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Europe's Skies de Khimeira



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» Auteur : Khimeira - Voir le profil
» Créé le 09/12/2013 à 21:58
» Dernière mise à jour le 09/12/2013 à 21:58

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Chapitre 1 : Boot camp
Boot camp (n.m): Terme anglais désignant un camp d'entraînement. Utilisé à la base pour définir le camp d'entraînement des soldats voulant s'engager dans la Navy ou les Marines, il a par la suite été élargi pour définir toutes sortes de camp d'entraînement (ex. dans le jeu en ligne Transformice) mais également un camp de redressement pour les jeunes délinquants.

15 juillet 2008


Romain se réveilla vers cinq heures du matin. Dans son appartement de Paris, comme toujours. L'astre lunaire commençait lentement à tomber pour laisser sa place à l'étoile solaire, et le géant se leva tranquillement de son lit.
Il n'arrivait pas à croire qu'il avait réussi à être engagé dans l'armée. Il avait réussi, et maintenant ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il ne retrouve sa protégée. Mais tout d'abord, il devait passer par la case "camp d'entraînement", et ceci n'allait pas s'avérer être chose aisée.
S'habillant rapidement, il se regarda dans le miroir de la salle de bains pour voir à quoi il ressemblait.
Il avait les yeux relativement fatigués et était habillé relativement sobrement (une simple chemise couleur marron clair et un pantalon couleur crème), mais il savait qu'il partait pour longtemps. Il ne reverrait peut-être jamais cette maison dans laquelle il avait grandi. Il prit une petite mine triste en pensant à cette éventualité.
Puis il ferma les yeux. Il s'imagina aux côtés d'Electra, elle tenant fermement le drapeau vénitien, lui et Jasper, en retrait, la regardant savourer son instant de liberté.
Le réveil sonna quelques secondes plus tard. Cinq heures et quart. Il regarda le miroir, d'un air déterminé, avec un petit sourire. Il allait y arriver. Ce n'était pas un petit camp d'entraînement qui allait le déstabiliser, après tout.
Il prit son sac, le mit sur son dos puis partit vers la porte, tout en ayant pris soin d'éteindre son réveil au passage. Arrivé devant la porte, il regarda l'appartement qu'il allait quitter et ne put réprimer un petit moment de nostalgie en se revoyant, quelques semaines plus tôt, en train d'apprendre des leçons de stratégie Pokémon d'une fille qui avait presque deux ans de moins que lui. Il eut un petit sourire, puis ferma la porte et enferma deux ans de sa vie à double-tour.
_________________________________

Romain arriva vers six heures vingt au niveau de la gare de Saint-Germain-en-Laye. Il savait que le camp se trouvait à environ trois kilomètres de là. Il s'en alla donc rapidement, et finalement marcha promptement dans le but d'arriver à l'heure à l'endroit prévu.
Sur le chemin, il ne put s'empêcher de repenser à sa vie passée : à partir de maintenant, il partait pour une année, et donc il laissait derrière lui, sans aucun regret, lé début de sa vie. Seize ans durant lesquels il a été entouré par la mort et la trahison. La mort, c'était celle de sa mère il y a longtemps de cela, et maintenant la pensée future de sa propre mort dans la guerre. La trahison, c'était celle de sa belle-mère.
Et pourtant, ces seize années allaient être peut-être enfin effacées de sa mémoire à tout jamais.
Il eut une petite pensée pour tous ceux qui croyaient en lui. Son père, notamment. Ses amis de promo. Et Electra. C'était pour cette dernière qu'il faisait ce voyage. C'était pour l'aider. Il ne devait pas la décevoir.
Il eut la boule au ventre pendant le reste de la longue marche. Puis, arrivé devant le camp, il osa regarder l'heure sur sa montre. Sept heures moins cinq. Il était là juste à temps.
Il se présenta à l'entrée, passa rapidement le contrôle de sécurité puis partit rejoindre le groupe d'hommes au centre du camp, qu'il voyait malgré tout de là où il se trouvait.
Au cours des quarante mètres qui le séparaient du reste du groupe, il se demanda une dernière fois s'il ne fallait pas mieux reculer. Puis il se sortit immédiatement cette idée de la tête. Tu as fait un choix. Tu assumes.
A peine arriva-t-il au niveau du groupe qu'un des hommes en charge du camp se montra à tous les hommes présents. Une cinquantaine d'années, une belle tête de tueur, et relativement petit au passage. Tous les soldats se mirent alors en ligne et au garde-à-vous, et Romain les suivit. Le sergent prit alors la parole:

-Les dortoirs sont ouverts. Je vous laisse exactement cinq minutes pour vous changer. Après cela, inspection. Si vous n'êtes pas changés quand j'arrive, c'est dix pompes par seconde de retard! Je me suis bien fait comprendre?
-Chef, oui, chef!
-Rompez.

Tout le groupe fondit alors comme un seul homme vers le premier dortoir. Le géant, plus rapide que les autres, y entra dans les premiers et installa ses affaires non loin de l'entrée, en bas du deuxième lit superposé. Il vit alors l'uniforme de l'armée française, avec une casquette portant le numéro 5, et se dit qu'il était désormais parti pour une longue aventure.
Il mit l'uniforme en moins de deux minutes, et passa deux minutes de plus à vérifier que tout était bien installé. Puis il se posa droit comme un piquet au moment où le sergent apparut dans la salle. Il attendit que tout le monde fut préparé et lança:

-Ceux qui sont aux lits 7, 10, 15, 17, 21, 26, 28, 35 et 41 me feront cent pompes!

