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Europe's Skies de Khimeira



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» Auteur : Khimeira - Voir le profil
» Créé le 29/03/2015 à 21:00
» Dernière mise à jour le 29/03/2015 à 21:00

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Chapitre 2: La ville qui ne dort jamais
Saint-Tropez est une commune française située dans le département du Var. Elle devint dès les années 50 une station balnéaire internationalement connue de la Côte d'Azur grâce à l'engouement des artistes de la Nouvelle Vague puis des Yéyés et enfin, un lieu de villégiature de la Jet set européenne et américaine comme des touristes en quête d'authenticité provençale ou de célébrités.
Ses habitants sont les Tropéziens et la ville est familièrement appelée « St-Trop' ».
(Définition Wikipédia "Saint-Tropez")


Il a fallu quelques minutes à Romain avant de réaliser qu'il était sorti de la base. Plus précisément, il a fallu attendre qu'ils se trouvent sur l'autoroute avant de réaliser qu'il partait vraiment de la base, qu'il allait en mission.
Tout était allé si vite: il était arrivé hier, un simple nouveau à l'armée, et à peine le lendemain il partait en mission, et pas loin de l'Italie en plus. Il avait déjà l'occasion de faire ses preuves, et il allait en profiter.
Au moment où il commença à se rendre compte qu'ils partaient vraiment, Alice vint s'installer à ses côtés, et elle engagea la conversation.

-J'ai regardé, dans le bus... Tu sais que tu es le seul nouveau?
-T... Tu es sérieuse?

Elle rougit légèrement et acquiesça. A ce moment-là, Romain vit une tête connue se rapprocher, se placer sur le siège devant lui puis se tourner. Le sergent Prdjanowski. Tiens donc.

-En même temps, est-ce que tu sais pourquoi tu es le seul nouveau à avoir été choisi pour cette mission?

Le géant réprima un "Un coup du destin, sans doute..." mais se contenta d'un simple:

-Chef, non, chef.
-C'est parce que tu as développé un lien tellement fort avec ton Pokémon qu'une attaque Retour serait capable de mettre presque n'importe quel Pokémon adverse KO. Quand un jeune de seize ans est capable de transmettre ses ordres par télépathie, c'est qu'il a un excellent niveau en combat. Tu l'as même prouvé en combattant contre le Raikou du général.
-Il m'avait écrasé, d'ailleurs, fit Romain en détournant le regard.
-Confidence pour confidence: on dit que le général Rivers aurait refusé le titre d'Aigle de la Tour de Combat de New York parce qu'il voulait rester dans l'armée. C'est l'un des plus grands dresseurs, et tu as quand même réussi à toucher et à sérieusement entamer la forme de son Raikou. Ce genre de performances n'est pas accompli par n'importe qui.

Elle tourna la tête un instant, pour vérifier si le sergent Martin était endormi. Il l'était, et profondément d'ailleurs.

-Ce qui m'a surpris quand j'ai lu ton dossier, c'est tout d'abord ta scolarité improbable: tout le monde n'est pas bachelier à treize ans. En plus de tes capacités mentales, tu as également des compétences physiques, que tu as montré lors du parcours combat. Tous ceux qui partent avec toi sont les garçons qui ont réalisé moins de vingt minutes au parcours-combat. Tous l'ont fait au moins trois fois. Et il y a également les filles qui ont fait moins de vingt-et-une minutes, ce qui est rare.

Elle fixa Alice à ce moment-là, qui rougit légèrement en se mordillant l'intérieur de la joue.

-Et ce n'est pas tout: tu as également des capacités non négligeables dans les langues. Ton niveau d'italien est un des meilleurs de tout le niveau, et tu es également un des meilleurs élèves en néerlandais. En clair, tu es un élément exceptionnel, qu'il vaut mieux avoir de son côté.
-Disons que... je n'ai pas appris grand-chose de moi-même, avoua le géant. Tout ce que j'ai appris au combat Pokémon et mon niveau en italien, je le dois en grande majorité à Electra di Luna.

Le sergent tiqua au nom.

-Electra di Luna? Tu veux dire la Electra di Luna, la fille de Lorenzo di Luna?

Romain rougit légèrement.

-Je l'ai hébergée durant un certain temps.
-Ce qui explique le fait que les Néerlandais ont affirmé avoir vu Electra en France.

Le sergent Prdjanowski se retourna. L'autre était encore profondément endormi.

-Très sérieusement, continua le sergent, le sergent Martin t'en veut. Il n'a jamais obtenu de résultats pareils, même après dix ans ici. Le fait que tu l'aies battu en demi-finale en étant le plus calme possible l'a encore plus énervé. Figure-toi qu'il a refusé que tu partes en mission, à la base. Je parie qu'il ne veut plus te voir en peinture.

Elle releva la tête. Le sergent Martin se réveillait à peine. Elle fit une grimace et lança:

-Bon, je vais devoir retourner devant. Que cela reste entre nous, d'accord?
-Chef, oui, chef! lancèrent Romain et Alice en même temps.

