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The Forgiving God de Kazuuya



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» Auteur : Kazuuya - Voir le profil
» Créé le 17/10/2015 à 18:15
» Dernière mise à jour le 17/10/2015 à 18:15

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense

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05 : Instabilité diplomatique
"Il faut pardonner à ses ennemis mais pas avant de les avoir vus pendus."
(Heinrich Heine)



Le combat était acharné. Le Démolosse, fier et rapide, esquivait aisément les coups du Nosféralto adverse, l'envoyant plusieurs fois s'écraser contre l'un des lampadaires solides du quai Prime, qui ne tarda pas à se remplir de curieux. Bon nombre de passants observaient la rencontre mouvementée entre un homme de la Team Rocket aux cheveux bleus clairs, vraisemblablement un commandant au vu de sa tenue élégante. Il affrontait un type vêtu de manière étrange, portant une sorte d'armure de chevalier des temps anciens. Rien que ça avait de quoi attiser la curiosité des habitants de Volucité.
Dunning, qui passait par là, se rendant tous les jours au quai Prime lorsqu'il avait un moment, regardait lui aussi ce spectacle aussi étonnant qu'intéressant. Si la Team Rocket avait des ennemis, ça ne pouvait être que des personnes influentes. Cette organisation criminelle légendaire ne s'embarrassait pas d'indésirables faibles. L'homme au Zorua avait bien l'impression de connaître cet uniforme étrange, mais il trouvait cela trop incongru pour vraiment y croire.

- J... je n'ai pas dit mon dernier mot ! fulmina l'homme habillé comme un chevalier.

- Eh bien, quelle témérité... je doute que ce soit suffisant, cependant. Démolosse, achève-moi ce nuisible, répliqua le commandant Rocket de son ton posé et parfaitement calme.

C'était plutôt facile à voir à cause de son armure, qui bougeait au même rythme que son porteur : le dresseur du Nosféralto tremblait comme une feuille. Nul doute que s'il n'y avait pas toute cette foule, il se serait fait dessus depuis longtemps. Pourtant, en lui-même, le commandant Rocket n'avait rien d'effrayant. Mais son sourire avenant dissimulait une cruauté sans pareille. Dunning frissonna. Il ne lui donnait certes pas la même impression de malaise qu'Elias, mais c'était tout comme.

- Rends-toi donc, faible nuisible. Ton rang témoigne de ton incompétence. Un simple sous-fifre de ta trempe... je crains que tes supérieurs ne sous-estiment la Team Rocket.

En effet, le type à l'armure commençait à flancher, et songeait sérieusement à prendre ses jambes à son cou. Ce qu'il fit lorsque le chien des enfers commença à mettre le feu au quai, de manière à couvrir le départ du commandant Rocket.

- L-lâche ! Tu ne t'en tireras pas à si bon compte ! pleurnicha le dresseur du Nosféralto, bien que soulagé. Il n'aurait pas tenu cinq minutes de plus sans se faire dessus.

- Nous ne nous reverrons sans doute pas, répliqua l'autre, un sourire amusé sur le visage. Ne perdons pas plus de temps. Démolosse, Surchauffe.

En voyant ce qui suivit, le sang des curieux qui observaient le combat se glaça : le commandant Rocket ne venait pas seulement de donner un simple ordre à son Pokémon. Il lui avait demandé de diriger son attaque vers le dresseur à l'armure. Lequel se consumait sur place, touché par les puissantes flammes du chien des enfers. Il hurlait à pleins poumons, en train d'agoniser comme jamais. Au bout d'un moment, il ne resta plus de lui qu'un tas de cendres noires, qui s'envolèrent avec la brise marine.
Bon nombre de passant s'éloignèrent, voulant oublier ce qu'ils venaient de voir. Un vrai cauchemar. Dunning, lui, avait toujours le regard fixé sur l'homme aux cheveux bleus. Lequel s'en alla, accompagné de son Démolosse. Personne n'osa lui barrer la route, de peur de subir le même sort que le type à l'armure. Se rebeller contre la Team Rocket, c'était peut-être l'envie de tout le monde ici présent, mais les conséquences en seraient terribles. Ces criminels étaient connus pour être dénués de toute pitié. A en croire le spectacle qui venait de se dérouler sous ses yeux, Dunning comprit que cette réputation n'était en aucun cas usurpée. Il ferait bien attention, à l'avenir, de ne pas provoquer n'importe qui.

