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Cœur de Pierre de Yûn



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» Auteur : Yûn - Voir le profil
» Créé le 14/11/2014 à 02:21
» Dernière mise à jour le 17/12/2015 à 11:07

» Mots-clés :   Aventure   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo   Slice of life   Suspense

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Chapitre 7. Comme de l'eau de roche
L'aigle renforcé filait au-dessus de l'océan, son cavalier sur le dos, tutoyant les nuages qui arpentaient paresseusement la voûte. S'aidant des courants d'air chaud pour avancer, il ne bougeait pratiquement pas ses larges ailes écarlates, se contentant d'un léger battement une fois de temps en temps lorsqu'il perdait un peu trop d'altitude à son goût.
Cela faisait déjà de nombreuses heures qu'ils volaient ainsi, après avoir quitté Atalanopolis. Ils s'y étaient reposés deux bonnes semaines après leur victoire éprouvante face à Juan, qui leur avait permis de remporter le dernier badge qu'il leur manquait. Il ne restait plus qu'une seule étape, désormais. Remporter le Tournoi qui lui permettrait ensuite de défier le siège de la Ligue.

Soudain, Pierre se pencha légèrement vers l'avant. Quelque chose avait attiré son regard. Et en effet, une forme sombre qui allait en grossissant était bien visible à la surface étincelante de l'eau. Il l'indiqua à sa monture aérienne, qui claqua du bec pour lui signifier qu'elle avait compris avant d'amorcer doucement sa descente.
Mais, alors qu'ils étaient pratiquement arrivés à hauteur de l'imposant édifice surplombant la ville d'Eternara, le rapace argent et sang heurta quelque chose. Secoué, le jeune homme agrippa le cou de l'Airmure, tandis que ce dernier reprenait un peu de hauteur pour projeter ses plumes affûtées. En vain, les petits couteaux se brisèrent sur la paroi invisible.

« C'est bizarre, on dirait qu'il y a comme une protection... murmura le Dresseur aux cheveux d'acier. Peut-être qu'il va falloir trouver un autre- WOOH ! »

L'oiseau de proie venait de le surprendre en donnant un brusque coup d'ailes, qui les firent regagner les nuages. Il se stabilisa ensuite, planant au-dessus de la ville qu'il fixait de ses yeux acérés, une lueur de défi dans ses pupilles. Une expression que son maître ne lui connaissait que trop bien.

« Mithril, tu vas quand même pas oser ?! »

Apparemment, si.
Repliant ses ailes écarlates, l'aigle en armure se laissa tomber en tournoyant, bec le premier, bien décidé à traverser la barrière. Sur son dos, le jeune Rochard se raccrochait autant qu'il le pouvait. Il aurait voulu lui hurler d'arrêter, mais la vitesse lui coupait le souffle et l'empêchait de prononcer le moindre son.

La pointe du bec massif entra violemment en contact avec le dôme imperceptible. La monture et son cavalier se retrouvèrent brièvement suspendus dans les airs, le temps que la force de pénétration et la défense du mystérieux bouclier s'affrontent pour décider du vainqueur. Et, contre toute attente, ce fut le mur invisible qui eut le dernier mot.

Mithril fut brutalement propulsé vers l'arrière, de même que son passager. Ce dernier eut beau s'accrocher de toutes ses forces, rien n'y fit : il se retrouva éjecté du dos du rapace, pour entamer une chute vertigineuse en direction des flots. Il n'échappa à la baignade douloureuse que grâce aux réflexes de son Pokémon qui, après avoir repris ses esprits, s'était précipité pour le rattraper dans ses serres puissantes.

« Ne me refais plus jamais ça quand je suis sur ton dos... » soupira-t-il, soulagé d'être encore intact.

L'Airmure lui répondit d'un sifflement désolé et, ayant retenu la leçon, s'éloigna de cet adversaire décidément trop coriace pour voir s'ils pouvaient trouver un point d'accès.

Ce ne fut finalement que dans le village en contre-bas du massif qui divisait l'île en deux qu'ils réussirent à atterrir. Et, alors que le rapace déposait doucement son propriétaire sur la petite place, une vieille dame hilare s'approcha d'eux.

« MWAHAHAHA !! J'en ai vu des gens qui essayaient de passer l'dôme, mais alors toi, mon gars, c'était l'bouquet ! s'écria la bonne femme édentée. C'que tu m'as fait rire, MWAHAHA !!
- Oui, bon, ça va... marmonna le jeune adulte, rouge de honte alors qu'il rentrait sa monture aérienne dans sa capsule. Je pouvais pas savoir qu'il y avait une protection...
- Rah, ces jeunes qui ne prennent même plus l'temps de s'intéresser aux choses ! J'vous jure, de mon temps, c'était pas pareil ! Ca fait un bail que l'dôme est en place, voyons ! Et c'est justement pour éviter que des p'tits malins dans ton genre essayent d'échapper à la dernière épreuve !
- ... Quelle dernière épreuve ?
- Mais enfin, la Route Victoire, bien sûr ! »

Lui attrapant le col, elle l'attira à elle avec une force surprenante pour quelqu'un de son âge, pour ensuite pointer du doigt une immense caverne qui éventrait la montagne, bien visible depuis la petite place centrale.

« Y'a tout là-d'dans pour fournir un beau spectacle ! Un labyrinthe naturel, des bestioles bien costaudes, même quelques petits pièges par-ci par-là... Et avec tout ça, ils veulent toujours pas installer d'caméras pour qu'on puisse en profiter, va donc comprendre...
- ... Euh...
- Mais c'est pas tout ! »

Elle le lâcha brusquement et posa sa main à côté de ses lèvres rabougries par le temps, comme pour lui confier un secret.

« 'Paraîtrait qu'y a un monstre qui rôde dans l'labyrinthe, murmura-t-elle d'un ton mystérieux. Y dévor'rait les Dresseurs qu'il trouve. Leurs fantômes hantent l'endroit, depuis, et la nuit, on peut entendre leurs cris. Ouuuuuh !! »

Incrédule, Pierre la regarda avec des yeux embarrassés alors qu'elle essayait apparemment de lui faire peur en imitant un fantôme.
Une femme s'approcha alors d'eux en courant, visiblement bien confuse.

« Maman, je t'ai déjà dit d'arrêter d'embêter les gens comme ça ! dit-elle d'un ton exaspéré.
- Bah ! Y'a déjà suffisamment d'trucs qu'on m'interdit d'faire, si j'peux même plus flanquer la trouille aux p'tits jeunes, autant qu'on m'achève ! s'emporta la grand-mère.
- Mais oui, mais oui... Je suis vraiment désolée si elle vous a importuné, s'excusa sa fille.
- C'est pas grave, ne vous en faites pas.
- Allez, viens maman, il faut rentrer maintenant...
- Je sais marcher toute seule, merci bien ! Bon courage en tout cas, jeune homme, fit-elle en se retournant une dernière fois vers lui. Mais, souviens-toi de c'que je t'ai dit : si tu vois le monstre, couic ! »

Là-dessus, elle repartit dans son fou rire en s'éloignant dans une ruelle, sa fille dépitée à sa suite.
Le jeune Rochard les regarda partir, encore un peu troublé par la scène, puis se mit en route pour trouver l'auberge de ce village. Il allait devoir faire une petite pause recherches, histoire de préparer cette étape qu'il n'avait pas prévue. En espérant qu'il arrive à temps pour les inscriptions au Tournoi.