La sergent émit un petit rire et lança juste avant de repartir à sa place:

-Appelez-moi Agnès.
_________________________________
Les deux jeunes furent surpris de la gentillesse du sergent Prdjanowski, qui contrastait avec son caractère de cochon d'hier et de ce matin, et qui était aux antipodes du caractère colérique du sergent Martin. En fait, ils s'aperçurent que la sergent était gentille juste parce que le sergent Martin était endormi. De là, ils conclurent rapidement que, en présence de l'homme, elle faisait exprès de se faire passer pour un vrai garçon manqué.
Mais ils n'en discutèrent pas plus, et s'amusèrent à comparer le contenu de leurs iPod respectifs. Ils découvrirent qu'ils avaient plus ou moins les mêmes goûts, et même si les artistes n'étaient parfois pas les mêmes, les styles qu'ils écoutaient restaient très proches.
Ils s'échangèrent même leurs baladeurs durant quelques heures, pour passer le temps durant un voyage qui allait durer, selon les deux devant, un peu plus d'une demi-journée.
Et effectivement, il dura un temps assez conséquent: il fallut passer par les petites routes, les Sudistes ayant pris les alentours de Grenoble et de Lyon, rendant donc toute circulation vers le Sud de la France impossible par l'autoroute.
Durant toutes ces heures, les jeunes étaient soit en train d'écouter de la musique, soit en train de dormir, même si Romain, lui, ne dormait pas. Au contraire, il était concentré sur le paysage, pensif. Il se rappelait tous ces moments où Electra et lui étaient tous les deux, en train de s'amuser. Il se rappelait encore du jour où il l'avait rencontré.

C'était le 22 décembre 2002. Il se souvenait encore de la date. Il s'en est toujours souvenu, d'ailleurs.
Ce jour-là, il était parti avec son père se baigner dans un lac, comme ils en avaient l'habitude. Le lac en question avait une température raisonnable - une dizaine de degrés environ - et étant donné qu'ils avaient l'habitude de se baigner dans des eaux froides, ils n'étaient pas trop frigorifiés, même s'ils eurent énormément de mal à sortir de l'eau - il faisait aux alentours de zéro quand ils sortirent vers 17 heures.
Sur le chemin du retour, Romain, 10 ans, et son père, une petite vingtaine d'années de plus, commencèrent à discuter:

-T'as pensé à ton cadeau de Noël? lança le père.
-J'avais bien pensé à un Pokémon, mais je suis sûr que l'autre ne voudra pas...

Stéphane émit un petit rire.

-Tu m'étonnes. Si jamais elle apprend ne serait-ce que tu en as un, je crois que la première chose qu'elle fera sera de s'emparer d'un couteau de boucher et de dépecer la pauvre bête pour en faire un manteau.
-Elle ferait vraiment ça, tu crois?
-Elle a vécu dans une famille ou l'arrivée des Pokémon a été considérée comme une des plaies de Dieu envoyée sur le monde.
-Des fanatiques religieux, en gros.
-Tu résumes parfaitement la situa...

Le père de Romain n'eut même pas le temps de finir sa phrase: une jeune fille, toute frêle, arriva devant eux, presque frigorifiée. Les deux lui donnèrent sept ans, tout au plus. Elle sembla se jeter dans les bras du jeune, qui put alors voir à quoi elle ressemblait.
Elle était toute petite, un mètre dix tout au plus selon Romain. L'enfant était pieds nus sur le sol gelé, et des larmes coulaient sur ses joues, sans doute depuis des heures. Elle avait de longs cheveux bruns, et lorsque la jeune fille releva la tête, le géant put voir ses yeux bleus comme des saphirs regarder profondément dans les siens.
La fille, en regardant dans les yeux Romain, souffla:

- Per favore... Aiutemi... (S'il vous plaît... Aidez-moi...)

Puis elle s'évanouit. Les deux hommes se regardèrent, puis le père, ne réfléchissant pas plus longtemps, la prit entre ses bras et ils rentrèrent tous les trois au domaine.


Depuis ce jour, le Français s'était juré de la protéger, quelles qu'en soient les conséquences. Et le voilà aujourd'hui, sur les routes, puis plus tard dans les tranchées, dans la dure vie des combats. Pour aller la chercher. Pour l'aider. Pour la protéger.
Il fut finalement tiré de sa rêverie par Alice, qui lui fit remarquer qu'ils avaient fait une escale. Ils descendirent du bus avec leurs affaires, puis ils en profitèrent pour regarder le paysage qui s'offrait à eux.
C'était tout simplement magnifique: les bâtiments avaient laissé leurs places à des champs de fruits, des champs d'oliviers et également quelques pieds de vigne de temps en temps. Au loin se dressait la mer, la Méditerranée.
Ils profitèrent d'être descendus du bus pour aller prendre un café. S'installant sur la table, ils commencèrent alors à discuter:

-Et qu'est-ce que tu faisais avant? lança Alice.
-J'étais en université. J'habitais un appartement qui était à mon oncle avec Electra. C'est d'ailleurs parce qu'elle a été enlevée que je suis venu dans l'armée.
-Je peux le comprendre. Tu l'aimes?
-C'est plus de la fraternité que de l'amour. Clairement, je n'ai jamais vraiment aimé en amour une fille.

Alice rougit à ce moment-là, et prit une gorgée de son café.
Ils continuèrent à discuter de cette manière durant quelques minutes, puis vint le moment où ils repartirent vers les bus. Au moment où ils sortirent, Alice entendit un bruit sourd. Un bruit d'explosion, à moins d'une centaine de mètres derrière eux. Tous les soldats s'étaient déjà préparés et avaient pris des armes au cas où. Alice et Romain firent donc de même, en prenant chacun un fusil mitrailleur, en attendant que ceux qui étaient de l'autre côté se manifestent.
Ils ne mirent pas longtemps avant d'attendre: les ennemis se montrèrent au bout de trente secondes environ. Et ils étaient extrêmement nombreux, plus d'une centaine sans doute. Et encore, ce n'était que la première ligne. De l'autre côté, les quelques vingt-quatre Français, répartis en trois lignes de huit, se sentirent bien en situation d'infériorité.

