait fondre la neige dans un rayon de plusieurs mètres ; les jeunes femmes déserrent leurs vêtements, surprises par la vague de chaleur.
Bon, on part où ? demande Cerise. Je suis censée étudier tous les pokémons européens...
Et moi, les pokémons roche, mais on va pas en faire toute une histoire... Allez, on va à l'Observatoire !
Où ça ?
La grande coupole ! Les astrophysiciens sont vraiment trop bizarres, il faut absolument que je t'emmène là-bas !
Amalthea la célestia leur ouvre la voie dans le parc déserté où même les enfants ne jouent plus. Quelques rares passants avancent sur la fine piste dégagée sur le trottoir, certains accompagnés par un pokémon imposant, d'autres chevauchant une monture de leur convenance. Dans le boulevard, la sonnerie du tramway retentit à intervalles réguliers.
Un groupe d'oiseaux se dispute une boule de graisse dans laquelle sont fichées des graines.
Ils souffrent beaucoup du froid, de même que les pokémons plante, sol et roche, explique Maria. Les dragons aussi. Les type eau sont souvent coincés sous la glace et hibernent.
C'est quand même un fait bien connu, ce que tu blablates là...
Les gens parfois se rendent pas compte. Ils connaissent leur table des types, mais ils n'en prennent pas compte dans la vie de tous les jours. C'est dommage.
Elles arrivent devant le bâtiment abritant la grande coupole couverte de givre. Le mécanisme est de toute évidence hors-service, à moins d'être décoincé en fondant la glace. Maria tape à la porte. Un colosse barbu aux cheveux longs et au ventre gonflé à la bière ouvre la porte. Il plisse les yeux puis la serre dans ses bras.
Mariaaaaaaaaaaaaaaaaa !
Nicolaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaas !
Ils échangent quelques bourrades puis se saluent en ôtant leurs faluches (chapeau étudiant en velours noir, couvert de pin's et de rubans).
On est venues voir comment vont les étoiles par ce grand froid...
Comme des charmes ! Entrez !
Ils pénètrent dans un hall orné de statues de grands astrophysiciens et astronomes. Rien à voir avec les colonnes de potasse, les vitrines de minéraux, les fossiles et autres cailloux en tout genre qui traînent à l'Institut de Géologie.
Ici, explique Nicolas, nous avons pour but ultime de découvrir Jirachi. En attendant nous observons les étoiles et élevons nos propres étoiles. Qui d'ailleurs n'en ont rien à péter du froid hivernal, les veinardes !
Quelques pokémons de type acier/psy flottent autour de lui. De forme cristalline étoilée plus ou moins développée, ils émettent de la lumière en pulsant doucement.
Ils supportent mieux le froid que les sélérocs ! constate Nicolas en désignant la créature lunaire prostrée dans un coin.
Cerise et Maria acquiescent.
Cette vague de froid est vraiment terrible, à part les types glace, feu et acier, personne ne s'en sort indemne...
Maria soupire.
C'est vraiment pas le temps idéal pour faire du terrain. Pourtant, on peut observer des comportements inédits grâce à ces conditions extrêmes... par exemple, à l'institut de botanique, ils ont découvert que les tortues – les tortipouss, Cerise... – se sont rassemblés pour l'hivernage, alors que d'habitude, y'a que les serpents à faire ça – on a une sorte de serpang mais plus petit dans nos régions.
Oué, et y'a des légendaires et autres raretés qui sortent plus facilement... Le Hans Trapp, paraît-il, a fait quelques victimes...
Maria frissonne et retient un glapissement d'horreur.
Le quoi ? interroge Cerise.
Maria gémit doucement. Nicolas, à contrecœur, explique :
Un spectre en forme d'épouvantail. Il dévore les jeunes gens. On raconte que c'est le fantôme de Jean de Trapp, qu'il habitait un château fortifié et qu'il était cannibale. Il est terrible. Habituellement il ne se montre pas mais on lui attribue toutes les disparitions non résolue qui ont lieu sur son territoire.