Mais, décidément, s'il n'avait pas rencontré M. Moore, il aurait facilement pu croire que toutes les personnes âgées finissaient par devenir de vieux excentriques comme le Dr. McGee ou cette vieille dame...

***
Pierre progressait lentement dans la pénombre, éclairant là où il mettait les pieds en se servant de la lumière produite par la fonction lampe-torche de son PokéNav. Même s'il n'avait jamais réellement utilisé l'appareil -en tout cas, pas dans le sens où son père l'aurait probablement souhaité-, il devait reconnaître que l'engin s'avérait utile en temps voulu.

Par contre, depuis presque deux heures qu'il s'était enfoncé dans la montagne, il n'avait toujours pas croisé âme qui vive, que ce soit une créature sauvage, l'un de ses futurs concurrents ou même de simples curieux. Il avait bien entendu des bruissements d'ailes ou autres grognements, au loin, et quelques petites pierres étaient même tombées d'une des parois quelques secondes avant qu'il ne passe devant, trahissant la présence d'un Pokémon qui avait fui devant lui. Mais, si l'on exceptait cela, il se sentait véritablement seul dans cet environnement oppressant.
Lassé de ce calme assourdissant où il ne percevait que les battements de son cœur et les gouttes d'eau qui tombaient des stalactites au plafond, il décida de rompre cette solitude en sortant l'un de ses compagnons d'aventure.

Cependant, il n'eut pas le temps de saisir la capsule entre ses doigts : la pierre sur laquelle il venait de poser le pied se redressa brusquement, dévoilant un Racaillou bien vexé de s'être fait marcher dessus de la sorte. Le jeune adulte tituba vers l'arrière, illuminant aléatoirement les murs minéraux alentours. Mais, au moment où il se stabilisait, il sentit à nouveau la terre se soulever, répondant aux ordres du rocher vivant. Il ne put rien faire : emporté par le roulis, il dégringola la pente proche en hurlant, tombant dans les entrailles insondables de la caverne.

Sa chute ne cessa que lorsqu'il rencontra enfin le fond plus ou moins plat, plusieurs dizaines de mètres plus bas. Son corps entier lui faisait mal, écorché de toutes parts par la roche qui avait déchiré sans peine le tissu de ses vêtements pour attaquer sa peau, mais ce n'était rien comparé à la douleur lancinante qui lui traversait toute la jambe droite. Les dents serrées, il aurait bien voulu voir un peu l'étendue des dégâts, mais le PokéNav était resté coincé un peu plus haut, éclairant inutilement le haut plafond minéral. Mais bon, au moins, il avait l'air assez solide pour résister à une telle chute.
Néanmoins, là n'était pas le problème. De ce qu'il arrivait à distinguer, Pierre était pris au piège dans une salle large, où la seule issue visible était le trou par lequel il venait de tomber. Impossible de s'en sortir seul, en particulier dans son état. Il lui fallait de l'aide.

Privé de lumière, il extirpa une sphère au hasard de sa poche intérieure, et s'empressa de l'ouvrir. La déflagration qui en surgit lui arracha presque les yeux, tant la lumière crue tranchait avec le décor obscur qui régnait tout autour. Des points lumineux plein les iris, ce ne fut qu'en entendant un claquement de bec étonné qu'il sut qui il avait appelé.

« Mithril, je vais avoir besoin de ton aide... » commença le jeune homme.

Il n'avait pas fini sa phrase qu'un grognement sourd retentit. Il devina alors plus qu'il ne vit la silhouette de l'Airmure qui se redressait et tournait la tête en direction du bruit. Mais même ses yeux perçants ne parvenaient à voir suffisamment bien dans toute cette pénombre. Mal à l'aise de ne pas pouvoir compter sur son sens le plus développé, l'oiseau émit un chuintement angoissé en faisant s'entrechoquer ses plumes.

« Je sais, moi non plus j'aime pas vraiment cet endroit, murmura son maître en serrant les dents pour contenir la douleur. Mais ça ira déjà un peu mieux si tu fais ce que je te demande. Tu vois la lumière, là haut ? »

Un sifflement d'approbation lui répondit, alors qu'il percevait l'aigle pointer son bec vers le haut.

« J'aurais besoin que tu me la ramènes. Après, on essaiera de sortir. »

Il discerna le hochement de tête de son oiseau de proie, puis sentit l'air brassé par ses puissantes ailes quand il décolla. Le tintement provoqué par ses plumes à chacun de ses mouvements, habituellement à peine audible, ressortait de manière irréelle dans le silence angoissant de l'antre. Il entendit alors le raclement des serres sur la roche, signe que Mithril venait de se poser, et leva les yeux vers lui. Sa silhouette se détachait nettement dans la lumière, maintenant qu'il en était proche, et son armure d'argent étincelait de multiples rayons qui éclairaient doucement les alentours.

Mais, alors que l'oiseau de proie se penchait pour récupérer le PokéNav dans son bec, un nouveau grondement se produisit, plus fort que le précédent, au point de faire trembler les petites pierres sur le sol et provoquer de minuscules éboulis sur les parois alentours. Pierre vit alors son Pokémon, les sens en alerte et le plumage gonflé comme s'il sentait une menace, se redresser pour tenter de percer la noirceur du lieu, pointant involontairement le faisceau lumineux vers la paroi du fond... Dont la surface lisse le refléta, exactement comme les plumes de l'Airmure un instant auparavant.

Soudain, le mur réfléchissant se mit en mouvement, semblant onduler alors qu'il se soulevait en faisant trembler la terre, accompagné de grincements insupportables et de crissements de griffes sur la roche...
L'aigle poussa un sifflement peu rassuré. Mais, comme hypnotisé par ce qui se produisait sous son regard aiguisé, il ne parvenait à esquisser le moindre mouvement...

« Mithril, appela le jeune homme, ses yeux durs également rivés sur l'incroyable phénomène. Reviens par-là, vite ! »

La monture aérienne n'eut pas le temps de réagir au son de sa voix. Une longue masse imposante surgit du noir pour le frapper de plein fouet, l'écrasant contre la paroi en lui arrachant un cri strident de douleur.

« MITHRIL !! »

Son hurlement se répercuta contre les murs de la prison minérale, recouvrant l'écho du fracas et de la plainte alors que l'oiseau, libéré du poids qui l'avait projeté, dégringola la paroi abrupte pour finir sa course sur le sol, inconscient. L'appareil producteur de lumière, qu'il avait recraché sous le choc, rebondit lui aussi contre la roche de la paroi escarpée, balayant follement les alentours de son éclat... En dévoilant ainsi de façon saccadée l'agresseur de l'Airmure.

Un monstre aux proportions gargantuesques finissait de se lever en se dressant sur ses pattes arrière massives, se servant de sa queue colossale comme d'un balancier. Ses antérieurs plus courts terminés de longues griffes ramenés vers lui, sa taille était si démesurée qu'il était obligé de se pencher vers l'avant, ses cornes usées par le temps raclant le plafond qu'il atteignait sans peine. Des pointes émoussées sortaient des plaques métalliques qui protégeaient la majeure partie de son corps reptilien, en produisant un effroyable grincement à chacun de ses mouvements.

