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Version Or [SUMMER WARS] de Mkat



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» Auteur : Mkat - Voir le profil
» Créé le 15/02/2015 à 16:14
» Dernière mise à jour le 15/02/2015 à 16:14

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Celui qui vivait au présent
Note : ceci se passe en même temps que le prochain chapitre. Normalement les deux chapitres étaient ensemble, mais vu que ça ne me plaisait pas, j'ai décidé de les séparer. Je m'excuse donc de laisser le combat de Mimiko et Blanche en plan pour le moment *courbette*.


Goliath regarda Chriss, dégoûté.

Les jetons s'amassaient dans le compartiment prévu à cet effet de façon quasi récurrente. Il lui suffisait de tirer la manette d'un air ennuyé et les trois têtes de pikachu s'alignaient sur l'écran de la machine à sous.

Maisy et Harry derrière n'en perdaient pas une miette. Le complimentant à qui mieux mieux et le couvant d'un regard admirateur.

Lui n'avait plus que six jetons. La machine en avala un et il fit tourner les petites images en se concentrant, essayant d'influencer la machine du regard.

Deux voltorbes et un pikachu. Encore un coup dans l'eau.

Furieux, il donna un grand coup de poing dans la machine, sans arriver à l'esquinter, faisant sursauter Harry et Maisy.

-Goliath calme toi ou ils vont t'expulser du casino ! Le gronda gentiment Harry. On est là pour se détendre et pour s'amuser !

-L'argent c'est sérieux ! Répliqua Goliath.

Maisy détourna le visage et secoua légèrement l'épaule de Chriss en faisant la moue :

-Dis Chriss, puisqu'on est à Doublonville, j'aimerais bien en profiter pour faire les boutiques, tu penses rester ici encore combien de temps ?

-Le temps nécessaire pour réunir assez de jetons et acheter un pokemon qui m'intéresse.

-Rhoo…

-May-May, si tu veux, moi je t'accompagne ! Se proposa Harry.

Celle-ci se tourna vers lui en plissant des yeux pleins de menaces et le jeune homme sut qu'il venait de faire capoter la tentative de rapprochement Maisy/Chriss numéro 12.

Goliath grogna à côté, il venait de perdre un nouveau jeton. Chriss en gagna à nouveau tout une flopée à côté et il se renfrogna.

Pourquoi était-ce toujours ceux qui avaient déjà tout qui gagnaient ?

Il prit entre ses doigts le dernier petit palet de plastique.

****
Il fixa la grosse pièce d'argent que son père venait de lui donner.

-Fais attention Goliath, un sou est un sou ! Fit l'imposant et quelque peu terrifiant homme avec sa barbe et sa moustache, sa bouche toujours dure, ses yeux sombres enfoncés dans ses orbites et son immense carrure, étrange mélange musculeux et gras dû aux bagarres et à un excès de bière.

Le petit garçon hocha de la tête, bien que petit ne soit pas réellement un qualificatif adapté pour celui qui était le plus grand de la classe.

Il regarda son père enfourcher son énorme moto et disparaître dans un nuage de fumée il ne savait où. Sa mère refusait de lui dire quoique ce soit mais elle avait toujours un pli amer à la bouche quand elle parlait de lui, et le temps que son époux passait à la maison, elle le passait à le disputer tout en faisant ses corvées.

Goliath était l'ainé de cinq enfants. Dont les deux derniers étaient probablement des demi-frères.

Sa mère était une femme qui autrefois avait été, à défaut d'être vraiment belle ou intelligente, joliment sculptée. Une « fille évaporée » disait parfois les vielles femmes. Originaire d'Acajou, la ville voisine, elle avait laissé tomber ses études au collège pour trainer avec une bande de filles qui préférait vivre au jour le jour. Ce n'était pas un gang, pas ce genre de filles folles furieuses, malpolies et rebelles, mais bien une bande de jolies idiotes surmaquillées, allumeuses, qui trainait dans les bars ou les boites à la recherche de l'homme qui les entretiendrait.

Pas de bol, elle était tombé sur ce genre de type qui joue les durs, mais qui n'est ni plus ni moins un raté incapable de comprendre qu'être courageux, fort et honorable signifie surtout se lever tous les matins, mettre un horrible costume cravate et s'enfermer dans un bureau toute la journée.

Il fallait cependant dire que ni Ebenelle, ni Acajou n'offraient beaucoup de perspective pour les salary-mens. C'était deux villes de campagnes qui vivaient surtout de l'agriculture et d'un peu d'artisanat local.