-On bat en retraite! Ils sont trop nombreux, il y aura peut-être de l'aide en bas, au niveau de la mer! On descend, vite!

C'était le sergent Martin. Et il n'avait pas tort: les Sudistes, de l'autre côté, se faisaient de plus en plus nombreux. Ils avaient déjà atteint le millier d'unités, presque. Derrière les Français se dressait un gigantesque champ de vignes, et c'était leur seule possibilité pour aller jusqu'en bas, pour se mettre en sécurité.
La ligne arrière se dégagea la première. Alice et Romain se trouvant tous deux en ligne arrière à cause de leur taille, ils partirent aussi vite qu'ils purent, sautant la barrière et retombant, trois mètres plus bas, dans la boue du champ de vignes. Après avoir atterri, ils coururent aussi vite qu'ils purent, chacun sur leur ligne.
Dans sa tête, le géant se visualisa la distance. Il y avait presque deux kilomètres jusqu'en bas. C'était presque impossible de réaliser cette distance en courant tout du long, mais il le devait pour éviter d'être tué. Il ralentit donc la cadence, tout en courant quand même assez vite pour ne pas être rattrapé.
Alors qu'il avait fait à peu près cinq cent mètres, les premiers coups de feu se firent entendre. Alice était au même niveau que lui, et ils coururent à la même vitesse. Romain ne voulait même pas se retourner, savoir où les autres en étaient, savoir où les ennemis en étaient. Il courait pour sa vie, comme le petit groupe dans lequel il était.
Au bout de presque six minutes de course, Romain arriva au niveau d'un petit chemin. Au loin, s'approchant et partant sans doute vers leur base, se trouvait un petit groupe de soldats, que le Français reconnut comme étant des soldats de l'armée Allemande grâce à leur costume.
Alors que tous les autres Français arrivaient, et qu'on fit le compte en dénombrant pas moins de trois morts, les Allemands se trouvèrent au niveau du groupe de Français qui venaient de se former. Un des officiers allemands lança:

- Französisch? (Français?)

Personne ne comprit, sauf Romain qui se leva et lança:

-Ja. (Oui.)

L'officier fit alors un signe de la tête, et un jeune d'une vingtaine d'années grand maximum s'approcha. L'autre se mit alors à lui parler en allemand à l'oreille, et le jeune lança en français, avec un accent allemand très peu prononcé:

-Le colonel Vürster me demande ce que vous faites ici.

Le sergent Martin demanda donc à Romain de répondre. Ce dernier lança:

-Nous étions en chemin vers la base de Saint-Tropez quand nous avons été attaqués par un régiment de Sudistes. Trois de nos camarades ont perdu la vie, et nous sommes perdus car nous ne savons pas où est la base.

Discussion entre le jeune et le général. Le sergent Martin vint voir Romain et lança:

-Dis, ils font quoi, là?
-Le jeune traduit en allemand ce que je lui dis au colonel ici présent. En résumé, le jeune fait le traducteur.
-Ah, d'accord.

Puis ce fut au jeune allemand de parler:

-Nous nous dirigeons justement vers cette base, donc nous vous proposons de vous y accompagner. C'est à quelques kilomètres, donc il n'y a pas énormément de chemin à faire. Par contre, il faut que certains passent par la mer, car nous ne pouvons pas rentrer à plus de cinquante, et nous sommes déjà cinq de trop en comptant votre groupe. De notre côté, nous en avons déjà deux qui possèdent un Pokémon eau. Est-ce que vous, vous en avez?

Le géant leva la main, se retourna et se rendit compte qu'il était tout seul. A ce moment-là, il décida d'ajouter, pour sauver le groupe:

-Mon Pokémon peut accueillir trois personnes sur son dos.

Il se retourna vers Alice en lui faisant un sourire, et la majorité des Français présents soufflèrent. Ils avaient donc une chance de s'en sortir.
Après une longue discussion avec son chef, le jeune lança:

-Nous pouvons nous mettre d'accord.
________________________________
Cinq minutes après, le groupe se mit en chemin. Romain, Alice et le jeune s'étaient finalement installés sur le Lokhlass, et étaient escortés par deux soldats, assez jeunes eux aussi, qui étaient chacun accrochés à un Lanturn, chacun d'un côté du Pokémon Transport.
Alors que ceux sur terre ne parlaient pas, dans l'eau, on commença directement à discuter.
En réalité, le "traducteur" de tout à l'heure s'appelait Anders, et les deux jeunes au Lanturn étaient ses deux petits frères, qui étaient jumeaux, et qui se prénommaient Max et Lukas. Ils venaient tous les trois d'Allemagne, et ils s'étaient engagés dans l'armée pour venir en aide à une amie italienne, restée coincée à Venise, qui était sous la domination des Sudistes. Romain et Alice apprirent également que les trois étaient très jeunes: Anders avait dix-huit ans, les deux frères en avaient à peine seize. D'ailleurs, ils fêtaient leurs seize ans aujourd'hui, et à ce moment-là Romain fit remarquer qu'il avait lui-même eu seize ans il y a seulement quatre jours, et qu'il avait quand même envie de fêter cet anniversaire.
La discussion continua jusqu'à ce qu'ils entrèrent dans le port de Saint-Tropez. Etant donné que c'était la saison haute, des dizaines de stars se ramenaient avec leurs énormes bateaux dans le port malgré les recommandations qui disaient de ne pas venir dans cette région, ou alors à leurs risques et périls. Les jeunes manquèrent de heurter un géant yacht qui partait, et ils rentrèrent finalement sans encombre.
Quelques minutes plus tard, vers vingt heures trente, les jeunes sortirent de l'eau dans leurs tenues de soldats, et sous le regard amusé de certains touristes. Puis ils commencèrent à sortir du port.
En arrivant dans les rues, non seulement sous les yeux des riverains mais aussi des touristes qui n'avaient pas l'habitude de ce genre de spectacle et qui s'empressèrent de prendre des photos par ailleurs, ils croisèrent le reste du groupe. Anders discuta alors avec son supérieur, puis celui-ci lui fit un geste d'approbation, et tout le groupe continua son chemin.

-Tu lui as demandé quoi? demanda Alice avec un air surpris.

Le "traducteur" se retourna, le sourire aux lèvres.

-J'ai tout simplement demandé si on pouvait se permettre une sortie ce soir.

Les deux autres frères secouèrent la tête avec approbation. Romain et Alice se regardèrent, eux, avec un sourire.

-On va s'amuser, ce soir.
________________________________
Saint-Tropez est une ville de la nuit, ça les jeunes le savaient. Et c'est quand ils entrèrent dans la boîte qu'ils en saisirent tout le sens.
Si les deux Français ne pouvaient dire qu'un seul mot en rentrant dans le "Papagayo", c'était bien "démesure". En effet, les grosses bouteilles de champagne étaient ici distribuées comme des simples pains au chocolat. Les cinq s'installèrent sur une table, et pendant que les deux "adultes", Anders et Alice, partaient chercher les bières et les cocktails, les trois autres discutèrent, et Romain put en apprendre plus sur les deux jumeaux.
En réalité, ils étaient cinq frères et deux soeurs, mais Max, Lukas et Anders étaient les trois plus âgés, et étant donné qu'en Allemagne, ils pouvaient rentrer à l'armée à partir de quinze ans s'ils avaient les conditions physiques de jeunes de seize ans, ils ont pu rentrer sans problèmes il y a huit mois.
En même temps, il était vrai qu'au niveau du physique, ils n'avaient pas l'air de jeunes de seize ans: deux véritables armoires à glace, même si environ un mètre soixante-dix, taille relativement raisonnable pour des jeunes de leur âge. Des blonds aux yeux bleus assez clair, un accent allemand assez visible: en gros, le stéréotype des Allemands tel qu'on se les imagine.
Il discuta longuement en français, puis un peu en allemand: en effet, Romain s'en sortait un peu dans la langue de Goethe, étant donné que son père parlait un peu allemand. Le géant avait pris l'espagnol comme deuxième langue à l'école, donc il avait beaucoup de difficultés pour tenir une conversation. Ils repassèrent donc au français peu de temps après, et Romain s'excusa pour son niveau assez bas en allemand, ce à quoi les deux jumeaux répondirent qu'il ne s'en sortait pas si mal.
Au moment où ils abordèrent une autre conversation en allemand, Anders et Alice arrivèrent sur la table, l'un avec trois bières, et la fille avec un Violet Tonic et un Monaco. Romain prit le Monaco et Alice la boisson sans alcool.
La discussion reprit alors:

-Comment vous êtes arrivés ici? demanda Max avec un léger accent allemand.
-En réalité, commença Alice, on était censés aller à la base de Port Grimaud, parce que c'est là qu'on nous a transférés. Mais sur le chemin, on s'est fait prendre par surprise par des Sudistes, et on a dû courir dans un champ de vignes pour arriver tout en bas. Ensuite, on vous a croisés, et vous connaissez la suite.
-Les Sudistes sont de plus en plus près, ça m'inquiète. J'ai l'impression qu'ils veulent encercler notre base, déclara Anders sur un ton monotone.
-Le seul moyen de les contrer, ce serait comment, alors? répliqua aussitôt Romain.
-Je pense que nos supérieurs vont nous mettre à contribution, puisque je pense que l'avancée va plus se jouer en mer que sur terre.
-Tu veux dire que...
-Ton Lokhlass va nous être d'une grande utilité, conclut Lukas.

A ce moment-là, les trois Allemands levèrent leur bière, et les deux Français firent de même avec leur boisson.

-A notre rencontre, et à la branlée qu'on va mettre aux Sudistes!