Le titan en armure se retourna vers les intrus, faisant trembler la terre à chacun de ses pas. S'approchant de sa victime qui gisait au sol, les plumes tordues et une aile dans un angle anormal, il plaça sur lui l'une de ses immenses pattes arrière, plantant ses griffes dans la terre pour lui interdire toute échappatoire. Puis, il pencha sa lourde tête casquée vers l'avant et, un grondement sourd roulant dans sa gorge, renifla bruyamment sa proie inanimée.
Le PokéNav s'immobilisa enfin, sa lumière se reflétant sinistrement sur les plaques du colosse des profondeurs, lui conférant un aspect plus impressionnant encore. Le cœur du jeune homme manqua alors un battement quand il vit avec horreur la mâchoire de l'ogre reptilien s'ouvrir, ses crocs s'avançant dangereusement vers le crâne de l'aigle...

« NON !! »

Retrouvant brusquement ses esprits, Pierre pointa immédiatement la capsule dans sa main en direction de son Pokémon prisonnier. Celui-ci fut recouvert d'une lueur vermeille, et se dématérialisa au moment où la créature herculéenne refermait son piège mortel sur son cou. Effrayé, l'empereur souterrain se redressa d'un coup, lacérant à nouveau le plafond de ses cornes, alors que les vibrations de la terre reflétèrent encore une fois toute sa démesure quand il recula.
Mais il retrouva rapidement sa contenance, pour tourner sa tête renforcée vers l'humain blessé. Un beuglement assourdissant jaillit alors hors de sa gorge, obligeant le jeune Rochard à plaquer ses mains sur ses oreilles tandis qu'un peu partout autour de lui, des pierres tombaient des parois. L'instant d'après, le monstre minéral fonçait sur lui, ses pattes puissantes ébranlant la caverne, manquant d'écraser l'appareil jaune qui roula jusqu'à faire face au pied d'un des murs, cessant d'éclairer la scène.

Alors que les ténèbres l'empêchaient désormais de distinguer le titan qui le chargeait, le jeune adulte ouvrit précipitamment l'une des sphères dans sa poche, en n'oubliant pas de fermer les yeux. L'explosion lumineuse aveugla le roi de métal, qui poussa un cri rauque en percutant violemment la paroi, emporté par son élan. L'impact fut tel que des morceaux de roche furent éjectés, certains tombant droit sur le Dresseur aux cheveux d'acier pour l'écraser, ce dernier tentant vainement de se protéger avec ses bras.

Cependant, le choc ne vint pas. Les rocs s'immobilisèrent dans les airs avant d'avoir pu perpétrer leur méfait. Pierre rouvrit prudemment les yeux, pour constater avec soulagement que Gypse se tenait devant lui, son regard multiple et ses runes apportant de la lumière alors que ses bras sans attache pointaient les projectiles mortels.
Le Kaorine lança les pierres sur l'agresseur de son maître, sans grand succès néanmoins. Il ne les sentit même pas percuter sa peau blindée, et ce fut à peine s'il secoua la tête en grondant quand l'une le frappa sur le bout du museau. Avant qu'il n'ait pu se redresser, les membres trapus se placèrent de part et d'autre de ses tempes, pour vibrer intensément. Un cri douloureux s'échappa des crocs de la bête colossale qui recula pour tenter d'échapper à ce mal sournois.
Son Pokémon ayant la situation en main pour le moment, le jeune homme profita de ce répit pour tenter de se relever, malgré sa jambe meurtrie. Le dos appuyé contre la paroi, il réussit progressivement à tenir presque debout...

Mais, à l'instant où il parvenait à répartir son poids du corps pour tenir plus en moins en équilibre, une vocifération tonitruante éclata, le faisant tomber à nouveau au sol. Pire : le cri fracassant avait complètement déconcentré le golem sombre, permettant au roi monstrueux de briser son emprise et de se précipiter à nouveau sur eux.
Aussitôt, Gypse réagit en pilonnant la terre de ses bras d'argile, soulevant une vague terrestre qui se rua à la rencontre de la créature bestiale pour la renverser. En vain, cependant. Le titan des profondeurs stoppa net son assaut pour broyer le sol d'une de ses pattes arrière. Un mur minéral s'en éleva alors jusqu'au plafond, séparant les deux côtés tandis que la déferlante s'écrasait bruyamment dessus sans même le faire frémir.

Le calme revint un bref instant... Mais déjà deux cornes grises éventèrent le mur factice, suivies rapidement par le reste du corps monumental du reptile bipède qui avait repris sa course. La tête baissée comme s'il voulait les empaler sur ses armes frontales, il percuta violemment la barrière rougeoyante que la poupée mystique venait d'ériger, non sans éprouver grandement la volonté de cette dernière. Un grognement roula dans sa gorge renforcée avant qu'il ne se mette à marteler l'égide mental, utilisant successivement sa queue cuirassée, ses griffes robustes et sa tête cornue.
Le Kaorine tint autant qu'il le put, ses membres sans attache vibrant un peu plus intensément à chaque nouveau coup, mais cela n'empêcha pas la surface de la protection de se fissurer. Soudain, sa défense vola en éclats sous la gueule grande ouverte du titan métallique qui plongeait droit sur eux. Comprenant qu'il n'y avait pas d'autre issue possible, le golem antique se recula pour entrer en contact avec son maître. Quand les crocs puissants se refermèrent sur eux, ils se désagrégèrent en sable.

Néanmoins, le mental de Gypse avait trop souffert pour qu'il puisse les téléporter hors du piège, et ils ne réapparurent qu'une dizaine de mètres derrière la créature gargantuesque. Qui se retourna aussitôt vers eux en criant de frustration, furieuse qu'ils se soient échappés.
En un coup d'œil à son Pokémon, Pierre comprit qu'il ne pouvait pas continuer cette lutte à sens unique. Plongeant la main dans sa poche, il réussit à trouver les deux capsules noires, à la lumière émise par la poupée, et les ouvrit alors que l'empereur de la caverne entamait une nouvelle charge.

Un râle sonore de douleur sortit de sa gueule alors qu'il freinait pour reculer quand Antarès et Silène, ridiculement petits par rapport à l'ogre des profondeurs, firent leur apparition dans une double déflagration éblouissante.

« Encore cette réaction... » murmura le jeune homme blessé.

Le monstre minéral avait eu la même un peu plus tôt, quand il avait appelé Gypse à l'aide, s'écrasant même contre le mur. Est-ce que, par hasard... ?

« Gypse, Silène ! Faites le plus de lumière possible ! »

Aussitôt, les motifs dorés de la plante préhistorique s'illuminèrent pendant que, de son côté, le golem rassemblait ses forces psychiques pour augmenter la luminosité produite par ses nombreux yeux et les écritures sur son corps. Un autre cri apeuré se fit entendre alors que les ténèbres se faisaient progressivement chasser par l'éclat des deux créatures, permettant au jeune adulte de voir enfin distinctement son assaillant. Celui-ci s'était plaqué contre la paroi du fond, poursuivant ses beuglements paniqués alors que ses cornes et ses griffes lacéraient la roche, cherchant vainement un moyen d'échapper à l'offensive aveuglante.