Il n'y avait pas d'immeubles comme à Doublonville, Mauville ou Oliville, c'était tout juste s'il y avait ce qu'on pouvait appeler un centre-ville et c'était uniquement parce que s'y trouvait le seul konbini* du coin, la clinique et le centre pokemon. Les maisons se trouvaient parfois à plusieurs kilomètres d'écarts les unes des autres, séparés par champs, rizières ou même forêts.

Une demi-heure de bus séparait tous les matins Goliath de l'école primaire.

Enfonçant sa précieuse pièce dans sa poche, il prit son vélo rouillé et tout cabossé, trouvé par son père au milieu d'une décharge, et partit sur les routes de terres en direction du konbini.

Ebenelle se situait en pleine montagne et le chemin ne faisait que monter ou descendre. Tout en haut se trouvait une cuvette où reposait un lac d'eau très pure qui scintillait sous les rayons du soleil. On pouvait voir, tout petit d'ici, l'immense propriété qui le bordait.

C'était celle du Clan du Dragon, LA famille de notable d'Ebenelle.

Goliath ne les aimait pas. Une fois par mois deux hommes du clan venaient réclamer le loyer à sa mère et il y a trois mois, comme sa mère s'était révélée incapable de les payer pour deux mois, l'un des hommes avaient sorti son leviator qui avait donné un grand coup de queue sur la façade de la maison, démolissant plusieurs panneaux, salissant le tatami et délogeant quelques tuiles. Ce mouvement d'intimidation avait failli tuer sa petite sœur qui s'était retrouvée sous les débris.

Le garçon s'obligea à chasser ces pensées et augmenta la cadence de pédalage. Il finit par arriver sur la place de la ville, devant le temple principal du coin. Ebenelle avait son propre festival au début du printemps, quand la neige qui baignait les terres en hiver acceptait finalement de fondre. On appelait ça la fête du dragon endormi. C'était sur cette place qu'avaient lieu les réjouissances.

Bien sûr, ils fêtaient aussi le Shunbun no Hi** et le Hana Matsuri***, mais la fête du dragon endormi était bien plus cool avec des feux d'artifices et des spectacles de dressages de dragons.

Il avait beau ne pas aimer le Clan des Dragons, il ne pouvait s'empêcher de rester muet d'admiration devant les figures acrobatiques des dracos et des léviators. Ils étaient si beaux et si puissants…

Haru et lui avaient passé de longues heures à pêcher en cachette dans le lac des dragons, avec l'espoir hypothétique d'attraper un minidraco. Mais c'était un rêve inaccessible. Tous les dragons du lac appartenaient au Clan.

Le commun des mortels se rendaient à partir de l'âge de dix ans au laboratoire du professeur de la région pour obtenir son premier pokémon, les enfants du Clan recevaient quant à eux un minidraco de la part du patriarche.

Oh, Goliath ne s'en faisait pas trop à ce sujet car c'était un garçon qui ne réfléchissait pas beaucoup. Depuis toujours il vivait dans le présent, ne s'occupant que peu de son histoire passé et encore moins de son futur.

Présentement il avait une pièce à dépenser.

Il s'arrêta néanmoins devant le morceau de maison qu'occupait la famille de son ami. Morceau était le terme car ces vieilles maisons du « centre ville » formaient de longue rangée continue à un étage avec cour à l'arrière et étaient partagées par plusieurs familles.

Haru se trouvait assis contre la façade, recroquevillé, l'air d'attendre.

Haru était tout le contraire de lui. Il était petit et maigrelet, flottant dans un vieux sweet à capuche. C'était un enfant qui aurait pu être mignon s'il n'avait pas constamment eu l'air d'un chiot battu avec ses fins yeux toujours triste, toujours quémandeurs.

-Qu'est ce q'tu fais ? Demanda Goliath en arrêtant son vélo près de lui.

Haru leva son regard vers lui, l'expression figée.

-Il y a un homme dans la maison. Maman veut pas que je rentre. Elle viendra me chercher quand je pourrais.

Il ne s'agissait pas de son père. Personne ne savait qui était le père de Haru, en tout cas personne ne s'était précipité pour le revendiquer sien. Il y avait souvent des hommes chez Haru et Haru était souvent dehors à attendre : Goliath ne comprenait pas pourquoi et il s'en fichait.

Fouillant dans sa poche, il sortit la belle pièce d'argent et la fit admirer à Haru qui se redressa d'intérêt :

-Oouuahhh !

-C'est mon père qui me l'a donné !

-Qu'est-ce que tu vas en faire ?

-Je sais pas. Tu veux m'aider à choisir quelque chose ?