Cerise resserre contre elle les pans de son kimono.
Heureusement qu'ici, nous sommes à l'abri ! remarque-t-elle avec sagesse.
Ils acquiescent en silence.
J'irais bien skier, moi, si j'étais pas coincé ici... avance Nicolas, pour changer de sujet. Paraît que les pistes affichent complet dans les Vosges !
Ouais, c'est la saison des touristes et des pigeons ! lance Maria, un large sourire carnassier sur son visage.
La saison des pigeons ?
Cerise ne comprend pas.
Bon, je prend ma journée et celle du lendemain, faites vos bagages les filles, on va aller chasser le darou !

Nicolas leur donne rendez-vous devant la cathédrale, dans deux heures de là. Tout juste le temps pour Maria de rentrer à Brumath en train, chevaucher Napoléon jusqu'à son village, empaqueter de quoi tenir une nuit, laisser un mot à son mari, et revenir. Cerise n'a pas tant de problèmes, étant logée en résidence doctorale.
Vous êtes prêtes ? C'est parti !
Un vent soudain retrousse les jupes des passantes. L'œil averti reconnaît au milieu des bourrasques la silhouette familière de l'insaisissable cheval de vent qui servit un jour de monture au diable qui fait des courants d'air au fond de la cathédrale, près du pilier des anges. Personne n'a jamais pu se saisir du cheval de vent, ni débusquer le diable dont l'ombre parfois se profile sur les dalles de grès rose.
Maria réarrange jupe et jupon tandis que Cerise, pokéball en main, tente de suivre les circonvolutions de la créature. Elle exhibe un luxray blanc, visiblement décoloré pour les besoins d'un concours quelconque, mais peine perdue : le cheval de vent est réellement insaisissable, réfugié au sommet de la tour, à plus de 140 mètres de hauteur.
La poisse ! Je suis pas rendue ! gémit Cerise.
Insaisissable, je te dis... soupire Nicolas tout en exhibant Milou l'arcanin. Bon, on y va ?
Cerise et Maria montent toutes deux sur le dos d'Amalthea et ils s'élancent à-travers la ville, se dirigeant vers la ligne bleue des Vosges.

Dans la neige jusqu'à mi-cuisse, ils pataugent derrière Napoléon, se dirigeant vers un chalet touristique, lieu de résidence privilégié des « pigeons ».
Les skieurs parisiens sont attirés par nos darous comme les pêcheurs par Lorelei !
Cerise a une légère grimace. Elle se tourne vers Maria, en quête d'explications.
La Lorelei est une sorte de sirène. Elle habite sur un rocher au bord du Rhin, près de Saint- Goarshausen. Laure Lay s'est noyée du haut du rocher après avoir été trompée par son amant. En chantant, elle détourne l'attention des navigateurs qui sont pris par les courants...
On dirait que le coin est rempli de fantômes ! s'étonne Cerise.
Un peu comme chez vous, vous avez tous ces esprits de la nature...
Pas faux !
Nicolas leur fait signe de ne plus bouger. Sur la pente, à une centaine de mètres, un groupe de créatures les observe.
Ce sont les darous, explique-t-il à Cerise. Ils sont très habitués aux pentes, on raconte qu'ils ont les pattes plus courtes d'un côté que de l'autre. Ils ressemblent à des chamois, mais avec une tête de lynx et des cornes de chèvre, de longues moustaches et des favoris. Leur queue est en forme d'éclair. On les pense type hybride électrique/quelque chose, mais personne n'a jamais réussi à en capturer.
Pourtant c'est facile ! lance malicieusement Maria. On se met de nuit en bas de la pente, une lanterne allumée dans un sac. Soit le darou, curieux, se précipite dedans, soit on le siffle, il se retourne, tombe le long de la pente et on le ramasse en bas.
Mais pourquoi tomberai-t-il en se retournant ? interroge Cerise, intriguée.
Ils ont les pattes d'un côté plus courtes que de l'autre, rappellent en même temps Nicolas et Maria.