Le géant souffla intérieurement à la pensée qu'il ne ferait pas de pompes aujourd'hui. Manquait plus qu'il se fasse remarquer, tiens.
Puis le sergent passa dans les rangs pour vérifier si tout était bien installé. Romain avait bien pris le temps, sur la fin, de vérifier presque au millimètre près que tout était bien mis, et le sergent, de toute façon, ne passerait pas plus de cinq secondes sur lui.
En passant pour voir les différentes installations, il demanda à 6 d'entre eux de faire cinquante pompes parce que leur casquette était mal placée ou qu'il y avait quelque chose de travers.
Arriva le moment où le sergent se plaça devant Romain, qui n'avait pas bougé son regard. Il ne passera pas plus de cinq se...

-Mais dites-moi, c'est que numéro 5 s'est mis sur son trente-et-un aujourd'hui!

Et merde.

-Nous aurions donc une gonzesse dans ce groupe? Dis-moi, mon garçon, tu es sûr que tes parents ne t'ont pas menti au sujet de ton sexe?
-Chef, j'en suis sûr, chef! répondit Romain automatiquement.
-Mon cul! A partir de maintenant, je vais t'appeler Blanche-Neige! T'aimes bien ce surnom, mon petit?
-Chef, oui, chef!
-Très bien, parce que tu vas le porter longtemps, crois-moi!

Il repartit vers le soldat suivant. Intérieurement, Romain était soulagé. Ca aurait pu être bien pire.
Après avoir vérifié que tout était bien en place, il se mit au centre de la salle et lança:

-Quoiqu'il en soit, je suis le sergent d'armement Martin, et votre chef instructeur. Le premier qui se moque de la banalité de mon nom se prend un coup de pied aux fesses et cent pompes. Me suis-je bien fait comprendre?
-Chef, oui, Chef!

Il prit un petit silence, le temps de bien regarder tout le monde, puis continua:

-A partir d'aujourd'hui, vous ne parlerez que quand on vous parlera et les premiers et derniers mots qui sortiront de votre bouche seront "Chef" tas de punaises ! Est-ce bien clair ?!
-Chef, oui, Chef !
-Mon cul, je n'entend rien ! Montrez-moi que vous en avez une paire !
-Chef, oui, Chef !

Nouveau silence. Il prit une grande inspiration et commença son monologue:

-Je vous préviens: si vous ressortez de chez moi, les louloutes, si vous survivez à mon instruction, vous deviendrez une arme, vous deviendrez un prêtre de la mort implorant la guerre ! Mais en attendant ce moment-là, vous êtes du vomi, vous êtes le niveau 0 de la vie sur terre, vous n'êtes même pas humain, bande d'enfoirés ! Vous n'êtes que du branlomane végétatif, des paquets de merde d'amphibiens, de la chiasse ! Parce que je suis une peau de vache, vous me haïrez; mais plus vous me haïrez et mieux vous apprendrez ! Je suis vache mais je suis réglo ! Aucun sectarisme racial ici : je n'ai rien contre les négros, ritals, youpins ou métèques. Ici, vous n'êtes tous que des vrais connards et j'ai pour consigne de balancer toutes les couilles de loup qui n'ont pas la pointure pour servir ma chère unité ! Tas de punaises, est-ce que c'est clair ?!
-Chef, oui, Chef !
-Mon cul, je n'entend rien !
-Chef, oui, Chef !

A ce moment-là, un des hommes (que Romain identifia comme numéro 13) lança:

-Est-ce que c'est toi, John Wayne, ou est-ce que c'est moi ?

Le sergent rentra alors dans une colère noire insoupçonnée:

-Qui a dit ça ? Qui est le tordu qui a dit ça ? Qui est l'infecte petite folle perdue, l'espèce d'enculé de sudiste qui vient de signer son arrêt de mort ? … C'est personne hein ? C'est votre marraine de mes deux, hey ? Ah foutre de foutre, vous me ferez du parcours à en crever la gueule ouverte !! Vous me ferez du parcours à en téter du p'tit lait par le fion…

Il empoigna alors le voisin, qui se trouvait juste à côté de Romain et que ce dernier identifia comme numéro 9. Le sergent commença à lui gueuler dessus jusqu'à ce que numéro 13 se dénonce de lui-même. Il s'approcha de numéro 13, l'engueula lui aussi (avec plus de violence), lui mit un coup dans l'estomac puis continua son laïus.
Il s'amusa à descendre deux ou trois recrues en plus, puis commença à devenir un peu plus sérieux.

-Que les choses soient bien claires. Si vous êtes dans l'armée, c'est pour défoncer ces putain de sudistes, leur faire découvrir ce que c'est que la souffrance! Ces salauds se sentent plus pisser après avoir pris toute l'Italie et une partie de l'Europe du Sud grâce à leur alliance avec les Espingouins et les Grecs, mais on va leur prouver qu'ils se mettent un doigt bien profond ! Me suis-je bien fait compris ?
-Chef, oui, Chef !
-Rompez ! Je veux tous vous voir devant le parcours-combat dans une heure pour le briefing !