Avec un bref sourire, Haru sauta sur ses deux jambes et les deux garçons marchèrent à côté du vélo tout en réfléchissant à ce qu'ils voudraient acheter. Goliath ne se rendit compte qu'il n'avait pas rangé sa pièce qu'une fois qu'elle lui échappa des doigts et se mit à rouler sur la route.

-Oh non !

Goliath lâcha son vélo que Haru rattrapa de justesse, mais alors qu'il se rapprochait de sa pièce, une cohorte d'homme en rang vint marcher dessus et il s'immobilisa, forcé.

Il reconnut la bannière représentant un draco ondulant.

Les hommes portaient tous l'haori**** bleu sur leur kimono et un katana en ceinture. Ils étaient les rares derniers guerriers à avoir le droit de porter des armes blanches, privilège qui n'était pas étranger au fait que l'un des fils du patriarche était Ministre de la Guerre auprès de l'empereur.

Au milieu de la procession, les deux enfants levèrent leurs yeux sur un palanquin*****. Il y eu un cri et soudain les hommes s'arrêtèrent. Une main gracile et blanche écarta délicatement le rideau qui cachait l'occupant.

Celui-ci était un enfant qui tourna ses yeux sombres sur Goliath.

Il avait d'étonnants cheveux blonds, mordorés, coupés aux épaules et avait ce genre de visage japonais aux traits très fins qui faisaient qu'on était malheureusement incapable de dire si c'était celui d'un garçon ou d'une fille.

Goliath avait l'impression de voir le sang bleu, noble, qui coulait dans ses veines. Il semblait ne pas être humain comme lui et Haru, plutôt d'essence divine. Charme, beauté, charisme, tout semblait réuni en un seul être.

L'enfant accepta d'être dévisagé et eut un sourire arrogant en levant le menton :

-Dis donc, pourquoi restes-tu planté là comme un idiot ?

Le charme sembla cependant se briser un peu après qu'il eut ouvert la bouche.

Goliath fit une grimace, jeta un regard derrière lui vers Haru, mais celui-ci était bouche bée, fasciné par l'apparition.

-Vos hommes marchent sur ma pièce, répondit-il simplement.

-Ta pièce ?

-La pièce de 1 pokédollard que j'ai fait tomber.

L'enfant haussa des sourcils.

-Quoi ? Juste pour 1 pokédollard ? Le temps que tu as passé à attendre, tu aurais pu en gagner deux de plus.

Goliath tint un silence obstiné et l'enfant pouffa légèrement contre son poing.

-Ah, j'ai pitié de toi. Tiens voilà pour ta peine.

Fouillant dans son kimono, l'enfant lui jeta trois pièces de 5 pokédollards et rit de nouveau en le voyant se précipiter pour les ramasser.

-Tu es marrant toi. Je t'aime bien. Comment tu t'appelles ?

-Goliath.

-Quel prénom ridicule ! Enfin, le mien n'est sans doute pas mieux. Je m'appelle Chriss. Je pense que je viendrais te revoir, Goliath. (puis s'adressant à un homme qui se trouvait de l'autre côté du palanquin)C'est bon, nous pouvons repartir.

Goliath regarda la procession passer devant lui, tenant précieusement son nouveau butin, puis une fois que le dernier guerrier eut le dos tourné il se jeta sur sa pièce initiale.

« Un sou est un sou ».

C'est ainsi que Goliath et Harry rencontrèrent pour la première fois Chriss.


****
Après avoir perdu toute sa mise de départ au casino, c'est-à-dire presque tout ce qu'il possédait, Goliath avait exprimé son mécontentement en plantant ses compagnons. En fait, surtout Chriss, puisque Maisy et Harry étaient finalement partit faire les boutiques.

Les mains dans les poches, il déambulait sur les avenues, remarquant à peine la nuit qui tombait et les lampadaires qui s'allumaient en même temps pour égayer un peu le temps maussade.

Ces derniers temps, la température baissait comme pour annoncer le mois de novembre et il faisait nuit de plus en plus tôt. Il n'aimait pas beaucoup cette période qui lui donnait envie d'hiberner comme un oursaring.

Le jeune homme s'arrêta finalement près d'un chantier en construction où s'activaient encore des pokémons coiffés de casques jaunes.

Pendant un temps, Goliath avait travaillé dans des chantiers pour gagner de l'argent, mais c'était un travail laborieux avec une rétribution faible.

C'était pour ça qu'il avait commencé ce voyage aux côtés d'Harry et de Chriss.