Cerise éclate de rire, mais ses camarades lui font signe de ne pas faire de bruit. Ils sèment des appâts et s'éloignent en direction du chalet.
La chasse aux pigeons est ouverte ! annonce Nicolas juste avant de pousser la porte.

Dans la salle à manger du chalet, les touristes prennent une dernière collation avant de partir skier. Nicolas et Maria échangent un regard malicieux. Maria fait signe à Cerise de ne rien dire et de conserver un air digne et mystérieux.
Doucement, Maria commence à pousser des cris d'animal intrigants. Nicolas renchérit. Leur duo s'amplifie. Le tenancier du chalet s'enferme dans la cuisine pour ne pas hurler de rire.
Les touristes, n'y tenant plus, finissent par s'approcher, yeux écarquillés.
Euh, vous faites quoi ?
Le rattatac du touriste montre ses crocs derrière son écharpe, prêt à en découdre avec ces étranges locaux.
Nous nous entraînons pour la chasse au darou.
La chasse au darou ?
Oui, la chasse au darou.
Ils montrent par la fenêtre les darous en train de renifler les appâts dans la neige.
Ce sont ces créatures aux pattes plus courtes d'un côté que de l'autre ? interroge une femme, méfiante, un goupix dans les bras. Ceux-là, je connais, j'ai déjà donné dans les Alpes...
Mais non ! assure Maria. Ce sont de très puissants pokémons électrique qu'on ne trouve que dans les Vosges. Voyez leurs queues en forme d'éclair, comme pour les pikachus !
Dans un coin de la salle, trois adolescents aux prises avec un persian récalcitrant se retournent et s'approchent à leur tour.
Puissants comment ?
On raconte qu'ils sont incapturables, explique Nicolas. Mais Sa Majesté la Princesse du Japon (il désigne Cerise) désire en posséder un, alors nous partons en chasse dès ce soir. Si vous nous aidez, vous serez récompensés.
Cerise acquiesce doucement, l'air digne. Elle se mord les lèvres pour ne pas rire : ce sont bien des Européens pour prendre la tenue d'une vulgaire oiran pour celle d'un princesse ! Prendre une courtisane pour une princesse !
Elle se contient tant bien que mal.
Ils sont attirés par la lumière, la nuit, explique Maria. Quand on place une lanterne au fond d'un sac, ils finissent par rentrer dedans tout seul, et on n'a plus qu'à fermer le sac pour le capturer...
Mais ça demande d'attirer leur attention en imitant leurs cris, renchérit Nicolas.
Et il faut beaucoup de patience. À cette époque de l'année, il faut absolument être accompagné par un bon pokémon feu, comme par exemple...
Elle fait signe à Nicolas qui exhibe Milou l'arcanin.
C'est la moindre des choses quand on part en chasse pour une princesse étrangère !
L'assemblée commence murmurer, puis une bonne partie des touristes retire écharpes et bonnets.
Vous nous apprenez à imiter le cri du darou ?

Dans la chaleur du chalet, Cerise, Nicolas et maria s'amusent comme jamais. Ils inventent à eux trois des histoires incroyables sur les darous, des cris spéciaux – la mère qui appelle ses petits, la femelle en chaleur – et des combinaisons d'attaques improbables.
Les maîtres d'arènes de Strasbourg, Colmar, Brumath et Haguenau se sont ensemble cassé les dents sur un vieux darou qu'ils ont traqué toute la nuit, prétend Maria. D'un seul éclair d'un seul, il a envoyé paître leurs meilleurs pokémons ! On voyait les lumières du combat dans toute la vallée, et les arènes ont été fermées durant deux semaines après ça, le temps qu'ils s'en remettent.
Nicolas lui donne un coup de coude, constatant qu'elle exagère un peu la chose.
Mais d'autres racontent que c'est tout un troupeau qui leur est tombé dessus et que c'étaient des fatal-foudres, ce qui me semble quand même plus plausible.
