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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 11/01/2015 à 19:49
» Dernière mise à jour le 12/03/2015 à 19:47

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Chapitre 12 : Sur la pente raide de la colline
Tu montes, gamin ?
Mon fils ne deviendra pas un parasite !
Á charge de revanche.
Je croise rarement des gamins avec le sixième sens.
Papa est banquier et toi tu ne veux pas. Ce n'est pas à lui de décider.


J'ai avancé dans le noir, sous l'arbre aux branches menaçantes. J'ai levé les yeux, laissé couler une larme et j'ai avancé. Il faisait froid, les feuilles mortes de l'automne tombaient en cascade tout autour de moi.
« Je ne veux pas y aller !ai-je hurlé sans que personne ne m'entende. Je ne veux pas ! Je sais ce qu'il y a en haut, je ne veux pas la voir, je sais ce qu'il y a en haut ! »
Mais mon corps semblait ne pas m'entendre. Mes jambes continuaient d'avancer sur le versant de la colline et mes yeux d'en fixer le sommet.

Et soudain j'ai vu mon père se tenir sur le versant, son costume ouvert, sa cravate pendant au grès du vent. Pour la première fois de toute ma vie je le voyais me sourire. Il avait l'air heureux et fier de moi. Pourtant les mots qui sortaient de sa bouche conservaient leur saveur habituelle.
« Tu ne seras pas un parasite. Les dresseurs sont inutiles, ils nuisent à la population, aucun de ces pokemons n'est fait pour être élevés de cette manière. On en fait de la viande, on les chasse, on s'en sert dans certains domaines industriels... Mais ce ne sont pas des objets, ni des amis, qui visent à des combats. Tu ne seras pas un... »
J'ai crié. Fort.

« Tu ne seras pas un... »
Encore plus fort. Derrière moi le vrombissement d'un bus jaune, faible. Au loin les palabres d'un vieux prêtre pour un enterrement. « Jack Bishop, regretté de tous, rejoins sa dernière nuit. Puisse-t-il reposer en paix pour les siècles des siècles. »
Et mon père.
« Pas un parasite. Pas un parasite. »
Sa voix sifflante comme quittant le gosier d'un serpent. « Parasite. » Insistante. « Parasite. »
Et mon cri perçant la nuit.

« Je ne veux pas, je ne veux pas. »
Jake...
« Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! »
Jake...
Ma sœur.
« Je ne veux... »
Jake, écoute-moi s'il te plaît. Calme-toi, respire et sors de cet endroit. Il n'est pas vrai, tu sais tout cela. Sors du cauchemar.

« Parasite, parasite, parasite.
– Que la mort ne soit pas une fin mais un chemin vers la vie éternelle. Et que ses pas le guide dans la demeure du tout puissant où il pourra enfin... »
Et au loin le vrombissement du bus jaune, de plus en plus fort.
Ce n'est pas vrai. La colline n'existe pas, ce monde n'est pas réel. C'est un cauchemar, juste un pauvre cauchemar de rien du tout.
J'ai repris contrôle de mon corps, frappé en direction de mon père et vu celui-ci disparaître. Sa voix s'en alla avec lui et il ne resta qu'un écran de fumée à l'endroit même où se tenait l'image de lui.

Puis j'ai tourné les talons, ignoré le prêtre et fais mon premier pas vers le bas de la colline.
Parfait, a murmuré la voix de ma sœur dans ce silence. Maintenant descend, doucement. Je ne veux pas que tu écoutes quoi que ce soit. Concentre-toi sur ma voix et avance. Surtout ne te retourne pas.
Pourquoi ?
Ne le fais pas, tout simplement.
J'ai obéis, au début. Quelques pas, un bruit de branche brisé dans mon dos, une voix. « Jacob Bishop, notre nouvel élément. »
Ne te retourne pas.
« Vous avez sans aucun doute énormément de potentiel. »

Mais je n'ai pu résister.
Tout cela n'avait aucun sens, tout était désordonné, se passait trop vite. J'ai fait demi-tour et je l'ai vu, en haut de la colline, emmitouflé dans sa blouse blanche et caché derrière ses énormes lunettes noires. Il m'a lancé un sourire et j'ai senti un vent glacial me parcourir le corps. Il a tiré une aiguille de l'une de ses poches et a avancé dans ma direction.
« Je ne doute pas que vous allez rapidement devenir un argument de poids au sein de la famille. J'en suis certain. »
Il était tout près au point que je pouvais pratiquement sentir son haleine. Il a remonté ma manche pour y poser sa seringue, m'a adressé un grand sourire et a planté l'aiguille.

J'ai hurlé et il s'est mis à rire.
Puis le vrombissement du moteur s'est amplifié et les contours se sont brouillés. Tout devint flou en moins de quelques secondes et, juste après, j'étais de nouveau assit au fond du siège bleu. Le vieux chauffeur me tapotait la joue et me faisais un grand sourire.
« C'est fini. »
Oui, c'est fini. Pour cette nuit... Et à la prochaine je repartirai sur les traces de ma tombe et je verrais de nouveau le prêtre et le grand arbre. Puis cet homme, nouveau détail de la peinture, illustre inconnu qui me glaçait le sang.