Tout le monde sortit à ce moment-là, et Romain commença à se permettre une petite visite des lieux, en attendant le début du briefing.
Le complexe était assez grand, avec un grand terrain au fond (que Romain put reconnaître comme le parcours-combat) qui s'enfonçait également dans la forêt. Un petit stade se dégageait au fond, qui devait être l'endroit où se déroulaient les matchs Pokémon, dans lesquels certains pouvaient s'illustrer. Il y avait également une piste d'athlétisme, un bâtiment dans lequel se trouvait une piscine... Tout avait été mis en oeuvre pour que les soldats soient prêts en sortant.
Il vit également, au fond, des écuries. C'était là que se trouvaient les Galopa, et Romain, qui aimait souvent voir ces Pokémon dans leur champ non loin du "domaine familial", se dirigea vers la zone. En arrivant, il vit une personne qui commençait à les brosser soigneusement.
Il s'agissait d'une jeune fille d'une vingtaine d'années, dans un uniforme strict qui laissait pourtant dépasser une petite queue de cheval, seule liberté qu'elle s'est permise sans doute. Cela ne faisait que ressortir son côté... Mystérieux. Oui, c'est ça. Cette fille était mystérieuse.
Elle était extrêmement grande, un mètre quatre-vingt-dix peut-être, et malgré l'uniforme on sentait qu'il y avait quelque chose chez elle qui semblait en-dehors de cet univers strict et masculin. Quelque chose de très attractif.
Romain passa très largement derrière un des Galopa, fit mine de repartir puis se plaça juste à l'entrée, et se rapprocha pour la voir de face par quelques mouvements presque inaudibles.
Malgré la casquette, ornée du numéro 110, qui cachait une partie de son visage, le jeune put voir ses yeux noisette, des yeux que Romain aurait pu regarder des journées entières si le temps le lui permettait. Son visage ne présentait aucune impureté, et était légèrement hâlé, loin d'être bronzé mais il fallait avouer que ceci avait son charme.
Soudain, il la vit sourire. Il imagina ce qu'elle pouvait se dire. Peut-être parlait-elle de son futur amour, peut-être se remémorait-elle les moments où elle n'était pas à l'armée, et peut-être même s'imaginerait presque que son prince charmant se trouverait devant lui à ce moment-là!
Romain fit alors une erreur qui lui coûta toute sa stratégie d'approche: il accentua un peu trop un de ses pas, et la fille releva la tête. Il était grillé.
Elle rougit, et le garçon détourna le regard. Comment avait-il pu être aussi stupide? Il aurait dû être plus discret, il le savait.

-Moi qui pensais que je pouvais m'approcher tranquillement, c'est raté, finit par lancer Romain.

La fille émit un petit rire nerveux, puis rougit une deuxième fois et retourna à sa besogne, en lançant quelques regards de temps en temps à la personne qui venait de lui adresser la parole.
Le garçon, quant à lui, sortit une brosse et la manipula délicatement pour peigner le Pokémon, qui ne broncha pas, pour le coup. Il savait comment s'y prendre car il avait vu faire une amie, qui tenait un Ponyta-club non loin de sa maison de vacances. Il ferma très légèrement les yeux, essayant de se remémorer la première fois où Sophie lui avait montré comment s'y prendre, en le faisant avec une aisance remarquable.
Il n'aperçut pas toutefois le regard de la jeune fille, qui avait arrêté sa partie de travail pour observer le jeune homme. Celle-ci en profita pour lancer, avec une voix légèrement aiguë:

-Tu t'y prends bien, pour un garçon.

Le géant ouvrit les yeux et plongea son regard dans celui de la fille, avant de se rendre compte ensuite qu'elle lui avait adressé la parole. Il répondit alors timidement:

-Oh, euh... Disons que j'ai vu certains faire.
-Tu ne l'as jamais fait toi-même?
-Non, pas tellement.

S'en suivit alors un premier silence. Romain eut un regard gêné et se tourna légèrement, et ne vit donc pas arriver la jeune fille juste à ses côtés.

-Tu dois avoir une mémoire photographique.

Le Français leva le regard vers la jeune fille, qui était en train de brosser le Galopa à sa droite.

-Plus ou moins.
-Tu es sûrement l'un de ces surdoués. T'as passé ton bac à quel âge? Quinze? Seize?
-Treize. J'allais avoir quatorze un peu après.

La fille le considéra avec un regard choqué.

-Mais t'as quel âge, au juste?
-Seize depuis trois jours.
-Tu ne les fais vraiment pas, on dirait plus que tu as dix-neuf voire vingt.

Un nouveau silence. Romain en profita pour regarder la fille. A sa manière de parler, on voyait qu'elle pouvait être d'origine italienne: malgré le fait qu'elle s'exprimait dans un français correct avec l'accent suffisamment caché pour ne pas qu'on le remarque, il restait encore les gestes qui trahissaient un peu l'identité. Cette fois-ci, ce fut à lui de reprendre la parole, et il voulait en avoir le coeur net:

-Tu es italienne?

Un autre silence, cette fois-ci un peu plus court que les autres. Elle rougissait. On voyait que la jeune fille semblait en pleine réflexion, comme si elle ne voulait pas lui dire certaines choses. Mais elle se décida et lança:

-Au début de la guerre entre les Nordistes et les Sudistes, mes parents m'ont envoyé vivre chez un de mes oncles, qui habitait Paris depuis de nombreuses années. Etant donné que j'étais du Nord et que les Sudistes commençaient à remonter dangereusement dans le pays, ils ont jugé préférable de me mettre à l'abri de tout conflit. J'avais treize ans à l'époque. Puis, il y a deux ans, j'ai reçu un email de mes parents, disant qu'ils vivaient très difficilement, et que les Sudistes contrôlaient déjà presque toute l'Italie. Je me suis alors engagée dans l'armée, étant donné que j'avais dix-huit ans. Ca fait déjà deux ans que je suis ici, et j'ai déjà fait quelques missions en France mais c'est tout. Je n'ai pas encore de grosses missions, et j'ai vraiment l'impression que les dirigeants de camp sont des gros machos qui pensent que les femmes n'ont pas leur place sur un champ de bataille. Je suis donc reléguée aux écuries, en attendant d'avoir quelque chose de stable. Et toi, tes parents? Tes études?