Les touristes acquiescent avec des airs de grands sages. Aux anges, le tenancier passe entre les tables, servant boissons et en-cas à l'assemblée. Discrètement il sert gratuitement les trois jeunes gens qui gardent si bien le porte-monnaie de ses clients ouvert généreusement. D'un quelconque débarras improbable il sort une lame-tempête et des sacs en toile de jute, les vendant à l'assemblée pour un bon prix sous le nom de « kit de chasse spécial darou, modèle traditionnel, le seul qui reste, on est en rupture de stocks en ce moment ».
Vers six heures du soir, après une bonne tofaille et de la tarte à la brimbelle (pommes de terre mijotées à la cocotte avec du lard et tarte aux myrtilles), les trois complices se concertent.
J'aurais aimé montrer à Cerise les Vosges de nuit en hiver, mais cette chasse au darou promet d'être intéressante... murmure Maria.
Je prendrai des photos, promet Nicolas. Mais ça sera de toutes façons plus drôle si vous jouez les « rabatteuses » alors profitez-en pour visiter...
Cerise reste silencieuse un moment, puis :
Si je veux voir des darous en vrai, je fais comment ?
T'inquiètes pas, c'est dans la poche, sourit Maria.
Elle exhibe discrètement une pokéball de sa poche.
Mon premier pokémon, annonce-t-elle fièrement.
Mais alors... ?
Type normal, mais ils sont capables d'envoyer des attaques électriques. Ils possèdent entre autres l'attaque escalade de naissance, ce qui explique leur don pour grimper les pentes. Rien à voir avec la longueur des pattes ! Et leurs ultrasons embrouillent facilement leurs poursuivants.
Régulièrement les trois compères jettent des regards alentours, vérifiant qu'aucune oreille indiscrète de traîne dans les parages.
Avec ma Pompadour, on va pouvoir les aiguillonner un peu, ça sera rigolo...
Ils échangent quelques suggestions au sujet de la manière de s'y prendre, puis donnent rendez-vous aux touristes à la minuit dans cette même salle, leur recommandant bien de continuer à s'entraîner à pousser des cris de darou.

À la minuit, frais et dispos suite à leur sieste, les trois complices rassemblent les candidats à la chasse au darou afin de sélectionner ceux dont les pokémons feu sont les plus puissants. Une petite fille, refusée, proteste :
Mais pourquoi j'ai pas le droit ? Maman dit pourquoi ? Je veux aller chasser le darou !
Nicolas soupire. Cerise fait quelque pas en avant et d'une vois souveraine laisse tomber quelques mots :
Dans le froid de l'hiver, tu ne survivras pas.
Dédaigneuse et hautaine, elle retourne prendre sa place de spectatrice de la chasse. Maria lui fait un signe de remerciement.
Finalement, quelques huit chasseurs passeront la nuit dehors aux côtés de Nicolas. Pendant ce temps, les touristes demeurés à l'intérieur commandent du café afin de patienter. Cerise et Maria, chaudement vêtues, escortées par Napoléon, s'en vont dans la nuit noire afin de « rabattre le gibier ». Le tenancier, secondé par ses employés, encourage les deux jeunes femmes d'un geste de la main.

Je parie que tu ne t'es jamais autant amusée l'hiver ! lance Maria gaiement.
Ah ça, pour sûr, vous avez des coutumes bizarres... admet Cerise. Vous êtes de mèche avec le tenancier ?
Pas le moins du monde. C'est juste pour rigoler. En été on a besoin de prendre moins de précautions à cause de la température mais par contre, il faut prendre garde à bien rester en petit groupe, pour que les gogos ne se doutent de rien. Le mieux est encore de s'y mettre à dix « rabatteurs » et de planter un touriste-chasseur au milieu de la forêt.
On voit que l'expérience parle...
Elle trébuche et heurte un monticule d'épines de sapin dissimulé sous la neige. Maria la saisit par le bras et la tire en arrière.
