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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 17/03/2015 à 09:37
» Dernière mise à jour le 17/03/2015 à 16:16

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Chapitre 27 : Confronté aux épines de la rose
« Je suis désolé de ta défaite mais je doute sincèrement que le moindre challenger soit en mesure de me battre. Ne soit pas triste d'avoir perdu, après tout ce n'est que partie remise. En revanche je pense que tu devrais aller chercher tes huit badges dans les villes voisines, histoire de ne pas t'épuiser à la tâche. »
La brune aux cheveux longs me toisa d'un regard hautain. Elle toucha les feuilles de l'un des arbres de son arène, faisant style de flâner en attendant ma réponse. Peut-être pensait-elle que j'allais me mettre en colère ou lui demander une revanche sur le champ, néanmoins ce n'était pas le besoin qui me torturait actuellement. Je n'étais venu dans cette arène de type plante que pour une seule raison à laquelle je comptais me tenir.

« Mon but n'était pas réellement de gagner le match, mademoiselle. » J'ai hésite à lui dire que j'aurai largement été en mesure de l'écraser si je l'avais désiré, mais ce n'était pas nécessaire. Elle avait trop de fierté en tant que championne pour prendre cette remarque sur elle et m'aurait immédiatement demandé une revanche pour me prouver qu'elle était meilleure. Cela aurait été une immense perte de temps.
Cette phrase suffisait. Je voyais déjà à son regard qu'elle était à la fois soucieuse et curieuse.

« Une autre raison pourrait pousser un challenger à venir m'affronter dans mon arène ? m'a-t-elle demandé. Tu mentais en disant vouloir devenir maître ?
– Pas vraiment. Je vais véritablement rassembler les huit badge, affronter les autres participants à la ligue et écraser Cullen pour prendre sa place. C'est juste une question de temps.
– Tu es bien sûr de toi.
– J'ai assez de soutien pour m'aider dans cette tâche. Si je vous parle de l'Insurrection, cela vous dit quelque chose ? »

Son regard changea brusquement, comme virant d'un état à l'autre. La jeune femme d'une trentaine d'année cessa brusquement de toucher les plantes de son arène, représentatives de l'élément qu'elle maniait, et se raidit sur place. Du haut de ses presque deux mètres, ce qui était immense pour une femme et qui avait eu le mérite de m'impressionner au premier abord, elle me toisa d'un regard entre méfiance et mépris.
« Vous saviez que tôt ou tard Gabriel Aimé ou ses ennemis viendraient frapper à votre porte. Ce que vous faites en dehors de votre arène ne passe pas inaperçu et ce qui se passe à l'intérieur non plus. Deux badges distribués en quatre ans, certains disent vous avoir vu lors d'actions anti-régime, on vous suspecte de tenir une rubrique dans l'un des journaux clandestins de la région et...
– Venez en au fait, me répliqua-t-elle en ayant soudainement perdu son sens de la moquerie pourtant si affiné. Qui êtes-vous ? »

J'ai laissé s'échapper un sourire. Dans le fond je ne faisais que réaliser son rêve et je savais que je n'aurais aucun mal à la convaincre de me rejoindre. Mais le moment qui séparait ma révélation de ma proposition était tout simplement jouissif, comme une adrénaline exquise à l'idée de torturer le petit esprit de cette grande femme.
« Je vous l'ai dit : Insurrection.
– Pourquoi l'Insurrection s'intéresserait à une simple championne d'arène ?
– Je sais tout sur vous et votre profil me plaît. Vous avez une facilité avec les pokemons plantes au point de devenir championne, renommée qui plus est, mais cela ne constitue pas toute votre vie. Il y a peu vous étiez sergent au sein de l'armée, vous avez participé à l'opération Arbok lors de l'invasion d'Unys et vous étiez préposée à l'unité ayant détruite Rovia sous les ordres d'un certain H, n'est-ce pas ? Ce que vous avez évidemment refusé, repris-je sans attendre de réponse de sa part, vous valant une mise à pied définitive. »

Elle ne sembla plus étonnée de me voir débiter sa vie en quelques secondes, comme si elle parvenait rapidement à s'adapter à n'importe quelle situation. Cela ne m'étonnait pas de sa part. Nous avions son dossier, volé au gouvernement d'Ermo par des moyens peu légaux, et j'avais eu le loisir de le parcourir pendant des heures pour parvenir à une conclusion : il me fallait cette femme dans mon équipe.
Je dois avouer que le fait qu'elle ait refusé de participer au siège contre Rovia y était pour quelque chose, un lien affectif s'était créé entre elle et moi à la lecture de cette information.