Romain hésita lui aussi quelques secondes, mais préféra rester franc:

-Ma mère est morte, mon père est en taule. Je vis plus ou moins seul depuis mes treize ans puisque jusqu'à il y a quelques semaines, je vivais avec une des filles les plus recherchées d'Europe avant qu'elle se fasse emmener par l'armée hollandaise il y a quelques semaines. Je me suis engagé dans l'armée car je cherche à la revoir.
-Elle a fait quoi, la fille, pour être la plus recherchée d'Europe? Elle a tué des membres du TPI*, ou quoi?
-Le nom d'Electra di Luna, ça te dit quelque chose?

La fille blêmit.

-Tu ne vas pas me dire que tu hébergeais sous ton toit la fille de la mafia vénitienne?
-Je n'étais pas au courant à la base, mais j'ai fini par l'apprendre.

Elle porta sa main à son coeur quelques secondes, puis ils sortirent de l'écurie tous les deux.

-Si jamais Azull ou quelqu'autre cousin l'apprend, tu es en danger de mort.
-Qui est Azull?
-La généalogie de cette famille est tellement compliquée qu'il me faudrait des heures pour te l'expliquer, mais étant donné que nous n'avons plus que...

Elle regarda sa montre et pressa un peu le pas.

-... cinq minutes, je vais faire bref. La famille di Luna est une famille dans laquelle chaque enfant se voit attribuer un type de Pokémon. Par définition, Electra devrait se voir attribuer le type Electrique.
-Elle n'avait pas un seul Pokémon électrique, pourtant.
-Oh. Enfin bref: le but d'Azull est tout simplement de ramener Electra de force en Italie. Etant donné que tu l'as hébergé pendant un certain temps, ils vont donc te considérer ni plus ni moins que comme une source d'informations, et seraient prêts à te torturer et à te vider de tout ton sang jusqu'à ce que tu leur dises ce qu'est devenue Electra di Luna, le rejeton qui est censé prendre le trône. En gros, prends tes précautions.

Romain vit qu'ils arrivaient tous les deux au niveau du parcours-combat, et conclut que les filles allaient le faire en même temps que les garçons. La fille s'arrêta à quelques mètres du groupe et lança:

-Tiens, d'ailleurs, ça fait quand même trois quarts d'heure qu'on discute et je ne t'ai toujours pas dit mon nom. Je m'appelle Alice Rocchianti.
-Romain Noutrais.
-Enchantée. Etant donné qu'on va se croiser souvent, je préfère que la personne à qui je parle sache qui je suis.

A ce moment-là, le sergent Martin arriva, et tout le monde se tut. Rien qu'au regard qu'elle portait à Romain, ce dernier savait qu'Alice avait un commentaire à faire sur le sergent. Vu comment il avait traité certains de ses hommes, on pouvait facilement imaginer le peu d'amour qu'il portait envers les femmes.

-Alors, mes loulous, je suppose que vous vous êtes bien reposés, parce que là vous allez en baver. Le principe est très simple: vous devez passer tous les obstacles. Pour éviter les tricheries, le parcours a été optimisé pour qu'il y ait égalité entre toutes les personnes qui le feront. Vous avez vingt minutes, ni plus ni moins. Les filles, je vous fais une faveur ce coup-ci, vous aurez vingt-deux minutes et pas vingt-trois comme la dernière fois! Ca vous apprendra a vous bouger! Ah oui: pas de tricherie, c'est-à-dire, les anciens, on ne balance pas les solutions pour les nouveaux. Et pour les non-initiés, sachez qu'une seconde de retard équivaut à 10 pompes, que ce soit pour les garçons comme pour les filles. A vos marques!

Tout le monde s'installa sur la ligne, filles à gauche et garçons à droite. Alice et Romain se mirent à côté et hochèrent la tête en signe d'approbation. Ca allait être simple.

-Prêts...

Romain visualisa la première partie du circuit. Il y avait moyen d'en sortir en trois minutes. Il espérait juste que le parcours ne soit pas trop long.

-PARTEZ!

