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Crossworlds de Khimeira



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» Auteur : Khimeira - Voir le profil
» Créé le 10/02/2014 à 00:35
» Dernière mise à jour le 09/05/2014 à 23:36

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Chapitre 1: Breaking the habit
17 avril 2012
Paris, France
Point de vue : Amélie

Ca faisait déjà au moins dix bonnes minutes que je m'étais réfugiée dans les toilettes, complètement terrifiée par ce que je venais de voir. J'étais partie tellement rapidement de ma chambre que ma mère, en m'entendant crier, puis ouvrir la porte de ma chambre, claquer de manière assez violente cette dernière puis courir comme une dératée dans le couloir pour se réfugier dans les toilettes, était montée en quatrième vitesse et me lança :

-Tu es sûre que ça va bien ? Parce que là on a l'impression que tu as vu un fantôme, vu la vitesse à laquelle tu es sortie de ta chambre.

Sa seule réponse de ma part fut des petits sanglotements, alors que j'étais en train de récupérer du choc subi par la vision d'un renard noir à crête rouge, faisant soixante-dix centimètres au bas mot, dans ma chambre en train de me sourire et de me parler comme si de rien n'était. D'autant que, de un, la porte de ma chambre était fermée à clé, et de deux, je ne connaissais pas de renard qui puisse avoir ces caractéristiques. Donc oui, j'avais l'impression d'avoir vu un fantôme.

-Je crois que c'est une souris, lançai-je, sachant pertinemment que ce que j'avais vu dans ma chambre ne ressemblait en rien à une souris, ou alors c'était une très grosse mutation génétique.
-Je préviens ton père ce soir. Je savais bien qu'il y avait un problème. Et trésor, il faut que tu te reposes. Ca fait une semaine non-stop que tu révises cet examen, je pense que tu dois être fatiguée.
-Et extrêmement casse-couilles aussi, se permit de rétorquer ma soeur de sa chambre.
-Lucie !
-Quoi, même pas le droit d'avoir son opinion ici ? Vous êtes sérieuuuux...

A ce moment-là commença une énième dispute entre ma soeur et ma mère. Oui, c'est quasiment tout le temps comme ça. J'attendis que la tempête passe et que les deux partirent chacun de leur côté, puis je sortis de ma cachette et repartis à tâtons vers ma chambre, en espérant que le... truc, enfin quoi que ce soit, ne soit pas là.
Je m'arrêtai à la porte de ma chambre, ouvris et jetai un oeil furtif à l'intérieur. Personne, pas de trace du quadrupède. Parfait.
J'ouvris lentement la porte, et rentrai à pas de loup dans ma chambre, regardant partout et vérifiant qu'il n'y avait aucun signe du renard. Après une fouille complète pendant plus de cinq minutes, il me vint à l'idée que c'était une simple hallucination et que je pouvais reprendre mon oral sans trop de problèmes.
Je me dirigeai alors vers mon bureau, prête à reprendre le cours de mon exposé. Quand soudain, je sentis quelque chose dans mon dos. L'impression qu'on m'observait. Je pris le premier objet qui me tomba sous la main – ici, ce fut un dictionnaire – et me retournai lentement en espérant que ce ne soit pas le renard de tout à l'heure. Dans le cas contraire, j'étais préparée.
Au moment où je fus tournée vers le lit, je vis le sourire narquois de celui qui m'avait foutu la frousse de ma vie.

"Bouh."

Je ne réfléchis pas plus longtemps et lançai le dictionnaire en direction de la vision que j'avais en face de moi. Il évita le dictionnaire de justesse, qui alla taper contre le mur, et courut se réfugier dans le bac à linge sale. Je courus jusqu'au bac pour essayer de l'attraper, mais en l'ouvrant je me rendis compte qu'il avait... complètement disparu.
Je fouillai à l'intérieur de mon bac, essayant de trouver une trace de la créature, rien n'y fit : il n'y avait rien d'anormal dans le bac.
Okay, donc soit j'étais complètement défoncée, soit fatiguée, mais j'étais sûre qu'il y avait un truc ressemblant à un renard, pas plus tard qu'il y a cinq secondes, à l'intérieur du bac à linge sale. Sauf que je n'ai rien fumé. La deuxième possibilité me semble la meilleure.
A ce moment-là, je sentis une présence derrière moi, sur le lit. Okay, donc là si je voulais l'attraper c'était maintenant, j'avais juste à me jeter sur le lit, envelopper la couette autour de lui et le ressortir ensuite. Fallait pas que je me plante. Si c'est une hallucination je pourrai le savoir qu'à ce moment-là.
J'entendis un bâillement derrière moi. C'était le signal. Je me retournai et comme un chat chassant une souris, je bondis sur mon lit, pris la couette et la refermai par les quatre coins autour du quadrupède, dont j'entendis le petit couinement au moment où il fut piégé. Victoire.
J'enlevai la couette et pris le petit monstre entre mes mains. Il me regarda avec des yeux étonnés.