T'es dingue, foncer dans un nid de fourmis ! T'as de la chance que c'est l'hiver, bon sang ! En été elles t'auraient dévorée tout cru !
Penaude, Cerise brosse son kimono et retrouve son équilibre. Maria lui fait signe de ne pas remuer d'un pouce. Tendue, Cerise scrute la nuit.
Avançant lentement dans la neige, un troupeau de cerfs et de biches se fait escorter par quelques pokémons-cerfs européens, plus massifs et le teint plus terne que les cerfrousses japonais.
Ils se nourrissent de l'écorce des arbres, lorsqu'ils n'ont plus rien à manger, murmure Maria.
Dressés sur leurs membres postérieurs, ils raclent et arrachent l'écorce jusqu'aussi haut qu'ils peuvent, assistés par les pokémons.
Il fait un froid sibérien, c'est vraiment dur pour eux, continue Maria. Les jeunes surtout, comme ils sont plus petits, ils souffrent plus facilement du froid.
Y'a pas beaucoup de pokémons dans votre pays...
C'est vrai que le Japon a la concentration la plus importante, remarque Maria. Mais c'est pas une raison de te moquer, c'est l'hiver, ils hibernent tous...
Cerise éclate de rire, ce qui fait fuir les cerfs et leurs gardiens pokémons.
Je parie que tu n'as jamais vu danser les sapins sous la lune ? taquine doucement Maria.
Entraînant Cerise à sa suite, elle s'enfonce dans la forêt, à la recherche des blizarrois dansants.

De son côté, Nicolas tourne autour du groupe de touristes comme un chien de berger autour du troupeau.
Par ici messieurs-dames... ne vous éloignez pas trop... n'oubliez pas que l'hiver rend les animaux plus féroces...
Il installe le groupe, composé de onze personnes et une quinzaine de pokémons résistant au froid.
Bien. Restez groupés, vous aurez plus de chances de les attraper. Je vais maintenant allumer la lampe. Surtout restez bien cachés et tenez ferme votre sac !
Pourquoi on utilise pas des pokéballs ? interroge un touriste japonais.
Parce que les darous ne se chassent PAS à la pokéball. Il faut les enfermer dans un sac, un point c'est tout.
Cette histoire ne paraît fumeuse...
Les darous, explique patiemment Nicolas, malgré leur grande résistance aux pokéballs, ont peur des endroits clos. Ils ne se débattent presque pas, une fois enfermés dans un sac. Après, tout est relatif... si vous tombez sur un spécimen particulièrement coriace, il pourrait peut-être tenter de s'échapper. C'est peu probable mais ça s'est déjà vu, surtout pendant la saison des amours.
C'est quoi encore cette embrouille ?
En hiver ils sont plus engourdis et plus faciles à attraper. En été les couples se forment et si on se saisit de l'un des membres du couple, non seulement il tentera de rejoindre l'autre, mais l'autre tentera tout pour rejoindre son partenaire. Bref, ne partez pas seul à la chasse au darou en été. L'été il faut une bonne dizaine de rabatteurs afin de s'assurer que c'est bien un darou célibataire qui est envoyé vers le chasseur.
Le touriste acquiesce tandis que Nicolas pouffe intérieurement : les touristes sont si naïfs ! La chasse est vraiment bonne cette année ! Dommage que Maria soit partie avec cette Cerise...

C'était quoi ça ? glapit Cerise en envoyant un énorme bastiodon devant elle pour la protéger.
Un jackalope bavarois.
Un quoi ?
J'ai pas retenu le nom. Un petit lapin ailé avec des cornes de cerfs. Ils sont très rapides, sont à peine capables de voler, juste assez pour parfois échapper au attaques type sol...
L'aptitude spéciale « lévitation »...
Si tu veux. On raconte qu'ils se nourrissent de touristes égarés.
C'est vrai ?
Mais non ! C'est rien que des racontars. En vrai on en retrouve dans toute l'Europe, même s'ils sont originaires de Bavière, en Allemagne, et ils font d'excellents animaux domestiques. Ils sont très difficiles à attraper car ils sont très rapides, mais ils sont également très affectueux. Bon, pas autant que des lièvres, mais quand même.