L'agent Beladonis était là, lui aussi. A vrai dire, un espoir de revoir celui qu'il avait rencontré sur les quais, quatre ans plus tôt, le nourrissait depuis un certain temps. Mais le policier était incertain. Si retrouver son ami était une perspective réjouissante, il avait d'autres Chaffreux à fouetter pour le moment. A savoir l'hypothétique retour d'une Team déchue. Ce qu'il avait vu dans le Désert Délassant la veille le taraudait toujours, bien évidemment, mais en observant ce combat, il n'avait plus aucun doute. Les terreurs d'Unys étaient de retour, et ce n'était pas un bon signe. Pas du tout.
Le regard de l'agent croisa un instant celui de Dunning qui, contre toute attente, se trouvait là, lui aussi. L'homme au Zorua crut avoir une hallucination et ne s'en formalisa pas plus que ça. Ou du moins voulait-il le laisser croire. Lui aussi, il brûlait d'impatience de rencontrer de nouveau cet ami qui lui avait transmis sa passion, et cette vision le préoccupait véritablement.


* * *


Dans le salon de l'hôtel, Irina, à demi affalée dans l'un des fauteuils luxueux, consultait le journal. Pas grand chose de bien intéressant, apparemment. Elle ne trouva qu'un article de presse sur une affaire de vol de Pokémon près d'Ondes-sur-Mer. Là encore, rien de bien inquiétant lorsqu'on savait que cette ville portuaire avait le taux de criminalité le plus haut de tout Unys. Voyant passer le crétin qui lui servait d'ami et de partenaire de travail, elle l'interpella. Il vint la rejoindre, une expression anormalement sombre sur le visage.

- T'as marché dans une merde de Ponchien ou quoi ? T'es tout pâle...

- A-ah ? Non, ça va...

La blonde plissa les yeux, pas dupe. Certes, elle avait du mal à comprendre ce qui lui passait par la tête la plupart du temps, mais elle voyait très bien qu'en l'occurence, quelque chose n'allait pas. Seulement, Dunning ne sembla pas le moins du monde disposé à en parler.

- Tu es sûr que tout va bien ? Même un Fantominus aurait l'air plus vivant que toi, vieux.

- Nan, c'est que... j'ai vu un truc atroce sur les quais, juste avant de revenir.

Irina haussa un sourcil.

- Qu'est-ce que tu fichais sur les quais ?

Pas de réponse. Voyant qu'il serait inutile de s'intéresser de trop près à la vie privée de cet imbécile, elle eut tôt fait de laisser tomber. Elle s'intéressa cependant plus en détail à ce "truc atroce" qu'il avait pu voir. Apparemment, il s'agissait d'un combat entre un membre de la Team Rocket et un type bizarre en armure. Le commandant Rocket, avantagé, et de très loin, aurait ordonné à son Démolosse de brûler l'impudent qui avait osé le défier. Irina acquiesça, songeuse. Pas difficile à croire. Tout le monde savait que parmi les organisations criminelles du coin, la Team Rocket était la plus influente. Que ce soit à Kanto, Johto, Unys ou ailleurs, ce nom faisait trembler bien des gens.
Mais pas elle. Elle n'avait pas peur de ces malfrats. Certes, elle était consciente de leur dangerosité, mais ça n'allait pas plus loin. Et pour cause, elle avait terrassé plusieurs sbires Rocket sans le moindre souci avec son seul Tarinor quelques années plus tôt, lors d'une prise d'otages dans un ferry. Mais nous y reviendrons plus tard.

- Bon, écoute... c'est pas que je m'inquiète, mais tu es bien silencieux. Je te ferais volontiers bouffer tes dents, mais j'ai un minimum d'éducation, alors pour la dernière fois... qu'est-ce qui t'arrive, bordel de merde ?