-On peut savoir ce que tu fais là ? Lançai-je.

Pas de réponse. Pourtant j'étais certaine de l'avoir entendu parler... C'est quoi ce délire ?

-Arrête de me prendre pour un jambon, je sais très bien que tu parles.

Toujours aucune réponse de la part du renard, qui me fixait en penchant sa tête sur le côté pour faire signifier son incompréhension.

"Alors celle-là, on me l'avait jamais faite."
-Je m'en fous. D'où tu viens ? Comment t'as réussi à rentrer dans ma chambre ? Comment t'es capable de me parler ? Comment t'as réussi à disparaître de la pile de fringues pour arriver sur mon lit ? Et surtout pourquoi...
"Eh, calmos ! Je peux pas répondre à toutes les questions à la fois, laisse-moi au moins le temps de comprendre où j'ai atterri."
-Après m'avoir regardé comme si t'allais me faire quelque chose de mal ? C'est une blague j'espère ?

Je le vis soupirer.

"Si tu pouvais me déposer sur le lit au lieu de me tenir avec tes bras à un mètre du sol comme tu le fais, ce serait sympathique. Et surtout je serais peut-être plus enclin à répondre à tes questions."

Je levai les yeux au ciel puis le déposai à l'endroit où je l'avais attrapé avec ma couette.

-D'accord, je t'écoute, continuai-je.
"Premièrement, comment je suis capable de te parler. En fait, c'est très simple : je me connecte à ton cerveau en envoyant des ondes, correspondant à ma pensée, à une fréquence proche de celle de ton cerveau ; tu arrives donc à me comprendre au travers de ce mécanisme. Ca s'appelle la télépathie, si tu veux un nom précis. Tu suis ?
-... T'es clairement en train de te foutre de moi, là ?
"Pas mon genre."
-D'accoooooord... Comment t'es rentré ici ?
"Simple. Par la fenêtre."

Okay, donc là clairement il se fout de moi.

"Je t'ai dit : c'est pas mon genre."

Il est mignon, à me dire que c'est pas son genre, mais il n'a pas répondu à ma ques –
ATTENDEZ UNE MINUTE.

-Je... rêve ou tu viens de lire dans mes pensées ?
"C'est effectivement dans mes capacités."

J'étais encore plus paumée que je le pensais. Et je ne savais toujours pas comment ni pourquoi il était là. La journée allait être longue.

-Revenons au sujet. Comment t'as pu rentrer dans ma chambre ?
"Déjà dit : par la fenêtre."
-Ne me dis pas de conneries, la fenêtre de ma chambre est ferm –

Je remarquai que les yeux de la créature avaient viré au violet, et dans la foulée je vis la fenêtre s'ouvrir toute seule. J'avais l'impression que mes yeux étaient ressortis de mes orbites. J'avais même pas touché à la fenêtre.

-Tu viens quand même pas de... commençai-je.
"Ouvrir la fenêtre sans bouger d'un pouce ? Oui, pourquoi ?"

Ok, donc là c'est officiel, je suis cinglée.

"Tu l'admets, c'est déjà ça." lança la créature avec un petit sourire.
-Alors déjà tu arrêtes de lire dans mes pensées comme si c'était un livre pour enfants, et de deux je vois pas pourquoi tu te permettrais de faire ce commentaire alors que t'es arrivé y'a même pas dix minutes. Et puis pourquoi je parle à un renard, moi ?
"Félicitations, tu fais officiellement partie du club des cinglés ! J'ai pas de médaille à te filer mais je te garantis que dès que j'en ai une, je te la donne, d'accord ?"

Je soufflai du nez. J'allais lui rabattre le caquet si ça continue. Et fallait que je sache qu'est-ce que c'était vraiment...
Je laissai tomber approximativement à ce moment-là. C'est pas comme ça que j'allais avancer. Et puis si c'est pour qu'il me réponde de cette manière...
Juste à ce moment-là, ma soeur rentra dans la salle. Par réflexe, je mis la couette par-dessus le quadrupède pour que l'autre ne le voie pas.
Ma soeur me regarda avec un air légèrement dédaigneux.