« L'Insurrection sait où trouver ses alliés et ne se trompe que rarement. Nous n'abordons ceux que nous voulons dans nos rangs qu'après vérification précise des sources. C'est notre mot d'ordre.
– C'est donc cela... Vous avez un moyen de prouver que vous êtes réellement celui que vous prétendez être ?
– Si Aimé était certain de vos agissements cela ferait longtemps que vous n'auriez plus cette arène et que vous seriez derrière les barreaux de Rock Island. Dans le meilleur des cas, bien entendu. »
Il lui sembla réfléchir, bien que je connaissais déjà parfaitement sa future réponse. Je ne prenais pas mes cibles au hasard. Elle allait me rejoindre, comme tous les autres avant elle. Dans peu de temps le mouvement allait compter un nouveau membre.

« Ce serait me mettre en danger que vous rejoindre.
– Beaucoup moins qu'en continuant de prêcher des convertis dans des journaux clandestins ou bien par vos opérations nocturnes, sans parler de votre refus de donner des badges à vos adversaires afin de bloquer leur progression. »
Encore une fois elle ne répondit pas, se contentant de réfléchir en laissant vagabonder son regard au fil des plantes qui décoraient son arène. Je comprenais son ressentis, sa méfiance et son besoin de se demander si elle était dans le vrai. Ce qu'elle faisait était une chose, nous rejoindre en était une autre qui dépassait définitivement une limite envers le gouvernement en place. Aimé ne laisserait plus de place au doute s'il entendait ne serait-ce qu'une rumeur ; il passerait définitivement à l'action et elle disparaîtrait aussitôt.

Après tout Olivia n'était qu'une ancienne militaire qui s'était reconvertit dans le combat pokemon. Á l'armée, autrefois, elle faisait partie d'une unité qui se battait à l'aide des spores de pokemons plantes qu'ils se devaient de toujours avoir avec eux. Leur rôle dans une bataille était avant tout de mener la frappe préliminaire. Ils aspergeaient de gaz et de spores une zone que les bataillons venaient par la suite nettoyer. Souvent les cibles étaient endormies ou paralysées, ce qui rendait la tâche plus aisée.
Néanmoins Olivia n'avait pas la volonté d'un assassin et trop d'honneur pour poursuivre dans cette voie. D'après son dossier, que j'avais consulté grâce à Christophe qui était parvenu à infiltrer certains réseaux du gouvernement, elle avait choisit cette voie par défaut. Plus grande que tous les gamins de son âge, elle n'avait que peu d'amis, un esprit combatif et trop de répondant. Son amour pour les pokemons, de type plante en particulier, avait fini par la pousser vers un destin qu'elle ne s'imaginait pas.

« Qui êtes-vous au sein de l'Insurrection ? me demanda-t-elle finalement alors que j'arpentais une nouvelle fois son dossier dans ma tête.
– L'un de ses dirigeants. »
Je n'avais pas besoin de m'étaler plus que cela. Dire que j'étais l'un des instigateurs du mouvement n'aurait inspiré que de la méfiance superflue dont je n'avais actuellement pas besoin de sa part.
« Un dirigeant ? répéta-t-elle. Carrément. Enfin, soit, cela ne m'expliquer pas pour autant la raison pour laquelle vous venez vous adresser à moi.
– Je l'ai dit : il me faut des gens comme vous. L'armée n'est pas un secret pour vous et certaines de leurs techniques dans le domaine de l'attaque furtive pourraient nous être précieuse. Ce que nous sommes en train de lancer en ce moment n'est pas une simple rébellion comme on en voit depuis le début de cette dictature. Nous avons beaucoup d'hommes, les plus compétents dans leurs domaines respectifs, une masse d'informations, des bases secrètes dans tout Ermo, un centre d'opérations dans l'une des villes d'Unys et des contacts dans leur gouvernement. Nous n'allons pas reproduire ce qu'il s'est passé il y a des années. »