- Je te l'ai dit, répliqua-t-il, plus froidement qu'il ne l'aurait voulu. J'ai assisté à une mise à mort des plus horribles. N'importe qui verrait son moral descendre à zéro en entendant ces cris d'agonie horrible. Ils résonnent encore dans ma tête, c'en est douloureux...

Irina le sentait sincère, mais ne parvenait pas à se défaire de l'impression qu'elle avait. Il ne disait pas tout. Quelle que soit la partie qu'il souhaitait taire, elle se promit de découvrir des éléments du passé de Dunning. En plus d'être une incorrigible curieuse, mue par une soif des secrets inavouables, elle était une amie sur qui on pouvait compter. Et voir un de ses proches, aussi crétin soit-il, aussi mal, ne la rendait que plus déterminée encore. Elle trouverait, quel qu'en soit le prix, qui était vraiment ce mec dont elle ne savait, au final, que peu de choses.

- Bon, d'accord, je vais pas te forcer à me dire tout ce q... mais il est où, ce con ?! grommela Irina, ne voyant plus son ami nulle part.

- J'ai bien peur qu'il ne soit déjà parti, madame, répondit une voix douce à côté d'elle.

La blonde sursauta, prise de court. Elle n'avait absolument pas remarqué qu'une vieille femme de bien soixante-dix ans se trouvait assises à ses côtés, un sourire bienveillant peint sur le visage. Passée la surprise, Irina lui rendit son sourire.

- J-je ne vous avais pas vue arriver, je suis confuse... bredouilla la plus jeune.

- Ne vous en faites pas, j'aurais bien dû m'annoncer, c'est vrai. Pardonnez-moi, je ne me suis pas présentée. Je suis Ludmila Kalsov, de la chambre 406.

- Kalsov... je connais ce nom. N'êtes vous pas une coordinatrice de renom à la retraite ?

Une lueur vint éclairer le regard de la vieille dame, donnant raison à Irina.

- Quoi qu'il en soit, je m'appelle Irina Da...Dunning. Chambre 412.

Ludmila plissa les yeux, tandis que le cœur de la blonde rata un battement. Elle avait failli griller sa couverture. En soi, ça n'avait pas tellement d'importance, mais au vu du nombre de personnes qui la prenaient pour l'épouse de Dunning, elle en deviendrait harcelée de questions. Et elle ne voulait pas ça.

- Qu'est-ce qui vous amène dans cet hôtel, exactement, madame Dunning ?

- Oh, eh bien... pourquoi cette question ? s'étonna Irina.

- Disons que, par inadvertance, je vous ai vue interroger plusieurs clients de l'hôtel, alors je me suis demandée si, par hasard, vous apparteniez à la police ?

Les yeux écarquillés, elle fixa un bon moment la vieille femme avant d'éclater de rire. Elle-même ne savait pas pourquoi elle riait, mais Ludmila ne s'en formalisa pas.

- Si je suis ici, c'est... que je suis de passage dans la région. Alors je me suis dit qu'il valait mieux un hôtel agréable. Euh... et vous ?

- Vous connaissez sans doute Flora, la réceptionniste ? questionna l'ancienne coordinatrice.

- Si je la connais ? Bien entendu, elle était la reine des concours Pokémon à Hoenn, jusqu'à il y a deux ans. Pourquoi cela ?

- Flora est ma petite fille.

Irina ne cacha pas sa surprise. Ainsi donc, la passion des concours se transmettait de génération en génération dans la famille ? Vraisemblablement, ce n'était le cas que chez les femmes, puisque le père de Flora, Norman, était un champion d'arène réputé. En y regardant de plus près, la trentenaire put en effet constater une certaine ressemblance entre les deux femmes, au niveau des yeux. Ils étaient identiques, aussi bien par leur forme que par leur couleur bleue saphir.

- Il y a bien une autre raison... ajouta Ludmila, tirant son interlocutrice de ses pensées. Le tournoi Pokémon qui a lieu le 15 de chaque mois. Depuis deux ans, je ne l'ai pas manqué une seule fois.