-Tu sais, t'as pas à te cacher, je sais que t'as un journal intime et que tu marques des trucs à propos de ton homme idéal dedans.
-Lucie, sors, s'il te plaît, ordonnai-je calmement.
-Ou alors c'est des sites de cul, et dans ce cas j'aurai juste à fouiller l'historique...
-CASSE-TOI ! Crachai-je.

Je vis ma soeur lever les yeux au ciel puis sortir de la chambre. Je jetai un regard mauvais puis fus sur le point d'enlever ma couette quand je la vis rentrer une nouvelle fois :

-Ah, et il s'appelle comment le futur copain ?

Je crachai tel un chat en direction de ma sœur, pour lui montrer que je n'avais pas envie d'être dérangée. Elle fit un regard empli de dédain puis ferma la porte. Enfin seuls.
Du coup j'en profitai pour relever la couette et remarquer que le petit renard s'était enfin endormi. Je le touchai du bout du doigt : pas de réponse. Il avait l'air... mignon. Un peu comme un petit chat. Enfin, un chat assez gros, capable de te parler par la pensée et d'ouvrir une fenêtre sans bouger le bout de sa patte. Mais mignon quand même.
Mais il restait un problème : je ne savais toujours pas d'où il venait. Et je comptais le savoir.

-Non mais sérieusement, lui lançai-je, qu'est-ce que t'es ?

Quelques secondes de blanc suivirent. Je sens qu'il n'allait pas répondre à cette question.
Justement, je le vis pencher la tête, me regarder les yeux dans les yeux, puis lancer toujours avec les yeux grand ouverts :

"Moi ? Ben... euh... Tu le sais pas ?"
-Mais bien sûr, c'est évident, je devrais comprendre et savoir que tu es une créature venue de l'espace qui a pour but de communiquer avec la race humaine avant de la détruire, je me trompe ?

Je l'entendis glousser.

"Tu délires complètement... Et puis tu crois vraiment qu'un animal mignon comme moi serait en mesure de te détruire ?" ajouta-t-il en me faisant des yeux de cocker.
-Après avoir ouvert ma fenêtre sans rien faire, t'être téléporté partout dans ma piaule et m'avoir regardé comme si tu voulais me faire mal, j'aimerais en douter.
"C'est pas comme si tu l'avais pensé tout à l'heure..." ajouta la créature en détournant le regard.

Et ça y est, il a encore lu dans mes pensées, ça m'énerve. Et on digresse encore depuis tout à l'heure.

-Bon, arrête de détourner le sujet et réponds-moi sérieusement. Qu'est-ce que tu es vraiment ?
"Ben, c'est simple, je suis un Pokémon."

J'eus un blocage à ce moment-là. J'avais l'impression d'avoir vu, lu ou entendu ce truc quelque part, mais je ne me souvenais pas où.
Soudain, ça me revint.
Une série de jeux vidéos à laquelle beaucoup de mes amis de primaire, garçons comme filles, jouaient quand ils étaient jeunes. Un jeu où on devait être "le meilleur dresseur", en gagnant des badges, entraînant ses créatures – ici, les Pokémon – en les faisant combattre... Je devais avoir sept, huit ans à l'époque quand tous mes amis y jouaient ou regardaient le dessin animé. J'ai pourtant jamais voulu y jouer ou regarder la série, trouvant ça "trop gamin".
Et j'avoue ne rien y comprendre aujourd'hui, et je pense être bien incapable de connaître le nom d'une seule de ces bestioles.

"Mouais, c'est clair que si t'es complètement inculte sur le sujet, on est quand même vraiment mal barrés..."

... J'ai encore oublié qu'il pouvait lire dans mes pensées. Je devrais sérieusement songer à aller voir un psy, parce que je sens l'Alzheimer arriver.
Je préférai ne rien dire de plus, parce que je sentais qu'il allait me piéger.
Le « Pokémon » - j'allais l'appeler comme ça, je pense – en profita pour sauter sur mon bureau et me regarder en souriant. Alors que je songeai à prendre l'ordinateur pour essayer de chercher des informations sur lui, je m'aperçus qu'il n'était plus à côté de moi. Mon regard se dirigea vers le bureau, où je vis le goupil, un grand sourire, ses deux pattes avant sur mon ordinateur, l'air de vouloir dire que je n'avais pas le droit d'y toucher. Je lui jetai un regard menaçant, et il commença à pouffer de rire.