Cette femme ne se doutait pas de la justesse de mes paroles et de la force de notre mouvement. Elle ne pouvait comprendre à quel point je disais vrai sans l'avoir vu de ses propres yeux.
Je voulais une experte comme elle dans mes rangs et je n'allais pas laisser passer une occasion aussi belle.
« Avez-vous entendu parler de notre action il y a cinq mois ?
– Vous avez fait exploser un véhicule en plein milieu d'un cortège sur la place d'Orlaïs. Là où Aimé avait fait exécuter un millier de rebelles en moins d'une matinée, le jour de l'anniversaire marquant cet événement. »
Elle savait, évidemment. Comment oublier ce jour où toute une partie oppressée du peuple d'Ermo s'est levé pour applaudir lors de la fête qu'ils haïssaient le plus. Là où l'on avait acclamé la mort de dix hommes dans un attentat, des officiers qui avaient participé volontairement à l'exécution de tous ces prisonniers. « L'insurrection était encore jeune, ai-je repris en souriant. Depuis nous étendons notre pouvoir, nous pouvons faire plus que cela. »

Elle se grattait le menton. Maintenant qu'elle me croyait le problème se situait ailleurs, il y avait une autre barrière lui empêchant de franchir le pas. Une frontière qu'il m'était aisé de fracturer mais que j'avais peur d'attaquer. Car mon dernier argument la convaincrait à coup sûr mais lui ferait aussi du mal.
« Vous cherchez réellement à obtenir les badges ? demanda-t-elle comme pour faire durer un peu la conversation et gagner un précieux temps de réflexion.
– C'est exact. Je compte prendre la place de Cullen.
– Folie. Même s'il n'est pas fort il a assez de soutient pour ne pouvoir être battu par personne. Et ce serait le cas, Aimé se dépêcherait de mettre fin à la vie de son remplaçant.
– Tuer un homme sur lequel est braqué le regard d'Ermo est trop dangereux, je ne risque rien, soyez sans crainte.
– C'est vous qui voyez. »

En temps normal je doute qu'il soit aussi facile de convaincre une championne que vous êtes un membre éminent d'un mouvement révolutionnaire, encore plus suite à une défaite de votre part. En l'occurrence c'était facile. Elle était rustre, froide et parfois directe mais Olivia ne manquait pas de jugement. Elle savait lire dans les yeux des gens et j'allais apprendre rapidement à ses côtés qu'il était impossible de la duper.

« Mademoiselle Olivia, il me faudrait une réponse.
– Je ne sais pas si...
– J'ai pour vous convaincre d'autres éléments mais je préférerai pas en arriver là.
– Vous voulez parler de violence ?
– Je veux parler de votre sœur, de Mathilde. »

Son visage se figea brusquement. Ses yeux devinrent deux immenses globes qui tendaient les traits de son front et de ses tempes. Elle me fixait soudain comme si je venais d'une autre planète, comme si je n'étais pas un humain. Au fond de sa pupille et sur le bord de sa lèvre retroussée, je lisais à la fois de la colère et de la tristesse. De la haine à mon égard car elle comprenait ce que je voulais dire et de la peine pour sa sœur car elle comprenait ce que signifiaient mes mots.
« Tu es un Œil ? lança-t-elle soudain en passant brusquement au tutoiement. » J'affirmai d'un signe de tête avant de répondre. « Et j'étais à Fan avec les autres de mon espèce comme nous le disaient si souvent les surveillants. Elle avait cinq ans de moins que moi à l'époque. »

Une larme a coulé sur la joue d'Olivia et elle a porté une main à sa tête, posant l'autre sur le tronc d'un arbre comme pour se retenir de tomber. « On dit de l'un des chefs de l'Insurrection qu'il s'agit d'un jeune homme chauve qui viendrait de l'orphelinat.
– Mes cheveux ont commencé à repousser, ai-je simplement répondu en tentant dans cette situation de faire un peu d'humour.
– Mathilde... »
Puis j'ai finalement baissé les yeux, sachant que ce n'était pas la solution. Le silence s'est installé, se troublant par instant par un sanglot, avant qu'Olivia ne reprenne la parole.

« Qui tenait la tenait la tête de l'orphelinat ?
– Le même que celui qui menait l'expédition contre Rovia, un type qui se faisait appeler Monsieur H et dont je ne connais pas le nom. »
J'ai regardé vers la championne et j'ai vu son poing se serrer si fort qu'elle était sans doute en train de s'entamer la paume de la main avec les ongles. « H... »
Un autre silence s'ensuivit puis elle remonta les yeux dans ma direction, une fois de plus. « Ton but est de le retrouver, pas vrai ? »
J'ai simplement hoché la tête, elle ne pouvait pas être plus dans le vrai. « Alors je suis votre alliée. »