Les verres tintèrent au centre de la table.
______________________________________
La soirée fut riche en rebondissements par la suite: après qu'ils eurent trinqué, des jeunes touristes américains les accostèrent, et étant donné que les jumeaux lancèrent que c'était leur anniversaire aujourd'hui, les Américains les invitèrent à se rejoindre à eux.
Ils étaient une dizaine sur la table, et il y avait déjà trois magnums de champagne de vidés. Romain fit un rapide calcul et s'aperçut qu'ils devaient déjà avoir environ deux verres dans le sang chacun. Et c'était pas près de s'arranger.
Ils commencèrent à discuter avec les Américains, qui essayaient de parler français mais qui pour certains étaient totalement incompréhensibles. Romain savait parfaitement que pour un étranger, le français est l'une des langues les plus dures à apprendre, mais il trouvait ça amusant de voir des personnes galérer pour parler à quelqu'un. Alice avait eu le droit trois ou quatre fois à un "Je t'aime bocu" (ici, c'est écrit comme c'est prononcé) parce que non seulement les Américains ne savaient pas parler français, mais quand ils le parlaient c'était souvent pour draguer, si ce n'est tout le temps. Du coup, Alice se sentait peu à peu gênée dans ce cercle où elle était la seule femme.
Puis, au bout de vingt minutes, tous les autres se levèrent, et invitèrent le petit groupe à venir avec eux en boîte.
Sur le chemin, ils virent certains jeunes complètement bourrés qui sortaient des bars et qui gueulaient dans les rues. Les boîtes étaient ouvertes et différentes musiques s'affrontaient dans un duel pour savoir quelle boîte allait produire le son le plus fort. Puis on arriva dans le quartier chic, où les boîtes géantes se succédaient. Le groupe arriva alors devant une de ces discothèques géantes, sur un bateau de longueur sans nul doute démesurée. Les Américains étaient riches, ils le savaient et ils le montraient.
Ils passèrent devant les videurs qui les laissèrent tous rentrer sans exception, preuve que les trois mineurs faisaient plus de dix-huit ans.
Lorsque Romain et les autres posèrent le pied dans le bateau et que la musique se fit entendre, ils surent que la soirée était loin d'être terminée. Et ils étaient très loin de s'imaginer ce qui allait se passer.
Dès le départ, tous les jeunes se retrouvèrent au bar, et les Américains enchaînèrent à nouveau les shots de vodka. Les trois Allemands préférèrent ne pas se prendre au jeu, et essayèrent d'aborder, sans succès, des Américaines en anglais avec un accent allemand à couper au couteau. Alice et Romain s'installèrent sur une table et regardaient tout ce petit monde. Puis ils commencèrent à discuter:

-Et... tu faisais quoi avant de rejoindre l'armée? lança Romain pour commencer la conversation.
-Je me suis engagée dans l'armée juste après ma première année. J'ai un service de dix-huit mois, ce qui veut dire que je finis dans six mois. Et toi?
-J'ai encore un an. Donc ça veut dire que je vais passer six mois tout seul...
-Oh, dis pas ça... Tu sais que t'as pas mal de personnes qui te soutiennent, et puis rappelle-toi que tu as un but, que tu avais une raison de rejoindre l'armée. C'est pour Electra que tu t'es engagé, quand même.

A ce moment-là, Romain partit dans une réflexion assez intense.
En même temps, Alice n'avait pas tort. Pas tort du tout même. Electra était la seule motivation qui l'avait fait rejoindre l'armée, et il ne comptait surtout pas la laisser tomber. Ce n'était plus la petite fille apeurée qu'il avait rencontrée six ans plus tôt. C'était désormais sa soeur adoptive, et il ferait tout pour la protéger.
De l'autre côté, il se sentait de plus en plus proche d'Alice. Il lui faisait de plus en plus confiance, et en même temps il était de plus en plus... Attiré? C'est ça: il se sentait attiré par cette jeune fille qu'il connaissait à peine, cette inconnue aux cheveux longs qu'il avait rencontré un peu plus de vingt-quatre heures auparavant, dans les écuries du camp où il était juste avant de se retrouver ici.
Ils continuèrent à discuter durant plusieurs minutes, avant qu'un incident ne vienne perturber l'ambiance bon enfant qui régnait dans le bar.
L'incident se produisit vers vingt-deux heures trente, alors que Romain avait pris son troisième Monaco. Les Américains avaient commencé à sortir les magnums de champagne, et les trois Allemands s'étaient joints à eux. A ce moment-là, plusieurs soldats rentrèrent dans le bar. Alice déglutit et demanda au géant de se retourner. Il vit alors les uniformes et comprit tout de suite: c'étaient des soldats de l'armée néerlandaise. Et dans cette foule, dans cette cinquantaine de soldats, il reconnut deux personnes. La première était un petit blond, presque méconnaissable sous la casquette kaki et orange, marquée du drapeau du Royaume de Hollande. La deuxième est une très jeune fille, extrêmement petite, avec des cheveux bruns et des yeux saphir que Romain pouvait même voir à distance tellement il la connaissait. Il lui fallut à peine une fraction de seconde pour reconnaître, dans leurs uniformes de l'armée néerlandaise, Jasper et Electra.
Tout le groupe s'installa au bar, tandis que tout le monde semblait plus ou moins regarder ceux qui venaient d'arriver.

-Mets ta casquette, Alice, lança Romain.
-Romain...
-Mets ta casquette.

Elle vissa sa casquette sur la tête, et Romain fit de même. Le Français ne voulait pas regarder derrière lui, et s'en fiait au regard d'Alice. Celle-ci lui fit comprendre rapidement qu'ils n'allaient pas rester très longtemps sur leur chaise.

-Y'en a deux qui arrivent vers nous. Deux jeunes.