Tout le groupe s'élança comme un seul homme. Il y avait un peu moins de 100 personnes, ce qui compliquait largement le passage. Il suffisait d'y arriver en premier.
La première portion de terrain était celle où il fallait ramper dans la boue. Romain arriva dans les premiers, Alice se mit sur ses talons pour bien prendre de l'aspiration le plus longtemps possible. Connaissant à peu près la tactique, le garçon en sortit en quatrième ou cinquième position, et Alice vers la quarantième.
Le deuxième obstacle était une petite rivière pleine de vase à traverser. Si certains choisirent de se lancer en nageant, Romain, pris dans son élan, sauta d'un bout à l'autre de la rivière, qui faisait tout de même cinq mètres de long au passage. Alice le suivit et manqua de retomber dans la rivière en arrivant.
La première partie était un enchaînement de ces deux choses, ce qui pouvait être fait rapidement. Au final, Romain en sortit en deuxième position en deux minutes cinquante-sept, et Alice était en trente-et-unième position en trois minutes et trente-deux secondes.
Le passage dans la forêt n'avait pas l'air extrêmement long, mais en tout cas il semblait très ardu: patauger dans la vase et essayer de passer au-dessus d'obstacles qui parfois étaient plus grands que la taille humaine.
Romain, même s'il était avantagé, ne connaissait pas le terrain et perdit plusieurs places dès le premier obstacle. Lors des obstacles suivants, il essaya tant bien que mal de gérer son retard, en espérant arriver dans les temps.
Soudain, en plein milieu du parcours, Romain vit un filet. Il comprit rapidement le principe: passer au centre. Il n'aimait pas tellement ce type d'obstacles et s'en sortit avec un peu de difficulté. Alice, arrivée une trentaine de secondes après car ayant plus de facilités dans cette partie, eut également un petit problème sur ce passage mais s'en sortit de façon convenable.
Soudain, en sortant du passage de la forêt, Romain vit son temps: dix-huit minutes, cinquante secondes, seizième. Sachant qu'il n'avait qu'un seul obstacle à passer, il se dit qu'il avait encore un tout petit peu de temps.
Sauf que l'obstacle n'était pas des moindres: un fossé de deux mètres de profondeur, avec un peu plus d'un mètre d'eau en bas, et qui faisait tout de même quinze mètres de large. Seule une corde permettait de relier les deux parties. Romain courut aussi vite qu'il put, s'empara d'une corde vide qui allait repartir et se lança.
Les quinze mètres furent passés en quelques secondes, et Romain enchaîna sur un autre obstacle ou on devait ramper dans la boue. Il en sortit rapidement et n'eut plus qu'à courir jusqu'à l'arrivée. Il puisa ses dernières forces pour se jeter sur la ligne d'arrivée et regarda son temps. Dix-neuf minutes, quarante-trois secondes. Quinzième.
Alice sortit exactement dix secondes avant l'arrivée de Romain, en quarantième position, et attendit elle une petite dizaine de secondes avant de pouvoir s'emparer d'une corde. Le fossé fut franchi facilement pour elle, de même pour le passage dans la boue, et elle fit les derniers mètres qui la séparaient de l'arrivée en trottinant. Vingt minutes cinquante. Quarante-sixième. Temps extrêmement convenable.
Les deux se rejoignirent à la sortie et se regardèrent.

-Tu cours trop vite, lança Alice.
-Vu ton temps, je ne peux qu'en dire autant.
-Oui, mais moi je suis habituée. Normalement, personne ne fait le temps requis pour son premier jour. Tu as vraiment un truc.

Ils s'étaient placés sur un banc, en attendant que les autres arrivent et fassent leurs pompes. Ils les regardèrent quelques secondes en discutant un peu, puis se levèrent et rejoignirent le reste du groupe. Ils furent alors accostés par une femme qui ressemblait très clairement à un ex-agent du KGB, c'est-à-dire la femme bodybuildée et peut-être même testostéronée. Romain s'attendait presque à ce qu'elle ait une voix d'homme. C'était pas loin, puisqu'une voix légèrement masculine répondit:

-Alors, les pucelles, on va tout de suite se calmer! Je vais vous amener au stade, pour qu'on sache à qui on à affaire en terme de combat Pokémon. Pour ceux qui voudraient le savoir, mon nom est Agnieska Prdjakowski, et vous entendrez mon nom bien des fois, croyez-moi!

Tout le groupe (du moins, ceux qui n'étaient pas en train de faire des pompes) se dirigea vers le stade. Les numéros des différents engagés se trouvaient dans un tableau, dans lequel étaient indiqués le numéro du match et le numéro du stade. Romain comprit pourquoi quand il rentra à l'intérieur: il n'y avait pas un, mais une dizaine de petits terrains, installés d'un bout à l'autre du grand stade.
Romain et Alice étaient certains de ne pas se croiser avant les demi-finales, mais pour cela encore fallait-il qu'ils se débarrassent de tous leurs adversaires.
Ils étaient 128 en tout sur la fiche, ce qui faisait que certains engagés pouvaient parfois se retrouver contre leurs supérieurs. Heureusement, ce n'était pas le cas de Romain (à part en demies ou en finale), mais Alice pourrait avoir le sergent Martin dans sa ligne en quarts, ce qui n'était pas chose aisée.
Avant le premier combat, les deux se regardèrent et ce fut Alice qui prit la parole la première.

-Tu... prendras quel Pokémon?
-Je n'ai qu'un Lokhlass, donc je n'ai pas tellement le choix...

La fille sourit légèrement en détournant le regard, puis lança à son tour:

-Moi non plus, je n'ai pas tellement le choix. J'ai juste mon Roselia.

Puis les deux adolescents se regardèrent à nouveau puis se firent un sourire.

-Bonne chance?
-Bonne chance.

Ils se dirigèrent alors vers leurs terrains respectifs, en attendant le début des matchs.
Puis ces derniers commencèrent. Ils n'avaient que cinq minutes par rencontre, avec un temps variable de récupération.
Jusqu'aux huitièmes, Romain n'eut aucun mal à passer, battant parfois en moins d'une minute ses adversaires. Alice, elle, eut un peu plus de mal au fur et à mesure que la compétition avançait, son Roselia sortant parfois de situations inextricables grâce à l'intelligence de sa dresseuse. Heureusement qu'ils avaient le temps de soigner leurs Pokémon avant chaque rencontre, ce qui rendait les matchs plus faciles.
En quarts de finale, par contre, Alice se retrouva contre le sergent Martin, et n'eut malheureusement pas la chance d'aller plus loin: en effet, elle eut le droit à un coup fourbe du sergent à plusieurs reprises pendant le match, et elle s'inclina finalement sur une décision d'arbitrage qu'on pourrait qualifier de douteuse.
Romain, lui, n'eut même pas à paniquer pour se débarrasser de son adversaire en un contre un. Le Pokémon en face fut sorti en une quarantaine de secondes par le Lokhlass de Romain, qui semblait être au meilleur de sa forme.
La demi-finale vit quelque chose de très surprenant: en effet, Romain se rendit compte qu'il était le seul "sans-grade" à être en demies, puisque de l'autre côté c'étaient Prdjanowski et le général en charge de la base qui se tiraient la bourre pour l'autre place en finale.
Le combat entre le géant et le sergent dura exactement quatre minutes et cinquante-huit secondes, soit deux secondes de moins que le temps requis pour finir le match. Romain dénombra pas moins de trois "Blanche-Neige" et préféra rester cois pendant tout le match, les rares paroles qu'il prononçait étant les ordres qu'il donnait à son Pokémon.
Face au Pokémon glace de son adversaire, le Lokhlass du jeune homme n'avait pas de grandes chances, puisque le Dimoret était bien plus rapide. Il a fallu que le géant use d'une tactique de Distorsion pour s'en sortir en battant au dernier moment le Pokémon du sergent avec une attaque Surf bien placée en toute fin de combat.
S'en suivit pas moins de cinq minutes de protestations de la part du sergent avant que le général ne lui demande d'arrêter. Romain n'avait pas voulu entendre une seule seconde de sa protestation, étant tellement concentré sur le match suivant qu'il était plus occupé à soigner son Pokémon que d'entendre les faux arguments d'une personne à qui, de toute façon, il allait finir par en mettre une.