Des lièvres ?
Des lockpins...
Maria soupire.
On a d'autres bestioles typiques du coin, comme le grand hamster d'Alsace, qui en fait se retrouve jusqu'en Sibérie. Il vit dans les collines de loess et il est de double type sol/combat. Ils sont en général pacifiques, tant qu'on approche pas de leur terrier. En hiver ils ne sortent pas, ils hibernent et de temps en temps de réveillent pour manger de leurs réserves.
Comme les pachirisu ?
Nan, eux planquent leurs noisettes n'importe où et ils en retrouvent pas la moitié... Bon, silence maintenant, on approche de l'heure où les blizzarois dansent.
Elles avancent silencieusement. Maria se repère comme elle le peut dans le monde fantomatique de la nuit hivernale. Le son de leurs pas est étouffé par la neige. Enfin, un éclair rouge, et Napoléon jaillit hors de sa pokéball. Maria lui fait signe d'ouvrir la voie. En effet, dans les lieux moins recouverts par les arbres, la neige s'est accumulée au sol et bloque l'avancée des deux jeunes femmes.
Quelques minutes de marche supplémentaires, et ils rejoignent un groupe de blizzarois et blizzis, faisant cercle autour de l'un de leurs congénères. Lentement, ils commencent à se balancer, bras en l'air. Lentement, ils se mettent à danser.
J'ai jamais vu a de toute ma vie... murmure Cerise. Dommage que je n'aie pas pris mon pokédex !
Arrête ton char, soupire Maria. Et profite un peu de la vie au lieu de ne la voir qu'à-travers la caméra d'un pokédex.
Mais je ne la vois pas qu'à-travers la caméra d'un pokédex ! proteste Cerise. Tiens, il y a d'ailleurs un pokémon super-rare, que dis-je unique, qui s'appelle...
Tais-toi, soupire Maria. Et regarde. Les questions, après la séance.
Le rythme des blizzarois augmente légèrement. Ils se mettent à tourner autour du membre isolé et émettant un son bizarre, très profond, comme du vent passant dans le tronc creux d'un chêne millénaire. Au milieu du cercle, le pokémon commence à briller. Cerise desserre les lèvres mais Maria lui plaque la main sur la bouche pour la faire taire.
Le cercle accélère encore. Au milieu, le blizaroi évolue. Il grandit, se couvre d'une fourrure épineuse et sombre. La neige s'accumule sur lui, lui faisant comme une couronne d'empereur. La neige se met à tomber dru tandis que l'ensemble de la communauté entame une autre forme de danse.
Aveuglées par la neige portée par le vent, les deux jeunes femmes font demi-tour, précédées par Napoléon et Pompadour.
Et donc, comment ils évoluent ? demande Cerise, impatiente.
Tu viens de le voir.
Mais quel est le facteur ?
Maria sourit tristement.
J'ai toujours pas compris moi-même. Je viens les voir dès que je suis de passage dans les Vosges mais je n'ai toujours pas compris.
Elle soupire.
J'avais promis à Napoléon que je le ferai évoluer. Ça me ferait mal de ne pas pouvoir tenir ma promesse.
Ne t'inquiètes pas, tu finiras par trouver...
Elle marchent en silence jusqu'à retrouver la lumière et les silhouettes indiquant la présence de Nicolas et des touristes. Elles tournent la tête : sur leur gauche, un groupe de darous les regarde avec indifférence.
On dirait vraiment qu'ils ont des pattes plus courtes d'un côté...
C'est les plis de la peau qui font ça. On voit pas la partie où la patte est repliée parce qu'au niveau de l'épaule et de la hanche, la peau glisse facilement et recouvre la partie repliée de la patte, un peu comme des griffes rétractiles. Ça fait partie de leur façon de combattre le froid hivernal : ils peuvent faire disparaître presque entièrement leurs pattes à l'intérieur de leur peau. C'est bizarre à voir. Par contre l'été, ils se haussent le plus possible sur leurs pattes pour évacuer la chaleur. Ça leur donne une toute autre silhouette, c'est marrant !
