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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 09/04/2015 à 09:52
» Dernière mise à jour le 09/04/2015 à 09:52

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Chapitre 34 : Juste une promenade
L'école à Rovia était un paradis. Monsieur Guillaume était un professeur digne de ce nom, brillant et au talent impressionnant en matière de pédagogie. Il savait quels mots prononcer envers un élève et le moment le plus propices pour les lui adresser. Jamais il ne haussait la voix, jamais il ne paraissait au contraire trop doux. Il savait trouver l'équilibre entre chaque chose et la modération était sans doute son style de vie. Comme un funambule sur une corde raide, il tentait de se maintenir sur la mince jonction entre les mondes sans jamais chuter.
La capacité à être proche sans devenir amis, à garder ce statut de maître et à tisser un lien avec ses élèves sans briser cette frontière. C'était un virtuose de l'apprentissage et de la pédagogie.

Mais ce temps ne pouvais durer. Même si nous n'étions que quatre par classe au grand maximum, il ne pouvait gérer seul autant de niveaux ; car évidemment il était seul dans le village à s'occuper de l'enseignement. Monsieur Guillaume jonglait entre les différents élèves de sa classe, proposant des activités différentes pour chacun, rassemblant tout le monde pour le sport et ne donnant pas à tous les mêmes devoirs. Cela ne suffisait évidemment pas sur le long terme.
Ainsi les enfants trop âgés se rendaient au collège dans la petite ville voisine de Torel. Ils recevaient ainsi une éducation digne de ce nom et pouvaient se mêler à d'autres enfants, même si souvent nous restions dans un petit cocon ne regroupant que le groupe du village.

Ma vie au collège n'est pas réellement intéressante à raconter. Que dire ? Les cours ne devaient pas avoir été faits pour moi. J'aimais les mathématiques, l'histoire et la langue ; une matière pour toute sa logique, l'autre pour sa culture et la dernière pour vivre de grandes aventures. Quand bien même je n'avais pas besoin d'un professeur pour me pousser à lire je dois avouer que certains romans qu'il me conseillait font aujourd'hui partie encore de mes favoris.
Néanmoins si je devais parler d'une seule chose alors ce serait les après-midi en ville accompagné de Mila. Le bus nous prenait en effet vers sept heure en haut du village, là où j'étais arrivé trois ans auparavant, et nous récupérait devant le collège deux heures après la sortie des cours. L'horaire ne plaisait pas aux adultes mais c'était le seul et ils n'avaient par conséquent pas vraiment le choix.

Et cela nous plaisait. Parfois, quand l'on quittait le collège plus tôt, cela nous laissait pas moins de trois ou quatre heures pour aller vagabonder en ville et utiliser à tort et à travers notre argent de poche. Le magasin de bonbons situés plus haut dans la rue était sans aucun doute notre destination favorite, même si j'avais un faible pour la librairie et la tonne de bouquins qu'elle proposait. Deux vendeuses y travaillaient et elles nous laissaient lire dans les rayons avec grand plaisir ; nous offrant parfois quelques sucreries se rajoutant à celles déjà obtenues plus tôt. Elles nous répétaient que nous étions mignons et touchants.
Il faut dire que les vendeuses n'étaient pas les seules à penser que nous étions en couple. Au collège les rumeurs allaient bon train sur la question. Nous étions inséparables, cela attirait forcément le regard de quelques langues bien pendues.

« Tu penses qu'on devrait continuer longtemps à les ignorer ? ai-je un jour demandé à Mila alors que nous nous baladions en direction de la librairie. Les mensonges ne te gênent pas ?
– Pourquoi ce serait le cas ?
– Je ne sais pas… Les gens ne font que raconter n'importe quoi. J'ai entendu ce matin que je t'avais embrassé dans les toilettes des filles ; ça a pratiquement déjà fait le tour de la classe. »
Elle se mit à rire à ma grande surprise et moi de lui demander la raison. « Tu n'oserais jamais entrer dans les toilettes des filles. Tes dents claqueraient tant tu aurais peur et tu m'aurais coupé la langue en m'embrassant ! »

Même si Mila continua de rire, cela n'était pas mon cas. La simple idée de l'embrasser provoquait sur mon front une sensation de chaleur qui me faisait rougir jusqu'aux oreilles. Elle le remarqua sans doute car son rire s'amplifia en me regardant et je détournai les yeux, toujours plus gêné.
« Ce n'est pas grave, me rassura-t-elle une fois apaisée. Tu sais ce ne sont que des rumeurs bêtes ou naïves. Les gens sont jaloux ou aiment simplement se raconter des histoires, ça arrive pour tout. »
Peut-être avait-elle raison… Peut-être pas… Si les rumeurs me mettaient dans cet état ce n'était pas simplement parce que je me sentais mal à l'aise en les écoutant, ne voulant pas être en couple avec Mila, en vrai ou en bruit de couloir. Non, c'était car je comprenais de plus en plus les rugissements au fond de mon corps lorsque je me trouvais avec elle.
J'étais amoureux de la petite rouquine qui marchait à mes côtés. Et, comme un imbécile trop timide pour avouer quoi que ce soit, je n'osais pas lui avouer ni même faire un pas dans sa direction. J'avais peur que si je le faisais cela change totalement la relation que j'entretenais avec elle.

Quand j'étais en ville à ses côtés j'oubliais tout : les spectres qui marchaient le long des avenues, ma tâche envers eux, mon entraînement, mon futur de dresseur auquel je rêvais chaque jour… Tout cela n'avait pas de sens. Ma vie devenait une coquille vide sans intérêt. Tout ce qui comptait était Mila et sa douceur, ses longs cheveux roux, ses yeux pétillants, son sourire… Je ne voulais plus seulement la côtoyer comme une sœur ou une amie, la bête au fond de moi demandait autre chose.
J'étais stupide de croire que c'était impossible. Mila avait déjà depuis longtemps décidé de la suite et découvert mes sentiments. Elle était plus mâture et savait comment notre relation se terminerait. Le seul qui arpentait le brouillard était moi.

« On devrait faire un combat ce week-end, ça te détendrait je pense, proposa-t-elle en arrivant près de la librairie.
– Ce serait une bonne idée.
– Néanmoins j'aimerai changer un peu les règles. »
Mon sourcil se dressa et elle enchaîna sur son idée : « Tu verras quand nous y serons. Mais entraîne un peu ton équipe, je ne veux pas que ce soit trop simple. »

En quelques secondes elle ranima la flamme éteinte au fond de ma poitrine, celle du dresseur que je voulais un jour devenir. L'idée de combattre laissa un sourire béat sur mon visage et les yeux de la jeune fille étincelèrent en le voyant.
Elle me connaissait sur le bout des doigts.