"Le tournoi, hein..." songea Irina, intéressée.

- Le 15, vous dites ? Mais c'est dans deux jours, ça ! Y'a-t-il encore moyen de s'y inscrire ?

La vieille dame haussa les épaules, toujours souriante.

- Demandez cela à Flora, c'est elle qui l'organise, avec quelqu'un d'autre me semble-t-il.

La blonde remercia chaleureusement l'ancienne coordinatrice, ravie. Voilà qui rendrait Dunning de meilleure humeur. Lui qui aimait les combats, il allait être servi. Si ça ne marchait pas, elle n'aurait plus qu'à secouer son ami comme un prunier en lui racontant des blagues idiotes, et ce jusqu'à ce qu'il rigole. Méthode plus brutale, mais qui avait déjà fait ses preuves. Irina sourit en se souvenant de ça, et fonça vers la réception, animée de bonnes intentions et d'une volonté inébranlable.


* * *


L'hôtel était décidément plein de ressources. En plus de posséder cinq étages, un salon immense, un restaurant trois étoiles et une demi-tonne de bureaux, il y avait aussi un terrain d'entraînement pour les combats Pokémon. En vue du petit tournoi qui aurait lieu deux jours plus tard, Justin et Nick, locataires des chambres 211 et 403, avaient conjointement décidé de s'entraîner un peu pour l'occasion. Ils ne se connaissaient pas le moins du monde, ce qui serait bénéfique à l'entraînement : mieux vaut affronter quelqu'un dont on ne connaît rien pour pimenter un peu le combat.
Les deux jeunes hommes envoyèrent, d'un mouvement presque synchronisé, leurs Pokéballs. Une sorte de gros scorpion de couleur lavande et violette, au regard mauvais et aux griffes acérées, faisait remuer sa queue, prêt au combat. Les Drascore, bien entraînés, pouvaient être des Pokémon redoutables. Justin ne possédait aucun autre Pokémon, mais celui-ci avait le mérite d'être puissant.
Nick, de son côté, choisit un type Spectre. Un fantôme rondouillard d'une couleur violette, presque bleutée, pourvu de bras et de jambes courtes, avec des yeux rouges luisants et un sourire moqueur dévoilant ses dents blanches parfaitement alignées. Un Ectoplasma n'était pas un Pokémon facile à vaincre non plus.

- C'est quand vous voulez, Lysander, sourit Nick, confiant.

- Très bien... souffla le professeur, peu sûr de lui.

Le scientifique, voyant son adversaire hésitant, décida de lancer la première offensive pour le réveiller un peu. Suivant l'ordre de son dresseur, l'Ectoplasma exécuta une attaque Poing de Feu parfaitement maîtrisée, qui s'abattit sur le scorpion géant. Justin grimaça et, comprenant qu'il était temps d'agir, choisit une attaque.

- Euh... Mâchouille !

Nick sourit. Il s'était attendu à recevoir ce genre d'attaque efficace, aussi ordonna-t-il au fantôme d'esquiver l'offensive. Heureusement pour lui, Drascore était moins rapide qu'Ectoplasma.

- Je ne sais pas du tout comment mener ce combat, mais l'improvisation, c'est sympa aussi. Entrave !

- Argh... j'aurais dû y penser... souffla le jeune homme aux cheveux clairs.

- Cela aurait été moins marrant. Allons, amusons-nous !

Maintenant qu'il était entravé, le gros scorpion violacé perdait l'avantage. Certes, il avait d'autre capacités de type Ténèbres, mais de puissance moindre en comparaison de l'attaque Mâchouille. Justin réfléchissait à toute allure, cherchant une solution. Il n'y avait certes pas de quoi s'alarmer, mais il ne pouvait pas se permettre de se ridiculiser devant un public. Et il y tenait, à participer à cette petite compétition. Ca lui remettrait bien vite les idées en place. Voyant son opposant désarçonné, Nick haussa les épaules et donna un nouvel ordre à son Pokémon.
L'attaque Onde Folie, provoquant une confusion chez l'ennemi, ne ratait jamais. Aussi le Drascore avait-il la tête qui tournait, comme une migraine insupportable.