Il avait pensé qu'il gagnerait mieux sa vie, et plus facilement, grâce aux combats pokémons. Et ça avait marché au début, mais ces derniers temps, il avait de plus en plus de mal à gagner ses combats.

Il se sentait complètement distancé par Harry et Chriss.

Il avait été le seul à ne pas dépasser les éliminatoires de l'arène de Doublonville.

Il serra les poings en se rappelant la correction que lui avait infligé un rondoudou et sa salope de dresseuse avec son petit sourire hypocrite.

Contournant le bâtiment, il trouva un terrain encore vague qui contenait du matériel, dont une série de tuyaux. Il s'assit sur l'un d'entre eux et fit sortir ses pokémons.

Son feurisson pointa le museau vers lui d'un air intrigué, tandis que Ptitard s'assit en baillant et que Nosferapti battit des ailes pour se maintenir à sa place.

-Cela ne nous sert plus à rien d'affronter les champions. Nous n'arriverons pas à les battre, leur annonça t'il. Abandonnons.

Ses pokémons n'eurent pas vraiment de réaction. On ne pouvait pas dire qu'il s'agissait d'indifférence, mais c'était un peu ça. Seul Feurisson qui le connaissait depuis qu'il avait dix ans s'approcha un peu.

En fait Feurisson était plus proche de ses deux sœurs : Leur mère l'avait autorisé à aller chercher son premier pokémon, mais uniquement lui, car la famille n'avait pas les moyens de nourrir trop de bouches inutiles. Héricendre était donc devenu, en quelque sorte, le pokémon de toute la fratrie. Ca n'avait pas vraiment dérangé Goliath, au contraire, cela lui avait évité de s'occuper de ses soins courants. Ses sœurs avaient juste eu la main lourde question nourriture…

Regardant d'un œil distrait ses pokémons se dégourdir les pattes, il se demanda ce qu'il pouvait faire maintenant qu'il avait pris cette décision.

Il ne voulait pas recommencer à travailler dans les chantiers. C'était vraiment trop contraignant et chiant.

Il voulait de l'argent rapide et facile.

S'il avait été ce genre d'homme beau et galant, il serait sûrement allé taper à la porte d'un club d'hôte… Il devait certainement y en avoir un ou deux dans une aussi grande ville.

Mais non, il était plutôt du genre à faire peur aux femmes à cause de stature intimidante.

Se rappelant alors des derniers mois, il réalisa qu'il avait plus gagné en battant des dresseurs débutants qu'en battant les champions… N'était-ce pas après tout ce que faisait son père ?

Réfléchissant encore plus, il réalisa qu'il y avait bien un moment où il avait gagné gros en peu de temps et sans trop se prendre la tête :

C'était dans les Caves Jumelles avec la Team Rocket.

Il n'avait alors pas compris pourquoi Chriss n'avait pas voulu s'allier définitivement avec eux, mais la réponse était surement bêtement que Chriss était assez riche pour se ficher de l'argent.

Ce sale…

Goliath stoppa son injure avant même de l'avoir pensé. Il en savait peut être moins qu'Harry à son sujet, mais il n'avait jamais été envieux de son sort. Peut-être valait-il mieux être pauvre et entouré de gens normaux et globalement aimant, que riche et entourés de cinglés.

Après tout, en tant que ses seuls amis, si l'on pouvait dire cela, Goliath et Harry avaient vu Chriss s'étioler au fil des ans, plonger dans les ténèbres et perdre cette aura presque divine qui était la sienne quand ils l'avaient rencontré.

Mais ce n'était pas comme s'il y pouvait quelque chose…

Rappelant ses pokémons dans leurs pokéballs, il se remit sur ses pieds.

Il lui fallait à présent trouver quelqu'un de la Team Rocket…

***
-Ah ouais, t'es le fils du Nuage Pourpre…

Goliath était un peu abasourdi qu'on connaisse le surnom de son père aussi loin d'Ebenelle. Comme quoi il avait peut-être méjugé sa réputation…

Il faisait à présent nuit noire et le jeune homme s'était rendu aux abords des voies rapides pour trouver quelqu'un capable de le renseigner. Les bikers c'était comme une grande famille. Ils faisaient peur aux non-initiés mais entre eux, ils étaient soudés comme les doigts de la main.

Le motard prit une gorgée de bière avant d'incliner la bouteille en direction de la fille qui était assise sur la selle avec une jupe beaucoup trop courte pour ce genre d'escapade. L'un de ses amis tendit sa bouteille à Goliath et celui-ci l'accepta avec un hochement de la tête en guise de remerciement avant de porter le goulot à ses lèvres.