Soudain, dans un élan désespéré, le roi souterrain releva les hanches avant d'abattre sa queue sur le sol d'une force herculéenne. En plus d'ébranler une nouvelle fois la caverne, des pointes rocheuses jaillirent une à une de terre, à l'instar d'une forêt d'épées telluriques qui avançait rapidement sur eux. Sans attendre un ordre de sa part, le scorpion bipède et le végétal millénaire combinèrent leurs efforts, plantant leurs pinces et leurs racines dans le sol, pour dresser un rempart minéral.
Cependant, au lieu de se briser dessus, le chemin de lames se divisa pour poursuivre sa route sur les murs, agressant au passage les anciens prédateurs. Si l'Armaldo put compter sur son blindage naturel, la Vacilys, en revanche, dut effectuer de nombreuses gymnastiques avec sa tige et son calice pour éviter de se faire transpercer. Et la terre hérissée progressait toujours sur les parois, les dents se rapprochant dangereusement de l'humain complètement vulnérable...

Le golem d'argile s'interposa au moment où les pointes surgissaient droit sur Pierre, essuyant de plein fouet leurs morsures.

« Gypse ! » s'écria le jeune Rochard en voyant la créature mythique s'effondrer, une grande fissure parcourant une bonne partie de son corps.

Il le fit aussitôt rentrer dans sa capsule, alors que l'arachnide des temps anciens se précipitait sur le colosse acculé, épaulé par le projectile d'un vert changeant de son ancien adversaire. Mais, maintenant qu'il n'y avait plus que Silène qui se chargeait d'éclairer la salle traîtresse, l'aveuglement du titan reptilien s'était nettement amoindri.
La sphère végétale s'écrasa sur son poitrail sans lui provoquer autre chose qu'un petit picotement et, s'il laissa le scorpion lui asséner un coup de pince qui entama légèrement sa peau renforcée, ce fut pour aussitôt refermer ses crocs sur son abdomen. Mobilisant toute la force de sa mâchoire, il tenta un bon moment de broyer l'exosquelette du scorpion géant sous les bombardements répétés de la plante préhistorique, faisant fi des tentatives de sa proie pour lui lacérer son crâne de métal.

Même s'il connaissait la résistance du blindage de son Pokémon, Pierre ignorait absolument combien de temps celui-ci tiendrait encore devant la puissance renfermée par la gueule de l'empereur de la Route Victoire. Paniqué, il essayait vainement de trouver une idée quand son œil fut attiré par le petit cercle de lumière au bas du mur, à quelques mètres de lui. Le PokéNav !
Boitant vers lui aussi vite que le lui permettait sa jambe droite endolorie, il se laissa tomber au sol pour récupérer l'engin, et pointa aussitôt le faisceau lumineux en direction de l'œil de la créature des profondeurs. Ce dernier lâcha immédiatement sa prise en poussant un braillement douloureux... Mais il eut le réflexe de balancer sa queue massive, cueillant au passage l'Armaldo qui venait juste d'atterrir. Il fut de suite projeté contre la paroi, contre laquelle il s'écrasa, creusant même la roche lors de sa collision avant de retomber face contre terre, assommé.
Dépité, le Dresseur aux cheveux d'acier venait juste de le faire regagner sa sphère et saisissait celle de Cobalt quand un nouveau séisme secoua la terre. Surpris, il relâcha ses doigts...

« Non ! » s'exclama-t-il alors que la capsule roula à terre, disparaissant dans l'ombre.

Il voulut illuminer l'endroit pour la retrouver, mais un gargouillis inquiétant lui fit reporter son attention sur le combat. Une colonne avait jailli à l'endroit où la Vacilys s'était ancrée, l'emportant dans les airs pour lui faire heurter le plafond, la pressant comme pour la réduire à néant.

Un grondement roula dans la gorge du monstre herculéen alors que la plante préhistorique disparaissait elle aussi du champ de bataille. Puis, il tourna sa lourde tête vers l'humain blessé. Celui-ci réussit à le tenir à distance en braquant sa lampe sur lui, mais il savait pertinemment que ça ne faisait que retarder l'inévitable.
Et comme par hasard, l'ampoule de l'appareil se mit à clignoter...

« Non, non, allez, pas maintenant ! »

Malheureusement, l'instrument avait un peu trop souffert lors des dernières minutes. Il y eut encore quelques secondes de lumière agonisante, durant lesquelles il vit le colosse s'approcher en faisant trembler la terre. Puis plus rien. La salle replongea dans sa noirceur initiale.

Terrifié, Pierre recula jusqu'à rencontrer la paroi, qui lui bloquait toute échappatoire. Et il sentait les pas du seigneur de métal, qui poursuivait sa progression en grondant. Il était fini...

Mais, alors qu'il pensait que sa dernière heure était arrivée, sentant déjà le souffle du reptile cuirassé au-dessus de lui, ses doigts entrèrent en contact avec un objet sphérique, à la surface lisse. Sans plus réfléchir, il appuya sur le bouton.

Le flot de lumière crue repoussa brièvement la créature démesurée, alors que deux pinces se refermaient sur ses cornes. Cobalt, dont seuls les yeux rouges étaient visibles dans l'obscurité, poussa alors de toutes ses forces sur ses bras articulés pour l'éloigner de son maître, accompagnant sa force brute de ses pouvoirs de télékinésie.
Et il parut d'abord réussir... ! Jusqu'à ce que, posant ses antérieurs au sol, le roi bestial utilisa la puissance de ses quatre membres pour contrer la pression exercée par le Métang. Les deux forces semblèrent d'abord s'annuler... Mais, bien vite, ce fut le gros robot qui fut obligé de céder, malgré tous ses efforts, se rapprochant progressivement du mur où se trouvait le jeune homme blessé...

« Cobalt ! »

Soudain, le regard électronique de la machine consciente s'illumina, en même temps qu'une aura bleutée recouvrit son corps de métal, le faisant ressortir dans les ténèbres ambiantes tout en se reflétant sur l'armure de son adversaire titanesque. L'instant d'après, des rochers sans attache s'élevèrent dans les airs pour tourner autour de lui, comme s'il était devenu un aimant. Ils s'agrégèrent alors, formant des objets qui allaient en se complexifiant, avant de se rattacher à l'automate articulé.

Quand, enfin, le phénomène cessa, la créature mécanique ancra ses deux nouveaux membres arrière dans la paroi derrière lui, y enfonçant ses crochets pour s'assurer une prise ferme. La croix argentée inédite, qui avait remplacé sa pointe frontale, s'éclaira en adoptant une teinte bleue qui se transmit à la tête casquée de son opposant. Et, malgré toute la puissance mobilisée par ce dernier, il fut obligé de reculer devant la volonté et la force renouvelées du Métang métamorphosé.
Soudain, dans un éclair de lucidité, le colosse en armure tourna la tête sur le côté, entraînant l'araignée mécanique dans l'obscurité.

Ce qui se déroula pendant les minutes qui suivirent ne put se résumer, aux yeux aveugles de Pierre, que par le fracas des deux corps métalliques qui se heurtaient, les rugissements bestiaux du monstre des profondeurs, et autres tremblements qui secouaient la terre à mesure que le combat avançait.
Il y eut alors un grand bruit, comme si un marteau venait de percuter une plaque d'acier. S'ensuivit un râle qui allait diminuant, avant qu'une masse imposante ne tombe au sol en faisant vibrer celui-ci.

Puis, plus rien d'autre qu'un silence oppressant dans le noir.