La finale se joua donc entre Romain et le général.
L'homme attendit que son inférieur sorte le seul Pokémon qu'il avait, avant d'appeler le seul Pokémon qu'il n'avait pas appelé jusqu'à présent.

-J'ai vu tes différents combats, et je me suis dit qu'il allait falloir que je sorte les grands moyens pour te battre. Je n'ai pas envie de prendre ce match à la légère! Raikou, à toi!

Ceci surprit toutes les personnes présentes: personne ne savait que le général avait ce Pokémon. Tout le monde savait qu'il avait un Pokémon rare, mais il ne le sortait jamais d'habitude, ce qui avait provoqué des grosses spéculations. Mais maintenant qu'il avait fini par le sortir, tout le monde pouvait en avoir le coeur net.
Romain jaugea un instant le Pokémon adverse: type Electrique. Le type sur lequel il ne devait absolument pas tomber. Il se ressaisit et attendit le début du combat.

-Commencez!
-Raikou, Vitesse Extrême!

Le Pokémon partit à une vitesse affolante et toucha le Pokémon Transport en moins de trois secondes, ce qui fit grimacer Romain. Il savait une chose: le Pokémon du général était meilleur en corps à corps, il avait une meilleure vitesse, et sans doute une meilleure attaque. Restait deux choses sur lesquelles Romain avait une chance: le timing, et les attaques à distance. Il ferma les yeux une seconde, se concentrant en essayant d'imaginer la trajectoire de l'attaque Laser Glace. A peine ouvrit-il les yeux que l'attaque partit, sans même qu'il en ait donné l'ordre.
Tout le monde en fut surpris, Romain le premier. D'autant qu'il avait imaginé exactement la bonne trajectoire. Le général sourit, et ordonna à son Pokémon, qui avait très légèrement évité l'attaque, de lancer une attaque Nitrocharge. Romain imagina dans sa tête une stratégie pour éviter cette attaque avec une attaque Reflet... et à peine eut-il le temps de dire l'attaque que son Lokhlass se déplaça exactement dans la même direction, profitant d'une légère pluie pour se déplacer plus rapidement. L'attaque Nitrocharge passa alors à quelques centimètres.
Nouveau cri de surprise de l'assemblée. Le général, lui, était de plus en plus surpris: soit son Pokémon ne lui obéissait pas, soit c'était l'inverse: il ne réagirait plus au son de la voix, mais directement à la pensée.
Romain ferma les yeux, imagina une attaque Laser Glace autour de son Pokémon, dans un sens très précis, tournant vers la gauche comme vers la droite. Il ouvrit les yeux et lança:

-Maintenant.

Le Pokémon s'exécuta et reproduit exactement la même figure que son maître lui avait ordonné par la pensée. Quelques secondes plus tard, un cercle presque parfait, en glace immaculée, se trouvait sous le Pokémon Transport. Romain fit un grand sourire et essaya de se concentrer sur une attaque Ultralaser. Lorsqu'il ouvrit les yeux, le général lança:

-Ultralaser, Raikou!

Les deux attaques partirent en même temps, sous le regard effaré du général, qui ne s'attendait pas à ce que le Pokémon adverse lance cette attaque lui aussi.
Le temps sembla s'arrêter un moment, puis les attaques se touchèrent, créant une énorme explosion qui toucha presque tout le terrain. Il y eut un silence durant quelques secondes, pendant lequel personne ne voyait rien, pas même les deux sur le terrain. Puis, quand la fumée s'estompa, Romain et le général purent voir le résultat.
Les deux Pokémon furent propulsés chacun d'un côté du mur, et si le Raikou s'en sortit, toutefois avec une grande difficulté, ce ne fut pas le cas du Lokhlass qui était complètement KO.

-Lokhlass n'est plus en état de combattre! C'est donc le général qui l'emporte!

Si le sergent Martin était limite en train de hurler de joie, tous les autres applaudirent prestement. Puis le général commença à applaudir à son tour, et s'approcha de Romain, qui lui était parti voir son Pokémon, et après l'avoir caressé, le rentra dans sa Pokéball. Au moment où le géant se leva, il se retrouva face au général. Le jeune ne l'avait jamais vu que de loin, et de près il était très imposant: à peu près un mètre quatre-vingt-dix, les cheveux grisonnants, et une tête qui imposait le respect.

-J'ai vu que tu n'as presque pas prononcé un mot du combat.
-En fait, j'ai l'impression qu'il comprenait ce que je pensais. Je pensais à une attaque, et il la faisait automatiquement, sans que j'aie besoin de donner l'ordre.