-Crois-moi, c'est pas une bonne idée de chercher des noises à la Team Rocket. Ils sont tranquilles en ce moment, ils magouillent dans leur coin et nous fichent la paix.

-Je veux pas les emmerder, répliqua Goliath en rendant la bouteille, je veux les rejoindre.

-Pas une bonne idée non plus mon gars.

-Ils paient bien.

-Pour une vie de servitude, pas vraiment. Tu ferais mieux de faire comme nous ou ton père : pas de patron, on est libre comme le vent ! On décide de casser la gueule à un type, on le fait ! On décide de se barrer ailleurs, on prend la route sans regret !

-Oh comme c'est philophique ce que tu dis là Hiruki… Gloussa la fille d'un ton traînant en se trompant de mot.

Personne ne lui en fit la réflexion.

-Je crois pas que je sois fait pour prendre des décisions… Grogna Goliath. Je suis pas assez intelligent pour ça. Je préfère qu'on me dise ce que j'ai à faire.

Il ne pouvait s'empêcher de penser à Chriss, meneur né, qui avait toujours une solution et qui ne se laissait jamais faire, à Harry qui mettait au point des plans super compliqué et qui avait toujours réponse à tout.

Oui, depuis leur enfance, il avait toujours été le gros balourd que ces deux-là se trainaient derrière. Ils n'avaient jamais vraiment eu besoin de lui.

Pourquoi était-il avec eux alors ? Et pourquoi étaient-ils avec lui ?

Il avait quelques vagues souvenirs d'enfance, où ils avaient pu rire tous les trois ensemble d'une bêtise qu'ils avaient faite, mais la plupart du temps, lui semblait-il, c'était des moments noirs et désagréables.

-Mon gars…

-Au moins avec la Team Rocket, j'aurais pas de question à me poser. Je les sers, ils me paient. Point final. Ma mère a besoin de cet argent. Elle peut pas compter sur mon père, alors elle compte sur moi…

Ce dernier fait, sa réalité, il avait réussie à le dire sans le cracher. Est-ce qu'il en voulait à son père ? Parfaitement. Mais ce dernier lui faisait aussi suffisamment peur pour qu'il cache ses vrais sentiments.

-Je devrais pas te le dire, mais on les voit parfois traîner du côté du ramen de la zone industrielle… Lança le type qui lui avait fait boire à sa bouteille.

-OK. Merci.

Les motards regardèrent le jeune homme repartir vers la ville le pas traînant, silhouette mélancolique disparaissant dans l'obscurité une fois hors de portée des grands réverbères.

***
Le lendemain, il ne lui fut pas aussi difficile qu'il l'imaginait de retrouver la Team Rocket. Le ramen était un restaurant situé au sous-sol d'un immeuble à l'air désaffecté. Le genre de petite entreprise familiale qui a toujours été là et refusait de se laisser déraciner. Elle était tenu par un vieillard renfrogné à l'air menaçant qui lui jeta presque son bol de ramen sur le comptoir où il s'empressa d'aspirer les longues nouilles tout en jetant des coups d'œil autour de lui.

Une jeune fille qui était surement la petite fille du gérant s'occupait de servir les tables rondes qui se trouvaient au fond du restaurant. Deux d'entre elles seulement étaient occupées par un groupe d'hommes. En regardant de plus près, il put constater qu'ils avaient de vraies bonnes têtes de yakuzas, on voyait même des bouts de tatouages dépasser de leurs vêtements.

Rien ne disait qu'ils pourraient l'aider, mais déposant quelques pièces pour son repas, Goliath descendit de son tabouret et se planta entre les deux tables.

-Eh qu'est-c'que tu nous veux connard ? Fit l'un d'entre eux en le regardant par en dessous. Tu pollues notre air ! Dégage !

-Je cherche la Team Rocket.

Si les autres hommes l'avaient plus ou moins ignorés, continuant à manger et à embêter la serveuse, ils se stoppèrent tous et retournèrent toute leur attention agressive vers lui.

-T'as du cran ducon pour oser prononcer ce nom ici, grommela le yakuza. Et qu'est-c'que tu lui veux, à la Team Rocket ?

-Je veux faire partie de leur organisation, répondit simplement et calmement Goliath.

Cela provoqua un immense fou rire dans la salle. Un peu étonné, il attendit néanmoins qu'ils se soient calmés.

Mais avant cela, sans avoir rien vu venir, il se retrouva enserré bras contre le corps par un organisme long et violet. Il perdit l'équilibre et tomba comme une planche vers l'avant, se cognant douloureusement le menton par terre.