Electra et Jasper. Il n'y avait aucun doute là-dessus, pensa le géant. Il avait vu tout le groupe, et à part ces deux-là il n'y avait aucun jeune. Il ne pensait pas la revoir aussi rapidement.
Il ne voulait pas qu'elle le reconnaisse. Pas tout de suite.
La voix de Jasper se fit tout de suite entendre au moment où les deux arrivèrent au niveau de la table:

-Salut les grenouilles! Alors, on s'hydrate? Il n'y a pas assez d'eau dehors pour vous?

Je vais lui en coller une, je le sens.
Romain se surprit à serrer son verre, qui était maintenant à deux doigts de l'éclatement. Alice le regarda, paniquée. Si cela ne finissait pas rapidement, il avait sauter sur le pauvre jeune pour l'égorger. Electra l'avait bien compris et lança, pour essayer de calmer Jasper:

-Jasper... Viens, laisse-les.

D'après la tête que tirait Alice à ce moment-là, la réponse de Jasper était loin d'être positive.

-Allez, vous vous bougez de là.
-Et puis-je savoir pourquoi? répliqua Alice.
-Parce que cette demoiselle et moi voudrions nous asseoir, lança Jasper.
-Qui te dit qu'on a envie de bouger? lança Romain.

Cette phrase avait été prononcée avec un ton tellement glacial qu'il avait, heureusement, accidentellement modifié sa voix. Electra ne l'avait toujours pas reconnu, et c'était une bonne chose. Jasper avait tiqué sur le dernier mot, et l'énervement qu'il contenait se sentait.
Les autres soldats commençaient à se rapprocher de la table, voulant voir ce qui se passait, et surtout voulant savoir pourquoi Jasper commençait à s'énerver contre ce Français. Electra, quant à elle, assistait presque impuissante au spectacle.

-Je n'ai pas envie de m'énerver avec vous, les froggies, alors allez vous chercher une place ailleurs.
-Ecoute mon mignon, j'étais en train de discuter en privé, alors j'aimerais continuer de discuter sans être dérangé par un brouteur d'herbe à la langue trop mal pendue.

Le Français avait encore employé son ton méprisant, une des rares choses qu'il ait appris de sa belle-mère. Cela fit bien sûr tiquer le jeune Hollandais, qui serra le poing. Romain sourit, et ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase:

-Casse-toi.

Le ton employé par le Néerlandais était glacial, cassant et méprisant à l'extrême. Il était temps qu'il comprenne à qui il avait affaire.
Romain se leva alors de sa chaise, se plaça devant Jasper de sorte à montrer qu'il était plus grand et enleva sa casquette. Electra eut un hoquet de surprise, Jasper serra les dents.

-Alors qu'on soit clairs, Jasper Vermeer: je suis en train de discuter en privé. Et tu sais très bien que je n'aime pas être dérangé.
-Fratello!

Le regard de Romain croisa celui de la jeune Di Luna. Dans le regard de la jeune fille se lisait non seulement de l'étonnement, mais également du soulagement. Du soulagement de revoir enfin son frère, celui qui s'est occupé d'elle durant six longues années.
Et cela en resta là.
Car au moment où elle voulut se jeter dans les bras de son protecteur, elle fut tirée en arrière par deux soldats et plaquée à terre. Son Noctali eut beau essayer de la protéger, il n'en fut rien.

-Romain! hurla-t-elle.

Ce dernier était sur le point de se jeter sur les deux soldats, mais Jasper se plaça directement devant lui. Intérieurement, Romain était sur le point de laisser éclater sa rage. Et c'était Jasper qui allait payer.

-Tu ne l'approcheras pas, connard!
-C'est une blague? Maintenant, je n'ai même pas le droit de prendre ma propre soeur dans mes bras?

Alice, interloquée, dirigea son regard vers la Di Luna. Elle venait de comprendre: pour son acolyte, Electra était bien plus qu'une fille qu'il a hébergée: c'était carrément une soeur de coeur! Ce qui expliquait tout à fait la surprise de la jeune Italienne au moment où elle a vu Romain.

-Elle n'est PAS ta soeur. Elle n'est même pas un membre de ta famille, ne rabaisse pas un di Luna à ce niveau.

Romain serra le poing. Ca n'allait pas terminer comme ça.
Alice regardait le géant. Il se contenait, ça se voyait. C'était trop visible pour qu'on puisse prouver le contraire. Il allait lui en coller une. Elle finit par poser une main sur son épaule, signe qu'il devait absolument se calmer. Mais malgré le fait qu'il se retourna et adressa à son acolyte un simple hochement de tête, Alice était loin d'être rassurée. Elle voyait, elle sentait que Romain était au bord de l'explosion et que ce Jasper jouait sur ses nerfs.

-Elle n'a rien à voir avec toi non plus, souffla le Français. Laisse-la partir.
-Je ne peux pas, elle est sous la surveillance du Royaume de Hollande, crétin. Et je ne peux rien y faire.

Trop, c'était trop. C'est exactement à ce moment-là que Romain explosa:

-Tu ne peux rien y faire...? Tu ne peux RIEN y FAIRE??

Il s'approcha à quelques centimètres de Jasper, le prit par le col et le souleva à son niveau, pour le regarder dans les yeux.
Alice paniqua: ça allait vraiment mal se finir.

-Tu m'as volé la seule famille que j'avais il y a deux semaines, et tu OSES venir me provoquer maintenant en t'affichant avec Electra, en refusant que je la serre dans mes bras, alors que tu la traites comme une vulgaire prisonnière et que tu laisses ces enfoirés de soldats les maltraiter?
-Je n'ai aucun pouvoir là-dessus, connard...
-Oh que si, que tu as un pouvoir là-dessus, Jasper. Tu es le fils du chef de l'armée Néerlandaise et tu oses me dire que tu ne peux rien faire pour elle?! Qu'est-ce que tu veux, au juste, la garder juste pour toi?