Le combat s'éterniserait sans doute un moment, selon l'individu qui les observait sans dire mot depuis le début. Les deux combattants ne l'avaient même pas remarqué, mais Ectoplasma si, au vu du regard qu'il lui adressa.
Dan Evans, qui logeait dans la chambre 418, était quelqu'un de discret. Un militaire dans l'armée du gouvernement, apparemment. C'était du moins ce que les rares clients de l'hôtel qui lui parlaient savaient de lui. Il ne cessait pas de les observer, l'air intéressé par ce match qui, pourtant, n'avait rien à envier à ceux du Conseil des Quatre, qui étaient fréquemment diffusés à la télévision. Mais Dan n'aimait pas trop ces matches déséquilibrés entre des dresseurs d'élite et des gamins encore en plein milieu de l'adolescence. Le résultat était souvent décidé d'avance, et tout cela l'ennuyait.
Toujours sans rien dire, il s'éclipsa, laissant les deux adversaires à leur combat. Il avait mieux à faire, de toute façon.


* * *


La discussion animée de trois personnes marchant dans le hall d'entrée résonnait dans la grande pièce. L'une de ces personnes, une jeune femme, était complètement émerveillée en voyant tout ce luxe, des lustres au sol en marbre, en passant par les canapés de cuir semblant extrêmement moelleux. Les deux autres s'amusaient de cette attitude, moins impressionnés qu'elle car connaissant ce milieu.

- Elsa, efforce-toi de te tenir correctement, la réprimanda une femme assez âgée, avec un sourire cependant.

- Ah, mais vous savez bien, la jeunesse est fougueuse, à notre époque, répondit un homme d'une trentaine d'années. Comme nous avons pu le constater en arrivant en ville, ce matin, avec tout ce grabuge provoqué par un jeune commandant Rocket...

- Je me serais volontiers caché les yeux si je m'étais attendue à pareil massacre ! geignit la vieille femme.

- Voyons grand-mère, toi, tu es forte et courageuse ! On ne t'appelle pas "Terry la terreur des bars pour rien" ! assura la jeune femme.

- Je suis bien content de ne jamais avoir vu votre grand-mère en train de boire... souffla l'homme avec un sourire en coin.

En voyant trois clients arriver, Helen Wendell, qui s'occupait de la réception à la place de Flora, n'en crut pas ses yeux. Elle avait son idole, Pieris King, en face d'elle, et elle tremblait comme une feuille. Le dresseur de Pokémon Ténèbres était d'une beauté fascinante, il fallait l'admettre. Plutôt grand, il arborait une coupe de cheveux d'une couleur bleutée assez étrange. Sa tenue était plutôt colorée, composée d'un costume noir orné de rouge et de blanc et complétée par un foulard jaune que Pieris portait autour du cou. Tout en lui faisait penser à un vampire, particulièrement sa peau pâle.
Jugeant qu'il serait préférable de se montrer professionnelle, Helen s'empressa de les accueillir avec une excitation non dissimulée.

- B-b-bienvenue à vous ! parvint-elle à balbutier, non sans mal.

- Nous vous remercions pour cet accueil, charmante mademoiselle, répondit Pieris, d'un ton un peu trop cérémonieux mais de tout de même plaisant à entendre pour Helen, qui était en extase.

- Que dites-vous donc, c'est un honneur de vous recevoir, vous ainsi que vos amis.

En se tournant vers les deux femmes, elle ne put retenir une nouvelle exclamation de stupeur. Pieris King ET Terry Skyward en même temps dans l'hôtel ? Elle était à la fois étonnée et heureuse de rencontrer autant de dresseurs célèbres.
Terry Skyward était l'une des dresseuses de Pokémon les plus puissantes du moment, ce malgré son âge qui avoisinait les soixante-cinq ans. De petite taille, elle n'en restait pas moins imposante de par sa prestance. Ses cheveux grisâtres ondulaient en d'élégantes boucles jusqu'à ses épaules, et son regard noisette était teint d'une lueur bienveillante. La légendaire dresseuse de type Sol offrit un sourire affable à Helen.
Terry était accompagné de quelqu'un, qui se tenait juste derrière elle.