« Co... Cobalt... ? » appela timidement le jeune homme au bout d'une minute d'attente, alors que toujours aucun mouvement n'était perceptible.

Deux lueurs rouges s'allumèrent alors, suivies de l'éclat bleuté du masque de fer de l'imposant robot. Il s'avança jusqu'à son maître en marchant sur ses quatre pattes massives, le pendentif sombre se balançant doucement à l'articulation du bras avant droit.

« On dirait que ça va devenir une habitude que tu me sauves la vie comme ça, » plaisanta le jeune Rochard tandis que son premier Pokémon l'aidait à se relever.

Le Métalosse répondit de bruits sourds, comme si son évolution avait baissé la tonalité de sa voix.

« Où est-il passé ? »

A ces mots, la luminosité de la croix d'argent s'accentua, permettant de voir plus loin. A quelques mètres d'eux se trouvait la créature démesurée, effondrée sur le côté.

« Tu ne l'as quand même pas... ?! »

L'araignée métallique secoua la tête en émettant un son rauque. Non, il était seulement inconscient après qu'il l'eut frappé simultanément de part et d'autre du crâne.

« Bon, on ferait mieux de sortir d'ici avant qu'il ne se réveille, alors, vu comment on a galéré... »

Cobalt acquiesça, puis se baissa pour lui permettre de s'installer sur son dos. Il s'apprêtait à décoller quand une pensée traversa l'esprit du jeune homme à la jambe blessée.

« Attends un instant. »

Il considéra le monstre au sol. Il avait quand même réussi à mettre hors d'état de nuire pratiquement toute son équipe... Laisser passer cette chance d'avoir une telle bête comme allié serait vraiment stupide.
Attrapant une capsule vide, il la lança.

***
« ... Ensuite Cobalt a réussi à retrouver la sortie, et on a pu arriver à Infinitage*.
- Eh bien, quelle histoire ! » s'écria le Pr. Seko.

Suite à sa mésaventure dans la Route Victoire, Pierre avait en effet été obligé de rebrousser chemin pour soigner sa jambe mais surtout ses Pokémon, qui avaient tous été lourdement blessés par le combat effroyable contre l'empereur de métal. Même l'automate complexe portait des séquelles de son duel avec lui, comme le prouvaient les multiples rayures et cicatrices sur son blindage bleuté.
Le Dresseur aux yeux durs avait donc dû renoncer au Tournoi de l'année 1995, ayant été incapable d'atteindre Eternara d'une part, mais d'autre part et plus particulièrement parce que son équipe entière ne serait pas capable de mener le moindre combat avant plusieurs semaines.

Aussi, après une semaine d'hospitalisation, le jeune adulte avait quitté le village au pied de la Route Victoire pour se rendre chez le savant. Il avait d'abord hésité à aller plutôt chez sa mère, Algatia étant plus proche. Mais après réflexion, il s'était rendu compte que l'homme de sciences lui serait bien plus utile que le confort, puisqu'il pourrait surveiller la progression de la guérison de ses Pokémon... Et pourrait aussi lui venir en aide avec le monstre, toujours enfermé dans sa sphère depuis qu'il l'avait capturé.

« Mais maintenant, tu as piqué ma curiosité, mon garçon... Ce Galéking était donc si grand que ça ?
- C'est comme je vous l'ai dit, répondit le jeune Rochard. C'était à peine si Antarès et Silène lui arrivaient au ventre.
- Hum... Est-ce que ça te dérangerait de me le montrer ?
- Bien sûr que non. C'est justement pour ça que je suis venu ici. Par contre, il vaudrait mieux sortir, je doute que vous appréciez d'avoir votre laboratoire à moitié défoncé. »

Prenant appui sur ses béquilles, il se leva du sofa et suivit le Professeur jusqu'aux enclos extérieurs.

« Celui-ci sera parfait, annonça Aloïs Seko en pénétrant dans l'enceinte de l'un d'eux.
- ... Vous savez, vu sa taille, je pense pas vraiment que des barrières en bois l'empêcheront de partir s'il en a envie...
- Disons que c'est juste pour le principe. »

Pierre poussa un soupir, puis ouvrit la sphère qu'il venait de sortir de sa poche. L'instant d'après, le colosse des profondeurs se matérialisait devant eux. Couché sur le flanc et les yeux clos, il semblait n'avoir toujours pas retrouvé ses esprits, mais sa respiration régulière indiquait qu'il n'y avait pas à s'inquiéter.
Un sifflement admiratif s'échappa des lèvres du savant au visage carré.

« Effectivement, c'est un sacré morceau... Je peux ?
- C'est vous l'expert. Mais faites quand même attention. »

Le Pr. Seko contourna la lourde tête de la créature endormie pour s'approcher de ses cornes frontales. Il les étudia pendant quelques minutes, laissant parcourir ses mains sur les pointes proéminentes du casque.

« Incroyable... Je savais que les Galéking pouvaient vivre longtemps, mais tout de même. Si je ne me trompe pas, vu l'usure de ses cornes, celle-là avoisine les deux cent ans !
- Celle-là ? répéta le Dresseur à la jambe plâtrée.
- Oui. C'est définitivement une femelle. Ca se voit à la forme de son crâne et à l'orientation de ses cornes. De plus, il n'y a qu'une femelle pour atteindre de telles proportions. Les mâles sont généralement plus chétifs, même s'il y a eu des exceptions mémorables, comme celui qui avait ravagé la Grotte Coda il y a quelques années. Mais ça n'empêche qu'ils font pâle figure face à leurs congénères femelles. »

Le jeune adulte hocha la tête. Son discours lui rappelait ce qu'Alizée lui avait dit, quelques années plus tôt, concernant le dimorphisme visible chez les Pokémon rapaces. Un lointain héritage des espèces reptiliennes, avait-elle précisé. ... Mouais, il n'y avait quand même aucune ressemblance flagrante entre l'impératrice souterraine et son aigle renforcé.

« En tout cas, je crois qu'il va me falloir plus que les lanières de viande de Mithril pour la nourrir ou la récompenser, voulut-il plaisanter.
- Elle ne s'y intéressera pas, réfuta le Professeur. Les Galéking ne sont pas carnivores.
- ... Euh, j'ai quand même pas rêvé quand j'ai vu qu'elle voulait nous manger, que ce soit Mithril, Antarès ou moi.
- Ce n'était pas pour votre chair qu'elle s'en est pris à vous, expliqua le savant en examinant désormais les cicatrices sur la cuirasse d'un gris sale. Son régime alimentaire est uniquement constitué de roches et métaux, comme le fer. Elle a probablement dû sentir le métal des plumes de Mithril. Quant à Antarès, son exosquelette est riche en minéraux.
- Et pour moi... ?
- Eh bien, tu portes des objets en métal, ce qui a dû l'attirer vers toi.
- Possible... Et maintenant que vous le dites, il m'a semblé avoir vu des traces de morsures sur l'une des pattes de Cobalt.
- La question ne se pose même pas avec lui. »

Un grondement rauque roula alors dans la gorge de la colosse assoupie. Alors que l'homme de sciences s'écartait, elle bougea ses pattes arrière et sa queue massive ondula brièvement sur le sol dans un crissement de métal, comme si elle poursuivait quelque chose dans son sommeil.