Jasper serra de plus en plus le poing. Romain le déposa à terre et en profita pour asséner le coup de grâce:

-Tu l'aimes, c'est ça?

Jasper rougit. C'est bien ce que je pensais.

-Va te faire foutre! cracha Jasper. Ca n'a rien à voir, nous sommes juste alliés et je dois m'assurer qu'elle retourne saine et sauve sur ses terres natales!
-Je suis plus apte que toi à faire son bonheur. Je suis prêt à me battre, et c'est quand tu veux, où tu veux. A moins que tu ne sois qu'un dégonflé, jeune Monsieur Vermeer.
-Ah ouais? Et comment tu veux qu'on se batte?

Romain réfléchit. Il n'allait pas se battre réellement avec lui. Pas devant Electra. SURTOUT pas devant Electra. De l'autre côté, il savait que Jasper était assez bon en combat Pokémon, et lui-même doutait légèrement de ses capacités à pouvoir le battre. Mais c'était la seule solution. Il ne voulait pas s'attaquer à plus petit, c'était hors de ses principes. Et surtout, il savait qu'Electra tenait à Jasper, donc il ne pouvait décemment pas le frapper.
Il était donc forcé de livrer un combat Pokémon. Il ne pouvait pas faire autrement, les tests physiques étant trop inégaux.

-Un combat Pokémon.
-Parfait. Un contre un, donc?

Romain se mordit la lèvre inférieure. Il était obligé. Il n'en avait qu'un seul, et Jasper le savait très bien. Il l'avait déjà vu se battre contre Electra, et il connaissait sa stratégie. C'était peine perdue.
Alice le regarda, l'air de dire "tu n'aurais pas dû faire ça" et Electra réprima un juron. Elle savait que Jasper était plus fort.

-Un contre un, se résigna le Français. Mais JE fixe les règles: si je perd, Electra repartira avec toi. Mais si JE gagne...Elle repartira avec moi et sera sous la protection de l'armée Française. On va faire le combat ici même, dans ce bateau.

Le géant baissa légèrement les yeux. Il aurait dû se taire. Il aurait dû laisser sa place, il le savait. Mais maintenant, il n'était pas question de se dégonfler.
Le Français regarda son homologue Néerlandais et lança:

-Alors?
-Pas de problème, froggie.
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Les tables avaient été décalées pour permettre aux deux jeunes d'avoir de la place pour pouvoir exécuter leurs attaques. D'ailleurs, ils étaient chacun à un coin du bateau, et les autres personnes qui se trouvaient dans le bateau regardaient le combat qui s'offrait à eux.
L'ambiance était d'ailleurs électrique: beaucoup de monde s'était installé pour regarder le combat, tant des Néerlandais que des Français, et tous étaient impatients à l'idée d'assister à ce type de combats.
Electra était, elle, bloquée par deux soldats néerlandais. Mais elle pouvait assister, impuissante, au combat entre les deux personnes qu'elle aimait le plus au monde.
D'un côté, celui qu'elle aime, celui qu'elle souhaite protéger. De l'autre, celui qui l'a protégée durant des années. C'était un combat atroce, un combat presque fratricide.
Et pourtant. Ils venaient de deux contrées différentes, deux pays qui pourtant étaient alliés en plus pour cette guerre. Mais ces deux jeunes se disputaient se livraient une autre guerre, d'un tout autre genre. Ils se battaient pour elle. Et ça, elle ne pouvait pas le supporter.
Tout le monde s'était tu, en attendant que les deux "belligérants" sortent leurs Pokémon pour en finir. Et ce fut Jasper qui lança les hostilités:

-Zebstrika, vooruit!

A ce moment-là, le blond lança une Super Ball sur le terrain, faisant se dévoiler un Zéblitz, un zèbre électrique, tant par les étincelles qui jaillissaient de son corps que, sans doute, de son comportement.
Romain savait qu'il n'avait aucune chance. C'était un type Electrique contre un type Eau. Il avait plus ou moins l'avantage. Mais bon, il fallait qu'il montre qu'il avait quelque chose dans le ventre, quoi qu'il arrive.

-Lokhlass, je compte sur toi!

La Poké Ball fut lancé d'un geste souple et étiré, un peu à la manière des joueurs de base-ball lorsqu'ils veulent réaliser une balle courbe. Le Pokémon Transport en sortit, impressionnant tout le monde. Jasper fit un grand sourire.

-Tu sais que tu es en désavantage, Romain? Ce serait dommage de perdre ce match, tu sais.