- M-madame Terry Skyward, c'est merveilleux, je vous rencontre enfin ! Et vous êtes ? demanda-t-elle à la jeune femme à demi recroquevillée derrière sa grand-mère, comme pour se protéger des cris d'émerveillement de l'employée.

- Elsa Skyward... murmura la jeune femme.

- C'est ma petite fille, Elsa, expliqua Terry à Helen, qui n'avait rien entendu du tout.

Cette jeune femme ressemblait étrangement à sa grand-mère, en une version bien moins âgée. Les mêmes cheveux grisâtres, les mêmes couleurs dans sa tenue... mais pas la même prestance. Elle tenait davantage de la jeune fille maladroite que de la dresseuse aguerrie. Elsa semblait aussi d'une timidité étonnante, quand on savait que Terry était connue pour sa descente d'alcool incroyable ainsi que son franc-parler.

- Si vous le voulez bien, intervint Pieris, réglons les formalités, aussi ennuyeuses soient-elles. A vous l'honneur, mesdames.

- Je prendrais volontiers le deuxième étage, trop de hauteur, c'est mauvais pour mon vertige ! plaisanta Terry. Elsa me tiendra compagnie, espérons que vous avez une chambre double non occupée.

- Eh bien... oui, il reste la 209. Si ça vous convient, signez ici. Voici les clés de la chambre, ne les perdez pas, surtout.

- N'ayez crainte, je ne perds jamais rien. Après tout, je suis "Terry la terreur des bars" ! Rien ne me résiste, pas même les clés perdues. Hein Elsa ?

La jeune femme d'à peine vingt ans se contenta de hocher la tête timidement, les joues rouges. Assurément rien à voir avec sa grand-mère, de l'avis d'Helen et de Pieris, qui se regardèrent, amusés. A son tour, il s'adressa à l'employée de l'hôtel.

- Je crois savoir que vous avez un client du nom de King, en ce moment... affirma le dresseur ténébreux.

Helen haussa un sourcil et s'empara du registre pour vérifier tout cela. Sans doute un parent de Pieris, au vu nom de famille identique. Elle trouva bien vite.

- On a bien un King. Etienne King, dans la 308. Une connaissance à vous ?

- Mon frère cadet. Je prends la chambre la plus proche, histoire de le surveiller un peu. Vous savez, il est peu enclin à montrer ses émotions. Je voulais m'assurer que tout allait bien pour lui, même si ce n'est pas la raison première de ma présence ici.

Helen se contenta d'acquiescer, ne comprenant pas vraiment pourquoi le dresseur du Conseil des Quatre lui disait tout cela. Tandis qu'il récupérait la clé de la chambre 309, elle en profita pour interroger le trio au sujet de leur présence ici.

- Il n'y a que deux choses qui m'attirent, ici : le tournoi mensuel, et vous l'aurez deviné...

- Le bar... compléta Pieris, levant les yeux au ciel.

- Ciel, que je suis prévisible... se lamenta faussement Terry. Bon, allons-y, mes très chers. Porter ces bagages est éreintant, même pour la terreur des bars.

- Grand-mère... soupira Elsa, ne comprenant pas tout à fait en quoi être une "terreur des bars" était une bonne chose.

Helen regarda partir ce trio peu commun et se replongea dans ses rêveries. Décidément, elle avait eu de la chance que Flora s'absente. Rencontrer Pieris allait égayer le reste de sa journée, à coup sûr.


* * *


La température était bien trop froide pour un bâtiment censé servir à une grande quantité d'êtres humains. Une seule pièce se démarquait de par sa chaleur, mais y accéder nécessitait une autorisation expresse du commandant des lieux.
La pièce en question était presque vide. Un vieil homme engoncé dans une toge rougeâtre observait un Pokémon contenu dans un large tube de verre, tandis que quelques scientifiques s'affairaient, prenant des notes ou tapant des rapports sur l'ordinateur.