« Je crois qu'elle ne va pas tarder à... »

Aloïs Seko n'eut pas le temps de finir sa phrase que, déjà, les paupières de la reine de la Route Victoire s'ouvrirent, révélant une pupille laiteuse.
Elle se releva d'un coup en poussant des vociférations affolées, faisant trembler la terre sous ses pieds massifs.

« Qu'est-ce que... ! »

La Galéking tournait sur elle-même en piétinant le sol, paniquée pour une raison ou pour une autre alors qu'elle poursuivait ses beuglements assourdissants, ses flancs se soulevant bien trop rapidement.
Soudain, elle s'élança en direction du bâtiment de recherches...

« ATTENTION ! »

Le Pr. Seko écarta à temps le jeune blessé alors que l'une des pattes griffues s'abattait à l'endroit où il se tenait une seconde auparavant, écrasant les béquilles qu'il avait dues abandonner. La barrière de l'enclos n'eut pas cette chance, se faisant broyer sans la moindre difficulté par la créature en proie à une folle agitation.
Soutenu par l'adulte, Pierre attrapa la capsule de la géante minérale et la pointa dans sa direction. Elle se dématérialisa au moment où ses cornes allaient empaler la façade du laboratoire.

« Effectivement, c'est quelque chose quand elle nous fonce dessus, soupira le savant, soulagé que le pire ait été évité.
- Et encore, vous ne l'avez pas vue quand elle vous charge et que vous êtes pris au piège dans le noir... Vous croyez que c'est le stress d'être dans un endroit inconnu qui l'a faite réagir comme ça ?
- Peut-être... murmura Aloïs Seko en caressant sa barbe brune. Mais il y a peut-être autre chose.
- Quoi donc ?
- Ce n'est qu'une hypothèse et il est fort possible que je me trompe, mais... Non, on vérifiera ce soir. »

Ils ne revinrent dans l'enclos qu'une fois la lune haute dans le ciel d'encre, accompagnée de ses infinies servantes.

« Maintenant, fais-la sortir.
- Vous êtes sûr ? Elle pourrait paniquer à nouveau.
- Si ma théorie est exacte, ça ne devrait pas être le cas. Et puis, même si ça arrivait, tu n'auras qu'à la faire revenir dans sa PokéBall. »

Le jeune Rochard dévisagea son hôte, avant d'obtempérer. La matérialisation de la Galéking chassa brièvement le manteau de nuit, mais celui-ci reprit rapidement ses droits.
L'impératrice cuirassée s'ébroua, faisant grincer les plaques de métal qui reflétaient doucement la lumière diffuse de l'astre nocturne. Étrangement calme après son coup de folie de l'après-midi, elle leva sa lourde tête vers le ciel en humant l'air, un grognement curieux résonnant dans sa gorge.

« C'était bien ce qu'il me semblait, annonça le scientifique, les bras croisés sur son torse. C'est la lumière qui lui fait peur.
- Sérieusement ? Je pensais juste que ça avait fonctionné parce que ça l'aveuglait, dans la caverne.
- Dis-toi qu'elle a probablement passé toute sa vie dedans sans jamais en sortir. C'est quelque chose de totalement inconnu, pour elle. C'est comme nous qui avons peur du noir, surtout quand on est enfant, parce qu'on a l'habitude d'évoluer dans un monde éclairé et qu'on ne sait pas ce qui se cache dans l'obscurité. En plus... Est-ce que tu pourrais essayer de la faire approcher sa tête de nous ? »

Le Dresseur aux cheveux argentés acquiesça et, calant l'une de ses nouvelles béquilles sous son aisselle, fouilla son sac. Les narines du monstre gargantuesque captèrent l'odeur de la roche conséquente avant même qu'il ne la sorte complètement. Pliant les jarrets, elle se baissa pour renifler avidement la pierre que l'humain tenait dans ses mains en poussant un léger grondement intéressé. Sa mâchoire s'entrouvrit alors, et ses crocs attrapèrent délicatement le corps minéral pour ensuite le broyer bruyamment.

« C'est bien, » murmura-t-il doucement.

Il approcha lentement sa main de la tête casquée. Mais, alors qu'il n'était plus qu'à quelques centimètres, la Galéking ouvrit à nouveau la gueule, percevant l'odeur des bagues métalliques qu'il portait aux doigts...

« Non, » la réprimanda-t-il d'une voix ferme.

Elle secoua la tête en grondant, frustrée, mais obéit néanmoins. La paume du jeune homme entra en contact avec son museau, tandis qu'il sentait son souffle agiter ses cheveux et vêtements.
Le Pr. Seko en profita pour s'approcher du crâne fortifié et pointa une petite lampe de poche sur l'un de ses yeux pour l'examiner. Aussitôt, la reine en armure détourna la tête en poussant un grognement douloureux.

« Hum... fit l'homme de sciences. Voilà qui pourrait être problématique...
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ce n'est pas qu'elle a peur de la lumière. Elle est photophobe.
- Autrement dit...?
- Elle est presque aveugle, comme le prouvent ses yeux blancs, mais elle perçoit les changements de luminosité. Un peu trop, d'ailleurs. La moindre lumière lui agresse la rétine et provoque une douleur importante.
- Et vu le ton que vous avez pris, j'imagine que ça ne se soigne pas...
- Malheureusement non. Surtout... Elle a presque deux siècles. Si elle avait été beaucoup plus jeune, peut-être. Mais ça, c'est juste le résultat d'une adaptation de ses yeux à son ancien territoire. »

Pierre ne répondit pas tout de suite, caressant le métal lisse du museau de sa Pokémon qui s'était calmée dès que la lampe torche s'était éteinte.

« Ca veut dire qu'elle ne pourra pas combattre de jour, alors...
- Je crains que non... Après, ça ne veut pas dire qu'elle ne voit pas. Juste qu'elle le fait d'une façon différente de nous. Elle doit probablement se servir des odeurs, des sons et des vibrations au sol. Je dirais même qu'elle utilise majoritairement ce dernier moyen. Du coup, si on parvenait à empêcher ses yeux d'être blessés par la lumière, elle serait capable de se battre. Mais bon, on ne va quand même pas lui mettre une paire de lunettes de soleil ! »

Le jeune blessé ne releva pas la plaisanterie d'Aloïs Seko, poursuivant ses caresses sur la tête imposante de la créature titanesque qui s'était allongée sur le sol, non sans soulever des nuages de poussière.

« Des lunettes de soleil, non... Mais, pourquoi pas des œillères ? Ce serait possible, non ?
- Il faudrait qu'elles soient sur mesure, alors. Et suffisamment solides pour ne pas se détacher en plein combat. Ca pourrait éventuellement être faisable, mais ça ne sera pas donné, j'en ai peur.
- ... Peut-être que... »

Mais il s'interrompit, sous le regard étonné du Professeur.

« Peut-être que quoi... ?
- ... Non, rien. Laissez tomber. »

***
Aloïs Seko s'assit un instant pour reprendre son souffle, et en profita pour parcourir du regard le paysage de fin d'après-midi d'hiver qui s'offrait à lui. A cette hauteur, il pouvait voir toute l'étendue du Lagon Etoilé**, et devinait même les contours des gratte-ciel de Mérouville, au loin, d'où il était parti deux jours plus tôt.
Le savant but une gorgée de sa gourde et essuya la sueur sur son front avant de se relever, son lourd sac sur le dos. Allez, il n'était plus très loin, désormais. Il serait idiot qu'il soit obligé d'établir un campement pour la nuit si près du but.