Le général lui tapa sur l'épaule, et lança:

-Tu as un don, Romain. Il faudra que tu t'en serves, un jour ou l'autre, sache-le.

Puis il partit dans l'autre sens, son Raikou juste à côté de lui. Le jeune, après être resté quelques secondes immobile, partit soigner son Pokémon.

Vingt-deux heures, extinction des feux. Romain s'installa sur son lit. Il avait pris un dîner léger et relativement tard avec Alice, et était parti se coucher juste après.
Il songea à tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent. C'était comme une nouvelle vie qui commençait, à l'armée. Il ne savait pas si ça allait réellement durer un an, mais il espérait qu'Electra arriverait à son objectif avant la date prévue. Il le rêvait.
Il s'endormit relativement rapidement, à la pensée qu'il allait être réveillé très tôt le lendemain. C'était ça, la dure vie à l'armée.
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A cinq heures du matin, la seule chose que l'on a pas envie c'était de se faire réveiller avec un bruit de clairon pré-enregistré en guise de réveil. Et l'arrivée du sergent Martin, dans la salle, ne changea pas grand-chose à la folle envie que l'on avait de se réveiller à une heure aussi matinale.

-Debout, bande de feignasses! Vous avez cours de langues à huit heures, alors bougez-vous! Vous devez prendre votre petit-déj', d'abord, puis briefing et exercice matinal à six heures et quart! Toute seconde de retard sera sanctionnée par dix pompes de plus! Je vous laisse exactement trois minutes pour sortir, et après je ferme à clé, et j'en ai rien à foutre que certains soient encore à l'intérieur à ce moment-là, vous aviez qu'à vous lever plus rapidement!

Romain s'était levé précipitamment en entendant "trois minutes", et se changea vitesse grand V. Les autres s'étaient levés plus lentement, et se changeaient un peu moins rapidement, en se disant qu'ils avaient le temps.
Le numéro 5 sortit en premier du dortoir, et fut accueilli par le sergent Martin qui lui lança:

-Eh ben, Blanche-Neige, on chôme pas! Deux minutes pour se changer! A croire que je vais finir par cerner ta virilité, c'est pas trop tôt!

Il avait à peine entendu la moitié de ce qu'avait dit le sergent et s'était dépêché d'aller petit-déjeuner. Il vit Alice sur une table, toute seule, et s'installa en face.

-Découverte du camp, à ce que je vois, lança la jeune Italienne avec un petit sourire.

C'est à ce moment-là que Romain se regarda dans une cuillère. Il était juste pitoyable. Même pas coiffé, les cheveux en pétard, les fringues mises à la va-vite et sa casquette dans la poche. Par rapport à la veille, il avait l'air d'avoir passé une très mauvaise nuit.

-Tu parles. On a trois minutes pour sortir de la chambre, et après il ferme à clé.

Alice rit légèrement. Puis elle lança un autre sujet de conversation:

-D'ailleurs, on a cours d'italien tous les deux à huit heures, dans le même groupe. Si tu veux, on se mettra à côté pour que je t'explique certains mots que tu ne comprends pas. A moins que tu ne t'y connaisses un peu en italien.
-J'ai pas mal de connaissances en italien.
-Ah oui, c'est vrai que tu as hébergé Electra, toi. J'avais oublié.

Les deux prirent rapidement un café (avec un sucre) et un petit bol de céréales. Ils sortirent à six heures treize, alors que certains, qui avaient été bloqués dans leur chambre, venaient à peine de rentrer dans la cantine.
Ils arrivèrent trois secondes avant que le sergent Prdjanowski, assisté du sergent Martin, ne leur explique le fonctionnement de la journée.

-Alors, qu'on soit clairs, les pucelles! Nous ne tolérerons pas une seule seconde de retard pour les différentes activités! Toute la journée est chronométrée pour vous laisser un minimum de répit, mais pas plus de cinq minutes entre chaque activité!
Cinq heures, réveil, je pense que vous l'avez tous compris. Cinq heures et quart, explication des activités de la journée et exercice. Huit heures, cours de langues. Vous avez deux cours, un cours d'italien et un cours de néerlandais, qui dureront chacun deux heures! Vous avez compris, les fiottes?
-Chef, oui, chef!
-D'accord, c'est bien, je vois qu'on a pas affaire à des guignols sans cervelle! Douze heures trente, parcours-combat en duo, vous aurez vingt minutes pile pour un tour! Après cela, à treize heures, cours de travaux pratiques: que ce soit maniement d'explosifs, d'armes à feu, ou quelque connerie que ce soit d'autre, et ce durant trois heures! Seize heures quinze, natation pendant une heure et demie! Dix-huit heures, exercices, et dîner à dix-neuf heures! Par la suite, vous avez quartier libre jusqu'à vingt-et-une heure trente, heure à partir de laquelle on n'accepte plus personne en-dehors des chambres! Le premier que je vois dehors à cette heure-ci passera la journée suivante sans manger! A vingt-deux heures, extinction des feux. Je ne veux plus voir une lumière, sinon je fais réveiller tout le dortoir et le faire courir à poil dehors pendant une demi-heure! Ca vous apprendra la cohésion de groupe, bande de tanches! A partir de maintenant, tout ce que vous faites sera chronométré. Une seconde de retard, dix pompes, et ainsi de suite! A la fin de la journée, on s'amusera à compter qui a fait le moins de pompes. Me suis-je bien fait comprendre?
-Chef, oui, chef!
-Bien, bande de pucelles! Maintenant, c'est le sergent Martin qui va vous expliquer la marche à suivre pour les exercices d'entraînement!

Le sergent d'armement avait un sourire béat sur son visage. Il avait envie de les faire souffrir, et ça se lisait sur son visage.