- Ah, Pyrax... tu avais l'air si majestueux, hier encore, régnant sur les ruines du Château Enfoui... regarde-toi, mon pauvre. Tu as perdu de ta superbe, soupira le sage Auric.

Le Pokémon Feu et Insecte était mal en point, c'était certain. Rien que son regard, d'ordinaire brillant, était devenu terne à cause de la fatigue et des expérimentations. Bientôt, si personne ne faisait rien pour le tirer de là, la race des Pyrax s'éteindrait. En effet, celui-ci était le dernier de son espèce. Les ailes de Pyrax étaient un matériau très prisé et était signe de richesse. Il fallait bien une petite fortune pour s'en procurer ne serait-ce qu'une. Dans leur hâte de faire du profit, les éleveurs de Pyronille ne prêtèrent plus attention à leur nombre de Pokémon restants, tant et si bien qu'au final, ces Pokémon furent condamnés.
Le dernier représentant de cette espèce, entre les mains de ce mystérieux sage et de ces scientifiques, n'allait pas tarder à subir le même sort. Bien que les intentions d'Auric soient obscures, il n'était pas nécessaire d'être un génie pour deviner qu'elles seraient lourdes de conséquences.

- Grâce à notre toute puissance, ces chiens de dresseurs Pokémon comprendront leur erreur. Sous-estimer nos idéaux leur coûtera bien plus que quelques Pokémon, cette fois-ci... marmonna le sage, un sourire de dément sur le visage.


* * *


Giovanni ne semblait pas impressionné. Le bureau d'Elias était certes une grande pièce d'un raffinement poussé à l'extrême, mais ne surpassait pas celui du leader Rocket. Disons que les deux pièces devaient valoir autant d'argent en terme d'ameublement.
Le propriétaire des lieux, assis dans son fauteuil, attendait que Giovanni en vienne au fait. Ils avaient déjà eu une conversation hier, et voilà que le criminel voulait de nouveau le voir. Il ne s'en plaignait pas vraiment, mais était surtout curieux de connaître la raison du brun.

- Je suis au courant pour l'incident de ce matin, finit par dire Giovanni.

L'homme aux cheveux blonds haussa un sourcil, ne comprenant pas à quoi il faisait allusion. Le criminel s'empressa d'éclairer sa lanterne.

- Ce matin, sur les quais, un combat entre le commandant Amos, mon second, et un individu en armure a attiré pas mal de passants. L'homme en armure y est passé.

- Devrais-je m'inquiéter du taux de criminalité qui augmente à une vitesse hallucinante, ou bien d'autre chose ? demanda Elias, intéressé.

Giovanni soupira, comme s'il regrettait par avance ce qu'il allait dire.

- Je crains que la Team Plasma ne soit de retour. C'est ce que pense le commandant Amos, en tout cas.

- Oh, se contenta de dire Elias, sans se départir de son sourire avenant.

Les yeux bleus du blond furetèrent un moment dans la pièce avant de revenir au leader Rocket. Visiblement, ça avait l'air de le préoccuper.

- Je sais que ce n'est pas le moment de provoquer des problèmes, mais si ces idiots de la Team Plasma sont bel et bien de retour, et qu'ils continuent à me chercher des noises... la guerre entre nos deux camps sera inévitable.

Elias hocha la tête et se leva pour marcher jusqu'à la fenêtre. Songeur, il s'arrêta un moment pour observer le paysage, tout en réfléchissant à la situation. Il se tourna finalement vers Giovanni.

- Je suppose que mon aide sera la bienvenue, de même que celle de la police internationale. Je les convaincrai, pas de craintes à avoir de ce côté-là. J'ai une connaissance dans le milieu.

Voyant que le leader Rocket allait répliquer, Elias ajouta :

- Ne vous inquiétez pas. Je méprise la trahison autant que vous. Je sais différencier le courage et l'inconscience, monsieur Giovanni. Si conflit il y a, sachez que vous aurez tout mon soutien.