Evidemment que je sais que je suis en désavantage, ducon, tu as fait exprès de choisir ce Pokémon juste parce que je n'en avais qu'un sur moi.
C'était à peu près la pensée de Romain à ce moment-là. Il savait qu'il allait perdre. Alors autant perdre avec dignité.
Il n'eut pas tellement le temps de donner d'ordre à son Pokémon: Jasper avait déjà demandé une attaque Nitrocharge au Pokémon Foudrélec de l'autre côté. Le Zéblitz fit l'attaque tellement rapidement que le Français n'eut même pas le temps de réagir. Il eut juste le temps de demander à son Pokémon une attaque qu'il n'eut pas le temps d'exécuter puisque le Lokhlass se prit l'attaque de plein fouet et poussa un gémissement que Romain entendit dans sa tête comme une véritable sonnette d'alarme.
Ce combat n'allait pas durer éternellement. Et il allait largement en sa défaveur.
Le Pokémon glace encaissa assez durement le choc, et Romain profita de ce moment pour ordonner une attaque Laser Glace. L'attaque partit assez rapidement mais le Pokémon en face était beaucoup trop rapide. Il esquiva avec tellement de facilité que Romain s'aperçut rapidement que ce n'était même pas la peine d'essayer.
Pendant ce temps-là, dans le public, plus de la majorité s'amusait à prendre les paris, majoritairement pour le Néerlandais par ailleurs.
Le zèbre électrique repartit d'ailleurs de plus belle, puisque son dresseur lui ordonna une attaque Electacle. Romain, là encore, eut beau demander à son Pokémon une esquive, le Lokhlass était bien trop lent pour le Zéblitz qui, lui, faisait mouche.
A ce moment-là, le Pokémon Transport, mal en point, se tourna vers son dresseur. Il voulait continuer. Cela se sentait dans son regard, qu'il voulait en finir, qu'il voulait au moins prouver que ce n'est pas parce qu'on est en désavantage qu'on doit forcément perdre.
Mais Romain n'en avait plus l'envie. Il savait qu'il ne la récupérerait pas. Du moins, pas tout de suite. Alors autant abandonner tant qu'il en était encore temps.

-Zebstrika, Wild Charge, vooruit ! lança Jasper, qui sentait qu'il avait la victoire plus qu'à sa portée.

Le Pokémon zébré se lança alors dans une attaque Nitrocharge, qui allait sûrement achever le Pokémon Eau/Glace. Un bruit de tonnerre, divisé en quatre temps distincts, montra que le Pokémon ennemi était déterminé à en finir lui aussi. Romain regarda son Lokhlass.

Non. Non, je ne veux pas lui faire subir ça.

Puis il le rappela dans sa Pokéball, sous le regard surpris des autres personnes présentes. Jasper fit un sourire alors que son Zéblitz, qui avait été à deux doigts de passer par-dessus le bar, allait lentement, au pas, vers son dresseur.
Et, sans un bruit, et sous un silence de mort, il commença à sortir du bateau.

-Romaaaaaaaain!

Cette phrase d'Electra n'avait même pas été entendue: Romain était déjà sorti au moment où la jeune fille prononça la phrase. Alice prit ses affaires et sortit en courant, non sans un regard désolé à sa camarade italienne, qui la regardait avec un air attristé.
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Il s'en voulait. Il n'aurait jamais dû le prendre en duel. Il n'aurait jamais dû essayer de se battre avec Jasper. De toute façon, il n'avait aucune chance.

-Attends!

Romain n'osa même pas détourner le regard vers la personne qui s'approchait de lui. C'était Alice, par ailleurs. Il ne voulait plus penser à rien. Il avait fait une connerie, il devait assumer.

-Romain!

Il ne lui avait toujours pas adressé un regard. Il savait qu'elle était arrivée à son niveau, mais il ne voulait pas la regarder. Il voulait être seul, point barre, et c'est pas une fille qui allait le déranger.
Alice, voyant qu'il n'était pas près de la regarder, décida de prendre le Frison par les cornes, prit la manche de Romain et lui asséna une claque d'une rare intensité.
Le jeune homme, choqué, toucha la zone où Alice avait mis la claque. Et il savait pourquoi elle lui en avait mis une. Elle en avait marre, et venait de le montrer.
Et c'est à ce moment-là qu'elle décida d'exploser:

-Tu te rends compte de ce que tu viens de faire? Tu te rends compte? Electra comptait sur toi, elle voulait que tu gagnes!
-Jasper était beaucoup trop fort, je n'avais aucune chance!
-Tu n'as pas le droit de dire ça! Tout le monde a sa chance! Tout le monde peut gagner un combat, ça ne se limite pas à la force pure des Pokémon, mais à la confiance que tu leur accordes! Regarde, la dernière fois, contre le général! Tu avais réussi à avoir une telle symbiose avec ton Pokémon que tu réussissais à lui donner des ordres par télépathie! Et là... Je sais pas ce qui s'est passé. Tu savais que tu allais perdre, c'est ça? Tu savais que tu avais fait une connerie? Eh bien laisse-moi te dire une chose, pour que ça rentre définitivement dans ton petit crâne: on n'abandonne pas comme ça le combat!

Bien sûr, personne n'entendait cette conversation: il était vingt-trois heures, beaucoup étaient couchés ou dans les zones alentour, et la rue dans laquelle se trouvait les deux jeunes était désormais déserte.

-C'est pas comme ça que tu vas gagner, Romain, ajouta Alice. Si tu veux vraiment la récupérer, il faut croire en tes chances. Croire en ta chance de victoire, et c'est à ce moment-là que tu réussiras.

Elle se retourna et lança:

-Si tu veux partir, libre à toi. Mais sache bien que si tu le fais, je te considérerai comme un lâche. Parce que tu n'as pas osé terminer le combat, et parce que tu t'enfuis sans chercher à comprendre.

Puis elle partit dans l'autre direction.
Et c'est à ce moment-là que Romain mit sa tête dans ses mains, et commença à pleurer.