"Bon, tu as gagné, je vais te dire qui je suis vraiment, parce que je sens que tu souffres un peu à l'idée de ne pas savoir."

Je le vis descendre du bureau, allumer l'ordinateur qui se chargea comme par magie sur une page qui semblait contenir des informations sur lui, alors que je n'y avais même pas touché.

"Bon, on va faire court, j'ai pas tellement envie d'y passer plus de temps. Mon nom est Zorua. Tu as compris où il faut que je te l'écrive ?"

* * * * *
17 heures 45
Déjà sept heures s'étaient écoulées depuis l'arrivée de Zorua (si c'est bien comme ça qu'il s'appelle).

"Oui, c'est bien comme ça."

... Voilà pourquoi ça m'énerve. Il lit dans mes pensées comme si c'était un livre ouvert, alors que je n'ai jamais l'habitude de me confier. Il a une plus grosse répartie que moi, il s'adresse à moi par télépathie... En gros, ce quadrupède, qui a débarqué dans ma vie sans prévenir, est devenu en quelque sorte et en quelques minutes mon pire cauchemar. Mais bordel, c'est un RENARD.

"Un goupil."

Rien à cirer. Je l'ai déjà dit trois fois depuis que tu es arrivé, tu ne m'avais pas fait la remarque, alors je continue à te qualifier comme renard.

"Mais je suis un goupil."

Pour moi, tu es un renard, point trait. J'ai pas envie de continuer un dialogue de sourds.
Enfin bref.
Je m'étais finalement installée sur mon ordinateur, et avais fais de très légères recherches sur les Pokémon. En analysant les différents sites proposés, et surtout à partir de la page que Zorua avait laissé ouverte et qui donnait pas mal d'informations sur lui, je trouvai beaucoup plus que ce que j'étais venu chercher, mais je ne pris que ce qui m'était nécessaire, c'est à dire ce qui concernait la créature qui se trouvait sur ma pile de fringues. Plus des trois quarts étant inutiles (les attaques, je m'en foutais un peu, la table des types pareil mais je la gardai au cas où et la stratégie... Je n'y avais pas compris un traître mot), je pris l'essentiel dans le nécessaire, pour ne garder que quelques infos qui me semblaient pertinentes pour comprendre Zorua.
J'appris notamment qu'il était capable de produire des illusions. Rien que ce point me faisait extrêmement peur. Si cela s'avérait vrai, j'avais clairement peur pour moi. Pour ma sécurité.
Ce Pokémon serait capable de faire n'importe quoi pour me rendre complètement folle, et je savais qu'il en était parfaitement capable.
Je déglutis lentement ; je n'aimerais pas me retrouver plongée dans la folie à cause d'un truc qui semble mignon à la base. Mais ce n'était pas ma priorité : il fallait d'abord que je prenne du temps pour comprendre pourquoi il est là.

* * * * *

19 heures 30.

J'étais à table, avec mes parents et ma soeur, comme d'habitude. J'avais laissé Zorua dans la chambre, et je priais intérieurement pour qu'il ne fasse pas une virée dans toute la maison. J'étais déjà assez stressée comme ça avec l'oral, fallait pas non plus que j'aie une pression supplémentaire avec un renard noir à crête rouge (comment voulez-vous que je le décrive autrement ?) qui pourrait se balader dans toute la maison et que mes parents, ou même ma cruche de soeur, pourraient croiser à tout moment. J'avais vraiment pas envie d'une emmerde supplémentaire.
Et mon stress se voyait.

-Amélie, ça va bien ? commença mon père.
-Oui, t'inquiète pas, ça va très bien. Juste eu une petite frayeur à cause d'une souris dans la chambre ce matin.
-Je savais bien qu'il y avait quelque chose, j'entendais des bruits depuis quelques jours et je ne savais pas d'où ils venaient... J'appelle le dératiseur dès que possible. En attendant, dors tranquille.
-En même temps, faut la laisser, elle a son exam à la rentrée, et bien sûr on peut pas la déranger, la pauvre... lança ma soeur sur un ton arrogant.
-On en reparlera quand tu auras le brevet dans deux mois.
-De toute façon je l'aurai sans bosser, pas comme toi.
-Avec ton écriture de kikoolol et tes deux fautes par phrase ? Laisse-moi rire, tu ferais mieux de bosser ton orthographe que d'écouter ta daube commerciale à longueur de temps !