Il ne pouvait voir la tête du serpent, mais il était presque certain d'être retenu par un abo. C'était de sales bestioles qu'il valait mieux éviter en général. Plus sa proie se débattait, plus les anneaux se serraient. Il se retint donc de bouger. Heureusement, les morsures d'abos n'étaient pas très dangereuses même si ce n'était pas agréable.

Le yakuza se pencha vers lui et lui souffla un nuage de fumée de cigarette à la figure :

-Tu te fous de nous ou quoi ? Ta maman t'a jamais appris à éviter les gens comme nous ?

Après quoi il écrasa sa cigarette encore fumante sur le front du jeune homme. Goliath grogna de douleur mais tint le coup.

-Je suis sérieux. Je cherche un boulot. Je sais me battre, j'ai des pokémons ! Hurla-t-il pour que l'homme arrête de le torturer.

A ces mots, le yakuza se redressa et tapota le flanc de l'abo qui se déroula et glissa sous la table. Goliath se retrouva libéré, et aussitôt relevé par deux autres hommes.

-Dans ce cas, allons voir ce qu'IL en pense…

-Qui donc ?

-Tais-toi et suis-nous !

Quatre des hommes l'accompagnèrent jusqu'à une porte derrière le bar. Derrière se trouvait un escalier qui descendait vers une espèce de cave aménagé en salon miteux. Il y avait d'autres portes sur les murs entourant une grande carte du Japon. Cette carte était couverte de punaises, de feuilles et d'articles de journaux.

-Bienvenue dans l'un des QG de la Team Rocket ! Affirma le yakuza en embrassant la pièce d'un geste nonchalant du bras.

Goliath resta un instant perplexe car ils ne ressemblaient pas vraiment aux hommes de la Team Rocket qu'il avait rencontré aux Caves Jumelles.

Quand il leur dit cela, le yakuza l'attrapa brusquement par le col et se mit à lui hurler dessus tout en le foudroyant du regard :

-QUOOAAA ? Tu veux dire que ces batards ont empiété sur'notre territoire ? Putain, cause !!! Réponds-moi !!!

Il n'eut pas le temps car quelqu'un d'autre le fit à sa place.

-J'étais au courant. « 6 » s'est excusé de cette, disons, « erreur », fit une voix affable. Mais qu'importe, cela ne nous a causé aucun tort, non ?

Le yakuza avait légèrement déglutit en entendant l'homme qui leur tournait le dos parler de « 6 » et s'était inconsciemment voûté comme pour se faire plus petit tout en approuvant sans réserve son supérieur.

Goliath sursauta car bien qu'il soit dans la pièce depuis presque cinq minutes, il venait tout juste de remarquer la personne assise devant un ordinateur.

L'homme qui se retourna vers lui se tenait courbé sur sa chaise, caressant son bouc violet d'un air songeur. Il y avait dans sa physionomie générale quelque chose qui empêchait quiconque de lui faire confiance, comme si le mot « traitre » était marqué sur son front. Comme les autres, il ne portait pas l'uniforme, mais un jeans troué aux genoux, un t-shirt lâche avec un motif de tête d'arbok sous une veste de cuir noir clouté.

-Alors comme ça tu veux te joindre à nous ? Pourquoi pas ? On a toujours besoin de bras valide… Mais dis-moi, qu'est ce qui te motive dans tout ça ?

Se levant, l'homme (*la cinquantaine* décida Goliath) posa son bras sur sa massive épaule pour le guider vers un bureau. Il devait certainement faire la même taille que lui, mais la façon dont il se tenait et marchait le faisait paraître plus petit.

-L'argent, répondit abruptement Goliath.

-Aaah, comme je te comprends. Des dettes à rembourser ?

-Non.

-Une femme à entretenir ?

-Non plus.

L'homme le lâcha et contourna le meuble avant de le regarder par en dessous, une lueur sardonique dans le regard :

-Là aussi, qu'importe, n'est-ce pas ?

Goliath commença à se sentir mal. De toute évidence cela importait plus qu'il ne le pensait et l'homme savait, ou du moins avait réussi à avoir une idée de ce qui le motivait. Pour la première fois de sa vie, Goliath avait l'impression d'être une proie à deux doigts d'être mangée.

Il était dans une situation inextricable, comme s'il avait marché sur une mine. Il ne pouvait plus faire marche arrière.