Elle regarde Pompadour à ses côtés, trapue et large, ses longs doigts repliés en poing pour ne pas geler dans la neige. Devant elles, les points lumineux des lampes des touristes viennent d'apparaître dans le boruillard.
Allez, c'est l'heure de s'amuser.

De son côté, Nicolas lutte comme il le peut contre le vent qui vient de se lever. Il regarde avec inquiétude dans la direction d'où les deux jeunes femmes doivent venir. Enfin, une silhouette jaune. Il se gratte la tête : ce ne peut pas être la Pompadour, elle ne fait pas cette taille !
Lorsqu'enfin il se rend compte de la situation, il n'a qu'un réflexe :
Troupeau de darous en approche !
En effet, un groupe d'une quinzaine de darous se précipite vers les touristes frigorifiés dont les doigts gourds ne parviennent pas à saisir les sacs ou pokéballs qu'ils avaient préparés. Un petit s'empêtre dans un sac et se libère d'un coupe de griffe avant de disparaître à son tour dans la brume nocturne. Alors que la poudreuse retombe sur les humains hébétés, une voix féminine est portée par le vent.
Et donc les cigognes, elles migrent vers l'Afrique. Elles sont également très prisées par les éleveurs, car elles ont la vertu de faciliter, par leur seule présence, la conception des petits.
Maria s'interrompt soudain, Pompadour à ses côtés.
Et ben, c'est quoi ce carnage ?
Des rabatteuses qui ont trop bien fait leur travail...
Nicolas grimace alors que les touristes, dépités, contemplent Pompadour, docilement assise entre Maria et Cerise.
Ah euh oui, il sembleraient que tout le troupeau ait fuit sauf un. Qui veut l'attraper ?
Quelques personnes encore courageuses lancent des pokéballs qui restent inefficaces sur Pompadour.
Bon ben euh, tant pis alors, ça sera pour une prochaine fois...
Maria aimerait bien être une petite souris au fond d'un trou. Elle fait un signe discret à Pompadour qui, queue en l'air, museau au vent, rictus méprisant, s'éloigne. Cerise prend un air déçu et supérieur.
Nicolas, espérant que les touristes ne se rendent pas compte de la supercherie, essaye de les rassurer en discourant sur la difficulté de se saisir d'un darou.
C'est bon, on a compris, grogne un parisien. Tu voulais laisser toutes ses chances à ta copine paysanne, ça va, on comprend, c'était pour la gloire de la patrie, et tout, mais vous auriez pu vous retenir de vous foutre de la gueule de bons Français ! Saloperie d'Allemands !
Nicolas manque de s'étrangler alors que les touristes retournent au chalet, pestant contre les « paysans Allemands ».

Le retour vers Strasbourg se fait dans le brouillard, sur le dos d'Amalthea. Nicolas a du mal à se remettre de ce qu'il appelle un « cuisant échec ».
Dire qu'on aurait pu se moquer d'eux pendant encore deux ou trois jours ! Vous avez tout fait foirer !
Mais non...
Mais si ! S'ils étaient restés plus longtemps sous la neige, j'aurais fini par proposer qu'on cherche du café au chalet, ça aurait coûté super cher ! Crétins qui savent même pas que l'Alsace est Française !
Cerise et Maria se regardent par-dessus la tête poilue et barbue de Nicolas. Le maquillage de Cerise a coulé et Maria a les mains couvertes d'engelure. De toutes évidences les filles se sont bien amusées à deviser du comportement des pokémons des environs.
Le jeune astrophysicien grince des dents. Pendant des heures il a supporté les sautes d'humeur des touristes de l'intérieur de la France alors que ces deux gamines devisaient de sciences naturelles tout en se promenant.
C'est le professeur Chen qui va être surpris par tout ce que je vais lui envoyer comme rapport !