En silence, il gravit les dernières centaines de mètres qui menaient à l'entrée sud du Site Météore... Et poussa un profond soupir de soulagement en voyant la silhouette massive qui l'y attendait.

« Piou, tu peux pas savoir combien je suis content de te voir, Gypse. La grimpette a été plus fatigante que prévue. »

Le Kaorine s'approcha de lui pour qu'il puisse toucher son corps fêlé. Quelques secondes plus tard, ils se séparaient en milliers de fines particules pour disparaître.

Ils se reformèrent dans une vaste salle naturelle fermée, où ils furent accueillis par une voix enthousiaste.

« Bonsoir Professeur. Vous avez fait bonne route ?
- Je dirais bien que oui, mais ce serait mentir à mes pieds. »

Il déposa son sac par terre sous le regard amusé de Pierre, et s'installa face à lui sur l'un des rochers, sur la rive du lac souterrain.

Après sa visite chez le Pr. Seko, le jeune homme était retourné à Algatia le temps que sa jambe se ressoude. Ce ne fut qu'au milieu du mois d'octobre qu'il put reprendre son entraînement, en prévision du Tournoi de juillet. Mais, un problème subsistait : la photophobie de la Galéking ne lui permettait que de sortir la nuit à l'air libre, alors que Mithril, Antarès et Silène avaient eux un rythme de vie diurne. Au début, le Dresseur aux cheveux d'acier avait bien tenté de concilier les deux, menant des sessions d'exercice le jour et le soir. Cependant, sa méthode montra bien vite ses failles, notamment en réduisant considérablement ses heures de sommeil, au point de le faire plusieurs fois s'effondrer de fatigue. Il avait donc dû trouver une autre solution...

C'est ainsi que, depuis quelques semaines, il s'était établi dans le Site Météore. L'endroit offrait en effet un bon compromis : sa pénombre était nuancée de cristaux qui dispensaient une douce lumière, suffisamment faible pour ne pas blesser la reine des profondeurs, mais assez forte pour que le reste de l'équipe puisse voir sans recourir à une lampe. De plus, l'endroit regorgeait d'eau claire, de faune et de minéraux, permettant ainsi de contenter tout le monde.

Seul l'Airmure s'était montré réticent, au début. Il fallait dire que, pour un oiseau habitué à vivre au grand air, se retrouver complètement cerné par des murs de roche avait de quoi perturber. Surtout que sa dernière expérience du genre, quand ils avaient rencontré la colosse cuirassée dans la Route Victoire, avait eu de quoi le traumatiser, et des signes de claustrophobie avaient commencé à le secouer.
Heureusement, ils s'étaient progressivement atténués quand Pierre avait découvert une pièce spacieuse lors de son exploration des galeries souterraines, et qu'il avait décidé de s'y installer.

L'aigle d'argent et de sang était d'ailleurs en train de voler au-dessus des deux hommes, s'amusant à slalomer entre les stalactites en les frôlant le plus possible.

« En tout cas, il fait plus chaud ici, dit le savant en retirant le pull qu'il avait porté pour sa marche. Je t'ai apporté des conserves, pour tes provisions.
- Merci, répondit-il en récupérant le filet généreusement garni. Je vais pouvoir diversifier un peu, comme ça... Parce que bon, c'est pas que du poisson tous les jours, c'est lassant, mais quand même. »

Son visiteur hocha la tête, tandis que le rapace venait d'abandonner son jeu pour se lancer à la poursuite d'un Nosférapti que ses yeux perçants avaient repéré.

« Au fait, où est Béryl ? demanda l'homme de sciences, n'apercevant pas la géante dans la salle.
- Elle est juste dans l'eau, en train de faire sa sieste.
- ... Dans l'eau ?! »

En acquiesçant, le jeune Rochard indiqua une forme imposante qui sortait de l'étendue d'eau. Effectivement, en plissant les yeux le Pr. Seko réussit à distinguer, bouche bée, la silhouette couchée de la Galéking, dont la lente respiration troublait la surface du lac.

« Je... C'est inattendu, prononça-t-il après une dizaine de secondes. Pourtant, les Galéking craignent l'eau, normalement.
- Il faut croire qu'elle a la peau dure. »

C'est à ce moment-là que l'homme de sciences remarqua la pierre irisée avec laquelle le jeune adulte jouait en la faisant rouler entre ses mains.

« Qu'est-ce que c'est ?
- Hum ? Ah, ça ! Vous faites bien de m'en parler, je voulais vous la montrer... » dit-il en la donnant au scientifique barbu.

Ce dernier l'examina attentivement à la lumière de sa petite lampe de poche. Ca ressemblait plus à une sorte de cristal brut, à l'intérieur duquel mille couleurs étaient emprisonnées et dansaient sous l'éclat qu'il leur offrait. Il fronça les sourcils.

« Ce n'est pas une météorite, déjà, » dit-il en soupesant le corps minéral.

Il était certain d'avoir vu un objet du genre quelque part... Ah oui ! C'était lors du colloque organisé par son collègue et mentor de Kanto, le Pr. Samuel Chen, quelques années plus tôt ! L'une des présentations avait été menée par le jeune Pr. Augustine Platane, qui leur avait fait part de ses recherches concernant l'évolution des Pokémon. Il leur avait notamment montré un objet similaire, apparemment trouvé à Yantreizh, tout en leur expliquant que les Champions de cette ville se le transmettaient. De plus, ils seraient alors capables de repousser les limites de leur Lucario, exploitant pleinement son potentiel.

« Où as-tu trouvé cette pierre ?
- Quand j'ai fait une exploration un peu plus poussée du Site, il y a quelques temps. En fait, c'est Béryl qui l'a trouvée. Elle a été comme attirée, n'écoutait plus mes ordres, jusqu'à ce qu'elle se retrouve devant. Mais ça, c'est qu'un petit fragment que j'ai récupéré.
- Tu veux dire qu'il y en a d'autres ?
- Oh oui. ... Mais, autant que je vous montre. »

Il frappa alors deux fois le sol rocheux du pied. Aussitôt, la surface du lac se troubla fortement alors que le monstre de métal se relevait. Un large bâillement la saisit quand elle fut debout, puis elle s'ébroua pour enlever l'eau qui ruisselait entre ses plaques, aspergeant involontairement les alentours. Mais aucun grincement strident n'accompagna son mouvement : son armure usée avait été polie, lui faisant retrouver un peu de son éclat d'antan.
La Galéking effectua ensuite deux pas lents en direction du rivage, provoquant des vagues à chaque fois, puis se baissa en grondant d'aise quand la main tendue de son maître entra en contact avec son crâne cornu. L'impératrice souterraine posa alors l'un de ses antérieurs griffus au sol, paume ouverte vers le ciel, dans laquelle le jeune homme prit place. Elle leva ensuite son bras jusqu'à son échine où il s'installa, entre deux pointes de sa crête dorsale.

« Alors, vous venez ? » demanda-t-il alors que Béryl avait à nouveau amené sa patte au sol, devant le Professeur.

Mais ce dernier ne semblait pas vraiment enchanté par l'idée.