-Au fait, fit l'homme en faisant mine de ne pas remarquer la soudaine raideur du jeune homme, tu peux m'appeler Lambda. Je suis l'un des commandants Rocket de la région de Johto, et je m'occupe plus particulièrement des opérations sous couvertures. Tu vois ce que je veux dire ? « Faux et usage de faux » : faux papiers, fausses identités, falsification de documents, ce genre de trucs. C'est pas dit que tu finisses dans mon service, mais j'aime bien me présenter.

Lambda ouvrit un tiroir et sortit d'une pochette une feuille qu'il présenta à Goliath.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Un genre de contrat de travail à la Team Rocket.

La feuille était remplie d'écriture, dont une grande partie écrite en tout tout petit. Goliath plissa des yeux pour essayer d'en lire une partie, mais les phrases étaient longues et tournées de façon à ce qu'il oublie le sujet quand il arrivait au verbe.

-Il te suffit d'écrire ton nom, ton prénom et de signer en bas, lâcha nonchalamment le rocket en lui tendant un stylo.

Goliath jeta un rapide coup d'œil derrière lui. Les quatre hommes du restaurant lui bouchaient la sortie, leurs mains naviguant au niveau de leurs pokéballs. De toute façon, même s'il arrivait à lire tout ce qu'il y avait d'écrit, il ne pourrait pas sortir d'ici sans signer.

Et à cinq contre un, il ne ferait pas long feu dans une bataille.

Attrapant fermement le stylo, il remplit les blancs et signa.

Lambda lui arracha presque le contrat des mains pour le plier en quatre et le ranger dans une poche intérieur de sa veste.

-Bienvenue parmi nous Sato Goliath.

Il claqua des doigts et deux des hommes derrière Goliath lui arrachèrent son sac.

-Eh ! Mais…

Les deux autres le maintinrent en place en lui immobilisant les bras.

Lambda sortit du sac ses trois pokéballs avant de le lui jeter aux pieds. Les deux hommes le lâchèrent alors en restant néanmoins près de lui.

-Bon, voyons ce que nous avons là… Chantonna presque l'homme aux cheveux violet en posant les pokéballs dans un lecteur. Oh, voilà qui est intéressant. Nous étions justement à la recherche d'un feurisson. « 13 » va être content. Bon, le ptitard n'est pas très intéressant, mais ça peut faire un bon cobaye…

Lamba récupéra les deux pokéballs avant de lancer la restante à Goliath qui l'attrapa de justesse.

-Je suis bon prince, je te laisse le nosferapti. Mais bon, ce n'était pas comme si on pouvait en faire quoique ce soit ! Haha !

-Qu'allez-vous faire avec mes pokémons ? Grogna Goliath.

-« Tes » pokémons ? Reprit Lambda en cessant enfin de sourire et en le regardant avec mépris et froideur. Les sbires n'ont pas de pokémons à eux. En signant le contrat, tes pokémons sont devenus la propriété de la Team Rocket.

-Comment ?! Sale…

Il ne pût même pas finir sa phrase : Goliath sentit une vive douleur à l'arrière de sa tête avant de s'écrouler à terre, assommé. Sa dernière vision fut celle de l'homme qui tapait une batte de métal dans sa main d'un air satisfait puis il perdit connaissance.

***
Harry regarda une nouvelle fois sa montre. Appuyé contre la façade du centre pokémon, il resserra les pans de son manteau en expirant un nuage de fumée dans la nuit.

-Goliath, mais qu'est-ce que tu fous abruti ?

Maisy sortit à ce moment, elle-même bien emmitouflée et se dirigea vers lui d'un air inquiet :

-Tu devrais rentrer Harry, tu vas attraper la mort dehors.

-Ca va. Je vais l'attendre encore un petit moment.

-Chriss dit que c'est stupide. « Il n'est pas son père tout de même, Goliath est assez grand pour faire ce qu'il veut, du moment qu'il ne nous retarde pas. », singea Maisy en prenant le petit ton pédant du blond.

Cela eut le mérite de faire sourire Harry.

-Juste un moment May-chan. Promis.

L'adolescente cligna des yeux, puis avec un soupir d'impuissance rentra se mettre au chaud.

De nouveau seul, Harry croisa les bras autour de lui tout en scrutant la foule. Il n'était peut-être pas le père de Goliath, mais à ses yeux, c'était comme s'ils avaient un lien de parenté.

Parce que pendant toute son enfance, Goliath avait été, pour lui, le gamin rachitique, l'enfant non désiré, le fils de la traînée… comme un grand frère de substitution.

****
Se rendait-il seulement compte du nombre de fois où il l'avait sauvé ? Juste en s'arrêtant devant sa maison et en l'entrainant derrière lui. Goliath l'avait toujours traité normalement, avait ignoré la détresse dans son regard et le mal être qui transpirait de tous les pores de sa peau.