Maria sourit devant l'enthousiasme de Cerise.
Je vais pouvoir lui envoyer dès demain soir un rapport sur les capacités spéciales des cigognes, en relation avec le climat rigoureux de la région ! Et l'évolution des blizzarois, inédite au Japon ! Mais le plus intéressant serait de rencontrer ton professeur qui étudie le comportement des pokémons roche en fonction des aléas climatiques... Oh, et puis nous retournerons dans les marécages ! Je dois absolument faire des prélèvements sur les orchidées !
Ce que je ne comprends pas, interrompt Maria, c'est pourquoi les darous sont partis en débandade. Tu as une idée ?
Cerise sourit énigmatiquement. Bien sûr qu'elle sait qui a effrayé les darous et les a projetés sur les touristes effarés. Mais pour le moment, elle préfère ne rien dire. Il est des mystères qu'il vaut mieux ne pas dévoiler.

Le soir même, enfin reposée, Cerise étire ses muscles mis à mal par son « client » de l'après-midi. Elle recompte ce qu'il lui a laissé, perturbée par la différence entre les euros et les yens. Enfin, elle se recoiffe et, se trouvant enfin présentable, démarre une conférence visiophone avec le professeur Chen.
Professeur ?
Ah, Cerise ! Comment va ta thèse ? Où en es-tu ?
Pour le moment j'ai fais quelques visites de terrain et j'ai noté des informations intéressantes.
Comme par exemple ?
Et bien, il existe une espère d'orchidées endémique à l'Alsace, qui résiste mal au froid et reste engourdie sous la neige. Par contre, les hivers où la température descend bien en-dessous du zéro alors que la neige n'est pas encore tombée, l'espère est fortement mise à mal. Il y a une espèce d'oiseau aquatique qui lui passe son temps près des humains pour recevoir de la nourriture...
Ils sont semi-apprivoisés
Oui, c'est le terme que ma voisine de bureau a utilisé.
Pas de comportements inédits par rapport au Japon ?
Si, la migration de sortes de rapasdepics blancs aux pattes et becs rouges. Ils passent l'hiver en Afrique.
As-tu réussi à prendre quelques images ?
Pas pour le moment. J'ai bien regretté d'ailleurs, car j'ai pu apercevoir un troupeau entier de darous.
Des quoi ?
Des créatures de montagnes.
À propos de créatures de montagnes, as-tu confirmé l'existence d'un pokémon roche/glace ?
Parfaitement ; il s'agit d'une sorte de félidé qu'ils appellent lynx.
Fantastique ! Ramènes-moi en un !
Cerise soupire.
Bien, professeur.
Et fais-moi un rapport partiel contenant l'ensemble de tes notes à ce jour.
Oui professeur.
Je veux être tenu au courant en temps réel de tes découvertes !
Oui professeur.
Bon, je dois te laisser, le Maître d'arène Giovanni doit venir tout à l'heure pour me parler d'une créature unique qu'il aurait eue, dit-il, en sa possession il y a une douzaine d'années...
La communication est abruptement coupée. Cerise ôte son casque-micro et se masse le visage, effaçant partiellement son maquillage. Sur le tapis, Amalthea lui jette un regard compatissant.
Cerise soupire et rassemble ses papiers, triant ses notes scientifiques et ses notes de frais. Sa bourse japonaise lui suffisait tout juste à Tokyo où elle partageait son appartement avec quelques colocataires. Désormais seule en France, elle diminue ses frais comme elle le peut et comble ses découverts bancaires en pratiquant le plus vieux métier du monde.
Elle hausse les épaules. Qu'importe. Elle s'est déjà tirée de pires situations.
Frissonnante, elle s'enroule dans plusieurs couvertures et se pelotonne contre Amalthea, profitant de sa chaleur naturelle. Son bien-aimé Kami la rejoint, afin de la réchauffer d'une autre manière...

Dehors, dans la brume des Vosges couvertes de neige, en cercle autour d'un grand feu, les darous dansent.
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