« Mais, euh..., fit-il en fixant les griffes lui arrivant aux hanches. Elle pourrait essayer de manger ces pierres, ce n'est pas vraiment judicieux de...
- Aucun souci pour ça ! Ca fait déjà une dizaine de fois qu'on y va, et tout ce qu'elle fait c'est rester couchée. Elle n'a jamais essayé de croquer dedans, je vois pas pourquoi elle le ferait maintenant.
- Mais on pourrait y aller avec Gypse...
- Elle a besoin de se dégourdir les pattes, ça fait plus de quatre heures qu'elle dort. Et après, elle est ronchon parce que ses articulations la tiraillent.
- Et à pied...
- Impossible, vu les crevasses qu'il faut traverser. ... Allons, Professeur, vous n'allez quand même pas refuser !
- Je... Bon, j'imagine que je n'ai pas vraiment le choix... » soupira-t-il.

Pas très rassuré, il grimpa à son tour dans la paume de l'ogresse blindée, pour prendre place derrière Pierre.

« Accrochez-vous, ça secoue un peu la première fois ! »

Il flatta légèrement l'encolure de la Galéking pour lui signaler qu'ils étaient prêts. Elle se mit alors en route, de pas lents mais gigantesques, en direction d'une galerie précise.

Ils s'enfoncèrent ainsi dans les entrailles du Site Météore, marchant pendant de longues minutes ponctuées du fracas des foulées régulières de leur monture colossale. Parfois, un mur se dressait devant eux, mais il suffisait d'un ordre de la reine terrestre pour que celui-ci s'écarte de leur passage.
Enfin, une dernière paroi rocheuse fut avalée par le sol, leur permettant d'atteindre leur objectif.

Aloïs Seko écarquilla les yeux alors qu'ils mettaient pied à terre. Les mots lui manquaient pour décrire ce qui s'offrait à lui.
Sur tout un pan de mur courait une rivière de cristal qui semblait avoir fait prisonnier un arc-en-ciel. Selon l'angle depuis lequel on l'admirait, les teintes adoptées différaient, mais toujours dans un tableau irréel. Les minéraux produisaient un doux éclat changeant, comme si une onde de lumière agitait paisiblement ce ruisseau irisé, donnant une fausse impression de mouvement. Quelques éclats solitaires s'étaient séparés du flot figé et parsemaient le reste de la paroi, figurant sans le vouloir les gouttes qui se seraient échappées du cours d'eau, s'il avait effectivement été liquide.

« C'est incroyable, » murmura le savant en s'approchant.

Laissant les deux humains vaquer à leurs occupations, Béryl attrapa la friandise rocheuse offerte par son propriétaire avant de se coucher, la tête pointée vers le fleuve solidifié, un grognement détendu roulant dans sa gorge.

« N'est-ce pas ? Je n'imaginais pas que la terre pouvait receler de telles merveilles, fit le jeune adulte en le rejoignant. Du coup, ça me donne presque envie d'en découvrir d'autres ! Enfin, après le Tournoi. »

Il se turent pour admirer la rivière cristalline, n'entendant rien d'autre que le souffle rauque du titan, derrière eux.

« D'ailleurs, Professeur, je voudrais vous demander un service...
- Je t'écoute, mon garçon.
- Vous vous souvenez des œillères dont on avait parlé, pour Béryl... ?
- Plus ou moins. Pourquoi ?
- Je pense pas qu'il y aura beaucoup de combats qui se dérouleront de nuit... Et puis, même sans ça, il suffirait d'une attaque un peu trop lumineuse pour la faire paniquer. Du coup... »

Il garda un instant le silence. Il s'était répété ces mots des centaines de fois, depuis qu'il était ici.

« Du coup... ?
- Je vais vraiment en avoir besoin, si je veux pouvoir la faire combattre.
- Je suis d'accord avec toi mais, comme je te l'ai déjà dit, cela demanderait du temps et de l'argent.
- Je sais... Et c'est pour ça que j'aimerais que... »

Le reste de sa phrase se bloqua dans sa gorge, malgré lui. Percevant son trouble, la Galéking baissa la tête pour avoir son museau à sa hauteur, en grondant doucement.

« ... J'aimerais que vous demandiez à mon père s'il pourrait le concevoir... Enfin, à la Devon S.A.R.L., quoi... »

Le Pr. Seko s'arracha à sa contemplation pour reporter son attention sur lui, très étonné par ce qu'il venait d'entendre.

« ... Je veux bien t'aider, Pierre. Mais... Pourquoi tu ne lui demanderais pas toi-même ? »

Aussitôt, son visage s'assombrit, alors qu'il détournait le regard.

« Ca fait des années que je lui ai pas parlé... Ca ferait bizarre que, d'un coup, je vienne le trouver parce que j'ai besoin de lui... Non ? »

L'homme de sciences le considéra. Il aurait bien aimé lui dire que son père n'attendait que ça, mais il sentait que cela n'aurait fait que rajouter au malaise du jeune Rochard. Visiblement, il avait encore besoin de temps avant de cesser de s'en vouloir ainsi.

« Ne t'en fais pas, dit le savant en posant une main amicale sur son épaule. Je m'en chargerai. »

***
La quiétude des ténèbres fut brusquement rompue par un vacarme assourdissant, faisant trembler les parois du dédale et fuir les habitants du lieu. S'il y avait eu un peu de lumière, ils auraient alors pu découvrir avec étonnement une Galéking titanesque, son dresseur sur son dos, qui avançait sans peine dans toute cette obscurité.
Pierre n'avait même pas allumé sa lampe torche, faisant entièrement confiance à Béryl pour le faire arriver à destination. Il l'avait juste sentie ralentir un instant et humer l'air, dans le noir, probablement parce qu'ils passaient à proximité de ce qui avait été son repère. Mais elle avait docilement poursuivi sa route, comme si de rien n'était.

Presque un an était passé depuis sa tentative infructueuse de traverser la Route Victoire. Un an pendant lequel il avait entraîné son équipe comme jamais, d'abord dans le Site Météore puis de nouveau à la surface. Et cette fois-ci, il était prêt.

Soudain, l'environnement sembla moins sombre aux yeux durs du jeune homme. Clignant des yeux, il s'aperçut qu'effectivement, il ne rêvait pas : il y avait bien de la lumière, au loin. La sortie !
Sentant son enthousiasme, l'impératrice cuirassée accéléra l'allure.

Ce ne fut qu'à l'air libre qu'elle s'arrêta, levant sa tête pour humer l'air de cet endroit inconnu. Elle sentait le soleil d'été réchauffer agréablement son corps de pierre et de métal. Mais elle ne s'affola pas. Des caches noirs lui couvraient ses yeux laiteux, empêchant les rayons d'exécuter leur méfait.

Le jeune homme sur son dos observait la plaine qui s'offrait à ses yeux, excité comme jamais. Ce fut plus fort que lui : il poussa un cri de joie, auquel Béryl se joignit en rugissant.

Ils étaient dans le dôme. Ils avaient atteint Eternara.

- - - - -
* : Infinitage est le nom de la bourgade au sud d'Eternara et de la Route Victoire. Elle constitue une étape bienvenue pour les Dresseurs devant affronter le massif.

** : Le Lagon Etoilé est le nom culturel donné à la crique située au nord de Mérouville. Son identifiant officiel est Route 115.