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La chaleur de l'hiver


Maxence écarta de ses mains crochues les rideaux. La tringle craqua violemment et le tissu se froissa au contact de ses mains. Le vieil homme coula un regard au dehors. Il semblait faire froid, mais il était encore trop tôt pour juger. En effet, la journée pouvait très bien s'annoncer plus chaude par la suite. Un grognement sorti de la bouche du vieillard, et sa bouche se déforma pour finir en un rictus mauvais et dégoûté. Maxence, qui avait horreur de bon nombre de choses, avait envie de cracher sur cet hiver. Il détestait la neige, ces enfants qui jouaient avec, le froid... Tout dans cette saison le répugnait. Et cela faisait bien longtemps que les joies créées par les festivités de la saison faisaient jaillir du dégoût en lui. Mais il était vrai qu'il y avait un bon côté pour Maxence, en l'hiver : C'était une saison où tout le monde était trop occupé pour lui fêter de joyeuses fêtes. De toute manière, quiconque lui souhaitait du bonheur finissait couvert de moqueries de la part du vieillard.
D'une démarche faible mais décidée, il alla s'asseoir dans un vieux fauteuil à bascule, et alluma sa pipe qu'il fourra dans sa bouche. Il se mit à crachoter de la fumée, tout en grommelant. Son visage ridé, son crâne quasiment chauve et ses quelques touffes grises de cheveux montraient qu'il ne prenait pas soin de sa propre apparence. Il s'était enfoncé sur la tête un béret à carreaux rouges et verts de très mauvais goût et portait un long peignoir de nuit au moins aussi âgé que lui. En fait, la seule chose que Maxence prenait soin d'entretenir, c'était son image de vieil homme au cœur de pierre et aux remarques tranchantes. Il n'aimait vraiment pas être dérangé, voilà pourquoi un tel comportement l'arrangeait beaucoup.

Puis il miaula faiblement. Certes, pour un canidé l'expression est bien étrange, mais il poussa un petit bruit très proche de celui émit entre autre par les chats. De sa démarche titubante, le petit Pokémon avança un pas, puis deux. Et retomba le ventre par terre. Son pelage noir était encore peu épais malgré le froid environnant. Sa mère lui lécha affectueusement entre les deux oreilles et l'aida à se relever. Elle avait mis au monde sa progéniture deux mois plus tôt, dans cette même grotte. Etant donné qu'il était autrefois trop petit pour sortir, elle avait choisi de le laisser gambader uniquement en cette saison. Maintenant qu'il était sevré il pourrait goûter aux joies de nourritures plus variées que le lait. Le petit Medhyena chancela un moment avant de refaire quelques pas et de s'arrêter. Vacillant comme il était, la Grayhena avait pris l'habitude de rester derrière son fils pour l'aider à se relever. Mais cette fois le chiot était bien déterminé à voir ce qui se cachait au dehors, et fini par faire une bonne dizaine de pas sans aucune aide. Ainsi, il parvint vers le bout de leur abri. Sa mère le regardait avec une tendresse immense et le rejoint. Elle appuya sa truffe avec tendresse contre le flanc du petit animal et le laissa en profiter.
Le Medhyena aimait beaucoup sa mère, et attendit donc qu'elle ai fini de le câliner pour continuer à marcher. Toujours en titubant, il finit par arriver au bout de la grotte. Et là, son regard s'emplit de magie. Une poudreuse blanche et pure avait recouvert toute la forêt environnante. Quelques traces de gibiers étaient visibles, mais le chiot n'y fit pas attention. Des flocons de petite taille tombaient doucement sur le paysage. Le premier hiver de ce petit animal... Jamais il n'avait pu imaginer que la neige pouvait être si jolie. Son cœur bondissait en lui-même. Puis, hésitant, il posa une patte dans cette matière. C'était si froid, qu'il eu le reflexe de vivement reculer. Il lécha ensuite sa patte et découvrit qu'il s'agissait simplement d'eau. De l'eau très froide et toute douce... Alors, plus en confiance, il plongea en même temps ses deux antérieures dans la neige. Il adorait ça.

Maxence ferma à clé la porte de bois massive de sa maison. Il poussa de nouveau un grommèlement et fourra ses mains gantées dans sa poche. Non, vraiment, la journée avait beau être plus avancée, le froid était toujours là. Ce fichu froid mordant qu'il détestait tant... Le vieil homme avait été contraint de sortir pour aller balayer son trottoir. Oui, son trottoir, personne ne passait dessus de peur de se retrouver face à lui, alors il en avait fait sa propriété. Il saisit sèchement le balai qu'il avait posé contre la façade de sa maison, et par de petits coups secs balaya maladroitement la neige. Ses vielles bottines en tissu s'imbibaient d'une eau froide, mais il laissa ses pieds enfoncés dans la matière et se contenta de pester bruyamment. Les gens qui marchaient sur le même trottoir prenaient soin de s'éloigner en le voyant cracher sur la fraîcheur des flocons. Il était vrai que ce vieil homme était assez effrayant avec son visage renfermé et méchant. Il entreprit de rapidement mettre toute la neige en bloc, juste à la limite du trottoir. Ainsi, ce ne serait pas à lui de saler le sol, il ne fallait pas non plus qu'il en fasse trop, les gens n'auraient qu'à se débrouiller avec cette neige, elle ne le concernait désormais plus. Satisfait d'avoir un bout de trottoir dégagé, Maxence fit craquer son dos et rentra chez lui. Il prit soin d'essuyer ses chaussures sur le tapis tout crotté puis les jeta contre le mur d'un coup sec de la cheville. Puis il revint s'asseoir dans sa chaise à bascule et se mit à feuilleter le journal. Vraiment, il n'en avait rien à faire du malheur des autres, mais qu'importait, il avait ses lunettes sous les mains alors autant en profiter... Maxence avait maintenant vécu quatre-vingt-six hivers, et les détestait toujours autant depuis qu'il était petit.

Son premier, tout premier hiver. Le petit Medhyena s'était aventuré dans une couche de poudreuse de plus d'un mètre et s'était enfoncé dedans jusqu'au garrot. Il nageait dedans, et donnait des coups de pattes amusés, faisant ainsi voler la neige en tous sens. Sa mère était postée juste à quelques mètres de là, au cas où il venait à ne pas remonter. Pour le moment, tout ce que le chiot avait découvert sur l'hiver le passionnait. La neige, le froid, les flocons... En plus, durant cette période, sa mère le lui avait expliqué, le gibier était vulnérable. Mais tout de même un peu plus rare, ce qui ne dérangeait pas le petit. Lui, il préférait se contenter de proies qu'il n'avait pas chassé lui-même ou bien de lait. Puis, d'un coup de côte dans le tas de neige, il roula sur le côté et s'extirpa du tas de poudreuse. De petits couinements amusés semblables aux rires d'enfants humains s'échappèrent de sa gueule et il se releva. Il aimait tant l'hiver...

En réalité, humain comme Pokémon, l'hiver nous affecte tous différemment. Ce que Maxence ne savait pas, c'était que cet hiver était le dernier qu'il allait vivre. Deux mois plus tard, sa maison se retrouva aux enchères et une couche de terre froide recouvrait son corps. Quand au petit Medhyena, c'était le début pour lui d'une longue et heureuse vie. Pour certains ces flocons sot signe de mauvaise augure, pour d'autre c'est le commencement de tout un cycle...
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