-Booon... Pour commencer, vous allez me faire tous cent pompes, garçons comme filles! C'est pas parce que vous êtes du sexe faible que vous êtes exemptes d'activités!

Et ce fut des remarques comme celle-ci durant toute la session d'entraînement militaire. Un coup ce fut pour faire remarquer que certaines filles feraient mieux de retourner à la cuisine car elles ne savaient vraiment pas faire des pompes. Une autre fois, un peu plus tard, pour signifier que les hommes sont supérieurs car ils faisaient les pompes plus rapidement que les femmes. Alice avait vraiment envie de lui en coller une, et Romain avait juste envie que le mec la ferme quelques minutes... non, quelques heures en fait.

Il libéra tout le groupe à huit heures moins le quart, le temps que tout le monde se retrouve dans les classes pour le cours d'italien. Il s'agissait de groupes de 20, et ils avaient été placés dans l'ordre alphabétique, d'où le fait que Romain se retrouvait au début de la quatrième classe et Alice à la fin de cette classe.
Arrivés dans la salle, les deux se mirent à côté, et au fond de la classe, car ils dérangeaient certains élèves à cause de leur taille. Ils priaient intérieurement pour que le cours ne fut pas trop ennuyeux.
Malheureusement, leurs souhaits ne furent pas exaucés. Le professeur était un jeune homme d'une trentaine d'années, à l'ait timide. Il avait l'air d'un débutant, et ils répétèrent pendant une heure des phrases pré-enregistrées, tellement faciles que Romain et Alice finirent, au bout d'une demi-heure de cours, par les répéter machinalement. S'en suivit un test de connaissances pour délimiter les niveaux. Si certains passèrent des minutes entières à bloquer sur un mot, Romain, qui avait quand même des bases en italien grâce à son apprentissage avec Electra, et Alice, eux, surent répondre à toutes les questions basiques, et ils avaient même entamé la partie rédaction qui était facultative.
A la fin de l'heure requise, les deux étaient affalés sur leur table, et sortirent finalement cinq minutes avant l'heure du cours de néerlandais, qui se trouvait de l'autre côté du bâtiment.

Ils s'installèrent tout de suite dans la salle où le prof se trouvait et remarquèrent qu'ils étaient en amphi, ce qui veut dire que tout le monde serait au même niveau.
Le professeur commença son cours sans la moitié des élèves, au moment où la sonnerie de dix heures retentit.
Tout de suite, la classe était beaucoup plus larguée. Le prof était un ancien soldat qui avait combattu auprès de soldats néerlandais, et il maniait donc très bien la langue. Romain et Alice se surprirent à noter tout ce que le prof disait, pour être sûrs de ne rien avoir oublié. Finalement, au bout de la première heure de cours, nouveau test.
Le test était beaucoup plus complexe, puisque ce n'était pas une histoire de vocabulaire comme dans le test d'italien, mais bien ici de conjugaison et de grammaire, ce qui était bien autre chose. Alice galéra et rendit finalement une copie complète sans, toutefois, la partie facultative. Romain, lui, avait fini la première partie dix minutes avant et avait finalement réussi à caser une trentaine de mots avant que la sonnerie ne retentisse.
Les deux partirent ensuite déjeuner, qui consistait en une soupe relativement bourrative, jusqu'à ce qu'une voix, appartenant au sergent Martin, cracha dans les haut-parleurs:

-Je veux voir les numéros 3 à 9, les numéros 14 à 17, les numéros 44 à 50 et les numéros 110, 113, 117 et 119 devant l'entrée de la base dans cinq minutes!

A ce moment-là, les deux finirent leur soupe vitesse grand V, et Romain ressentit une brûlure à cause de la vitesse à laquelle il avait descendu le liquide.
Ils se retrouvèrent donc tous devant l'entrée, où se trouvaient, comme d'habitude, les sergents Martin et Prdjanowski. "A croire qu'ils sont dans tous les coups, ces deux-là", pensèrent Romain et Alice exactement en même temps.
Ce fut la "femme à barbe" qui lança:

-Bon, vous avez de la chance, bande de pucelles: vous partez en mission! Plus précisément dans la région de Saint-Tropez, où se trouve la base d'avant-garde pour contrer ces empafés de Sudistes. Vous rejoindrez toute la garnison du Sud-Est, soit tous ceux qui étaient dans les bases non loin. Ca vous fera avoir de l'expérience, et surtout ça vous fera sortir un peu, même si je sais que certains appréciaient le confort de la base. Vous avez exactement dix minutes pour préparer vos affaires. Après ce temps, le bus fermera ses portes et partira tout simplement, vous laissant en plant pour les trois prochaines semaines, grand minimum! Me suis-je bien fait comprendre?
-Chef, oui, chef!
-Bien, sachez que les dix minutes avaient commencé au moment où j'ai commencé à parler, alors il doit sûrement vous rester moins de neuf minutes! Je vous conseille donc de vous bouger le cul, et rapidement!

Tout le monde partit en courant vers les vestiaires. En plaçant les affaires dans son sac, qu'il n'avait pourtant ouvert que la veille, il vit un cadre au fond du sac. C'était une photo, qui datait d'il y a bien quelques années, représentant Electra et Romain en train de jouer dans le jardin. C'était son père qui avait pris cette photo. Romain se remémora quelques secondes ces bons moments où son père était encore là, puis ferma les yeux, reprit ses esprits et rangea le reste de ses affaires.
Au moment où il sortit des vestiaires, il pensa une dernière fois à la photo.

-Oui, Electra, j'arrive. Peu importe le temps qu'il faudra, mais je te retrouverai.