A ce moment-là, ma cruche de soeur se leva. J'avais réussi à toucher la corde sensible.

-Oh, je t'ai touchée dans ton orgueil de fan attardée ? continuai-je, fière de ma réplique.
-Amélie! répliqua mon père.
-C'est elle qui a commencé ! Elle fait exprès pour m'énerver, cette garce !
-C'est ta soeur, je te rappelle !
-ET ALORS ? J'en ai marre que ce soit tout le temps elle qui soit tout le temps sur-protégée simplement parce que c'est la plus petite ! J'ai hâte de partir, tu vois !

Et sur ce, je me levai de table, et sortis de la cuisine en claquant la porte.

* * * * *

22 heures 30.

Après l'engueulade avec mes parents, j'étais restée dans ma chambre, l'ayant fermée à clé – qui ne m'avait jamais autant servi depuis que je l'ai retrouvée dans une des mes armoires – et allumai mon ordinateur pour regarder une série débile en streaming, une parodie de série à l'eau de rose qui me faisait toujours autant marrer. Zorua était, lui, sur mes genoux et regardait le spectacle.
Dans l'épisode que j'étais - pardon, que nous étions - en train de regarder, on avait affaire à une certaine Suzie, qui était en train de choisir sa tenue pour aller voir Steeven, son fiancé. Et les quelques quarante minutes d'épisode montraient la pauvre blonde (qui n'était pas blonde que de couleur de cheveux apparemment, stéréotypes oblige) hésitant entre mettre ses bottines bleu, marine, turquoise ou azur. Et plus les quarante minutes habituelles passaient - qui correspondaient à deux heures dans cet épisode - plus elle hésitait entre les quatre paires et plus elle passait d'appels pour savoir quelles bottines elle pourrait bien mettre.
L'épisode se finissait sur un appel de son fiancé qui lui annonce que le rendez-vous est dans une minute, alors que la pauvre fille n'avait toujours pas trouvé la couleur de ses bottines. Eh bien ma pauvre, si au bout de deux heures t'as toujours pas trouvé quelles bottines tu vas pouvoir mettre, c'est pas en une minute que tu vas avoir la révélation ultime.
Ca me faisait toujours marrer, non pas que l'action soit gnangnan au possible (ça l'est parfaitement, d'ailleurs) mais aussi parce que les personnages sont stéréotypés au possible, et qu'on a juste l'impression que cette série est faite exprès pour nous faire marrer. C'était un peu comme ma détente du soir après une dure journée de boulot, un truc qui me permettait de me vider la tête et d'oublier un instant l'ambiance de famille assez désastreuse et le stress des études.
Enfin bref, après quarante minutes d'action guimauve, je coupai le streaming et me demandai ce que j'allais bien pouvoir faire de Zorua. Il doit avoir faim, en plus. Et je me demandai ce que ça pouvait bien manger, un truc comme ça. Même si j'avais ma petite idée étant donné que ce truc ressemblait à un renard.
J'essayai alors d'attirer son attention, mais rien n'y fit : il semblait être endormi, son abdomen se soulevant lentement au rythme de ses inspirations et expirations.
Au bout de deux minutes, et une petite caresse pour qu'il daigne bien me regarder dans les yeux, je lançai :

-Tu veux quelque chose à manger ?
"De la viande ?"
-J'ai le reste de mon repas de ce soir. Filet mignon et légumes. J'ai mangé que les légumes.
"Je prends."

A la bonne heure. J'avais pas envie de manger ça demain matin.
Je descendis donc à pas de loup vers la cuisine, ouvris le frigo et en sortis mon assiette de dîner. Puis je retournai tout aussi rapidement et doucement que j'étais venue. Sans faire le moindre bruit. Victoire. Bénies soient les marches qui ne grincent pas.
Arrivée dans ma chambre, je la fermai à clé comme à mon habitude, puis déposai l'assiette au centre de la pièce, laissant Zorua s'approcher.
Il regarda l'assiette quelques secondes, tourna un peu autour, puis dévora le morceau de bidoche encore plus vite que ce que je pensais. J'en fus scotchée, mais je me méfiai : c'était sans doute le fruit d'une illusion.
Je m'approchai de l'assiette maintenant vide, puis essayai de saisir un morceau invisible de viande... Pour finalement ne saisir que du vide. Ce n'était pas une illusion... Ce Pokémon était réel.
Et je sentais que j'allais le regretter.