C'était aussi grâce à lui qu'il avait rencontré Chriss…



-C'est injuste ! S'indigna Haru en faisant la mine. Tous les deux vous avez des prénoms occidentaux, je suis le seul à avoir un prénom typiquement japonais !

-Un prénom de fille en plus, ajouta Chriss, moqueur.

-Ce n'est pas vrai. C'est aussi un prénom de garçon !

-Le « printemps » c'est tellement viril. Ca m'évoque juste les petites fleurs et d'autres trucs niais !

Chriss arracha une poignée de pâquerette et les lança sur Haru en chantonnant, Arceus seul savait pourquoi, l'air des mariages.

Haru le fusilla du regard, incapable de faire autre chose.

-J'aurais préféré porter un prénom japonais, maugréa Goliath. Comme Musashi ou Yoshinobu…

-Plus personne ne porte de prénoms aussi démodés… Rétorqua Chriss.

-Enfin bon, tout ça pour dire que j'y ai réfléchis et j'ai trouvé ! A présent, appelez-moi « Harry » !

-Harry ?

-Hein ?

-Pourquoi ?

-Ca ressemble à mon prénom et c'est classe. Comme dans « Harry Potter » ou « Quand Harry rencontre Sally » ou le Prince Harry ou « Harry, un ami qui vous veut du bien » !

Goliath plissa des yeux, la moitié des références lui passait carrément au-dessus de la tête.

Haru le regardait cependant fièrement, une émotion inédite sur le visage du garçon.

-OK Harry, se contenta t'il de dire.

Et Haru rayonna de plus belle.


****
Lambda alluma la pièce et les pokémons qui étaient enfermés dans diverses cages remuèrent nerveusement. Un malosse grogna d'agressivité, un cerfrousse tapa ses cornes contre les barreaux, mais l'homme n'y fit pas attention.

Il chercha des cages de tailles adaptées et y jeta le feurisson et le ptitard qui tous deux étaient complètement perdus et perturbés. Lambda leur sourit méchamment :

-Ne vous en faites pas, vous retrouverez bientôt l'intérieur d'une pokéball.

Tout en parlant il ouvrit un tonneau qui dégagea un nuage de fumée malodorant et y laissa tomber les deux pokéballs.

Au contact du liquide stagnant à l'intérieur, les deux objets se mirent à fondre avec un bruit de grésillement, jusqu'à ne plus former que des taches rouges bouillonnantes.

Si le ptitard ne fit pas vraiment attention à ce qu'il faisait, le feurisson le regarda fixement, comme s'il sentait se déliter le lien qui l'unissait à son maître en même temps que disparaissait les capsules.

Lambda referma le tonneau et le regarda d'un air satisfait :

-Même si ce ne sera plus la même !

Il repartit vers la sortie et referma la lumière, les plongeant dans l'obscurité.

Dans l'oubli.

Le feurisson se coucha tristement dans sa cage et se mit à pleurer la famille qu'il savait ne jamais retrouver.

A suivre…

*Je rappelle : un konbini est une superette japonaise ouverte 24h/24 et 7j/7
**Fête de l'équinoxe du printemps au Japon.
*** Festival des fleurs ayant lieu au printemps.
**** Haori : veste descendant jusqu'aux hanches ou aux genoux.
***** Palanquin : Sorte de chaise ou lit fermés par des rideaux, porté par des hommes de chaque côté.

Et voilà… Jusqu'ici je ne vous avez pas beaucoup parlé de Goliath, c'est chose faite. J'imagine que vous le trouviez plutôt bête et j'ai peut-être dû moi-même le qualifier ainsi dans la narration, mais en fait, c'est juste qu'il n'est pas très vif et qu'il a tendance à se dévaloriser. L'aimez-vous un peu plus après ce chapitre ? (ou peut être que vous vous en foutez autant ou que vous le trouvez encore plus bête….).
Je voulais aussi parler de la fililale Johto de la Team Rocket. Lambda me fait peur, il a un sprite que je trouve vraiment dérangeant dans Heart Gold/Soul Silver. On dirait un gros pervers.
J'espère que vous n'êtes pas trop déçu de ne pas retrouver le combat de Mimiko/Blanche, mais je me suis dit qu'en séparant, ça m'irait mieux et qu'en plus vous attendriez moins pour avoir une suite. Ca n'en a peut-être pas l'air mais ce passage avec Goliath était important pour la suite de l'histoire !